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Petits poèmes pour passer le temps | poèmes de Carl NORAC, illustré par Kitty CROWTHER
Éd. Didier jeunesse | janvier 2009 | 15,90 €
Quarante poèmes courts ou très courts sur le temps qui passe ou pas. Le temps qui dure et celui qui file. Le temps d’été, du miel et des cigales et celui de Noël où il fait froid. Le temps d’aimer ou de rêver. Quelques-uns de ces poèmes sont introduits par une consigne, elle-même poétique et souvent drôle, et tous sont illustrés par Kitty Crowther.
Quand je cours le monde est «à lire sur les chemins» : «Quand le temps en courant, / ne s’arrête pas, / je le sème souvent. / Alors, il me suffit / de prendre à l’avenir / une poignée de jours / et de les jeter devant moi / pour me frayer un passage.» Et voilà un homme qui marche à grands pas, dans le sens du vent qui fait courber les cyprès.
Ailleurs, dans Dialogues, c’est un homme penché vers de petits insectes aux mandibules tendues, qui dialogue avec la nature :
«Je parle miel avec les abeilles. / Je parle sève avec les arbres. / Je parle pollen avec les fleurs…»
Et sur la page de droite, un homme qui parle à l’oreille d’une femme dont les grands yeux bleus sont écarquillés. C’est Miel de toi, un poème «à chuchoter quand le vent se tait».
C’est plein d’humour et de gaieté et d’une petite musique qui chante la nature et les bonheurs tout simples. C’est une rencontre incroyablement réussie entre les univers de deux grands artistes. Les mots de Carl Norac et les dessins de Kitty Crowther se parlent et se mélangent, se complètent et se répondent. Dès la couverture – un lapin et une jeune femme qui prennent le thé et qui ne sont pas sans faire penser à Alice et au délirant goûter du chapelier fou où le temps tourne en boucle – on est invité à partager leur complicité, à prendre un peu de temps, pour lire quelques poèmes en dégustant ce petit livre savoureux et beau.
Ariane Tapinos (mars 2009)
17/03/2009 | Lien permanent
LA SOURIS QUI N’EXISTAIT PAS
album
de Lisa D’ANDREA & Giovanna ZOBOLI
Traduit de l’italien par Béatrice Didiot
Albin Michel Jeunesse, avril 2017 -16,50 €
« Il était une fois un chat, un beau chat tigré, avec la tête pleine de souris. Toute la journée, il pensait aux souris. (…) Car c’était un chat très consciencieux : à dix-huit ans il voulait avoir imaginé pas moins d’un million de souris». Des souris, notre félin en imagine de toutes sortes : des souris à chapeau, à la queue tordue, une qui déteste la moquette, des qui dansent la polka, d’autres qui jouent aux cartes… Il semble n’y avoir aucune limite à l’imagination de ce chat tigré plongé toute la journée dans un monde imaginaire rempli de rongeurs. Aucune ?
Il y a pourtant une souris très particulière, mystérieuse, unique qu’il ne parvient pas à se représenter et qui lui trotte dans la tête sans se laisser attraper… Cette souris élusive et idéale, le chat y pense tout le temps, si bien qu’il en néglige ses amis. Mais voilà qu’un jour, on frappe à sa porte…
Giovanna Zoboli et Lisa d’Andrea cossignent un album magnifique et insolite. Cette histoire de félin perfectionniste (voire un tantinet obsessionnel) coincé dans son monde imaginaire interroge discrètement le lecteur sur la créativité, la réalisation des rêves et sur la frontière entre réel et imaginaire avec humour et délicatesse.
