Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Mama Miti%2C la m%C3%A8re des arbres

SANS PAPIERS

sans papiers.gifAlbum de RASCAL (texte), Cendrine GENIN & Jean-François MARTIN (images)
Éd. Escabelle, mars 2012 – 14,90€

Une petite fille parle de sa vie. Sa vie en France depuis quatre ans. Sa vie sans papiers, à apprendre à ne pas se faire remarquer. Mais sa vie de «Française enracinée», heureuse de réciter Prévert et de faire la liste de toutes ces choses qu’elle connaît: les peintures de Renoir, les contes de Perrault, les chansons de Boby Lapointe, la Marseillaise, les 100 départements français…

Aujourd’hui comme chaque jour elle est heureuse d’aller à l’école, peut-être même un peu plus heureuse: c’est le jour de la photo de classe et elle a mis sa plus belle robe et ses souliers vernis.

Aujourd’hui elle ne sera pas sur la photo de classe. Aujourd’hui des policiers l’attendent devant l’école. Aujourd’hui elle quitte la France, pays des droits de l’Homme, et s’envole vers un pays où la guerre, il y a quatre ans, lui a pris sa mère. 

Le sort fait aux étrangers sans titre de séjour, les «sans papiers» en France n’est pas un sujet nouveau dans la littérature jeunesse. Pourtant la lecture de ce court texte incroyablement illustré – interprété même – par des dessins et des photos, laisse sans voix. Le texte de Rascal est d’une grande simplicité presque doux comme pour mieux faire ressortir l’injustice faite à cette enfant et à son père qui croyait avoir trouvé refuge en France, après un long parcours de souffrances. Les images jouent également sur les contrastes entre les scènes d’un bonheur fragile et les évocations des horreurs passées. Une photo en particulier, celle floue d’une forêt où se devinent les longues silhouettes des arbres, évoque l’une des quatre photos prises, clandestinement, à Auschwitz, en août 1944. 
Texte comme images font appel à un substrat culturel commun et c'est ce qui fait la force de l'album et en rend la lecture si douloureuse. 

Quand on a refermé l’album, c’est la colère qui domine. 

Ariane Tapinos (mars 2012)

Lire la suite

31/05/2012 | Lien permanent

Un automne à Kyoto | roman de Karine REYSSET

Automne Kyoto.jpgÉd. L’École des loisirs | coll. Médium | avril 2010 | 176 pp. – 10€

Cet automne à Kyoto c’est celui que Margaux, seize ans et sa sœur Apolline, quatre ans, passent avec leur père, dramaturge passionné de théâtre japonais et qui a obtenu une bourse du ministère des Affaires étrangères, dans l’ancienne capitale impériale du Japon. Seize ans c’est un âge difficile pour partir loin de ses amis et de ses amours. Et même si Margaux s’est plongée dans les romans de Mishima et d’Haruki Murakami et les films d’Ozu, de Takeshi Kitano ou Hayao Miyazaki, le départ est rendu plus difficile encore par son amour naissant pour Mathias et par le brusque changement de programme de sa mère. Celle-ci, appelée comme costumière sur un tournage, décide de ne pas suivre sa famille pour raccrocher les wagons d’une vie professionnelle en sommeil depuis la naissance d’Apolline.

Voilà donc Margaux partie pour trois mois d’immersion culturelle au Japon et de baby-sitting. Trois mois à se serrer à trois dans un studio avec mezzanine à la Villa Kujoyama qui accueille chaque année des artistes français en résidence. Trois mois qui vont changer sa vie et son rapport au monde.
Margaux découvre l’amour, tiraillée entre Mathias resté en France et Éric, un jeune photographe logé lui aussi à la Villa Kujoyama, mais aussi le désamour de ses parents ou plutôt la difficile réalité de la vie avec son père toujours au seuil de la dépression.

