Rechercher : Mama Miti, la mère des arbres
En attendant New York | roman de Mitali PERKINS
Traduit de l’américain par Valérie Dayre
Éd. Thierry Magnier | coll Grands Romans | mai 2010 | 284 pp. - 18€
Inde années 70, Reet, Asha et leur mère s’installent à Calcutta, dans la famille de leur père, pendant que celui-ci, ingénieur au chômage, est parti chercher du travail à New York. Mais les mois passent et ce séjour forcé se prolonge. Reet, l’aînée, a dix-sept ans et c’est une belle jeune femme qui attire les regards et les prétendants. Tout l’inverse de sa sœur Asha qui, à seize ans, a abandonné depuis peu ses shorts et ses tenues de sport. Joueuse passionnée et talentueuse de tennis, elle a dû remiser (et même donner) sa raquette dès ce «Premier Sang» synonyme d'entrée dans sa vie de femme. Et une femme, dans l’Inde des années 70, ne montre pas ses jambes en haletant sur un court de tennis… Asha envie son cousin Raj, à peine plus âgé qu’elle, qui a lui le droit de faire du sport et de sortir de la maison. Elle s’indigne contre le sort qui lui est fait alors qu’en Europe et aux États-Unis, les femmes brûlent leur soutien-gorge, symbole de leur asservissement au pouvoir des hommes. Elle rêve de liberté et d’études de psychologie qui feraient d’elle la première psychologue punjabi.
Mais la route est longue pour atteindre New York et il n’est pas sûr que la sienne l’y conduise…
C’est un beau roman que celui de Mitali Perkins dont le style impeccable doit sans doute beaucoup à la qualité de la traduction de Valérie Dayre. Il y est question, avec beaucoup de finesse, de cet âge des possibles où les vies prennent un chemin, parfois inattendu, dans un pays où le poids des traditions laisse peu de place aux choix individuels. En même temps que se dessine l’avenir de Reet et d’Asha, celui de l’Inde moderne, dans un monde en plein bouleversement, s’esquisse. Leur famille n’est pas plus intolérante qu’une autre, juste engluée dans des règles sociales rendues en partie caduques par l’ouverture d’esprit dans laquelle les deux jeunes filles ont été élevées. Ces quelques mois passés dans la famille de leur père sont un peu la fin d’une époque, pour elles comme pour leur pays. Et c’est ce qui rend cette lecture si stimulante.
Ariane Tapinos, mai 2010
01/06/2010 | Lien permanent
Le Plus Gentil Loup du monde | album
Agnès de LESTRADE (texte) & Constanza BRAVO (ill.)
Éd. La Joie de Lire, novembre 2005
30 pages - 13,50 €
C’est un loup qui en a marre de manger des lapins et des taupes. Aujourd’hui, c’est décidé, il veut manger un enfant. Il se rend donc en ville et se jette sur une charmante petite fille bien dodue. Mais cette petite fille-là avait sans doute les oreilles bien grandes ouvertes le jour de l’exposé sur «la santé dans l’assiette»: voilà qu’elle se met à parler de protéines animales, de taux de cholestérol… Notre loup n’y comprend plus rien. Et c’est vrai qu’il se sent un peu patraque depuis quelques temps… Cette petite fille aurait-elle raison quand elle lui conseille de manger des légumes? Attiré par la perspective de manger la grand-mère en plus de l’enfant, notre loup se rend chez la fillette et découvre les artichauts à la crème et les champignons farcis au fromage. Un loup végétarien: c’est impossible! mais attention, ce loup-là n’est pas n’importe quel loup, c’est le plus gentil loup du monde!
Agnès de Lestrade signe ici un conte vitaminé et plein d’humour, une intrigue mitonnée aux petits oignons, pleine de bonne humeur et de légumes qui mettent l’eau à la bouche. Les illustrations de Constanza Bravo ajoutent ce qu’il faut de noirceur au texte. Sans vraiment faire peur, elle instillent de l’ambiguïté au récit: avant même que l’histoire ne commence, on se méfie un peu de ce loup qui enfile un masque souriant et des lunettes noires… Voilà une histoire agréable à lire, à regarder, bref, à savourer sans conditions!
