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Rechercher : Le Grand voyage

La Route des ossements | roman d'Anne FINE |

9782211090056.jpgTraduit de l’anglais par Myriam Amfreuille et Sophie Aslanides | Éd. L’École des loisirs, coll. Médium, sept. 2008, 240 pp. - 10 €

Un pays qui a tout de l’URSS sauf le nom. Un dictateur qui a tout de Staline, sauf le nom. Il a éliminé tous ses rivaux et anciens amis. Il fait régner la terreur sur le pays et envoie en camps tous ceux qui critiquent le régime. Et il suffit de peu...

Youri, contraint d’arrêter l’école à quatorze ans pour participer au «Grand pas en Avant» voulu par le «Père Trofim», «Notre Grand Capitaine» voit mourir sous ses yeux son ami de toujours, Aliocha, tombé d’une échelle, sous le poids de la charge de briques qu’il transporte pour avancer vers le «Glorieux Avenir». Youri ne peut retenir quelques paroles de tristesse et d’effarement devant cette incroyable injustice : la mort d'un enfant au travail… Pour ces paroles, il manque de se faire arrêter. Il s’enfuit, grâce à Karl, un adulte avec qui il travaille, mais est rattrapé peu de temps après et envoyé en camp - dans ce qui ressemble à la Sibérie - après un horrible et interminable voyage dans des wagons à bestiaux, au milieu de la nuit, de ses compagnons d’infortune, de la puanteur et du froid. Dans le camp, il survivra pour avoir compris comment fonctionne l’univers concentrationnaire. Il s’échappera grâce à deux détenus qui projettent de l’utiliser comme réservoir de viande...

Un roman terrible et glaçant qui plonge le lecteur dans les heures les plus noires de l’histoire russe. Et pourtant, Anne Fine choisit de ne jamais faire référence directement à l’URSS. Comme pour donner à son livre une portée universelle. Un message qui fait froid dans le dos puisque la fin semble dire que le pire est toujours à craindre.

Ariane Tapinos

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08/01/2009 | Lien permanent

LES SAISONS

Les saisons.jpgdocumentaire
de Stéphane DURAND
D'après le film de Jacques PERIN & Jacques CLUZAUD
Éd. Actes Sud Junior, octobre 2015, 85 pages - 14€
A l’heure où le réchauffement de la planète et ses effets sur notre environnement est au cœur de tous les débats et source de tant d’inquiétude, ce très beau documentaire – inspiré du film du même nom – donne une perspective inattendue à ces questions. Stéphane Durand, mettant ses mots dans les pas de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, revient sur les bouleversements climatiques qui ont ponctués l’histoire de la terre depuis 20 000 ans. En six chapitres qui sont autant de saisons – l’âge de glace, le grand bouleversement provoqué par un premier réchauffement climatique, l’âge d’or de la forêt, la montagne comme dernier refuge et la fin de la campagne – il revient sur les grandes évolutions climatiques qui ont modifiées durablement l’équilibre écologique de la planète.

Se faisant, il nous apprend deux choses essentielles : la part de l’homme dans ces changements – depuis la naissance de l’agriculture au néolithique jusqu’à l’extension des villes au XXIe siècle – mais également, les incroyables ressources de la nature pour s’adapter à ces évolutions. Les Saisons est donc un livre plein d’espoir qui nous rappelle, en creux, nos responsabilités mais surtout nous entraine dans un voyage à travers le temps et l’espace qui donne à voir l’immense valeur de notre patrimoine naturel.

C’est un documentaire étonnant, poétique et instructif à la fois et dont les images, tirées du film, sont splendides.

Ariane Tapinos (novembre 2015)


Un recueil de contes, sous la forme d'un livre cd, inspirés du film, est paru en même temps que ce documentaire : Les contes des saisons, de Stéphane Durand, illustré par Claide de Gastold, et racontés par Jacques Perrin (Actes Sud Junior octobre 2015).

