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Rechercher : Le monstre qui mangeait le noir

Seigneur Puma | album de Gérard MONCOMBLE et Xavier COLLETTE

seigneur puma.gifÉditions Mic_Mac | nov. 2009 | 12,90€

L'atmosphère est créée dès la couverture par l'opposition et la similitude entre les deux profils des personnages: blanc/noir, douceur/violence sur fond gris indéterminé.

Ksaar, chasseur de puma est un solitaire qui porte le poids de la tradition familiale: la protection du village. Il part à la chasse mais celui qu'il va rencontrer est «un puma blanc. Énorme, musculeux, un puma comme il n'en a jamais vu». Un affrontement commence où «Ksaar se demande qui est le chasseur, de lui ou du puma».

De même, le lecteur aura à lever l'ambiguïté de l'issue de la traque. Là se construit la légende magnifiquement contée par le texte de Gérard Moncomble et les illustrations de Xavier Collette.

Un ouvrage remarquable qui tiendra en haleine les lecteurs.

Josuan (déc. 2009)


 

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07/01/2010 | Lien permanent

Petit Mops | album d'ELZBIETA

petit mops.gifÉd. du Rouergue | mai 2009 | 19,50€

À mi-chemin entre l'ours et la taupe, Petit Mops est un personnage attachant que le lecteur pourra suivre au travers des aventures rassemblées dans ce volume. Quatre histoire toutes simples, en noir et blanc et sans paroles, qui évoquent avec poésie et humour la nature, le passage du temps et des saisons qui déconcertent parfois notre petit Mops! Baluchon à l'épaule, on le retrouve successivement sur une plage, près d'un arbre ou d'une rivière, car Petit Mops est un grand voyageur qui va de rencontre en rencontre, vers la ligne d'horizon toujours représentée dans le dessin très épuré d'Elzbieta, dont ce furent, en 1972, les premières histoires publiées et jusqu'à présent inédites en France.

Nathalie Ventax (juin 2009)

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16/06/2009 | Lien permanent

Oskar le coq | album de May ANGELI

9782844207258FS.gifÉd. Thierry Magnier | mars 2009 - 15,50 €

Cette histoire, toute en images, racontée par une artiste, nous conduit à découvrir la vie dans un poulailler.
Un album soigné, véritable petit livre d’art, qui permet de découvrir, page après page, des images réalisées à la gravure sur bois, en trois tons : noir, rouge et jaune.

Oskar, le roi du poulailler, déploie en vain tous ses charmes devant ses poulettes. Une action d’éclat lui permet de reprendre provisoirement un peu d’autorité…
L’absence de texte et la richesse de chaque planche, bordée d’une frise, invitent à un regard attentif et suscitent les échangent entre adultes et enfants.

Un bel album, original et plein d’humour.

Josuan (avril 2009)

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04/04/2009 | Lien permanent

La Nuit du visiteur | album de Benoît JACQUES

nuit visiteur.gifÉd. Benoît Jacques Books | (oct 2008) 1er trimestre 2009 – 17 €
Prix Baobab de l’album 2008

Un album au format original qui invite à entrer par la fenêtre de la jaquette pour plonger dans un monde étrange, où alternent paysages nocturnes, ombres qui se découpent sous la lune et intérieurs en noir et rouge.
La construction humoristique à partir du Petit Chaperon Rouge assortie de nombreux clins d’œil à des œuvres littéraires et cinématographiques offre différents niveaux de lecture.
Malgré une apparente simplicité, des jeux de sonorités, des allitérations, une typographie qui joue avec le texte font la richesse et l’intérêt de cette histoire.

Un petit bonheur de lecture et de relectures !

Josuan (avril 2009)

Pour les curieux une visite du très beau site de l'auteur :
http://www.benoitjacques.com/

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Histoire d'un loup | album de Loren CAPELLI, illustré par Juliette LAMARCA

9782844207371FS.gifÉd. Thierry MAGNIER | mars 2009 – 14 €

Un album en noir et blanc dont les linogravures accentuent l’intemporalité du conte.
La composition de l’ouvrage est finement étudiée : des illustrations sur double-page créent de véritables pauses dans le récit, offrant des espaces à l’imaginaire des lecteurs.