Nathalie Ventax (juin 2017)
16/06/2017 | Lien permanent
GROS CÂLIN
album
de Nicholas OLDLAND
Traduit de l’anglais par Alice Boucher, éd. Bayard jeunesse, septembre 2014 – 10,90€
Voici l’histoire d’un gros ours brun très affectueux qui ne cesse de faire de gros câlins à tous les êtres vivants qui croisent sa route. Lapin, élan, serpent, castor, putois… aucun animal n’échappe à sa tendresse débordante. Mais ce que préfère Ours, ce sont les arbres. Tous les arbres : grands, petits, pommiers, poiriers… Un jour, alors qu'il est occupé à câliner à la fois un arbre et un castor (quand on aime on ne compte pas), il voit un homme s’attaquer avec une hache à un de ses arbres chéri. Dominant son envie de n’en faire qu’une bouchée, il l’étreint ! Le bucheron terrorisé par cette démonstration d’affection inattendue, s’enfuit en abandonnant sa hache et l’ours console l’arbre meurtri de son plus beau câlin.
Si on oublie que cet ours débordant d’affection pourrait un peu faire penser à la tante Michu ou au tonton Truc qui se croient obligés de faire des bisous baveux à leurs adorables neveux et nièces, on peut se concentrer sur la métaphore écolo et pacifiste (et à condition d’oublier également qu’il aura fallu abattre quelques arbres en Malaisie pour que nous parvienne cet album). Gros câlin est alors un petit livre plein d’humour qui rappelle que l’amour peut être parfois plus efficace que la violence et que d’amour justement, et de respect, la planète en a bien besoin !
Ariane Tapinos (septembre 2014)
05/10/2014 | Lien permanent
OFF
album sans texte
de Xavier Salomo
Éd. Seuil jeunesse, octobre 2014 - 15 €
Dans un paysage apocalyptique une petite fille chevauchant un cerf s'arrête devant un réacteur en marche. À l'intérieur, les installations électriques semblent intactes . Elle s'approche alors d'un un gros bouton rouge et le pousse, puis s'endort à même le sol ... Pendant son sommeil des racines envahissent le réacteur maintenant éteint, une forêt pousse, emplie d'étranges animaux . Le duo quitte alors cet îlot de verdure et se remet en route vers un nouveau réacteur...
Xavier Salomõ signe un conte silencieux sur les conséquences de ce qu'on devine être une catastrophe nucléaire, une allégorie aux allures de quête fantastique qui ne manque pas d'interroger sur les dangers liés à l'utilisation de l'énergie atomique... Impossible en effet de pousser le bouton « off » d'un réacteur ! Le contraste entre le paysage désolé, l'intérieur high-tech, la forêt et la ténacité de cette fillette et de sa monture (qui semble sacrifier ses bois pour faire renaître le monde de ses cendres...) font de cet album une fable écologique pleine de poésie pour s'interroger et comprendre que les conséquences de l'emploi de l'énergie nucléaire demeurent incertaines...
Nathalie Ventax (avril 2016)
22/04/2016 | Lien permanent
D’ENTRE LES OGRES
album
de BAUM & DEDIEU (illustrations)
Éd. Seuil Jeunesse, janvier 2017 - 15€
Au milieu de la forêt, un couple d’ogre trouve « un panier qui pleure ». C’est un enfant, une petite fille qu’ils nommeront Blanche et qui deviendra la princesse de leur royaume, eux qui attendaient un enfant depuis deux cents ans.
Blanche grandit dans l’amour de ses parents et ce faisant, commence à poser des questions dérangeantes. Pourquoi ne mange t-elle pas la même chose qu’eux ? « Pourquoi ne les suit-elle pas, la nuit, quand ils chassent ? Quelle est cette odeur dans la cave ? »
Effondrés mais conscients de leur extrême différence, les ogres décident de rendre l’enfant à « ses semblables ».
L’ogre est fait prisonnier par une foule en colère et « on ne fait pas de procès à un mangeur de chair humaine. On le condamne et on le tue ». En refermant cet album effrayant et bouleversant à la fois, le lecteur ne saura pas ce qu’il advient de l’ogre aux mains des bien pensants.
Il saura en revanche, comme Blanche, que ces parents imparfaits, ces parents différents, sont bien les siens : des parents aimants. Et que nul amour ne se cache dans la foule de ceux qui pensent savoir ce qui est juste et qui mérite de monter sur l’échafaud.