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09/11/2015 | Lien permanent

SUR LA ROUTE D'INDIANAPOLIS

Sur la route d'Indianapolis.jpgroman
de Sébastien GENDRON
Éd. Magnard jeunesse, coll. Roman perles, mai 2016 – 11,90€

Lilian a 11 ans et raconte des mensonges pour épater les copains ou pour s'inventer d'autres vies, il a l'impression d'être un garçon banal à qui il n'arrive pas grand chose... jusqu'au jour où son père lui propose de l'accompagner pour un voyage professionnel aux Etats-Unis.

Lilian doit passer quelques jours à Chicago chez sa tante avant de rejoindre son père à Indianapolis en prenant seul un bus Greyhound. Une sacrée aventure en soi... sauf que Lilian n'est pas au bout de ses surprises !

Alors qu’il descend du bus pour un besoin pressant, le chauffeur l’abandonne au milieu de nulle part… et à partir de là les péripéties les plus inimaginables vont s'enchaîner :  après avoir échappé à l'attaque d'un avion en rase-motte dans un champ de maïs en compagnie d'un mystérieux M. Kaplan, Lilian est kidnappé par des gangsters à la poursuite d'un frigo plein de billets...

De l'aventure sur grand écran et en Technicolor ! Sébastien Gendron signe un roman d'aventure épatant et palpitant, truffé de clins d'oeil aux classiques du cinéma américain, un livre qu'on ne peut lâcher avant le clap de fin.

Claire Lebreuvaud (août 2016)

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29/08/2016 | Lien permanent

LE FIL D’ARIANE

filariane.jpgalbum documentaire & jeu

Jan BAJTLIK

Traduit du polonais par Lydia Waleryszak

Éd. La Joie de lire, septembre 2019 – 24,90€

Un énième documentaire sur la mythologie et l’Antiquité grecque ? Oui mais surtout un ovni éditorial et un magnifique ouvrage qui nous vient, et c’est suffisamment rare dans la production jeunesse pour le signaler, de Pologne. Vingt-quatre illustrations – toutes sous la forme de labyrinthes – pour découvrir l’Antiquité grecque et plonger dans la mythologie. Chaque thème fait l’objet à la fois d’une grande double page ludique qui invite les lecteurs à parcourir les chemins sinueux et plein d’embuches d’un incroyable labyrinthe graphique, et renvoie à des explications ordonnées à la fin du livre.

Sous cette forme très originale, Jan Bajtlik aborde (entre autres) les jeux olympiques, le théâtre, l’habitat des grecs de l’Antiquité mais aussi, la guerre de Troie, le voyage d’Ulysse et celui de Jason et ses Argonautes, et bien sûr, le labyrinthe où Thésée viendra à bout du Minotaure grâce à l’aide d’Ariane.
C’est bien ce Fil d’Ariane que ce très bel album nous invite à suivre pour (re)découvrir ces histoires fantastiques et fondatrices de notre culture.
Les images inspirées, comme précisé à la toute fin du livre, des vases, fresques et statues de la Grèce antique, conservés dans les musées de Grèce et de toute l’Europe, sont d’une grande beauté et fourmillent de détails amusants mais aussi informatifs.

Ce livre invite autant au jeu qu’à l’apprentissage mais avant tout, il est un régal pour le regard.

Ariane Tapinos (septembre 2019)

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16/11/2019 | Lien permanent

Manolis de Vourla | roman d'Allain GLYKOS

manolis vourla.gifÉd. Quiquandquoi | sept. 2005 | 144 pages - 19,50€
Livre accompagné d'un DVD documentaire

