16/11/2009
Rose | roman de Colas GUTMAN
Éd. L’École des loisirs, coll. Neuf | sept. 2009 | 82 pp. - 8,50€
Rose a neuf ans et une fois de plus elle déménage et change d’école. Ou plutôt, elle «dégoménage». Parce que Rose, comme l’ont dit les médecins, psychologues et orthophonistes appelés à la rescousse est «une petite fille très intelligente et très émotive avec un énorme défaut de langage». Dès que les émotions sont trop fortes (qu’elle est «échauffée»), elle se met parler «comme une nouille»: elle invente de drôles de mots (pas forcément insensés, mais sûrement pas autorisés par l’Académie française), elle s’emmêle la langue et complique sérieusement ses relations aux autres, enfants et adultes (ou «lampadaires»). Elle comprend parfaitement ce qu’on lui dit (et même ce qu’on ne lui dit pas), mais est incapable de répondre dans un langage intelligible à tous, du moins au début. Parce que dans cette nouvelle école elle va trouver des enfants et un adulte, son instituteur («le monsieur qui parle tout le temps») qui vont être capables de comprendre, et même de parler le Rose. Et puis, langage de nouille ou pas, Rose n’est pas du genre à se laisser «ennuimerder» par les «lampadaires» et les «demi-lampadaires» (les collégiens) et ça, ça force le respect!
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30/04/2009
Oiseaux penchés et chiens tordus | album de Jens BONNKE
Expressions toutes bêtes
Traduit et adapté de l’allemand par Violette KUBLER et Christian BRUEL
Éd. Être | mars 2009 | 18,50 €
Sur le principe connu de l’illustration au pied de la lettre d’expressions populaires imagées, ce recueil-album est très abouti. Son petit plus : la «lettre» d’origine est allemande, les expressions sont toutes animalières.
Chaque expression est donnée d’abord dans sa traduction littérale et illustrée («un oiseau penché»), accompagnée de son explication («désigne un individu pas très clair, un peu louche»), puis de son équivalente française («un drôle de zèbre») et, si l’on retourne le livre, on trouve la version originale allemande (Ein schräger Vogel – So bezeichnet man einen zwielichtigen Kerl). Cela paraît un peu lourd expliqué ainsi, mais le principe est simple, lisible et fonctionne très bien. On apprécie d’autant plus l’initiative de Christian Bruel de traduire et adapter le travail de Jens Bonnke que la langue allemande est devenue un parent pauvre du système scolaire français; en conséquence (?) les albums bilingues français/allemand sont aussi rares que… les ours dans les Pyrénées.
Histoire de tordre le cou à quelques idées reçues, on remarquera que la sagesse populaire a souvent recours aux mêmes images de chaque côté du Rhin : «un éléphant dans un magasin de porcelaine», «les rats quittent le navire», «quand le chat est sorti les souris dansent»… s’emploient à Hambourg comme à Bordeaux. Bien sûr, certaines images sont légèrement décalées: quand l’Allemand «pleure avec les loups», le Français «hurle» avec les mêmes; là où nous avons «un chat dans la gorge», nos voisins ont «une grenouille» au même endroit; de même notre «chair de poule» devient «une peau d’oie» dans le froid germanique. Une dernière, pour les enfants qui fuient la salle de bains: ils font comme le chat français à sa «toilette» ou l’allemand à sa «lessive» (sommaire, dans les deux cas).
Enfin, on pendra plaisir à découvrir des expressions totalement incongrues dans notre langue : «ficeler un ours sur quelqu’un», «donner du sucre au singe» ou encore «l’oiseau penché» et le «chien tordu» du titre… À vous de jouer et de découvrir ce que ces animaux nous disent, en vous jetant sur l’album!
Corinne Chiaradia (avril 2009)
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