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LE CONTE DU GENÉVRIER

conte du genévrier.gifAlbum de Gilles RAPAPORT
S
ur un conte de Jacob & Wilhelm GRIMM
Éd. Le Genévrier, coll. Ivoire
Mars 2012 – 17 €

Une femme meurt après avoir donné naissance à un fils longuement désiré. Son mari la pleure, puis prend une nouvelle femme avec qui il a une fille. Sa nouvelle épouse rongée par la jalousie finit par assassiner son beau-fils… Du genévrier sous lequel sont enterrés les restes du garçonnet, s’envole un oiseau flamboyant. L’oiseau s’en va chanter sa rengaine :

Ma mère m’a tué ;
Mon père m’a mangé ;
Ma sœurette Marlène
A pris bien de la peine
Pour recueillir mes os jetés
Dessous la table, et les nouer
Dans son foulard de soie
Qu’elle a porté sous le genévrier.

Ce conte des frères Grimm est tout simplement extraordinaire. D’une grande cruauté, il parle pourtant de l’amour d’un père pour son fils, d’une sœur pour son frère. L’éditeur le qualifie de « roman familial » sur la quatrième de couverture et c’est bien de cela qu’il s’agit. Nous sommes chez les Atrides à l’ombre du genévrier. 

Les images de Gilles Rapaport sont, comme toujours, magnifiques. D’une beauté sombre et lumineuse à la fois. Un peu comme si avec ce conte, ce grand artiste avait trouvé une histoire – pour une fois pas issue de l’Histoire – à sa mesure.

Le format (26,2 x 32,6) donne toute la place qu’il mérite à son immense talent et inaugure une nouvelle collection (qui tire son nom, Ivoire, de la couleur du papier) de textes issus du patrimoine, chez cet éditeur qui depuis un an nous régale de ses trouvailles.

Ariane Tapinos (juin 2012)

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05/08/2012 | Lien permanent

IL ÉTAIT UNE FOIS UNE SOURIS…

Il était une fois une souris.gifAlbum de Marcia BROWN
Adapté de l’américain par Catherine Bonhomme
Éd. Le Genévrier, coll. Caldecott
Mai 2012 – 16 €

Alors qu’il médite tranquillement, un ermite voit passer une souris poursuivie par un corbeau. Abandonnant un instant sa méditation, il porte secours au petit animal en mauvaise posture. Arrive un chat alléché par la souris. L’ermite, qui est aussi un peu magicien, transforme la souris en un plus gros chat. Dans la nuit, un chien s’en prend à la souris-devenue-chat, l’ermite transforme cette dernière en un grand chien. Et rebelote quand arrive un tigre affamé. La souris, désormais devenue tigre majestueux se pavane avec suffisance et envisage sérieusement de bouloter l’ermite…

… mais celui-ci ne se laisse pas faire et renvoie le tigre orgueilleux et ingrat à son état de petite souris.

L’ermite peut alors reprendre ses réflexions « sur ce qui est grand… et sur ce qui est petit… »

Savoureuse « fable indienne gravée sur bois par Marcia Brown », ce petit album est une vraie merveille. Avec ses images en deux ou trois couleurs où domine le vert, son texte court et la répétition des situations, il plaira aux plus petits comme à leurs parents.

Ariane Tapinos (juin 2012)

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20/06/2012 | Lien permanent

OÙ EST CACHÉ LE SOMMEIL ?

Où s'est caché le sommeil?.gifAlbum pour les petits de Pierrette DUBÉ
& Geneviève GODBOUT (illustrations)

Éd. Les 400 coups
2° trimestre 2012 – 12,95 €

Il fait nuit et la famille ours est plongée dans un profond sommeil qui durera tout le temps de son hibernation. Toute la famille ? Non, l’un des quatre petits oursons n’arrive pas à dormir. Il se tourne, se retourne, se gratte…  Sa mère le rassure en lui disant qu’il va bien finir par « trouver le sommeil ». C’est donc ça ! Le sommeil est caché quelque part et il suffit de le trouver. Et voilà notre petit ours fouillant partout dans la caverne familiale… C’est que « le sommeil est un coquin ! Pas moyen de l’attraper ! Mais dès que l’on cesse de le chercher, il finit par nous trouver ».