Vourla, bourgade grecque d'Asie Mineure, septembre 1922. Manolis a sept ans. En quelques jours sa paisible vie de petit paysan va être emportée dans la tourmente de l'Histoire. La France et l'Angleterre viennent d'abandonner leur ancienne alliée, la Grèce, et renoncent à la soutenir dans son incroyable tentative de reconquête d'une partie de la Turquie. La défaite grecque provoque la «Grande catastrophe d'Asie Mineure»: les Grecs sont chassés de ce territoire turc dans lequel ils vivent depuis toujours (les Turcs qui habitent le nord de la Grèce depuis presque aussi longtemps, sont eux aussi renvoyés dans leur «patrie»).
Manolis est depuis quelques jours chez sa grand-mère, Sophia, lorsque la guerre frappe à sa porte. Sophia et lui doivent partir. Marcher des heures de long de routes jonchées de cadavres. Embarquer sur un navire militaire anglais, puis sur un vieux cargo grec. Ils arrivent enfin à Nauplie, la première capitale de la Grèce libre, où ils sont conduits avec tous les réfugiés dans une école de la ville.

D'abord adopté par une riche famille de Nafpliotes en manque de descendance masculine, Manolis apprend que sa mère, dont il est sans nouvelle depuis son départ forcé de Turquie, a trouvé refuge en Crète. Il a huit ans lorsqu'il entreprend seul ce long voyage jusqu'à Vori, en Crète, où il apprend la mort de son père mais retrouve sa mère, ses frères et ses sœurs. Il n'a que quinze ans lorsqu'il entame un plus long voyage encore jusqu'en France, à Bordeaux où il sait que vit l'un de ses oncles. Manolis veut étudier et vivre une autre vie que celle que lui promet cette terre aride de Crète. Coupé de la terre qui l'a vu naître, il cherche, toujours plus loin, un autre ailleurs qui soit enfin un nouveau chez lui. L'arrivée à Bordeaux est rude: il y fait froid, il y pleut souvent, les murs sont gris et les gens moins expansifs qu'autour de la Méditerranée, mais la France est encore une terre d'accueil et c'est ici, dans la région bordelaise que Manolis fera sa vie d'adulte.

Après le très beau Parle-moi de Manolis, paru en 1997 aux éditions de L'Escampette, Allain Glykos a une nouvelle fois trempé sa plume dans l'encre de son histoire familiale, pour revenir sur le voyage qui a conduit son père d'Asie Mineure jusqu'à Bordeaux. Alors que son premier récit de cet exil, d'une construction littéraire très différente, était destiné aux adultes, Manolis de Vourla, plus narratif, s'adresse aux adolescents. Peut-être à ceux à qui il a souvent raconté l'histoire de son père et avec qui il a débattu des réalités de l'immigration, du déracinement et de la double culture (comme le montre le film de Yolande Detez et Jean-Marie Bertineau, qui accompagne l'ouvrage sous la forme d'un DVD).

Allain Glykos trouve les mots justes pour raconter cette terrible histoire, dont on ne sait si l'issue est vraiment heureuse, comme si l'immigré devait toujours faire un compromis entre là d'où il vient, là où il vit et les rêves qu'il a abandonnés en chemin. On lit le roman de Manolis le cœur serré à la pensée de ce petit garçon bringuebalé par les événements, de cet adolescent courageux et volontaire et de cet homme tenu si longtemps éloigné de la terre de son enfance. Au-delà du récit, si mal connu en France, de ce déplacement tragique de populations entre la Grèce et la Turquie (mais à vrai dire, pour les Français, la Grèce se résume bien souvent à ses plages, ses ruines, ses maisons blanches et son histoire s'arrête à Périclès), le texte d'Allain Glykos nous parle de tous ces exils forcés, de toutes ces guerres et de leurs cortèges de réfugiés hagards et dépenaillés, qui trouvent tant d'échos dans l'histoire récente. En cela son récit est universel, comme est universel l'amour de ce fils pour son père.

Ariane Tapinos
(première publication de l'article: 14 novembre 2005)


À lire pour les plus grands : Parle-moi de Manolis, éd. L'Escampette, 4e trim. 1997, 150 pages, 15€

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31/05/2009 | Lien permanent

Au sommet des Andes | documentaire de Françoise De GUIBERT & Aurélia FRONTY (ill.)

