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La femme noire qui refusa de se soumettre. Rosa Parks | roman d'Eric SIMARD

femmenoire.gifIllustrations de Carole GOURRAT | Éd. Oskar jeunesse, coll. Cadet, mars 2006 | 46 pp. - 5,95 €

Si la littérature de jeunesse ne manque ni de traductions de l’anglais, ni de romans mettant en scène la vie quotidienne aux États-Unis, on trouve peu d’ouvrages consacrés à la ségrégation ou au mouvement des droits civiques. Si on trouve quelques titres consacrés à Martin Luther King, on n’a pas la chance de voir traduit Crossing Jordan d’Adrian Fogelin ou l’autobiographie destinée aux enfants de Rosa Parks. La figure de Rosa Parks, injustement oubliée, mérite donc bien l’unique livre existant à son sujet en France, paru chez Oskar jeunesse en mars 2006. (*)

Destiné aux enfants à partir de huit ans, il se divise en courts chapitres présentant par ordre chronologique la vie de Rosa Parks. À mi-chemin entre le documentaire et la biographie romancée, pourvu d’une partie documentaire et d’un lexique à la fin, il permet de découvrir, avec un vocabulaire simple et de nombreuses illustrations, le parcours d’une femme qui n’a fait que se battre pour ce en quoi elle croyait. Le point de vue, original, est celui du sourire de l’héroïne, plus ou moins présent selon les épisode relatés. La narration, qui n’hésite pas à faire des mises au point sur le contexte historique, développe ainsi l’enfance dans un milieu du Sud plutôt privilégié, la découverte précoce du Ku Klux Klan et des injustices perpétrées envers les Noirs ; le refus de Rosa, modeste couturière n’ayant pu terminer ses études, de céder sa place à un Blanc dans le bus ; le boycott général des bus par la communauté noire de Montgomery, orchestré par le jeune pasteur Martin Luther King…

L’effort louable d’accessibilité aux plus jeunes peut rendre la lecture un peu pénible pour un adulte, mais le but est atteint : rendre accessible à de jeunes Français un pan de l’histoire qui leur est souvent inconnu et susciter l’admiration pour une grande dame chez qui la désobéissance civique n’a jamais été une question.

Anaïs Goacolou (sept. 2006 - Citrouille n° 45)
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(*) Depuis la rédaction de cet article, d'autres titres sont sortis en édition jeunesse, notamment : Rosa Parks : Non à la discrimination de NIMROD (éd. Actes Sud Junior, coll. Ceux qui ont dit non, mars 2008) et, dans une moindre mesure, Le Rêve de Sam de Florence Cadier (éd. Gallimard jeunesse, coll. Scripto, avril 2008) dont Rosa Parks est l'une des protagonistes.

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L’Étoile d’Erika & Rose Blanche | albums de Roberto INNOCENTI

étoile erika.jpgL’Étoile d’Erika
Ruth VANDER ZEE (texte) et Roberto INNOCENTI (ill .)
Traduit de l'anglais par Emmanuelle Pingault | Éd. Milan Jeunesse, 3e Trimestre 2003 | 14 €
(À partir de 8 ans)
L’auteure nous raconte l’histoire d’Erika, rencontrée par hasard sur le bord d’un trottoir de Rothenburg, en Allemagne. Erika ne sait rien de ses origines : ni le nom de ses parents, ni sa date et son lieu de naissance, ni même son propre nom. Elle sait seulement que sa mère l’a lancée tout bébé du train qui les emmenait vers les camps de la mort. Elle sait aussi que sur le bord de la voie, à un passage à niveau, des gens l’ont trouvée et conduite à une femme qui lui a donné le prénom qu’elle porte aujourd’hui. Le reste, elle ne peut que l’imaginer.

rose blanche.jpgRose Blanche
Christophe GALLAZ (texte) et Roberto INNOCENTI (ill.)
Rééd. Les 400 Coups, coll. Carré Blanc, Québec |
[1975] 1999 | 12 €
(EO Gallimard jeunesse, coll. Folio cadet rouge)
(À partir de 8 ans)
Rose Blanche est une petite fille qui vit quelque part en Allemagne pendant la guerre. Un jour, elle assiste à la tentative d’évasion d’un petit garçon, vite rattrapé par le bourgmestre. Intriguée, elle suit le chemin emprunté par les soldats et découvre un camp où sont enfermés des enfants faméliques…

Roberto Innocenti met son très grand talent au service de deux histoires de familles brisées par le nazisme. Celle de la petite Allemande qui meurt, comme les enfants du camp, d’être étrangère à la folie des hommes. Celle d’Erika qui ne saura jamais qui elle était.
Les images, malgré leur dureté et leur réalisme, sont très belles. Le jeu des couleurs (ou de l’absence de couleurs) accompagne la lecture.