La forêt prend la parole pour conter l’histoire tout à fait singulière d’un loup qui veut se faire aimer d’une princesse…

Un livre qui s’inscrit dans l’histoire universelle, toujours réinventée, des relations entre l’homme et le loup, où se côtoient attirance, violence et mort.
La dualité homme-animal est traduite dans les linogravures par un traitement graphique différent : rondeur pour les personnages, accumulation d’angles et de traits brisés pour le loup.

Un album de très grande qualité.

Josuan (avril 2009)

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Les Orphelines | pièce de théâtre de Marion AUBERT

Orphelines.jpgÉd. Actes Sud Papiers, coll. Heyoka Jeunesse | nov. 2009 - 10€

«MONSIEUR
(au public)
Il y a des pays, lorsqu’une petite fille vient au monde, les mamans sont tout étonnées. Il y a des pays, lorsqu’un petit garçon vient au monde, les papas courent dans la rue. Ils achètent du champagne rosé. Ils font cuire une dinde. Il y a des pays, lorsqu’un petit garçon vient au monde, on tue le veau gras. On pend partout des lampions. Des guirlandes. Les parents sont tellement heureux. Ils dansent. Ils font les fous. Ils remercient Dieu. Les mamans sont fières de leurs petits garçon. C’est une grâce d’avoir un garçon dans certains pays. Les garçons sont tellement précieux. Il y a des pays, lorsqu’une petite fille naît, c’est un malheur. La ville devient toute grise. Le cœur de la maman tombe. Le papa est très en colère contre la maman parce qu’elle ne sait faire que des filles. Vous imaginez, vous? C’est un peu comme si c’était un monstre, une petite fille, dans ces pays-là. Il y a des pays, lorsqu’une petite fille vient au monde, on la tue. On ne veut pas d’elle. Le village ne veut pas d’une petit fille pareille.
(À Violaine:)
“Moi, je suis là pour mener une enquête sur les petites filles disparues”, je dis comme ça.
»

«Il y a des pays, lorsqu’une petite fille vient au monde, on la tue»… Un grand écrivain, Monsieur, mène une enquête sur ces petites filles disparues, celles qui sont tuées à la naissance. Il est fait prisonnier dans un monde imaginaire, par des fillettes menées par Violaine. Auprès d’elles, il va apprendre la dure vie de ces enfants et des femmes qui sont leurs mères.
Avec trois personnages et quelques marionnettes, Marion Aubert nous entraîne dans un univers entre réalité et cauchemar, dans des limbes où vivent ces enfants non-nées ou tuées à la naissance. Avec ce procédé, elle réussit à parler de ce – de celles –  qui n’existe(nt) pas. En creux, elle dit la violence et la haine qui mènent à ces crimes répétés, renouvelés dans l’indifférence quasi-générale. Ne serait cet écrivain, ce Monsieur, qui s’est donné la tâche d’enquêter sur ce crime silencieux, personne ne parlerait de ces absentes. En rendant une voix à ces petites filles, incarnées par des marionnettes, elle trouve le moyen de s’adresser à de jeunes enfants et de leur dire des choses graves, des choses d’adultes qui les concernent pourtant. Elle leur parle d’amour et de haine, de désespoir et peut-être un peu d’espoir aussi.

L’écriture de Marion Aubert a un ton particulier, une musique fine et délicate où se mêlent humour et gravité dans une langue ciselée, précise, riche. C’est un régal d’intelligence et un bonheur de lecture. Il faut se plonger dans cet univers un peu baroque et décalé qui dit mieux le monde tel qu’il est que beaucoup de textes plus collés au réel. Il faut lire à voix haute (ou, encore mieux, aller au théâtre*) ce texte splendide qui parle aux enfants en empruntant leurs mots, avec cet mélange de naïveté et de lucidité qui les caractérise. Il faut écouter le Diablon et la Diablonne présenter l’histoire de Violaine et de ses petites amies et savourer leur dernier dialogue, en forme d’épilogue:

«La Diablonne
Est-ce que la pâte à petite fille est moins bonne?
Le Diablon
Moi, je me demande s’il y a un défaut dans le moule à petites filles.
La Diablonne
Moi, je me demande si le moule à petite fille c’est un moule à petit garçon cassé.
Le Diablon
Moi, je dis: “Non, non. Il y a deux moules différents
”»

Ariane Tapinos (février 2010)

* À Alès, les 7 & 8 avril 2010 et à Rouen les 20, 21 & 22 avril 2010, mise en scène Johanny Bert
Spectacle coproduit par La Grande Ourse - Scène Conventionnée Jeunes Publics (Villeneuve-Les-Maguelone)

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08/03/2010 | Lien permanent

J'veux pas y aller! | album d'Yvan POMMAUX

J'veux pas y aller.jpgIllustrations d'Yvan et Nicole POMMAUX
éd. Bayard jeunesse | sept. 2009 | 10,90€

C’est la veille de la rentrée et Pablo a décidé qu’il n’irait pas à l’école. Il a croisé les bras sur son torse, comme font les petits pour dire «non» et c’est en fronçant les yeux qu’il va se coucher. Sa mère essaie bien de l’amadouer avec une histoire, celle d’Atalante qui courrait plus vite que les garçons et avait promis d’épouser celui la battrait à la course, mais Pablo reste sur son refus. Et «les garçons courent plus vite que les filles, et puis c’est tout». Et c’est ainsi qu’il s’endort. Mais cette nuit-là… Cette nuit-là, la chambre de Pablo – comme celle d’un autre petit garçon très en colère dans un album paru il y a plus de quarante ans – se transforme en jungle. Les feuillages du papier peint se meuvent, les peluches s’animent, une rivière traverse la pièce. Le lit de Pablo devient un radeau, entouré d’animaux qui l’enjoignent d’aller à l’école. Le radeau s’échoue sur une plage où l’attend une «très jolie princesse de la jungle». Pablo lui propose une course et, comme dans l’histoire de sa mère, il sème sur leur chemin trois pommes d’or qui, distrayant Atalante (c’est le nom de cette petite princesse à la peau d’ébène), permettent à Pablo d’emporter la course d’un cheveu. Pablo s’endort sur sa victoire. À son réveil il est conduit en ronchonnant à l’école. Là, devant l’école Maurice Sendak, il aperçoit la petite fille de son rêve. Elle s’appelle Atalante et Pablo lui offre une belle pomme en signe d’amitié.

Avant même l’irruption de la nature sauvage dans la chambre de Pablo, l’expression furieuse de son visage rappelle celle de Max obligé d’aller dans sa chambre sans avoir mangé. Et alors que les références à Max et les Maximonstres courent tout au long de l’album d’Yvan Pommaux (parsemé également d’allusions à ses propres ouvrages), le nom de l’école de Pablo confirme, s’il en était besoin, l’hommage d’un grand artiste à un autre. Pablo et Max ont en commun de s’opposer aux adultes qui les élèvent et, comme tous les enfants du monde et aussi ceux des livres, ils doivent renoncer à la toute-puissance du petit enfant pour grandir et s’ouvrir aux autres. Max renonce à être le terrible roi des Maximonstres, Pablo se décide à aimer l’école où il y a des filles comme dans les livres. Et pour l’un comme pour l’autre, grandir passe par l’imaginaire et le rêve.

Le trait d’Yvan Pommaux est très différent de celui de Maurice Sendak et ses couleurs – celles que depuis des années son épouse Nicole offre à ses livres – sont plus soutenues, plus présentes dans l’image, mais dans les deux albums les auteurs ont choisi de disposer le texte à l’écart des images comme pour en permettre une lecture plus complète, plus détaillée. Et si les différences entre les deux livres sont aussi nombreuses que leurs ressemblances (les animaux de la chambre de Pablo existent dans la nature contrairement aux monstres de Max, il y a un être humain – et féminin – dans le rêve de Pablo et ce dernier est sans doute plus «raisonnable» que Max…), ils rendent tous deux hommage à l’immense richesse de l’imagination enfantine, un bien précieux dont les artistes, plus que les autres, ont su garder le souvenir.