9782218928956.jpgÉd. Hatier Jeunesse, coll. Albums du monde | oct. 2008 | 9,95 €
En juin, des quatre coins du Pérou, des enfants convergent vers Cuzco où sera célébrée Inti Raymi, la fête du dieu Soleil, le jour du solstice d’hiver (24 juin en Amérique du Sud). José, Louisa, Ricardo, Consuela, Fidel et Tia ont revêtu leurs plus beaux costumes et défilent dans les rues de Cuzco, avant de danser et chanter toute la nuit, pour fêter l’arrivée du Soleil et la nouvelle année.

Cette courte histoire, qui ne comprend pas plus de deux lignes de texte par page, est magnifiquement illustrée par Aurélia Fronty. Ses couleurs denses et profondes se prêtent parfaitement à celles de l’Amérique du Sud et aux tenues bariolées des Péruviens. Au récit succèdent, selon le principe de cette collection, huit pages documentaires et une très belle carte qui permet de situer le Pérou parmi ses voisins et de visualiser le chemin parcouru par les enfants de l’histoire, pour aller fêter Inti Raymi. Très bien conçues, ces quelques pages documentaires permettent de mieux comprendre le sens de cette fête et de découvrir quelques éléments de l’Histoire et de la société péruvienne.
À lire comme une histoire du soir, ou à utiliser comme un documentaire sur le Pérou, pour les plus jeunes, ce bel album est, à la fois, plein de poésie et de ressources.

Ariane Tapinos (février 2009)

À lire dans la même collection :
La Croisière sur le Nil. Un voyage en Égypte
Une peinture de rêve.
Un voyage en Australie
La Danse de l’éléphant.
Un voyage en Inde
Sous le soleil des mariachis.
Un voyage au Mexique
Les Crêpes de Mama Pagna.
Un voyage au Kenya
Le Secret de Mikissuk.
Un voyage au pays des Inuits
Ma journée dans la savane.
Un voyage en Tanzanie
La Route de la soie.
Un voyage dans la Chine d’autrefois

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10/02/2009 | Lien permanent

AVENTURIERS MALGRÉ EUX. Tome 1 : 1 Yack, 2 Yétis, 3 Explorateurs

aventure,explorateur,tibet,jumeaux,humourRoman d’aventures abracabrantesques de C. Alexander LONDON
Éd. Les Grandes Personnes
Avril 2012, 329 pp. – 16,50 €

N’importe quel enfant rêverait de la vie d’aventures de Celia et Oliver, les jumeaux de la famille Nombril. Leurs parents sont explorateurs et ils vivent quatre étages et demi au-dessus du très select Club des Explorateurs, dans l’Upper East Side, à Manhatan, New-York. Leurs vacances ne sont que voyages, découvertes, péripéties et aventures en tous genres. Seulement… Celia et Oliver détestent les voyages et toutes les aventures qui conduisent inmanquablement à des expériences gustatives douteuses et comprennent toutes sortes d’exercices physiques et de rencontres périlleuses. Ils n’aspirent qu’à une chose: rester vautrés dans leur canapé les yeux rivés sur leur téléviseur. Alors que leurs parents sont des professionnels de l’aventure tendance Indiana Jones (bien que le professeur Nombril ait l’air moins sexy qu’Harrisson Ford), les jumeaux sont d’insatiables téléphages dont le principal souci est d’arriver à se mettre d’accord sur le programme et l’unique objectif est d’acquérir le câble. Et ce n’est pas la disparition de leur mère, trois ans plus tôt, partie à la recherche de la Bibliothèque d’Alexandrie qui les ferait bouger de leur position (assise). Bien au contraire, voilà bien la preuve que l’exploration ne mène nul part. Pourtant et pour leur plus grand malheur, Celia et Oliver sont contraints, par un pari stupide de leur père, de repartir à l’aventure. Et l’aventure dans la famille Nombril… c’est vraiment l’aventure! 

