16/11/2009
Rose | roman de Colas GUTMAN
Éd. L’École des loisirs, coll. Neuf | sept. 2009 | 82 pp. - 8,50€
Rose a neuf ans et une fois de plus elle déménage et change d’école. Ou plutôt, elle «dégoménage». Parce que Rose, comme l’ont dit les médecins, psychologues et orthophonistes appelés à la rescousse est «une petite fille très intelligente et très émotive avec un énorme défaut de langage». Dès que les émotions sont trop fortes (qu’elle est «échauffée»), elle se met parler «comme une nouille»: elle invente de drôles de mots (pas forcément insensés, mais sûrement pas autorisés par l’Académie française), elle s’emmêle la langue et complique sérieusement ses relations aux autres, enfants et adultes (ou «lampadaires»). Elle comprend parfaitement ce qu’on lui dit (et même ce qu’on ne lui dit pas), mais est incapable de répondre dans un langage intelligible à tous, du moins au début. Parce que dans cette nouvelle école elle va trouver des enfants et un adulte, son instituteur («le monsieur qui parle tout le temps») qui vont être capables de comprendre, et même de parler le Rose. Et puis, langage de nouille ou pas, Rose n’est pas du genre à se laisser «ennuimerder» par les «lampadaires» et les «demi-lampadaires» (les collégiens) et ça, ça force le respect!
Colas Gutman a un don attesté pour l’humour et lire Rose, c’est comme pour le très drôle Journal d’un garçon, l’assurance d’une lecture qui met de bonne humeur et donne envie d’avancer dans la vie. Rose est drôle et touchante, mais pas seulement. Elle fait un peu penser à la Zazie de Raymond Queneau. Elle est pleine de finesse dans le regard qu’elle porte sur le monde qui l’entoure. Ce regard elle le partage avec les autres enfants (et le lecteur) à travers son drôle de langage. Avec elle, on peut se sentir autorisé à jouer avec les mots. Une manière de dire aux enfants qui peuplent les salles d’attentes des orthophonistes que leur parler ne fait pas d’eux des enfants inintelligents, mais des enfants tout court.
Ariane Tapinos (octobre 2009)
Retour page précédente | Page d'accueil | Publié dans critiques Romans Jeunes lecteurs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langage, école, amitié | |
Commentaires
J'ai lu sur un autre blog une référence à Ponti pour le langage, ici c'est à Zazie que Rose fait penser. Avec une telle famille, comment cette petite fille ne pourrait pas faire un tabac dans les écoles et auprès des enfants et leurs parents. Chez nous cela a été le cas.
Écrit par : Jean-François | 20/05/2010
Les commentaires sont fermés.