Avec ce très bel album, Yvan Pommaux nous rappelle qu’il existe une histoire de la littérature jeunesse dans laquelle s’inscrivent les livres d’aujourd’hui, comme l’histoire individuelle s’inscrit dans l’histoire familiale et collective. Ces livres, qui sont passés entre les mains de plusieurs générations sans prendre une ride, sont ceux qui donnent du sens à notre travail de libraire, ceux que nous débusquons aujourd’hui, en faisant le pari qu’ils résisteront au temps.

Ariane Tapinos (octobre 2009)

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07/12/2009 | Lien permanent

Le Courage du papillon | roman de Norma FOX MAZER

9782226189523-X.jpgTraduit de l’américain par Jean Esch | Éd. Albin Michel Jeunesse, coll. Wiz | janv. 2009 | 304 pp. – 13 €
[EO New York 2008, The Missing Girl]

Les cinq filles de la famille Herbert sont comme «une volée d’oiseaux» : voilà ce que pense l’homme en gris qui, tous les jours, les observe à l’arrêt de bus, en chemin pour l’école. Toutes ne sont pas belles (Beauty, l’aînée de presque 18 ans, il la surnomme la vieille ou la laide), ni spirituelles (Fancy, 12 ans, c’est « l’idiote ») mais leur innocence, leur insouciance le fascinent. Une vraie aubaine, pour lui qui n’a même plus le droit d’approcher d’une école… Et aucune d’elles ne voit en lui une menace, d’ailleurs elles ne le voient même pas, toutes à leurs préoccupations familiales, amoureuses, scolaires…

Beauty, Mim, Stevie (Faithful), Fancy et Autumn ont chacune leurs rêves secrets, leurs colères, leurs soucis… et partagent aussi un peu de ceux de leurs parents. La famille Herbert est plutôt démunie depuis que le père, Huddle*, est incapable de travailler à la suite d’une blessure et que Blossom, la mère, étouffe son angoisse dans le tabac et la nourriture. Mais c’est une famille aimante et remuante, vivante en un mot ! Alors, quand il est question de « prêter » Stevie à la tante Bernice qui vit seule dans le New Hampshire, c’est la panique, des pleurs généralisés, un branle-bas de combat au milieu duquel l’absence d’Autumn au brunch dominical passe presque inaperçue…

Sans dévoiler la fin, disons que l’auteur est relativement elliptique sur les agissements de l’homme, une fois son rapt effectué : gifles, séquestration, baisers et caresses douteuses, nous n’en saurons pas plus mais c’est amplement suffisant pour motiver la rage de fuir d’Autumn – et le qualificatif de « monstre » que Fancy accordera finalement au kidnappeur. Fancy à qui reviendra le dernier mot de l’histoire, en forme de conte à faire peur.

La tonalité brillante, l’innocence colorée de la couverture du livre pourraient laisser penser à un roman « léger », une énième histoire pour jeunes filles romantiques, mais ce n’est qu’apparences et, n’est-ce pas, il ne faut pas s’y fier. Cette histoire-là est tendue comme un thriller, faisant découler l’angoisse du quotidien. L’alternance des points de vue participe de cette tension. Alternativement, l’histoire est racontée par trois des filles. Beauty – son « plan » pour quitter Malory et ses 5000 habitants, ses rêves fleur bleue de grande fille laide et ses soucis d’aînée/seconde maman – les chapitre de Beauty sont écrits à la 3° personne « elle » ; Fancy – la petite qui ne grandit pas, se débat avec « la Pulsion », invente des chansons pour éloigner ce qu’elle ne comprend pas – Fancy dit « Je » ; Autumn – la cadette qui a autant de difficultés avec l’orthographe qu’avec la forte personnalité de ses sœurs, Autumn doute de tout… et elle dit « tu ». L’auteure imbrique ces récits anodins et celui de l’homme qui les observe et désire en faire « ses » filles, de sorte que, un peu comme dans De la tendresse de Cormier, on se dit que l’inévitable horreur nous attend toujours à la page suivante. Une manière très efficace de faire monter l’angoisse du lecteur (et son avidité à poursuivre), tout en laissant dans l’ombre nombre de détails et nombre de questions en suspens. Une manière également de nous rendre les victimes potentielles très familières, très attachantes. Brrr…