À peine occupés depuis quelques heures à regarder les émissions proposées par la compagnie aérienne qui les conduit vers le Tibet, les voilà éjectés de l’avion… Impossible dès lors de résumer ne serait-ce qu’une toute petite partie des multiples péripéties qui les conduiront sur les traces de leur mère et de la bibliothèque perdue d’Alexandrie. Qu’il suffise de dire que c’est grâce à l’immense somme de connaissances qu’ils sont acquises en regardant la télévision (et bien que la télé-réalité ne soit pas «aussi mouillé(e) que la réalité tout court») qu’ils viendront à bout des yaks parlants, yétis (femelles), sorcières empoisonneuses, faux Lamas, vrai-faux moines…

Totalement farfelu et réjouissant, voilà un vrai roman d’aventures qui se lit au rythme soutenu de ses courts chapitres, aux titres annonciateurs, et de ses multiples rebondissements, au sens propre comme au sens figuré.

Quelque part entre les Monthy Python et Nils Olgerson, ces Aventuriers malgré eux sont merveilleusement drôles et rendent à la littérature d’aventure toutes ses lettres de noblesse. Celia et Oliver rêvent de ne pas quitter leur canapé et, grâce eux, le lecteur peut s’enivrer d’une folle escapade loin de la morosité ambiante, sans quitter son cabinet de lecture. 

Ariane Tapinos (mars 2012)

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09/04/2012 | Lien permanent

Le Cantique des carabines | roman de Xavier DEUTSCH

cantique carabines.gifÉd. Mijade (Namur) | juin 2009 | 142 pages - 7€

Ponce vient d'avoir quatorze ans. À Moio, son village natal en terre sicilienne, c'est l'âge de la majorité. Ponce «le petit» est grand aujourd'hui et pour cette raison son frère aîné Léonidas, vingt-huit ans, lui offre de l'accompagner à Catane, la grande ville où il compte bien vendre sa récolte annuelle d'oignons. Voilà donc les deux garçons juchés sur une charrette remplie d'oignons et tirée par une jument, partis pour un périple de plusieurs jours sur des routes poussiéreuses et semées d'embûches (des brigands écument les campagnes siciliennes). Léonidas est un jeune homme secret, calme et silencieux - un «taiseux» - il économise ses mots au moins autant que son jeune frère écarquille les yeux dans ce qui ressemble pour lui à un voyage initiatique. Le lecteur ne mesure pas encore à quel point ce voyage va chambouler le jeune Ponce, emporté par la résolution ferme et sans faille de son frère qui, en quelques mots et quelques jours, lui ouvrira des horizons insoupçonnés.

Le premier chamboulement – et non des moindres – intervient autour de la page 40 quand l'étrange attelage atteint… l'aire de repos d'une station-service. On croyait évoluer dans un roman «paysan» plus ou moins historique et nous voilà projetés dans une contemporanéité très déstabilisante!

On pourrait penser que ce basculement relève de la pirouette, du ressort narratif pour épater le lecteur, mais Xavier Deutsch sait donner à ses personnages une vraie épaisseur et quand intervient cette irruption de la modernité le caractère et la personnalité de Léonidas sont là pour nous la faire accepter. J'ignore s'il existe aujourd'hui en Sicile des villages où la charrette est un moyen de locomotion comme un autre, où un jeune agriculteur peut refuser un paiement en euros pour lui préférer les napoléons (ou les souverains d'or si l'acheteur est britannique) et où l'on vend une enfant à un bordel quand on ne peut plus la nourrir… Au bout du compte l'étonnant dans ce Cantique est que la fausse simplicité de l'écriture de l'auteur s'accorde si bien au caractère du héros – il n'économise ses mots que pour mieux les choisir – qu'elle parvient à nous faire admettre les incongruités du récit et accepter l'individualisme forcené du personnage. Léonidas cherche à atteindre un objectif, un seul, et il choisit d'ignorer tous les événements collatéraux; partant il se moque de la marche du monde bien plus que de son premier oignon durement cultivé. Il est comme une illustration de l'expression populaire «c'est pas mes oignons» mais, se débattant lui-même avec une situation et des origines marginales et méprisées, le lecteur aura garde de le juger ni de lui appliquer les grilles habituelles du politiquement correct. Quelles que soient les invraisemblances réelles ou supposées contenues dans l'histoire, elle prend pour héros un personnage atypique et amène son lecteur sur des chemins bien peu explorés par le roman ado. Une belle surprise.

