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LE LOUP QUI AVAIT TOUJOURS FAIM
Album d’Éric BATTUT
Éd. Rue du monde
Mars 2012 – 16 €
Au sortir de l’hiver, un loup affamé se met en quête de son repas et… engloutit tous ceux qui croisent son chemin : un mouflon, des lapins, des sangliers, un ours, un vol de canards gras, toute une montagne… Arrivant devant un ruisseau, il aperçoit son reflet dans l’eau et se découvre gras et gros. Regrettant ses abdos et ses biscotots, il décide de jeûner… Finalement, c’est sa rencontre avec un « énorme-énorme loup » qui se met à le pourchasser, qui va lui servir de diète. À force de courir pour lui échapper, sans pouvoir s’arrêter pour manger, il redevient svelte et ne dévore plus que les livres !
Ce loup affamé est une des plus belles réussites d’Éric Battut, d’autant qu’il est ici à la fois auteur et illustrateur. Son album est drôle et très beau. Il fonctionne à merveille avec les petits. Et s’il peut se lire comme une amusante fable sur la gloutonnerie de l’espèce humaine vis-à-vis de son environnement, il ne quitte pas le registre de l’histoire pour s’aventurer du côté de la leçon de morale écologiste, pour notre plus grand plaisir !
Ariane Tapinos (juin 2012)
29/07/2012 | Lien permanent
Olivia prépare Noël
Ian FALCONER
Traduit de l’américain par Marjorie Bourhis
Éd. Seuil jeunesse, novembre 2008 – 16 €
Olivia est cette petite cochonne délurée et amateure d’art, imaginée par Ian Falconer. Elle est intelligente et drôle et ne ressemble à aucune autre héroïne avec son museau en triangle, ses oreilles pointues et ses jarrets potelés. On l’adore et c’est avec plaisir qu’on la retrouve à la veille de Noël. Mais l’attente est longue et Olivia n’est pas douée pour l’inaction: elle préfère aider ses parents, quitte à décapiter le sapin pour faire un joli petit centre de table. Enfin, au matin, la neige est là et les cadeaux aussi… Olivia et ses frères ont vite fait de les déballer et William, le petit dernier très motivé, se met même à marcher pour ne pas être en reste. La journée qui suit est stimulante et fatigante: il faut essayer tous les nouveau cadeaux, ski, luge, bonhomme de neige, ou plutôt cochon de neige… Éreintée Olivia s’endort et rêve que, vêtue d’un ravissant tutu blanc, elle danse dans Casse-Noisette!
On retrouve ici tout ce qui fait le charme des albums de Ian Falconer: son espiègle héroïne et son attachante famille, mais aussi et surtout, ses illustrations en noir, gris et blanc, relevées de rouge et d’une autre couleur – qui change selon les histoires – ici le vert sapin, évidemment. Des images où il glisse quelques photos de paysages, d’affiches ou d’œuvres d’art. Le résultat est à la fois drôle, incongru et superbe.
Un incontournable album de Noël.
(première publication de l'article: 20 décembre 2008)
03/12/2009 | Lien permanent
Mercedes cabossée | roman d'Hubert BEN KEMOUN
Éd. Thierry Magnier | coll. Petite poche | janvier 2011
48 pp. - 5 €
Mercedes a dix ans et depuis six ans plus un mot ne sort de sa bouche, sauf lorsqu’elle s’adresse à sa mère. Mercedes est meurtrie, cabossée, comme sa mère qui encaisse les coups depuis des années. Mais alors que sa mère parle de compréhension, la colère de Mercedes, sa rage contre son père, enfle à l’abri de son silence. Un jour en classe, dans l’établissement spécialisée où elle est scolarisée («le centre»), son institutrice demande à l’une de ses camarades de lire la phrase: «le Petit Poucet attrape la flamme». Solenne lit «Le Petit Poucet attrape la femme»…
C’est comme un déclic pour Mercedes, une porte de sortie. Puisqu’elle ne peut pas parler, elle écrira et tel le Petit Poucet, elle laisse les traces qui vont les sauver, elle et sa mère. Elle vole les marqueurs indélébiles de sa maîtresse et écrit partout où elle le peut, bancs publics, poubelles, abris bus… «Denis Obernai frappe sa femme». Convoquée au commissariat de la ville, elle brise enfin le silence…
Avec sa forme très courte, ce petit roman percutant dit sans pathos les ravages – ici sur les enfants – de la violence conjugale et l’importance des mots pour sortir de l’enfermement et du secret qui abritent la honte et la souffrance.