Avec un texte bref et incisif et des images sombres où se glisse pourtant un peu de tendresse, les auteurs réussissent un bel album original qui donne à penser, comme devrait le faire tous les livres pour enfants.
Ariane Tapinos (janvier 2017)
23/01/2017 | Lien permanent
Waldo et la mystérieuse cousine | roman de Catharina VALCKX
Éd. L'École des Loisirs, coll. Mouche | mars 2011
78 pp. - 8 €
C'est l'histoire d'un ours nommé Waldo qui n'a pas envie d'hiberner. Il a pour ami un lapin qui s'appelle Dédé. Dédé vient de recevoir une lettre de sa cousine Jenny la moule, qui l'invite à venir le voir. Ni Dédé ni Waldo ne savent à quoi ressemble une moule, aussi, quand Jenny envoie sa photo, les deux amis sont quelque peu perplexes. Jenny ressemble à un caillou noir, pas du tout à une lapine. Dédé trouve l'affaire franchement louche, aussi décide-t-il de ne pas donner suite à l'invitation de cette mystérieuse cousine. Waldo, lui, est plus intrigué: après tout, un voyage au bord de la mer serait un excellent prétexte pour ne pas hiberner.
Notre héros se rend donc au village de Embadechémoi, prêt à rencontrer Jenny qui vit au bord de la mer (et à moitié dedans). Mais voilà, on se doute bien qu'une moule et un lapin ne peuvent en aucun cas être parents (c'est évident). Rassurez-vous, il y a une explication parfaitement logique à tout ça: Jenny a été transformée en moule par une méchante table (si,si) et elle ne pourra retrouver son apparence que si un prince danse pour elle. Ça tombe bien, il y a un prince à Embadechémoi, et même s'il est plus repoussant que charmant, Waldo est sûr qu'il fera l'affaire.
Que d'humour et d'inattendu dans ce dernier roman de Catharina Valckx! Les plus jeunes lecteurs se régaleront de ce conte de fée absurde et fantaisiste qui sent bon les embruns et les carottes.
Nathalie Ventax
18/05/2011 | Lien permanent
LE CHAMP D’AMOUR D’ANTON
album
de Corinne LOVERA VITALI & Marion DUVAL (illustrations)
Éd. Casterman, coll. Les albums Casterman, janvier 2016 - 13,95€
Anton est l’heureux propriétaire d’un magnifique champ de pastèques où tous les fruits sont bien rangés dans un alignement parfait. Anton est un fermier heureux mais aussi anxieux car une pastèque manque à l’appel. Son champ est « borgne », défiguré par un trou où devrait se trouver la pastèque disparue, volée… Ce fruit absent vient hanter ses nuits et ses jours car, on le sait, une seule pastèque vous manque et tout est dépeuplé ! Et Anton est obsédé par ce vide, ce trou, cette absence qui s’immisce partout. Bien sûr, cette pastèque manquante est la plus belle, la plus juteuse… elle est une pastèque rêvée. Anton ne dort plus, ne vit plus…
Jusqu’à ce qu’une nuit, des chats sauvages bousculent les pastèques et mettent un fameux désordre dans le champ.
Et là… surprise, devant ce champ à l’aspect désormais sauvage, Anton découvre que c’est le vide qui a disparu. Plus un fruit ne manque et « le champ d’amours de pastèques d’Anton n’a jamais été aussi parfait » !
Un bel album où il est tout autant question de laisser (sa) la nature s’exprimer et d’accepter l’imperfection que de ce merveilleux fruit d’été. Ce dernier inspire cependant Marion Duval qui rend lui rend un délicieux hommage coloré.