Marie Buraud
(première publication de l'article: 13 février 2006)
28/01/2011 | Lien permanent
Route 225 | roman de Chiya Fujino
Traduit du japonais par Silvain Chupin
Éd. Thierry Magnier, coll. Roman
novembre 2003, 254 pages - 9,50 €
Tokyo, de nos jours. Eriko est envoyée par sa mère à la recherche de son petit frère Daigo, qui tarde à rentrer de l’école. Elle le retrouve dans un parc où il a ses habitudes. Perdu dans ses pensées, il se berce sur une balançoire. Attitude étrange, mais à part une drôle d’inscription sur le dos de la chemise de Daigo, le monde qui les entoure est encore celui que lui et sa sœur connaissent. C’est lorsqu’ils tentent de rentrer chez eux que les choses changent, imperceptiblement. Ils retrouvent enfin le chemin de leur maison mais leurs parents ne sont plus là. Peu à peu, ils acquièrent la conviction qu’ils sont dans un autre monde, presque identique au leur mais pourtant différent. Un monde duquel leurs parents sont absents. Un monde où une amie de Daigo est revenue d’entre les morts, un monde où Yoshinobu Takahashi, le célèbre joueur de Base-ball a pris du ventre...
(première publication: juillet 2005)
17/03/2011 | Lien permanent
Blood Ninja. Le destin de Taro | roman de Nick LAKE
Traduit de l’anglais par Philippe Giraudon
Éd. Gallimard jeunesse | janvier 2011
423 pp. - 16,50€
Japon, XVIe siècle. Taro vit avec ses parents, de modestes pêcheurs, dans la province du Kanto (la région de Tokyo). Un soir, sa famille est attaquée par un groupe d’inconnus vêtus de noir, des ninja. Le père de Taro est assassiné mais sa mère réussit à fuir et Taro lui-même est sauvé d’une mort certaine par une vie de mort vivant… Un mystérieux personnage, ninja lui aussi, l’ayant transformé en vampire, en kyuuketsuki, alors qu’il se vidait de son sang.
S’ensuit une fuite à travers la campagne en compagnie de Hiro, son meilleur ami, et de Shusaku, le ninja vampire et redresseur de torts. Où l’on découvre, avec Taro, que tous les ninja sont en réalité des vampires et que c’est de là qu’ils tiennent leur légendaire agilité, rapidité, discrétion… (on se disait bien qu’il y avait un truc!)
Sans dévoiler trop l’intrigue – haletante – on dira qu’au cours de ce premier volume d’une trilogie que l’éditeur nous promet «époustouflante», Taro apprend qu’il n’est pas celui qu’il croyait être ou plutôt découvre qui il est vraiment. Il apprend également que le seigneur Oda, maître de la province n’est pas non plus l’homme respectable en qui Taro voyait un modèle, que l’amitié suit parfois des chemins tortueux et la haine aussi…
Avouons que depuis quelques temps, la simple mention d’un (ou une) vampire en quatrième de couverture, suffit à nous faire perdre toute envie de lecture mais un léger prisme nippophile a sauvé celui-ci et c’est tant mieux! Car, vampire ou pas, c’est un bon roman d’aventures avec péripéties en tous genres, dans un Japon plein de mystères et de mythes. Bref, on attend la suite, «époustouflante»!
Ariane Tapinos (février 2011)
20/02/2011 | Lien permanent
Les Willoughby | roman de Lois LOWRY
Traduit de l’américain par Francis Kerline
Éd. L’École des loisirs, coll. Neuf | mars 2010 | 208 pp. - 10,50€
Quatre enfants (Timothy l’aîné, onze ans, Barnaby et Barnaby les jumeaux A et B de dix ans et Jane la petite dernière âgée de six ans et demi) et un couple d’abominables parents forment la famille Willoughby. Une famille terriblement «vieux jeu», tout droit sortie d’un roman anglais du XIXe ou du début du XXe siècle. Les enfants sont charmants et débrouillards. Les parents sont ignobles, bêtes et méchants. Les enfants se rêvent orphelins comme dans les livres et les parents ourdissent de sombres combines pour se débarrasser à jamais de leur encombrante progéniture. Ils recrutent une nounou censée être odieuse (mais qui en réalité a des réserves de tendresse et sait faire cuire de délicieux gâteaux quand il faut résoudre un problème). Quand Willoughby père et mère partent pour de très longues vacances, ils en profitent pour mettre en vente leur maison et espèrent bien ne plus retrouver leurs enfants à leur retour. Les enfants quant à eux attendent fébrilement des nouvelles, dans l’espoir d’apprendre enfin la mort de leurs affreux géniteurs…
Et comme dans les bonnes vieilles histoires, il y a un bébé abandonné, un milliardaire dépressif mais généreux, d’incroyables hasards qui abolissent les distances…
Ce roman dont la couverture nous dit qu’il est «abominablement écrit et ignominieusement illustré» (la seconde affirmation n’est pas discutable!) par Lois Lowry est délirant et hilarant. Le plaisir avec lequel l’auteure renoue avec les romans édifiants écrits pour les enfants est communicatif. Lois Lowry multiplie les clins d’œil aux livres qu’elle aime (et dont elle donne une petite liste à la fin) et transforme la fréquentation des Willoughby en un joyeux voyage dans le temps et la littérature. Elle nous plonge avec bonheur dans des histoires où des enfants courageux et inventifs transforment leur sordide quotidien en une happy end improbable – tout comme l’étaient d’ailleurs le début et le milieu de l’histoire. Avec les Willoughby on (re)découvre qu’il existe des histoires tout à fait fantastiques avec des personnages qui n’ont aucun pouvoir particulier et extraordinaire. On sort de cette lecture le sourire au cœur.