Ariane Tapinos
(février 2011)
03/03/2011 | Lien permanent
Les contes du chemin avec Chantal Constant
L'heure des contes (du chemin) à la librairie…
Pendant la première semaine des vacances d'hiver - mardi 23, mercredi 24 et jeudi 25 février, de 17h à 18h - Les contes du chemin, avec Chantal CONSTANT, conteuse et La compagnie créative, maison d’édition bordelaise.
Dans le cadre du projet européen «Les contes du chemin», mené par La compagnie créative, éditeur bordelais et les éditions OQO, éditeur espagnol.
Chantal Constant est tisserande d’histoires.
Elle déroule le fil d’histoires pelotonnées au fond de son imaginaire. Contes, récits, poèmes, tous parlent de nous, humains, terriens. Passeuse d’histoires venues du fond des temps, histoires qui l’émeuvent, la surprennent, la font rire, l’enchantent. Elle les relie et les tisse pour, le temps d’une soirée, en dérouler l’étoffe.
En partage de l’ici et l’ailleurs, elle vous les dit.
Ses spectacles:
«Comment ça va?» des histoires au féminin.
«Les contes de l’île rouge» contes malgaches.
«Les contes de la tisserande» contes du fil, des cordes et du tissage.
«Les animaux nous parlent» les animaux seraient-ils plus sages que les humains?
En savoir plus sur «Les contes du chemin» sur le site de la Compagnie créative.
16/02/2010 | Lien permanent
Orphée Dilo et autres contes des Balkans | Livre-CD contes en musique
Racontés par Muriel BLOCH | Illustrés par Gérard DUBOIS
Musique d’Eric SLABIAK
Éd. naïve | second semestre 2006 | 22 €
Sur les traces d’Orphée Dilo, le musicien fou des Carpates, ce très beau livre-disque nous entraîne sur les routes sinueuses des Balkans, cette «Macédoine» composée d’«un peu d’Orient, Juifs, orthodoxes,musulmans»… Terre de musique, de mélancolie et de joie, cette région du monde qui n’est ni tout à fait Europe, ni tout à fait Orient, fascine par son aptitude au bonheur mêlée à son sens du tragique. Les récits de fêtes alternent avec les histoires douloureuses. Comme dans les banquets tsiganes, la musique accompagne rires et larmes, dans ce voyage au cœur des légendes des «pays enveloppés de brouillard».
Les contes, racontés avec passion par Muriel Bloch, alternent avec les magnifiques musiques composées par Eric Slabiak, du groupe Les Yeux Noirs, et au milieu desquelles vient se nicher une chanson de Mélina Mercouri, sur une musique de Joe Dassin.
Les illustrations de Gérard Dubois sont autant de peintures dont la patine fait penser à des fresques un peu usées par le temps et les sentiments. Comble du raffinement, la maquette fait la part belle aux motifs inspirés des carreaux de ciment ou des étoffes d’Orient et concourt à faire de cet album un objet magnifique.