Ariane Tapinos (juillet 2018)
29/06/2018 | Lien permanent
LA FAUSSE BARBE DU PÈRE NOËL ET AUTRES HISTOIRES
roman jeune lecteur {nouvelles}
de Terry PRATCHETT & Mark BEECH (illustrations)
Traduit de l'anglais par Patrick Couton
Éd. L'Atalante, juin 2018, 169 pages - 13€
Il s'agit d'un recueil contenant, en plus de celle donnant son titre au recueil, dix autres nouvelles parlant du Père Noël sous toutes ses coutures ainsi que de l'hiver et de la période de Noël en général.
« La Fausse barbe du Père Noël » raconte comment un grand magasin, ne souhaitant pas discriminer les individus venant de Laponie, embauche un certain M. Nicolas quelques jours avant les fêtes pour jouer le rôle du Père Noël. Celui-ci apportera son propre costume et n'aura pas besoin de barbe postiche. Mais rapidement, de drôles de choses se produisent : on retrouve des crottes de rennes dans le magasin, or les rennes qui s'y trouvent sont en plastique, un froid polaire s'installe dans le rayon où se trouve M. Nicolas et des articles du rayon bricolage disparaissent mystérieusement. De plus, quelle raison peut bien avoir un employé de vouloir quitter le travail plus tôt le 24 décembre sous prétexte qu'il aurait un autre travail qui l'attendrait ?
Toute l'histoire est racontée sous forme de mails ou de messages internes au grand magasin, donnant une saveur toute particulière à ce récit.
Le recueil est peut-être un peu inégal, le genre de la nouvelle n'étant pas celui de prédilection de Terry Pratchett mais les dessins de Mark Beech, où l'on retrouve l'énergie de ceux de Quentin Blake, apportent un charme sans précédent à cet ouvrage.
Agnès Renié (novembre 2018)
27/11/2018 | Lien permanent
LE SAC À DISPARAÎTRE
Album de Rosemary WELLS
Traduit par Marie Saint-Dizier et Raymond Farré
(Réédition, traduit pour la 1ere fois en 1980)
Éd. Gallimard jeunesse, coll. L’heure des histoires
Octobre 2012 – 5,50 €
C’est le matin de Noël, toute la famille découvre ses cadeaux : Robert le grand frère a un ensemble de hockey, Colette la grande sœur, une trousse à maquillage, Dorothée, une boîte du petit chimiste et Damien, le plus jeune, un ours en peluche. Tandis que les trois grands jouent l’après-midi à s’échanger leurs cadeaux, Damien lui est trop petit pour faire du hockey, se maquiller ou créer un gaz horrible, et ni ses sœurs ni son frère ne veulent de son ours en peluche. Alors, malgré les efforts parentaux pour redonner le sourire au petit dernier, Damien boude dans son coin… Mais voilà qu’il remarque un paquet cadeau oublié….
Pas toujours facile d’être le plus petit ! Publiée pour la première fois en 1975, la petite revanche de Damien sur ses frère et sœurs est devenue un classique, dans lequel on retrouve avec plaisir la fantaisie et la tendresse de Rosemary Wells. À lire sous le sapin pour calmer les petites déceptions et les petites jalousies du matin de noël….
Nathalie Ventax
29/11/2012 | Lien permanent
LE ROI DES OISEAUX
Album de Gwendal LE BEC
Éd. Albin Michel Jeunesse
Octobre 2011 – 14,90 €
Cet ouvrage a été remarqué au Salon du livre jeunesse de Montreuil où il a obtenu le prix Pépite de l’album 2011. Le choix d’un papier bis, un jeu de couleur restreint, noir et orange apportent richesse et grande lisibilité à l'album d’un format imposant.
L’auteur offre à tous sa version personnelle d'un conte populaire, un texte de transmission qu’il a reçu de son père, lequel le tenait de son propre père.
Les illustrations, au fil du récit, prennent leur envol, se déploient sur les doubles pages et entraînent le lecteur, dans leur essor, jusqu’à une chute finale inattendue, pleine d’humour. Ce très bel album, porteur de sens, est tout à fait remarquable.
Josuan (février 2012)
17/02/2012 | Lien permanent