Et bien sûr, Margaux découvre aussi le Japon et les merveilles de Kyoto. Les splendeurs de la nature qui change au fil des semaines, les cloches qu’on fait sonner à l’entrée des temples, les statuettes des Tanuki sur les chemins, les torii cachés sous la frondaison des arbres, le goût surprenant des pâtisseries japonaises, l’amertume du thé vert…
Si le récit de cette saison si particulière qui fait passer de l’enfance à l’âge adulte avec ses abandons et ses espoirs, est assez classique, Karine Reysset transporte avec succès son héroïne et son lecteur dans un Kyoto intemporel. Elle fait passer dans son récit – sous la forme, notamment, de listes que tient Margaux des choses qui lui plaisent, l’émeuvent, la font rire… et de dessins tout en finesse, de Pauline Reysset – son propre émerveillement devant les beautés de la ville aux 2000 temples et palais et aux innombrables jardins.

Il y a dans la retenue de son écriture quelque chose qui entretien une tension et donne vie à ce basculement qui guette Margaux mais aussi à ce voyage au pays du soleil levant.

Ariane Tapinos

Lire la suite

25/08/2010 | Lien permanent

Haut les pattes ! | album (hilarant) de Catharina VALCKX

Haut les pattes.jpgÉd. L’École des loisirs | sept. 2010 - 12,50€

Billy est le fils d’un célèbre bandit mais son père s’inquiète qu’il n’ait pas assez mauvais caractère pour faire un bon bandit. Le père décide de faire passer son fils aux travaux pratiques: il lui confie un pistolet (non chargé, parce qu’il faut tout de même être prudent pour une première fois) et lui recommande de prendre une voix sévère pour dire «Haut les pattes!» aux animaux qu’il menacera de son arme.
Voilà donc Billy pas très enthousiaste qui se lance à la recherche d’une première victime. Un petit animal pour commencer… Il aperçoit un ver de terre et se dit qu’il fera un bon client, pas trop gros ni trop impressionnant. Il a juste oublié qu’un ver de terre n’a pas de pattes! Donc, «Haut les pattes» se révèle assez inefficace…

Accompagné de Jean-Claude – c’est le nom du ver – il avise une souricette qui se prélasse sous un arbre. Une fille, pense t-il, voilà qui devrait être facile! Mais Josette, la souris discute: «Haut les pattes», d’accord, mais quelle patte? Patte avant, patte arrière? Tous trois reprennent la route en rigolant quand un lapin vient à leur rencontre et les dépasse sans même marquer un temps d’arrêt lorsque Billy sort son «Haut les pattes» de grand bandit. C’est que le lapin est poursuivit par un renard. Et que finalement, Billy aura l’occasion de montrer sa témérité et son grand courage. De quoi rendre très fier son bandit de papa!

Catharina Valckx nous a habitués aux histoires drôles et malicieuses mais celle-ci est une des plus réussies depuis Coco Panache. On ne se lasse pas de ce gentil bandit et de ses drôles de compagnons. Avouez que menacer d’une arme un invertébré en lui criant «Haut les pattes», il fallait y penser!

Ariane Tapinos (octobre 2010)

Lire la suite

07/11/2010 | Lien permanent

Orage sur le lac | roman d'Ester ROTA GASPERONI

orage sur lac.gifÉd. L'École des loisir, coll. Médium | 1995 | 308 pages - 10,40€

Eva Raffaelli est écolière à Milan. Elle aime bien sa maîtresse, mademoiselle Soratti, et les belles maximes qu'elle fait réciter aux enfants. Eva ne comprend pas pourquoi ses parents ne partagent pas son enthousiasme pour la morale mussolinienne. Son père serait-il l'un des ces «intellectuels antifascistes», insulte suprême dans les cours d'école de l'Italie de la Seconde Guerre mondiale? Eva voudrait pouvoir aimer (et se faire aimer de) tout le monde: son architecte de père, son frère, sa maîtresse, ses camarades, son chien, le beau Guido… Mais son père disparaît subitement et la famille doit fuir la ville, puis partir se réfugier toujours plus loin dans les montagnes. Eva apprendra bientôt le sens du libre-arbitre… et de la discrétion. Elle devra aussi réfréner certains élans de son cœur et faire ses propres choix sans mettre en péril ni sa famille ni ses amis.