Ariane Tapinos (février 2005)

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01/12/2008 | Lien permanent

Les Loups noirs | album de Béa DERU-RENARD et Neil DESMET (ill.)

loups noirs.jpegÉd. Pastel, mars 2005 - 13 €
(À partir de 5 ans)

C’est une vallée où tous vivent en paix et en harmonie. Lions, cochons, renards, girafes ou poules s’entraident et s’apprécient. Hélas, deux affreux loups, Benito et Augusto espionnent les paisibles animaux et vont rapporter à leur chef, l’abominable Adolphe, que dans la vallée «toutes les couleurs sont mélangées» et «chacun fait ce qu’il veut, où il veut, quand il veut». Les loups décident donc de mettre de l’ordre dans ce mélange et déboulent dans la vallée pour «trier et ranger» : «les emplumés avec les emplumés, les tachetés avec les tachetés… Malheur à ceux qui ne sont pas d’accord». Les uns sont parqués derrière des barbelés ou envoyés dans des laboratoires, les autres expulsés. Pour les volailles, les loups construisent de grands fours dans lesquels elles sont jetées «sans espoir de retour».

Les habitants de la vallée décident de faire appel au «petit peuple de l’ombre» (tous les insectes) pour lutter contre les loups noirs. Les puces s’attaquent à leur pelage, les vers à leurs repas. Les araignées les emprisonnent de leurs toiles. «C’est la libération». Les loups sont jugés et condamnés à des travaux d’intérêt général, en accord avec leur sens de l’ordre et de la propreté : ramasser les vieux papiers, réparer les objets…

A la différence des autres albums sur le sujet (à l’exception notable de Que la bête meure de Calvo et Maus de Spiegelman), Les Loups noirs choisit la fable animalière pour nous raconter des horreurs bien humaines. Surtout, à travers cet artifice, il s’adresse à des enfants petits (à partir de cinq ans) et peut permettre d’aborder avec eux les questions de la tolérance et du métissage, mais aussi d’évoquer cette période si sombre de notre histoire. La fable pourrait être générale (comme dans L’agneau qui ne voulait pas être un mouton, de Didier Jean et Zad, chez Syros, sur la résistance), mais s’y trouvent quelques éléments assurément identifiables par des adultes et qui peuvent permettre de passer du général, du moral, à l’événement historique. On objectera que l’histoire n’a pas retenu les mêmes responsabilités pour l’un (Benito) que pour l’autre (Adolphe) et qu’Augusto (Pinochet ?) n’a pas participé aux mêmes horreurs. Mais en faisant du loup Adolphe le chef de la meute, les auteurs signifient bien que tous ne sont pas à mettre au même plan. De toutes les façons, les enfants auxquels cet ouvrage s’adresse ne seront pas en mesure d’en saisir la portée historique sans l’aide d’un adulte. À lui d’en faire une lecture juste ! Seul bémol, une image pose sans doute un problème de représentation historique : celle où l’on voit les poules qui sortent (mortes) du four, avec une auréole au-desssus de la tête… Une représentation très chrétienne de la mort pour signifier celle de millions de juifs…

Ariane Tapinos (février 2005)

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02/12/2008 | Lien permanent

Le Petit Garçon étoile | album de Rachel HAUSFATER-DOUÏEB et Olivier LATYK (ill.)

petitgarçon étoile.jpgÉd. Casterman, coll. Récits d'aujourd'hui, [2001] mai 2003 - 13,95 €
(À partir de 6 ans)

Un petit garçon apprend un jour qu’il est une étoile. Au début il est plutôt fier. Puis la honte vient avec le sentiment de n’être plus qu’une étoile. La peur vient aussi et le fait se cacher. Longtemps. Enfin un matin il peut sortir au grand jour. Il fait beau, mais les autres étoiles ne reviennent pas. Des mots très simples. Des images très sobres, presque naïves, jusqu’à cette double page où l’on voit un train se diriger vers l’entrée d’Auschwitz, dont la cheminée recrache des étoiles. La grande histoire vue par les yeux d’un enfant, pour mieux se mettre à la portée des jeunes lecteurs. Un livre où la poésie se mêle à l’horreur pour délivrer un message d’espérance.