Derrière une couverture molletonnée mauve (un peu trop, peut-être…) se cache un adorable album qui joue avec justesse sur les mots. Ce petit ours qui prend ses parents au pied de la lettre et s’agite sans arriver à dormir, ressemble à beaucoup d’enfants. Ils seront, à n’en pas douter, bien heureux de se trouver ce compagnon d’infortune !

À lire le soir, quand la nuit est noire « mais vraiment noire, TRÈS, TRÈS, NOIRE… »

Ariane Tapinos (juin 2012)

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30/07/2012 | Lien permanent

CONTES DE GRÈCE

grèce,femme,conte,balkansRecueil de contes de Gilles DECORVET (texte) & Emilia STEPIEN (ill.)
Éd. du Jasmin, coll. D'Orient et d'Occident
Sept. 2011, 112 pp. - 12,20 € 

Le recueil qui rassemble ces sept contes magnifiques et envoûtants, venus de différentes régions de Grèce et d’Asie Mineure, aurait pu s’appeler «sept femmes puissantes» tant les personnages féminins occupent une place centrale dans chacune de ces histoires. Maléfiques ou généreuses, elles dominent et se jouent des hommes, telles les déesses rencontrées par Ulysse au cours de son long voyage de retour vers Ithaque. Et si l'on reconnaît, ça et là, les motifs de contes traditionnels entendus dans d’autres cultures, ces amoureuses farouches, ces mères possessives, ces femmes indépendantes sont définitivement des femmes grecques! 

Gilles Decorvet nous donne à lire ces voix du conte de tradition orale. Ces histoires sont pleines de mystères et de sensualité. Elles évoquent une Grèce orientale et archaïque. Une Grèce profonde et mystérieuse, pleine de promesses. Celle de Mélina Mercouri lorsqu’elle chantait : 

«Si tu aimes les aubaines, les problèmes, les échecs, prend le risque et viens vite, je t’invite, je suis grecque ! (…) Chez moi là-bas au bord de l’eau, on joue toute la nuit, chez moi des hommes jeunes et beaux parfois parient leur vie»*

 Ariane Tapinos (octobre 2011)

* une chanson que l'on peut retrouver dans le très bel album-CD Orphée Dilo et autres contes des Balkans (éditions Naïve, 2006)

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Le Kimono blanc | album de Dominique KOPP (texte) & Pierre MORNET (ill.)

Kimono blanc.gifÉd. Gautier-Languereau
sept. 2004 - 13 €

De printemps en printemps, Keiko guette le moment où sa grand-mère («l’Aïeule») part sur les sentiers du mont Fuji (Fujisan). Elle attend avec impatience d’entendre à nouveau le bruit de ses socques sur le petit pont de bois. Bientôt, ensemble, elles accrocheront autour de la maison, les fleurs, les herbes et les plantes, fruits de la récolte de sa grand-mère. Durant toute une année, «les récoltes de l’Aïeule apaisent les fièvres, embaument les maisons, parfument les coffres, rendent savoureux les poissons que le père de Keiko prend dans ses filets». Pourtant, cette année-là, la grand-mère de Keiko tarde à prendre les chemins du Fujisan et quand enfin le bruit de ses socques se fait entendre, leur musique est mélancolique. C’est que, comme le pressent Keiko, l’Aïeule, vêtue de son kimono blanc, part pour sa dernière récolte.

Dans ce magnifique album, Dominique Kopp et Pierre Mornet nous invitent à partager une réflexion un peu mélancolique sur le temps qui passe et la mort qui inexorablement fait partie de la vie. Le texte de Dominique Kopp est dense de sentiments contenus juste en deçà des mots. Les splendides illustrations de Pierre Mornet donnent de l’épaisseur au temps qui passe de page en page. L’histoire se déroule dans un Japon un peu figé dans sa calme sérénité mais de toute beauté.

Ariane Tapinos
(première publication: juillet 2005)

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13/03/2011 | Lien permanent

L’Automne de Chiaki | roman de Kazumi YUMOTO

9782021000818FS.gif

Traduit du japonais par Ryôji Nakamura et René de Ceccaty
Éd. Seuil jeunesse, 2004 – rééd. Coll. Chapitre, 2009
160 pages – 8,50€

Chiaki et sa mère emménagent au Peuplier, une résidence tenue par une vieille dame qui ressemble à «un Popeye méchant». Chiaki a six ans et vient de perdre son père, mort dans un accident de voiture. Elle et sa mère choisissent le Peuplier au hasard de leurs promenades endeuillées et silencieuses. Une étrange amitié se noue peu à peu entre la petite fille triste et angoissée et la vieille dame rusée. La vieille femme propose à Chiaki de transmettre, après sa mort, des lettres à son père.