À huit ans, Eva découvre la politique à hauteur de pupitre. Au cours des pérégrinations qui composent le récit passionnant de ses années de guerre, la petite fille aura l'occasion de mettre des visages sur les catégories abstraites que sont «les partisans», «les fascistes», «les traîtres». Elle apprendra qu'il existe moult nuances entre le noir et le blanc, nuances que la guerre occulte. Pensées et sentiments contradictoires se bousculent chez l'enfant qui n'en demandait pas tant: le beau et le bien ne sont pas toujours où elle les attend et elle apprend que si des actes indignes sont parfois commis au nom d'une juste cause, nos ennemis peuvent avoir des qualités, ils n'en demeurent pas moins nos ennemis... Récit d'inspiration autobiographique (et premier roman de son auteure, écrit directement en français), Orage sur le lac est une œuvre d'une grande richesse d'évocation psychologique, politique et historique; écrite sur un ton vif (à la première personne), elle peut presque se lire comme un roman d'aventures.

Corinne Chiaradia
(première publication de l'article: septembre 2006)


PS : Ester Rota Gasperoni a poursuivi la biographie d'Eva (et de ses émigrations successives) sur deux volumes :


arbre capulies.gifL'Arbre de Capulies
éd. Actes Sud junior, janvier 2006 - 9,50€
Après la guerre, Eva émigre en Amérique du Sud avec sa famille, là elle découvre le mépris avec lequel les Blancs aisés traitent les Indiens.

année americaine.gifL'Année américaine
éd. L'École des loisirs, coll. Médium,1997 - 8,80€
Nouveau déracinement pour Eva, qui quitte l'Amérique du Sud pour partir étudier à l'université aux États-Unis.

Lire la suite

06/12/2008 | Lien permanent

Deux albums de Martha ALEXANDER

Nouveau BB.jpgQuand le nouveau bébé arrive, moi, je m’en vais
On ne m’a jamais demandé si je voulais une petite sœur

Traduits de l’américain par Dominique Mols
éd. Pastel
| mars 2010 – 9€ chaque album

Ces albums sont une réédition - bienvenue - de livres parus aux éditions Duculot. Mais pourquoi donc ne pas le mentionner sur les nouvelles éditions ?

on ne m'a jamais demandé.gifDès le titre – à rallonge – de chacun de ces deux petits albums carrés, le décor est planté, le propos affirmé: Olivier ne voit pas d’un très bon oeil l’arrivée d’un bébé et ne sait vraiment pas quoi faire de cette petite sœur.

Il se découvre un intérêt soudain renouvelé pour ses propres affaires de bébé, que maman entend récupérer pour l'enfant à naître et il n’a pas du tout envie de céder son lit à barreau, transformé en cage pour ses animaux en peluche. Et si toutes ces manœuvres de maman montrent qu’elle ne l’aime plus, eh bien, il la mettra à la poubelle ou… il ira vivre dans une cabane dans un arbre.

Maman finira par le convaincre qu’être grand frère c’est plutôt agréable, avant que n’arrive cette petite sœur dont Olivier ferait bien cadeau à quelqu’un de son entourage. Si ce n’est que quand il trouve enfin une volontaire, sa petite sœur, elle, ne l’entend pas de cette oreille et pleure jusqu’à ce qu’Olivier la reprenne dans ses bras. Et le petit garçon de conclure «tu es drôlement plus intelligente que je ne pensais».
Deux albums dont on peut déjà dire, sans risque, qu’ils deviendront des classiques tant ils disent avec une économie de moyens et beaucoup d’humour, les sentiments ambivalents qui agitent les enfants lorsque la famille s’agrandit!