Une potion (sucrée) à prendre très vite et à recommander autour de soi, pour rendre la vie drôle et pleine d’espoirs.
Ariane Tapinos (février 2010)
23/02/2010 | Lien permanent | Commentaires (2)
Même les mangues ont des papiers | album d'Yves PINGUILLY (texte) & Aurélia FRONTY (ill.)
Éd. Rue du Monde | octobre 2006 | 14 €
Momo et Khady imaginent le monde depuis leur village d'Afrique. En regardant le soleil revenir chaque matin de son voyage de l'autre côté du monde, Momo rêve de découvrir à son tour cette mystérieuse partie du monde. Il imagine que là-bas, il pourra travailler pour «soigner et nourrir» sa mère et ses sœurs. Khady essaie de l'en dissuader avec humour: «Là-bas, de l'autre côté de la terre ronde, le monde est l'envers. Il marche sur la tête!» Plus sérieusement, Momo est prêt à attendre d'avoir grandi pour faire le voyage. Il attendra que sa vie, comme les mangues, soit mûre pour partir. «Plusieurs saisons des pluies… et plusieurs saisons sèches» passent et, comme les mangues, Momo et Kadhy, sont prêts. Ils se cachent dans un grand camion, au milieu des fruits mûrs et se glissent à bord d'un grand navire. Au matin, le bateau a quitté le quai mais l'autre côté du monde est encore très loin quand Momo et Kadhy, à peine sortis de leur cachette, sont repérés par des marins qui leur réclament leurs papiers… Leurs papiers? En fouillant leurs poches, ils trouvent un vieux journal et un poème appris à l'école. Le capitaine leur explique que les mangues, elles, ont des papiers. Elles sont «enregistrées, numérotées… tamponnées». Elles, elles ont le droit de voyager. Rien de tel pour Momo et Kadhy qui doivent débarquer. Momo pleure l'aide qu'il ne pourra apporter à sa famille, mais Kadhy sait trouver les mots qui consolent. Elle lui dit : «Momo, toi et moi ensemble, nous sommes le monde entier. Chacun une moitié; À égalité.»
Un album lumineux qui raconte tout en douceur l'histoire tragique de ces hommes et ces femmes qui quittent leurs pays, attirés par les mirages de l'Occident. Ici, l'histoire se termine au mieux pour Momo et Kadhy, pas de papiers, pas de voyage. Dans la réalité parfois la mort, souvent la misère, sont au bout du voyage. Momo et Kadhy apprennent avec désarroi que de l'autre côté du monde, les humains sont moins bienvenus que des fruits mûrs et que chacun, homme, femme, fruit, marchandise, doit avoir «ses papiers». Une belle manière d'expliquer aux petits une réalité à la fois abstraite et absurde. Une manière presque trop belle… Rien dans la clarté des splendides illustrations d'Aurélia Fronty ne nous fait percevoir la misère qui pousse tant d'hommes et de femmes à quitter leurs rivages ensoleillés.
Ariane Tapinos
(première publication de l'article: 9 février 2007)
06/12/2008 | Lien permanent
Chant de mines | théâtre de Philippe GAUTHIER
Éd. L'École des loisirs, coll. Théâtre | mai 2009 | 94 pages - 7€
(pièce à 5 personnages)
Dans un orphelinat loin d'ici, trois gamins trompent l'ennui en attendant Noël. Leurs cadeaux rêvés: Léo et Mathieu ont chacun demandé une nouvelle prothèse de jambe (et oui, ils ont grandi), et pour leur copain ce sera un nouveau fauteuil car, la faute à pas-de-chance, ce copain (Pad'bol est son nom) a perdu ses deux jambes sur des mines antipersonnel. Pad'bol va encore se casser le nez, se cramer les sourcils, il est vraiment très maladroit... et ses copains l'aident un peu (à se cogner dans les portes). L'important, c'est que jambes, nez, fauteuil arrivent à temps pour le grand match de foot de Noël: l'orphelinat contre l'hôpital de la Croix-Rouge - toujours mieux équipé. Mais très au Nord le Père Noël est débordé, distrait, grincheux, irrité par la Mère Noël. Alors l'orphelinat et ses terrains minés, ce sera pour la toute fin de tournée...