par Ariane Tapinos (jeudi 14 décembre 2006)
05/12/2008 | Lien permanent
Monsieur | Marie-Ange GUILLAUME (texte) & Henri GALERON (ill.) | Éd. Panama, oct. 2008 – 15 €
Monsieur est un chat. Un banal chat de gouttière noir et blanc. Mais Monsieur est aussi un maître en son domaine, enfin, dans celui de son maître, modeste humain dont nous n’apercevrons que les pieds. Et c’est son « maître » justement qui nous parle de Monsieur et, avec honnêteté, nous dit d’emblée : « J’habite chez mon chat. Monsieur me sous-loue un oreiller mais tout le reste lui appartient : les plantes vertes, la poubelle, les piles de pulls dans l’armoire, les radiateurs, le canapé, les parties dodues des copains assis sur le canapé, le frigo, la gamelle du chien, l’ordinateur - et la souris, bien sûr. »
On l’aura compris : Monsieur a pris le pouvoir et n’en fait qu’à sa guise. Il occupe toute la place dans le livre comme dans la vie du narrateur. Il est immense et majestueux, fier et facétieux. Henri Galeron lui donne vie de manière extraordinaire. Ce chat-là est plus vrai que nature. Il nous regarde droit dans les yeux et se moque de notre condition d’humain. Il habite le livre – ses grandes pages entièrement cartonnées – et son gigantisme donne la mesure de son pouvoir sur ceux qui l’entourent : humains, chiens...
Les chats sont nombreux dans les livres et l’animal se prête avec grâce et un rien de coquetterie à l’illustration, mais rarement il aura été aussi bien servi, tant par la splendeur réaliste des images d’Henri Galeron que par le raffinement et l’humour du texte de Marie-Ange Guillaume. Tout ceux – et on sait qu’ils sont nombreux – qui cohabitent avec un chat s’y retrouveront. Les grands apprécieront la malice des auteurs, les petits rigoleront à gorge déployée de ce grand chat roulé en boule sur le lit de ses « maîtres » dont on ne voit plus que la plante des pieds...
17/12/2008 | Lien permanent
C'est pour toi que le rodeur vient | roman d'Adrienne Maria VRETTOS
Traduit de l’américain par Pierre Charras | Éd. Thierry Magnier, coll. Romans Thriller | janv. 2009, 272 pp. | 11 €
Dans une petite ville perdue dans la montagne, un groupe d’adolescents vit avec le souvenir terrifiant de l’assassinat, dix ans plus tôt, d’un de leurs camarades. Pour Dylan, ce souvenir est pire encore. Depuis la mort de Clarence, elle a développé un terrible don : elle a la vision d’enfants assassinés et du lieu où ils se trouvent, sans jamais voir l’auteur des crimes. Depuis cette époque elle tente pourtant, et dans le plus grand secret, d’aider la police à retrouver ces enfants martyrs et celui qu’on a appelé «le rôdeur». Alors que de nouveaux meurtres sont commis dans la vallée, une nouvelle élève arrive au lycée et pose beaucoup de questions qui font ressurgir les vieilles blessures.
Ce polar sombre ancré dans la réalité rurale flirte avec le fantastique. Un peu embrouillée au début, l’histoire s’éclaircit, paradoxalement, en même temps que le mystère se densifie. Si, comme souvent dans les thrillers, la chute n’est pas tout à fait à la hauteur du récit (mais pas sans surprise non plus), le dernier tiers du roman est haletant et nous attache définitivement au personnage de Dylan. La solution de l’énigme marque le passage de l’adolescence à l’âge adulte, quand Dylan peut enfin laisser derrière elle le souvenir de la mort de Clarence.
Ariane Tapinos (février 2009)
15/03/2009 | Lien permanent
LETTRE D'INFORMATION # 16
À Comptines en juin…
EXPOSITION
LA BARBE du 4 au 30 juin
Vernissage et rencontre avec les barbues mardi 7 à partir de 18h
La Barbe est un groupe d'action féministe qui dénonce - par l'irruption de femmes barbues dans des assemblées d'hommes - l'absence des femmes et la domination masculine dans les lieux de pouvoir.
« En nous plaçant avec nos barbes aux côtés des hommes de pouvoir nous signifions d’un coup d’œil comment le genre détermine la place des individus dans la société, la gravité
de l’éviction d’un sexe, et la futilité des genres en même temps : tout cela ne tient qu’à un poil ! »
L'exposition rappelle quelques faits et évoque des actions menées par La Barbe.
«Quand les femmes auront du pouvoir, on verra bien ce qu'elles en feront. En attendant, qu'elles le prenne.» La barbe !