Beaucoup de ceux qui ont vu l’absence surgir dans leur vie, la mort interrompre le cours d’une existence qui leur était chère se reconnaîtront, sans doute, dans l’espoir et le soulagement qui habitent Chiaki. Elle qui peut, grâce à l’entremise de la vieille dame, atteindre son père à jamais absent. La mort surprend toujours, même si elle est parfois attendue. Elle suspend le fil d’une relation. Pour faire le deuil de son père, comme on dit, pour accepter l’irrévocabilité de son absence, Chiaki a besoin de pouvoir encore s’adresser à lui. Elle a aussi besoin de connaître les circonstances exactes de sa mort, faute de quoi, elle irait à la rencontre de son père par-delà sa conscience et sa volonté.

Avec douceur et finesse, Kazumi Yumoto nous transporte là où les sentiments n’ont pas de patrie. Son récit qui se déroule dans un univers nippon si éloigné du nôtre, prend alors une dimension d’universelle tendresse. Beaucoup de mélancolie, mais pour finir de l’espoir, dans ce très beau roman.

Ariane Tapinos
(première publication de l'article: avril 2004)

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16/03/2011 | Lien permanent

Moi Dieu Merci qui vis ici | album de Thierry LENAIN, illustré par Olivier BALEZ

moi dieu merci.jpgÉd. Albin Michel Jeunesse | février 2008 - 13,50 €

C'est l'histoire de Dieu Merci, un Angolais qui a fui la guerre et son «pays prison» où chaque visage pouvait être celui de son bourreau. C'est l'histoire de Dieu Merci qui est arrivé ici, en France, sans papiers, sans rien ni personne. C'est l'histoire de Dieu Merci qui a secouru une vieille femme seule et trouvé un nouveau foyer. C'est l'histoire, enfin, de Dieu Merci vivant ici.

Voilà une littérature jeunesse comme on l'aime, celle qui prend parti, qui affiche la couleur, qui s'inscrit dans le bruit du monde et donne à penser aux enfants et aux grands. La conviction et l'engagement de ses auteurs sont manifestes. Le texte de Thierry Lenain, au plus haut de son talent, est comme porté par son sujet. Il est à lire à haute voix pour entendre la révolte et l'espoir. Les images d'Oliviez Balez sont lumineuses et elles ont aussi quelque chose d'implacables. Comme celle sur laquelle se referme le livre: Dieu Merci qui regarde le lecteur et semble l'interpeller, l'inviter à prendre ses responsabilités. Un splendide album sur l'immigration, sur la fraternité aussi.

Ariane Tapinos

PS: Thierry Lenain sera à Comptines le vendredi 14 mars 2008 de 17h à 19h pour nous parler de son album, dans le cadre d'une rencontre, animée par Patrick Geffard et en partenariat avec RESF - Réseau éducation sans frontières.
Les illustrations d'Olivier Balez seront exposées à la librairie du 4 au 15 mars.

(première publication de l'article : 20 février 2008)

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01/02/2009 | Lien permanent

Aagun | album de DEDIEU

aagun.gifÉd. Seuil Jeunesse | mars 2009 - 15€

Quel bel album de sagesse et d'apprentissage à recommander à tous!

Les Hounks surgissant comme des barbares dévastent et pillent régulièrement le campement de leurs voisins. Le seigneur envoie son fidèle lieutenant, Aagun, pour leur venir en aide. Mais cette aide ne sera pas celle qui est attendue...

Ouvrage très original tant dans le fond que dans la forme. On est plongé d'emblée dans ce récit initiatique qui prend toute sa valeur universelle car il n'est pas situé dans le temps et se déroule dans de grands espaces peu définis. Le procédé d'écriture final crée une véritable rupture dans le récit avec un immense effet de surprise qui délivre le message fondateur de cet ouvrage. Les images, faites de grands coups de pinceau noirs, sur fond blanc et de silhouettes de personnages miniatures, accompagnent avec dynamisme et énergie l'épopée de la tribu. Chaque double page est ponctuée d'un sceau rouge, qui évoque les cachets asiatiques à la cire, et d'une lettrine du même rouge portant un étendard. Nous avons beaucoup aimé le jeu entre le blanc, le noir, le vide, le plein, l'utilisation magistrale de l'espace qui donne plus de force au récit.
La dédicace à Fabienne Verdier permet aussi de situer cet album dans une perspective artistique, philosophique et humaine engagée qui nous a profondément touchées.