La pièce se déroule «quelque part dans le monde où les mines anti-personnel font entendre leur douce voix», et aussi un peu en Laponie, dans le QG du barbu au sale caractère. L'accompagnement sonore est fait d'explosions (le chant des mines), dialogues et monologues sont écrits dans une langue verte, crue, au vocabulaire minimal et percutant, le tout balance entre le rêve éveillé et l'autodérision, aux confins de l'humour noir. Car la pièce est drôle! Mais cet humour ne s'exerce jamais aux dépens des enfants, mais plutôt de nous, adultes, qui les imaginerions plus volontiers larmoyants que sarcastiques; et l'on ne peut que rendre les armes quand ils qualifient finalement le Père Noël de «sale con». Entre l'innocence de l'enfance et une lucidité tragique (Léo se rêve en Zidane, il sait bien qu'il lui manque une jambe... «mais bon») l'auteur parvient par l'humour - grinçant certes, mais salvateur - à rendre l'absurdité et l'injustice totale de la situation de ses personnages.
Corinne Chiaradia (juin 2009)
08/07/2009 | Lien permanent
L’Envol du hérisson | roman d'Agnès de LESTRADE
Illustré par Charlotte des LIGNERIS
Éd. Rouergue, coll. Zig Zag | février 2009 | 102 pp. - 6,50 €
Pour Eugénie, cette rentrée des classes est un peu particulière. Alors qu’elle reprend le chemin de l’école après les grandes vacances, son père ne reprendra plus jamais celui de l’usine qui l’employait. Et pour cause, l’usine a fermé ses portes à la fin de l’été. C’est une nouvelle vie qui commence, sans abattement au départ. Le père d’Eugénie court partout à la recherche d’un emploi et, en ce début septembre, il est plein d’allant et d’optimisme. En plus, pour une fois, il a le temps de faire dans la maison tout ce qu’il avait repoussé et bricoler il adore ça, il a même transformé le garage familial en atelier. Mais au bout de quelques temps… il se rend compte qu’il aura bien du mal à retrouver un travail.
À cinquante ans, on lui dit qu’il est trop vieux pour les emplois auxquels il postule. Et la mère d’Eugénie a beau rapporter chaque soir des bouquets de fleurs de son travail, l’ambiance devient de plus en plus triste à la maison et l’inquiétude commence à gagner. Le père d’Eugénie se laisse aller, il se sent vieux et inutile. Relégué par la société, comme les objets dont les gens se débarrassent et qu’il récupère pour fabriquer des tas de bricoles. Justement, la maîtresse a inscrit sa classe à un concours : il faut construire un objet volant et il faut un parent bricoleur avec du temps à consacrer au projet. Ce sera un hérisson volant ! Le père d’Eugénie retrouvera dans ce projet le sentiment d’être utile aux autres, qui conditionne la joie de vivre, et peut-être une possible reconversion professionnelle comme animateur en arts plastiques.
Agnès de Lestrade a un incroyable talent pour insuffler de l’espoir là où la réalité est morose. Sans sentimentalisme ni misérabilisme, elle donne au réalisme social les couleurs de l’espoir. Avec finesse et par petites touches, elle repeint la réalité sans nier sa rudesse et les tristesses d’adultes comme les angoisses d’enfants deviennent, grâce à sa langue tendre et drôle, de formidables romans pour les plus jeunes. C’est cet équilibre entre la dureté et la désespérance du chômage, et la poésie de l’existence qui permet de grandir, qui fait de L’Envol du hérisson, un roman si juste. Et comme toujours dans cette collection, les illustrations se mêlent avec bonheur au texte, faisant de ce petit roman une vraie réussite.