Corinne Chiaradia (février 2009)

* je ne suis pas angliciste, mais ce roman présente une étonnante collection de noms propres improbables…

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15/03/2009 | Lien permanent

Pika, l’éclair d’Hiroshima | album de Toshi Maruki

Pika Hiroshima.gifTraduit du japonais par Nicole Coulon
Adapté par Marie Schuch
Première édition Syros, 1984 -
Nouvelle édition revue et corrigée, Actes Sud Junior, mars 2005
13,50 €

C’est un jour comme les autres à Hiroshima. Un jour de guerre, mais la ville a été jusque-là épargnée par les bombardements américains qui ravagent Tokyo et Osaka. Petite Mi est en train de déjeuner avec ses parents lorsqu’à 8h15 retentit un bruit «strident, assourdissant : PIKA A A A» bientôt suivi d’une «lumière aveuglante, effrayante, violente et blanche». Ce qui suit, c’est l’horreur d’une ville en flammes, d’une mère qui tient contre son sein son enfant mort, des corps qui s’amoncellent sous la pluie noire et épaisse qui se déverse du ciel. C’est aussi, plus tard, la mort du père de Mi et de tous ceux qui n’ayant «ni blessure ni brûlure se réjouissaient de vivre» mais qui mourraient «comme le papa de Mi, sans blessure apparente».

 Cet album, dont le très beau texte est comme un long et déchirant poème, est servi par d’extraordinaires illustrations où se mêlent le rouge du feu, le noir des corps calcinés et le bleu dense des kimonos. Les peintures de Toshi Maruki ont presque quelque chose de naïf et c’est ce qui les rend encore plus parlantes et émouvantes. Un album indispensable pour ce qu’il dit, mais aussi pour la beauté épouvantable des tableaux de son auteur.
Ariane Tapinos
(première publication: juillet 2005)

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KABYLIE TWIST

Kabylie Twist.gifRoman historique et policier de Lilian BATHELOT
Éd. Gulf Stream, coll. Courants Noirs
Février 2012, 355 pp. - 14,50 €

Été 1960 – hiver 1962. Lopez, un jeune inspecteur de police fraîchement débarqué dans le Constantinois, se penche sur une série d’attaques sanglantes contre des fermes appartenant à des Français. Tout naturellement, en ces temps où «les événements» d’Algérie font rage, ces attaques sont attribuées aux indépendantistes algériens. Lopez soupçonne une toute autre réalité.… Et il n’est pas le seul à découvrir le sordide et l’inhumain derrière la façade des discours officiels: Richard, Michel, Najib, Sylvie, Claveline, Monsieur Germain… Tous affrontent des réalités qui les transforment durablement. 

Porté par neuf voix, Kabylie Twist, dont la trame policière n’est que prétexte, propose un éclairage très complet sur les deux dernières années de guerre qui déboucheront sur l’indépendance de l'Algérie.Ce roman historique et policier est difficile à résumer tant les intrigues et les points de vue se mêlent, mais c’est par ce procédé que Lilian Bathelot rend compte de la complexité des «événements». Ici, combattants de l’ANL, appelés français, harkis, pieds-noirs hostiles à l’indépendance ou instituteur communiste engagé de cœur aux côtés des Algériens (et qui choisira de rester vivre dans l’Algérie indépendante) se croisent et donnent à voir et à comprendre cette «Guerre sans nom» qui a marqué toute une génération des deux côtés de la Méditerranée.

Comme toujours dans cette collection, le récit romanesque est suivi d’une partie documentaire. Ici, ces pages sont particulièrement intéressantes parce qu’elles mettent l’accent sur la colonisation de l’Algérie, sujet bien moins traité en littérature jeunesse (fiction et documentaire) que celui de la guerre d’indépendance. 

Ariane Tapinos (février 2012)

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14/02/2012 | Lien permanent

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