Ariane Tapinos (février 2005)

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03/12/2008 | Lien permanent

Que crois-tu qu'il arriva ? | album de Tove JANSSON

moumine album1.jpgL'histoire de Moumine, Mumla et la petite MU
Traduit du suédois par Catherine Renaud
éd. P'tit Glénat | octobre 2009 – 11€

«À cinq heures en sortant du magasin, Moumine marchait sur le chemin. […] Le crépuscule allait bientôt envahir le sous-bois… Et que crois-tu qu'il arriva?» Enfin disponible en France, ce grand classique finlandais de la littérature pour enfants permettra aux plus petits de découvrir tout l'univers de la vallée des Moumines. Trolls, hémules, filifolles et hattifnates… On suit Moumine sur le chemin périlleux qui le ramène à la maison et sur lequel il va faire beaucoup de rencontres!

Nathalie Ventax

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01/02/2010 | Lien permanent

BELLES DANS LA JUNGLE. Manuel de survie à l'usage des Miss en milieu hostile

Belles dans la jungle.gifRoman décapant (et franchement drôle)
de Libba BRAY
Traduit de l'américain par
Catherine Gibert
Éd. Gallimard jeunesse, coll. Grand format littérature
février 2013, 464 pp. – 19,80 €

Un avion rempli de participantes au concours de Miss Fleur de beauté s’écrase sur une île pas vraiment déserte, mais pas hospitalière non plus.  Munies de leurs laques, lisseurs, maquillages, crèmes dépilatoires, talons aiguilles et autres strings, les jeunes femmes installent un camp de fortune et luttent pour survivre dans une jungle où le danger ne vient pas seulement de la nature mais également de mystérieux miliciens en chemises noires…

Leurs préoccupations esthétiques font craindre le pire quant à leurs capacités à faire face à cette périlleuse situation. Pourtant, formées à la dureté des concours de beauté – ce qui fait dire à l’une d’elles que « être reine de beauté et faire partie des marines, c’est pareil, sauf que c’est plus dur. Les marines ne se battent pas juchés sur des stilettos » – elles font preuve d’une faculté d’adaptation inattendue. Livrées à elles-mêmes et, pour une fois, isolées de leur environnement social instigateur des normes et exigences de beauté absurdes, elles révèlent leurs personnalités propres et se découvrent des intérêts et des talents à mille lieues de ceux qui les font briller sur les podiums.

Toutes ne poursuivent finalement pas le même objectif en participant à cette grotesque compétition : certaines veulent payer leurs études, l’une n’est là que pour saborder le concours, l’autre pour faire progresser les droits des… transgenres !

Toutes découvrent qu’« on fait tout pour les empêcher de s’aimer ».

On l’aura compris, derrière le roman farfelu qui flirte constamment avec le mauvais goût, s’affiche clairement une critique acerbe de la société de consommation et de la dictature de la beauté ; ou plutôt de ce qui est défini comme tel par quelques-uns et le plus souvent pour des raisons à la fois mercantiles et idéologiques. Le propos n’est pas toujours amené avec énormément de finesse… Belles dans la jungle est plutôt une farce grotesque, mais c’est une lecture décapante où l’humour se mêle à la dénonciation d’une société qui pousse les femmes à s’infliger tout un tas de tortures pour répondre à des canons de beauté insensés. Ce faisant, elles sont réduites à l’état d’objet mais d’objets consommateurs qui, par leurs achats, alimentent la machine qui les oppresse. Et pendant ce temps, le monde tourne sans elles…

Heureusement, le vent de la révolte souffle sur la jungle !