Ariane Tapinos (avril 2009)
20/05/2009 | Lien permanent
Francie | roman de Karen ENGLISH
Traduit de l’américain par Marie-Hélène Delval
Éd. Bayard jeunesse | sept. 2001 | 250 pp. | 11, 43 €
Alabama, États-Unis, première moitié du XXe siècle. Francie est une jeune fille noire de douze ans qui n’a pas une vie facile, partagée entre l’école, le ménage, le repassage, la lessive et toutes autres corvées imaginables par les riches femmes blanches pour qui, elle et sa mère, travaillent quotidiennement. L’espoir de rejoindre le père de famille, parti à Chicago pour gagner plus d’argent, est le moteur de la famille. Sa vie va pourtant changer lorsqu’elle rencontre Jess, un jeune Noir de quatre ans son aîné, à qui elle va apprendre à lire.
Une amitié va naître peu à peu entre eux mais c’est sans compter sur la haine des Blancs envers les Noirs. Jess se retrouve accusé à tort et est recherché dans toute la ville. Le courage et la volonté de Francie vont la pousser à aider son ami, même si cela signifie mettre en danger sa famille et toute la communauté noire de son village.
Francie aborde le thème de la discrimination raciale, aux États-Unis, quelques décennies après l’abolition de l’esclavage. Le lecteur n’échappera donc pas à quelques clichés comme l’accusation à tort d’un Noir par les Blancs, ou l’humiliation publique d’une jeune Noire, Francie, par un groupe de jeunes Blancs. Heureusement, le livre ne se limite pas à ça, il nous parle aussi de l’incompréhension d’une jeune fille face à la différence de niveau de vie entre deux communautés, de la vie qui rime avec travail, de cette volonté de s’en sortir et d’avoir un avenir meilleur au nord du pays.
Le choix de l’Alabama n’a pas dû être fait innocemment par l’auteur, c’est en effet l’État où Martin Luther King fut pasteur. C’est aussi dans la ville de Montgomery (nom d’une riche famille blanche dans le livre) que ce dernier boycotta les bus à la suite de l’arrestation de Rosa Parks qui n’avait pas voulu céder son siège à un homme blanc.
Avec un texte simple et beaucoup de dialogues, Karen English aide à prendre conscience de ce que pouvait être la vie à cette période de l’Histoire.
Claire DAGAN (janv. 2009)
14/01/2009 | Lien permanent
FLORA ET ULYSSE Les lumineuses aventures
roman graphique
de Kate DiCAMILLO & K.G CAMPBELL
Traduit de l'américain par Mickey Gaboriaud, éd. Les Grandes Personnes, septembre 2014, 240 pages - 16,50€
Tout commence avec un aspirateur. Un aspirateur Ulysse Supersuccion tout-terrain 2000X pour être précis, cadeau de monsieur Tickham à Mme Tickham (qui aurait préféré elle lire tranquillement de la poésie...).
C'est la fin de l’après-midi et le jardin est l'endroit idéal pour tester cette nouvelle petite merveille. En effet, qui n'a pas rêvé de pouvoir aspirer l'extérieur de sa maison ?...Mais l'expérience tourne au désastre quand l'aspirateur avale un innocent écureuil qui n'aspire lui qu' à se remplir la panse. Heureusement pour le rongeur, Flora Belle Buckman la jeune voisine des Tickham, grande passionnée de super-héros et cynique de naissance assiste à la scène et ne va hésiter à porter les premiers soins au rongeur en danger. Et c'est ainsi que va naître une amitié improbable entre Flora et la victime de l'aspirateur qu'elle nommera Ulysse, un nom parfait pour un super-héros...
Car l'écureuil que Flora a héroïquement ramené à la vie n'est plus un rongeur ordinaire mais le détenteur quelque peu surpris de nouveaux supers pouvoirs . Ulysse comprend ce qu'on lui dit, il sait écrire et il est extraordinairement fort (pour un écureuil), mais surtout il a encore quelques talents bien cachés...Un nouveau super-héros est né, et il est prêt à défendre la veuve et l'orphelin, à lutter contre les éléments criminels et à rétablir la justice, bref à vivre de lumineuses aventures.
Un roman graphique au charme contagieux : difficile de rester indifférent à cet adorable duo qui va bien vite se trouver un ennemi en la personne de la mère de Flora, romancière à l'eau de rose assez caricaturale qui se révèle un "méchant" tout à fait acceptable ! De nombreuse épreuves seront nécessaires pour amener nos deux héros à en apprendre beaucoup sur eux-mêmes et à choisir de lutter pour ce en quoi ils croient : la poésie, l'amour, l'amitié et bien sûr les donuts géants...!
Nathalie Ventax (septembre 2014)
04/09/2014 | Lien permanent