Ariane Tapinos (janvier 2010)

À lire de la même auteure, le génial
N'ai pas peur, Teddy! Je te protégerai des bêtes sauvages
,
réédité récemment aux éditions Pastel.
Teddy.jpg

 

Lire la suite

01/02/2010 | Lien permanent

MALALA pour le droits des filles à l'éducation

Malala.jpgalbum
de Raphële FRIER  & Aurélia FRONTY (illustrations)
Éd. Rue du monde, coll. Grands portraits, novembre 2015 – 17,50€

Malala grandit dans un village du Pakistan au sein d’une famille aimante. Son père, Ziauddin Yousafzai, s’affranchit des traditions de son peuple, les Pachtounes, et élève sa fille, Malala, comme son fils, Khushal.  Et quand en janvier 2009, les talibans ferment l’école que fréquente Malala, il l’autorise à exprimer sa colère devant les caméras de la télévision pakistanaise. C’est que Malala, qui a tout juste 12 ans en 2009, a un caractère bien trempé et des convictions chevillées au corps. A 14 ans, elle est célèbre dans son pays où elle reçoit le Prix national de la jeunesse pour la paix et elle créé une fondation pour l’éducation.
C’en est trop pour les talibans qui, le 9 octobre 2012, prennent d’assaut le bus scolaire qui la ramène chez elle et tirent sur Malala. Bien que grièvement blessée à la tête, Malala lutte encore, contre la mort cette fois, et est transférée dans un hôpital de Grande Bretagne où elle va subir plusieurs opérations. En 2014, alors qu’elle n’a que 17 ans, elle reçoit le Prix Nobel de la paix.

Comme dans chaque album de cette collection unique, quelques pages documentaires viennent utilement compléter ce beau portrait de cette jeune femme exceptionnelle à qui Aurélia Fronty prête sa somptueuse palette de couleurs.

Les enfants de France ont de la chance d’avoir de si beaux livres qui leur parlent avec intelligence des enfants du monde et un peu d’eux-mêmes aussi.

Ariane Tapinos (novembre 2015)

Aurélia Fronty a illustré un autre portrait de femme exceptionnelle, dans la même et très belle collection  : Wangari Maathai la femme qui plantait des millions d'arbres (texte de Franck Prévot, rue du monde 2011)

Autres albums d'Aurélia Fronty à retrouver sur notre blog : Fil de fée (textesde Philippe Lechermeier, Gautier-Languereau 2009), Au sommet des Andes (texte de Françoise de Guibert, Hatier Jeunesse, 2008), Même les mangues ont des papiers (texte de Yves Pinguilly, Rue du monde, 2006), Ce qui arriva à Monsieur et Madame Kintaro (Ttexte de Muriel Bloch, Gallimard Jeunesse, 2005), Une si belle entente (texte de Noëlla Kim & Virginie Aladjidi, Chan-Ok 2012).

Lire la suite

03/11/2015 | Lien permanent

LE RENARD QUI NE VOULAIT PAS MOURIR

Renard qui ne voulait pas mourir.jpgalbum
de Kathrin SCHÄRER
Traduit de l’allemand (Suisse) par Julie Duteil, éd. Minedition, septembre 2015 – 14,20€

Un jour que le renard a attrapé une « petite belette malingre » qui s’en prenait aux pommes de son pommier, celle-ci lui échange sa survie contre la promesse de réaliser son vœu « toujours et à jamais ». Le renard lui demande alors que « tout ceux qui volent ou grimpent sur mon pommier y restent coincés à jamais ». La « belette ferme les yeux et se tortille dans tous les sens » et le renard est exaucé : les petits animaux, oiseaux, insectes, chats… se retrouvent collé sur les branches du pommier qui acquiert très vite une sombre réputation. Le renard peut enfin profiter de la vie et vieillit tranquillement jusqu’au jour où… la mort vient le chercher. Le renard est terrifié mais n’en perd pas la tête pour autant : il demande à la mort, en guise de dernier repas, de lui cueillir une belle pomme rouge dans l’arbre. Et voilà la mort collée elle aussi au pommier !

Renard est désormais invincible mais autour de lui, tout ceux qu’il aime vieillissent et meurent (c’est qu’ailleurs, la mort se présente sous une autre forme). Renard vieillit et se retrouve seul. Et si finalement la mort était utile à la vie ? 