Ariane Tapinos (avril 2013)

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01/06/2013 | Lien permanent

L'ÂME DES SAMOURAÏS. A la découverte des guerriers de l’ancien Japon.

japon,samourai,guerre,histoiredocumentaire
de Géraldine MAINCENT & Christophe MERLIN (illustrations)
Éd. Actes Sud Junior, février 2015, 77 pages – 15,90€

A travers ce documentaire très précis sur les samouraïs, c’est l’histoire et la culture du Japon qui sont abordées avec force détails. Rien d’étonnant à cela puisqu’on y apprend que ces célèbres guerriers ont régné sur l’archipel nippon durant sept siècles jusqu’en 1877 date à laquelle l’empereur Meiji, après leur avoir retiré leurs privilèges, dresse la nouvelle armée impériale contre 40 000 samouraïs irréductibles.

En refermant ce petit livre carré très dense, comme les autres titres de cette collection de documentaires (qui ne porte pas encore de nom) vous saurez tout sur les samouraïs : leurs grands faits d’arme, leur position sociale leur apparence, leur formation, leurs rites, leurs loisirs… et bien sûr leur fameux code d’honneur, le Bushido, ou « voie du guerrier ». Vous aurez également appris que les femmes des samouraïs avaient les mêmes droits que leurs époux mais bien plus de devoirs et que certaines d’entre elles sont restées dans l’histoire pour leur bravoure !

Aussi complet et passionnant que les autres titres de cette jeune collection, ce documentaire est en plus magnifiquement illustré (et bien que la typographie reste un peu petite, le texte est moins serré que dans les autres volumes). On devine le plaisir qu’a pris Merlin à faire ces somptueuses images et on en viendrait presque à regretter qu’elles n’aient pas plus de place pour s’épanouir sous le regard admiratif du lecteur.

Ariane Tapinos (mars 2015)

Dans la même collection, à lire sur notre blog : À l’école des espions, de Florence Pinaud et Stéphane Kiehl (2014).

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27/03/2015 | Lien permanent

LES MYSTERES DE LARISPEM :le sang jamais n'oublie (tome 1)

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de Lucie PIERRAT-PAJOT
Illustré par Donatien MARY
Éd Gallimard jeunesse, avril 2016, 259 pages -16 €

Par une sombre nuit, Liberté, réparatrice d'automates et Carmine apprentie bouchère explorent les maisons abandonnées, en quête de quelques biens à revendre. Mais la demeure qu'elles ont choisi de « visiter » s'avère n'être pas aussi vide qu'il le semblait ; et les deux jeunes maraudeuses se voient forcées de fuir en n'emportant pour seul butin que quelques bijoux et un livre énigmatique, qui semble attirer les convoitises de bien des personnages peu recommandables.
Pendant ce temps, Nathanaël, orphelin aux origines mystérieuses, voit ses chances de devenir apprenti et de quitter l'orphelinat réduites à néant par son irascible professeur de mathématiques... Pour découvrir quelques heures plus tard que ce dernier a succombé à un étrange mal. Est-il coupable de cette mort ?
Nous somme en 1899, la Commune maintenant connue sous le nom de « Seconde Révolution » a triomphé et Paris est devenue Larispem, une cité-État à la pointe du progrès où liberté et égalité font force de lois. L'éducation pour tous (et toutes!) est obligatoire, Notre-Dame de Paris a été transformée en aérogare et Jules Verne est un véritable héros national. Mais les Frères de sang, société secrète rassemblant les ennemis de la société Larispemoise (pour la plupart des aristocrates déchus possédants d'étranges et dangereuses facultés) semblent bien décidés à semer la terreur et à reprendre le pouvoir.

Lucie Pierrat-Pajot lauréate du 2e Concours du premier roman organisé par les éditions Gallimard jeunesse, signe ici une uchronie fantastique et originale, entre Steampunk et roman historique. Très crédible et bien documenté, cet univers où les bouchers sont rois ne manque pas de surprendre son lecteur avec une intrigue complexe et audacieuse. Un hommage haletant au roman feuilleton, jusqu'à la réclame finale qui enjoint ses lecteurs - dans la plus grande tradition du genre - à retrouver leurs personnages préférés dans le tome 2 de ce « divertissement de qualité pour petits et grands ».

Nathalie Ventax (juillet 2016)




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18/07/2016 | Lien permanent

S'UNIR C'EST SE MÉLANGER - Une histoire de poules

S'unir.jpgalbum
de Laurent CARDON

Éd. Père Fouettard, mai 2016 - 16€

« Ce matin, il règne une grande agitation chez les poules blanches. Marcel, le coq blanc a disparu. » Voici comment commence ce savoureux album plein de plumes, de poules et de considérations sur la coopération et le partage du pouvoir.