ANIMATION
Samedi 18 juin - 11h - Play with English - atelier d'initiation à l'anglais - A partir de 5 ans
sur inscription à la librairie
Ce troisième et dernier rendez-vous avant l'été portera sur les couleurs
Atelier préparé et mené par Annie Flouret, angliciste et amie de Comptines !
infos professionnelles
Régulièrement Comptines organise des présentations de l’actualité éditoriale à destination des bibliothécaires. Ces «offices» sont réservés aux bibliothécaires partenaires de la librairie ou adhérentes des réseaux BDP Gironde ou Charente-Maritime.
Prochains «offices» de la librairie à destination des bibliothécaires (inscription indispensable):
À la librairie à Bordeaux:
• jeudi 9 juin, en présence Paul Fustier qui a créé les éditions Le Genévrier
• jeudi 22 septembre, en présence de Brigitte Morel, responsable des éditions Les Grandes personnes
À Saintes, pour le réseau BDP 17:
• Lundi 3 octobre
13/05/2011 | Lien permanent
DANS LA NEIGE AVEC GRAND-PÈRE
Album de Stefan BOONEN (texte) & Marja MEIJER (illustrations)
Traduit du néerlandais par …? (nous regrettons que l'éditeur ne nous donne pas cette information)
Éd. Clavis
Nov. 2011 – 12,95 €
Derrière la fenêtre, un couple de personnes âgées et leur sept petits enfants regardent la neige tomber à gros flocons. C’est trop tentant ! Emmitouflés dans leurs manteaux d’hiver, équipés de bonnets de laine, de gants et d’écharpes, ils entraînent leur grand-père dehors, bien décidés à profiter de cette belle et froide journée. Batailles de boules de neige, fabrication d’un gros bonhomme de neige, luge… et surtout : glissade dans la poudreuse. Grand-père, un peu étourdi et regardant avec amour ses poussins, se rend compte trop tard que la luge a basculé et le voilà qui dévale la pente à toute allure et fini étalé dans la neige pour ne pas avoir pu éviter une grosse branche… Plus de peur que de mal et c’est un grand-père frigorifié, épuisé mais ravi qui s’endort sur le canapé, en rentrant, pendant que les enfants se réchauffent avec un bon chocolat.
Un album à déguster au chaud, les pieds dans des charentaises, en regardant la neige tomber…
Ariane Tapinos (janvier 2012)
20/01/2012 | Lien permanent
SWEET SIXTEEN
Roman
d'Annelise HEURTIER
Éd. Casterman, avril 2013
218 pages – 12 €
En 1957, neuf étudiants noirs doivent faire leur rentrée pour la première fois au lycée de Little Rock, en Arkansas. Cette rentrée scolaire particulière, qui s'inscrit dans le long processus pour l'intégration, nous est relatée par Annelise Heurtier dans ce roman à deux voix.
Le lecteur suit les parcours de deux jeunes filles qui s'apprêtent à célèbrer leur « sweet sixteen » : Grace, jeune fille blanche assez frivole et Molly, l'une des neuf volontaires.
Confrontés à la violence quotidienne des lycéens blancs de l'établissement, mais aussi des associations de parents d'élèves, de la plupart du personnel enseignant et administratif, c'est sous escorte militaire que Molly et ses condisciples finissent par suivre leurs premiers cours. Quand les menaces se font plus précises, c'est la prise de conscience de Grace qui permettra aux chemins des deux lycéennes de se croiser.
« Constamment harcelés, humiliés, réellement mis en danger, ces jeunes âgés seulement de quatorze à dix-sept ans (...) n'y resteront qu'une année. Une année d'une violence inouïe, qui nous fait mesurer le chemin qui a été parcouru depuis... et surtout, le courage qu'il leur a fallu pour le tracer. »
Volontairement romancé pour permettre aux plus jeunes de mieux appréhender le bras de fer politico-judiciaire engagé entre les intégrationnistes, la communauté afro-américaine et les progressistes, le récit d'Annelise Heurtier – extrêmement bien documenté – témoigne d'une étape capitale et néanmoins assez méconnue dans la lutte pour l'intégration.
Nathalie Ventax
19/11/2013 | Lien permanent