Josuan (mai 2009)

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29/05/2009 | Lien permanent

Le Problème avec les lapins | Emily GRAVETT

problème avec lapin.gifTraduit de l'anglais par Elisabeth Duval
Éd. Kaleïdoscope | septembre 2009 | 18€

Janvier, champ Fibbonacci: le lapin Cœur-à-Prendre se languit sur le gazon et invite tout rongeur aux longues oreilles à le rejoindre.
Février, champ Fibonacci: Cœur-à-prendre et Gros Lapin Blanc, frigorifiés, tricotent et se pelotonnent.
Mars: Cœur-à-Prendre et Gros Lapin Blanc ont le bonheur de vous annoncer la naissance de deux lapereaux rebondis, Perce-Neige et Trèfle. On leur souhaite la bienvenue dans le champ Fibonacci!

Le problème avec les lapins, c'est qu'ils ont tendance à exagérer. Si chacun sait que la règle de base de la reproduction sexuée équivaut à 1+1= 3, chez les lapins, le résultat de ce postulat double dès le départ. Ceci posé, en tenant compte des variables saisonnières (ennui, chaleur estivale…) et de la constante propre à l'espèce (super fertilité), combien de lapins y aura-t-il dans le champ Fibonacci au mois de décembre? Et, plus important encore, combien de lapins un champ peut-il contenir? Et une page? Le problème avec les lapins, c'est que les lois régissant les espaces clos, ils s'en soucient comme de leur première carotte…

Le dernier opus d'Emily Gravett prend la forme d'un calendrier truculent où le lecteur voit évoluer la population du champ Fibonacci au rythme des saisons: pluies printanières, récoltes de septembre, il s'en passe des choses dans la vie de nos sympathiques rongeurs! Comme à son habitude, l'auteur joue avec le format choisi, agrémentant son calendrier de livrets pour nous faire découvrir recettes de carottes, faire-part, post-it… jusqu'à la surprise finale!

Nathalie Ventax (octobre 2009)

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Villa des Oliviers | roman d'Anne VANTAL

villa des Oliviers.jpgÉd. Seuil Jeunesse, coll. Karactère(s) | juin 2009 | 142 pp. - 8,5O€

C’est l’été. Manon a quinze ans et comme chaque année, elle va passer trois semaines dans la maison de ses grands-parents, la Villa des Oliviers, où elle retrouvera ses tantes, ses oncles, ses deux cousines et son petit cousin. Mais cette année, c’est décidé, Manon sera  désagréable (suite à une sombre histoire de cheville brisée de sa meilleure copine, Célia), elle restera silencieuse et s’emploiera à gâcher les vacances de ses parents. Mais les résolutions prises sous le coup de la colère sont les plus difficiles à tenir. Comment résister à la gentillesse de Mona, sa grand-mère (et à sa bonne cuisine) et au cou bronzé de Nicolas, le fils du jardinier?

De critique, Manon devient observatrice et se fait la chroniqueuse de ces vacances au soleil où chacun tente de composer entre collectif familial et intimité. Finalement, cet été sera tout sauf ennuyeux. Accidents, révélations, premiers émois amoureux (et première déception aussi)… Manon a matière à exercer son esprit critique, pour le plus grand bonheur du lecteur!

Sous une affreuse couverture (une pin-up anorexique prend un bain de soleil en maillot violet sur serviette turquoise) se cache un réjouissant petit roman sur le mode de la comédie familiale grinçante et tendre à la fois. Comme nous l’annonce la quatrième de couverture, Villa des Oliviers est «le portrait d’une adolescente qui voit s’éloigner son enfance» mais c’est aussi, en beaucoup plus drôle, un portrait de groupe dans lequel Manon (la narratrice) découvre que la vie des adultes est parfois aussi compliquée et mélodramatique que celle des enfants. Une comédie qui n’est pas sans rappeler un certain cinéma français, comme le film de Pascal Thomas, Les Maris, les femmes, les amants, avec ses réussites et aussi son côté très CSP-plus qui en agacera certains (mais pas nous!).

Ariane Tapinos (septembre 2009)

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05/10/2009 | Lien permanent

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