Prévenues de la disparition du coq blanc, les poules brunes et les poules noires, sous la houlette des deux coq restant et de Noémie, la poule blanche qui les représente désormais, se mettent en quête de la meilleure stratégie pour combattre le renard et la belette prestement accusés d’avoir capturé Marcel et Gertrude, la poule brune qui manque également à l’appel.

Les voilà donc qui tentent de s’unir pour combattre toutes et tous ensemble mais comment s’y prendre pour être efficaces et équitables ? Le consensus se fait rapidement en faveur d’une armée plutôt que trois bataillons mais vaut-il mieux se mélanger ou se juxtaposer ? Et comment donc se mélanger sans léser les uns et les autres ? Et puis, pas question que seuls les coqs décident de l’organisation collective, les poules veulent avoir leur mot à dire et pour ça, elles réclament le droit de vote !

On l’aura compris, cette basse cour est en pleine découverte de la démocratie et des vertus du mélange des cultures et de l’égalité des sexes. C’est finalement à la tête d’une armée de gallinacés tricolores, que deux coqs et une poule, partent à la recherche des présumés kidnappeurs. Quant à Marcel et Gertrude… il vous faudra lire l’album pour découvrir ce qu’il en est des deux disparus…

Ariane Tapinos (mai 2016)

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17/05/2016 | Lien permanent

À 18 ANS DEMANDONS L’IMPOSSIBLE ! Mon journal de mai 68

A 18 ans demandons….jpgroman
de Adeline REGNAULT
Dossier documentaire de Elsa Neuvile
Éd. Casterman, avril 2018, 208 pages - 12€

Septembre 1967, Madeleine quitte la maison familiale de Courbevoie et s’installe dans une « chambre de bonne » à Paris, dans le quartier de Montmartre. Alors que commence sa nouvelle vie de sorbonnarde (elle est inscrite en Lettres à la Sorbonne), elle décide de raconter son quotidien et de confier ses états d’âmes à un tout nouveau journal intime.

Et elle en a des choses à raconter ! Cette toute nouvelle liberté d’abord, sa découverte de la vie parisienne (et estudiantine), ses lectures, sa quête de l’amour… mais aussi, les premières revendications des étudiants qui étouffent dans un monde encore très corseté et des amphis qui explosent sous l’effet de l’arrivée des enfants du baby boom.
Avec sa bande d’amis, Martine, Mimile, Phil, Jean, Pierrot… entre Nanterre et Sorbonne, elle participe activement aux « évènements de mai » et exprime sur les murs de la ville et dans les manifestations son désir de liberté et son espoir d’une vie différente de celle de ses parents et notamment de sa mère.

C’est d’ailleurs dans les allers et retours qu’elle fait entre Courbevoie et Paris, entre famille et ami.e.s, que se lit le grand bouleversement de Mai 68. Dans cet écart entre la vie des parents et les aspirations des enfants. Et notamment dans les échanges qu’elle a avec sa mère, Solange, qui se révèle bien plus ouverte d’esprit que ne l’imaginait Madeleine.

Avec ce roman, Adeline Regnault nous plonge au plus cœur des événements et plus encore de l’esprit de Mai 68. Son écriture est subtile, toute en retenue pudique, jusqu’à donner parfois à son héroïne un ton un peu naïf qui la rend encore plus réelle. Le lecteur et la lectrice s’émerveillent avec elle, découvrent et ressentent cet immense espoir propre à l’époque mais aussi à cet âge de tous les possibles.
Elle instille aussi, tout aussi subtilement, les questions propres à la place des femmes dans la société de l’époque mais aussi au cœur de ce mouvement qui certes prépare le terrain aux revendications féministes qui suivront mais est parfois bien masculin.

Le roman, très centré sur les événements parisiens et estudiantins, est judicieusement complété par un intéressant dossier documentaire qui comprend une bibliographie, une filmographie (documentaire), la reproduction d’affiches et de slogans.

On peut peut-être regretter la présence de nombreuses notes au fil du roman. Certaines sont inutiles et la plupart auraient pu être transformées en informations à adjoindre au dossier documentaire.

Ariane Tapinos (avril 2018)

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17/04/2018 | Lien permanent

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