Cet album, ici résumé à gros traits, est plein de finesse et … de tendresse ! C’est qu’un album ne se réduit pas à l’histoire qu’il conte, aussi intelligente soit-elle. C’est dans les images de Kathrin Schärer, pleine de bienveillance pour son lecteur, que passent toutes les émotions de la vie même : la peur de renard face à la mort, son appétit de vie, sa tristesse quand peu à peu ceux qui lui sont proches disparaissent, son corps meurtrit par les années qui n’en finissent plus de passer… et surtout, son air enfin soulagé quand la mort et lui, réconciliés, s’enlacent.

Un album magnifique qui parle tout autant de la mort que de la vie mais qui met en lumière ce que la seconde doit à la première.

Ariane Tapinos (septembre 2015)

De Kathrin Schärer (et Lorenz Pauli), à lire sur notre blog, Un bon troc (éd. Âne bâté, 2012).
En suivant ce lien, vous pouvez retrouver tous les albums (et romans) sur le même sujet et notamment le magnifique La visite de le petite mort de Kitty Crowther (éd. Pastel).

 

Lire la suite

27/09/2015 | Lien permanent

UN AMOUR DE BALLON

Un amour de ballon .jpgalbum
de Komako SAKAÏ
Adapté du japonais par Florence Seyvos
Éd. L'école des loisirs, mars 2005 - 12,70€

Ce jour-là, le marchand a donné un ballon à Akiko. Pour ne pas perdre ce joli ballon jaune sur le chemin du retour, la maman d’Akiko le lui a attaché au doigt. Et comme il s’est envolé à peine arrivé à la maison, elle l’a lesté avec une cuillère. Toute la journée Akiko va jouer avec son ballon, comme avec un ami. Elle lui parle et partage même son goûter avec lui. Mais voilà qu’une bourrasque emporte le beau ballon et qu’il est maintenant coincé entre les branches d’un arbre. Quel désespoir pour la petite Akiko qui avait rêvé de le serrer dans ses bras pour s’endormir. 

Elle est triste et son petit visage poupin se couvre de larmes devant cette séparation trop brutale. Mais alors qu’elle est couchée, elle a l’idée de regarder par la fenêtre et y découvre son ballon luisant dans la nuit comme un clair de lune qui ne serait que pour elle. Rassurée par cette présence, à bonne distance, elle va pouvoir s’endormir.

Depuis Le Ballon rouge d’Albert Lamorisse, on sait qu’un ballon peut être un merveilleux compagnon de jeu et combler bien des vides. Alors, même si Pascal est bien plus grand qu’Akiko et qu’il doit affronter tous les voyous de Paris et plein d’adultes imbéciles, cet Amour de ballon, nous fait irrésistiblement penser à ce grand classique du cinéma pour enfants et de la littérature de jeunesse. Deux époques, deux continents, mais dans les histoires, les enfants s’amusent toujours avec un rien et s’inventent des amis qui consolent leurs peines. Après le magnifique Moi, ma maman à moi..., publié aux éditions de La Joie de Lire, Komako Sakaï nous revient avec cette histoire toute simple et pleine de tendresse. Cette auteure japonaise, dont on apprend par le catalogue de l’École des loisirs qu’elle a reçu une importante distinction dans son pays, a un talent inimitable pour restituer les expressions du tout petit et nous faire partager ses tourments affectifs. On a hâte de découvrir d’autres œuvres de cette jeune femme décidément très douée.

Ariane Tapinos (première publication de l'article : mai 2005)
 

Lire la suite

02/02/2015 | Lien permanent

JOUER AUX FANTÔMES

Jouer aux fantômes.jpgalbum
de Didier LÉVY & Sonja BOUGAEVA (illustrations)
Éd. Sarbacane, 2e trimestre 2017 - 16€