Corinne Chiaradia (janv. 2010)

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11/02/2010 | Lien permanent

NO PASARAN, LE JEU. L’intégrale en BD

no pasaran.jpgBande dessinée
de Christian LEHMANN (scénario) & Antoine CARRION (images)
Éd.Rue de Sèvres, février 2014, 124 pages - 16€

Lors d’un voyage scolaire à Londres, trois amis Eric, Thierry et Andreas, trouvent par hasard une boutique de jeux vidéo vintages. Alors qu’ils sont sur le point de partir, le vieux commerçant aperçoit une croix nazie sur le blouson d’Andréas, il leur offre alors un jeu ancien mais des plus fantastique. Tour à tour, dans les tranchées en 1917, à Guernica en 1937 ou encore en Yougoslavie dans les années 1990, les joueurs sont transportés physiquement dans le jeu pour incarner des hommes qui ont pris part aux plus grands conflits de l’humanité. Pour mettre fin à la partie, il s’agit d’une question de vie ou de mort.

18 ans après la parution de son livre, Christian Lehmann revient ici en tant que scénariste. Grâce à un dessin réaliste, quasi photographique, Antoine Carrion ajoute une autre dimension à une histoire que nous connaissons déjà tous.

Le graphisme est d’autant plus réussi que chaque univers, chaque ère de l’histoire a sa propre palette de couleurs qui met en exergue l’ambiance de chaque époque.

Cette adaptation du classique du même nom est parfaitement réussie, ni trop violente, ni trop superficielle, elle évite les clichés et est tout autant instructive que divertissante.

Marlène Demen (mai 2014)

A lire également :
No pasaran.gifNo pasaran, le jeu, suivi de Andreas, le retour
de Christian Lehamann
Éd. L'école des loisirs, coll. Médium, 450 pages - 19,50€

 

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11/05/2014 | Lien permanent

Le Chemin de Sarasvati | roman de Claire UBAC

chemin sarasvati.gifÉd. L’École des loisirs | coll. Médium | mars 2010 | 290 pp. – 11€

Dès sa naissance, Isaï doit affronter la cruauté et l’intolérance. Alors que son père est parti chercher du travail à Bombay, elle vit avec sa mère chez sa famille paternelle. Sa tante, l’épouse du frère de son père, est un monstre de méchanceté et de cruauté. Persuadée qu’une fille ne vaut rien et jalouse du peu de place qu’Isaï et sa mère occupent au sein de la famille, elle n’a de cesse d’enjoindre sa belle sœur à se débarrasser d’Isaï. La mère d’Isaï tient bon jusqu’au moment où, emportée par la maladie, elle laisse sa Isaï aux mains de cette méchante femme. Les humiliations pleuvent sur la petite fille. son horrible tante lui rase même les cheveux…

Isaï décide de s'enfuir et de partir à la recherche de son père dont elle ne peut concevoir qu'il l'ait abandonnée. Déguisée en garçon (sa tête rasée lui sert finalement à quelque chose) et accompagnée de Murugan, un jeune intouchable désireux de fuir sa condition, elle entreprend ce grand voyage...

Road movie dans l'Inde moderne entre misère et splendeur, entre cruauté des uns et compassion de autres, Le Chemin de Sarasvati est un roman émouvant et sensible sur le destin de deux enfants qui se battent pour connaître une vie meilleure. Claire Ubac dresse un portrait tantôt effrayant, tantôt plein d'espoirs, qui résume bien les facettes contrastées de l'Inde des possibles.

Ariane Tapinos (mai 2010)

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30/05/2010 | Lien permanent

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