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31/05/2012

SANS PAPIERS

sans papiers.gifAlbum de RASCAL (texte), Cendrine GENIN & Jean-François MARTIN (images)
Éd. Escabelle, mars 2012 – 14,90€

Une petite fille parle de sa vie. Sa vie en France depuis quatre ans. Sa vie sans papiers, à apprendre à ne pas se faire remarquer. Mais sa vie de «Française enracinée», heureuse de réciter Prévert et de faire la liste de toutes ces choses qu’elle connaît: les peintures de Renoir, les contes de Perrault, les chansons de Boby Lapointe, la Marseillaise, les 100 départements français…

Aujourd’hui comme chaque jour elle est heureuse d’aller à l’école, peut-être même un peu plus heureuse: c’est le jour de la photo de classe et elle a mis sa plus belle robe et ses souliers vernis.

Aujourd’hui elle ne sera pas sur la photo de classe. Aujourd’hui des policiers l’attendent devant l’école. Aujourd’hui elle quitte la France, pays des droits de l’Homme, et s’envole vers un pays où la guerre, il y a quatre ans, lui a pris sa mère. 


Le sort fait aux étrangers sans titre de séjour, les «sans papiers» en France n’est pas un sujet nouveau dans la littérature jeunesse. Pourtant la lecture de ce court texte incroyablement illustré – interprété même – par des dessins et des photos, laisse sans voix. Le texte de Rascal est d’une grande simplicité presque doux comme pour mieux faire ressortir l’injustice faite à cette enfant et à son père qui croyait avoir trouvé refuge en France, après un long parcours de souffrances. Les images jouent également sur les contrastes entre les scènes d’un bonheur fragile et les évocations des horreurs passées. Une photo en particulier, celle floue d’une forêt où se devinent les longues silhouettes des arbres, évoque l’une des quatre photos prises, clandestinement, à Auschwitz, en août 1944. 
Texte comme images font appel à un substrat culturel commun et c'est ce qui fait la force de l'album et en rend la lecture si douloureuse. 

Quand on a refermé l’album, c’est la colère qui domine. 

Ariane Tapinos (mars 2012)

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