Un petit garçon et sa maman jouent, chaque nuit, aux fantômes. Chaque nuit, ils s’installent dans un nouvel appartement vide. Déposent leurs modestes affaires, qu’ils replient avant même l’aube. L’enfant se perche alors sur un arbre, face à son école en attendant qu’elle ouvre. Sa mère quant à elle va travailler. Le soir, l’enfant attend sa mère à la bibliothèque, en lisant le dictionnaire. C’est ainsi chaque jour et chaque nuit depuis qu’ils ont été expulsés lorsqu’ils n’ont plus pu payer leur loyer après que la mère ait été licenciée.  De tout cela, l’enfant n’est rien censé savoir. Sa mère lui raconte qu’elle est riche de tous ces appartements vides et que si ils doivent rester invisibles lorsqu’ils les occupent, c’est pour jouer aux fantômes. Bien sûr, l’enfant sait. Il sait que sa mère a perdu son emploi, il sait que ces appartements ne leur appartiennent pas et qu’elle en trouve les clefs dans une petite armoire qui se trouve dans un magasin où elle finit sa journée de ménages. Un magasin qui affiche en vitrine les photos de toutes ces maisons et appartements vides.

L’album de Didier Lévy et Sonja Bougaeva est poignant. Il parle, avec une très grande délicatesse, de la pauvreté et de l’invisibilité des plus démunis condamnés à « jouer aux fantômes » dans une société qui préfère ne pas les voir. Ne rien savoir. Ignorer que des femmes et des hommes, qui se lèvent tôt et même se couchent tard, qui mène des vies de labeurs, ne peuvent se loger dignement.
Ce qui touche aussi ici, c’est l’effort de cette femme qui tente de maintenir, face à son fils, la fiction d’un monde plus juste. Et la lucidité de l’enfant qui garde pourtant espoir en l’avenir et rêve de la cabane qu’il leur construira, comme une métaphore de la vie qui sera plus tard la sienne.

Ariane Tapinos (octobre 2017)
NB : à signaler, 1€  est reversé à la Fondation Abbé Pierre

Lire la suite

02/10/2017 | Lien permanent

L'ABEILLE À MIEL

Abeille à miel.jpgalbum documentaire
de Kirsten HALL & Isabelle ARSENAULT (illustrations)
Éd. La Pastèque, juin 2018 - 16€

Perchons-nous sur un arbre pour regarder ce qui se passe dans le champ : « A perte de de vue (…) poussent, sauvages et libres des fleurs » et ce petit bruit insistant, ce bourdonnement, ce ronronnement, c’est une abeille. Avec ses congénères, elle bat des ailes et tourbillonne à la recherche de la fleur la plus belle, celle qui lui fournira le plus sucré des nectars. De fleurs en fleurs, les abeilles butinent et transportent du pollen. De retour à la ruche, elles s’activent : elles mâchent et mâchent encore jusqu’à obtenir du miel qu’elles vont stocker dans des alvéoles. Leur travail accompli, l’été touche à sa fin, l’hiver pointe et elles se reposent avant de repartir, virevoltantes dès que la nature s’éveille au printemps.

Sous la forme d’un bel album coloré à grand renfort de jaune et orange fluo, ce documentaire explique en termes simples le travail des abeilles et comment, grâce à elles, de la fleur naît le délicieux miel de nos tartines.

Ici les abeilles ont des têtes mignonettes et souriantes - quoique bien moins rondes que celle de leur illustre cousine Maya, héroïne de dessin animé - mais leur activités sont elles bien sérieuses.

Et comme nous l’explique Kirsten Hall dans une intéressante postface, ces insectes nous sont utiles pour égayer nos petits déjeuners (ou sucrer toutes sortes de mets) mais surtout, en répandant le pollen, elles participent à la biodiversité (selon l’INRA elles participent à la pollinisation de 80% des espèces de plantes à fleurs).

Après cette lecture, les enfants verront peut-être différemment ces petites bêtes au bourdonnement parfois agaçant et aux piqûres douloureuses. Peut-être même suivront-ils le conseil de Kirsten Hall et écriront-ils à leur « représentant local » (l'album nous vient du Québec) pour prendre la défense des abeilles !

Ariane Tapinos (août 2018).

Lire la suite

12/09/2018 | Lien permanent

Page : 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12