Rechercher : Baptême de l'air
PAPY
Album tout carton
de Jean LEROY (texte)
et Matthieu MAUDET (ill.)
Éd. L'École des Loisirs, coll. Loulou et cie
Mars 2013 – 10,70 €
Norbert et Robert, deux personnages à la bouille ronde, se disputent la balançoire. Incapables de se décider, ils en appelent à leur papy pour trancher cet épineux dilemme. Le grand-père arrive et se retrouve vite dépassé par la hargne des deux enfants qui continuent à se chamailler. À bout, papy perd patience et crie… pour les faire taire. Grand-mère, alertée par les cris, arrive dare-dare l'air accusateur : qui a crié comme ça ?! Les deux garnements ne se laissent pas démonter et pointent d'un doigt accusateur le papy essouflé par sa démonstration d'autorité. S'en suit une leçon de morale de mamie qui rappelle qu'il ne sert à rien de crier et qu'il suffit de demander calmement les choses pour les obtenir… Sur quoi l'album se termine sur un papy juché sur la balançoire poussée une mamie complice, au grand dam des deux garnements qui se sont fait avoir par la sagesse de l'âge !
Un album cartonné plein d'humour, dont la fin aux airs de pied-de-nez aux enfants capricieux fera rire les petits… et sans aucun doute les plus grands.
Caroline Silva (mai 2013)
29/05/2013 | Lien permanent
MON PETITE PÈRE NOËL
album
de Gabrielle VINCENT
Éd. Grasset Jeunesse, novembre 1994 - 15,50€
C’est l’histoire d’une brève rencontre, l’après-midi du 24 décembre, entre Magali et un petit Père Noël. Descendu du ciel, avec l’aide d’un parachute, ce petit Père Noël n’est pas une icône de la folie consommatrice qui nous prend à l’approche des fêtes de fin d’année. Cet improbable Père Noël arrive les mains et la hotte vides. Il n’a rien, « pas un jouet, pas un bonbon, pas un cadeau ». Heureusement, Magali est une fillette au cœur gros comme elle et sans hésiter, elle lui donne sa poupée Caroline.
L’étrange visiteur s’en retourne dans le ciel tandis que Magali attend le jour de Noël.
Peut-être que tout ça n’a été que la rêverie d’une petite fille à quelques heures du réveillon… mais le petit homme en rouge a l’air bien heureux sur son nuage avec sa jolie poupée.
Une histoire touchante où il est question de ce fameux esprit de Noël cher aux comédies américaines et de la solidarité qui court sur les pages des albums de Gabrielle Vincent.
Ariane Tapinos (décembre 2014)
30/11/2014 | Lien permanent
PUISQUE DES POLITIQUES SE MÊLENT DE LITTÉRATURE JEUNESSE, QU'IL SOIT PERMIS À UNE LIBRAIRE DE SE MÊLER DE POLITIQUE !
Que la droite extrême dans toutes ses obédiences, fasse la chasse aux livres qui présentent et défendent une vision du monde différente de la sienne, rien de nouveau sous le soleil. Que des dirigeants de la droite classique lui emboitent le pas voilà qui est bien plus préoccupant. Que la gauche de gouvernement se couche devant l’agitation d’une minorité réactionnaire, voilà qui est affligeant.
Cette alliance de circonstance entre conservateurs et réactionnaires, scellée dans les cortèges des manifestations anti mariage pour tous, c’est à dire anti mariage homosexuel, habillement rebaptisées « manif pour tous », est d’une autre nature que les éructations récurrentes de quelques groupuscules fachisants.
Laissons de côté le calcul politicien périlleux et à courte vue, de ces barrons du conservatisme qui courent derrière les chefs de file de ces mouvements relookés jeunes et branchés, façon Bob Roberts, et intéressons nous plutôt au sens de cet affolement idéologique.
Pourquoi tant de polémiques (et beaucoup d’âneries) autour d’un concept, à l’heure où le genre, qui est utilisé en sciences sociales depuis des décennies, s’invite dans notre quotidien ? C’est que le genre, qui rappelons-le encore et encore n’est en rien une théorie, interroge les rôles des femmes et des hommes dans le monde et se faisant contribue à rendre visible la domination masculine.
Oui nous vivons dans un monde – même en Europe occidentale où les femmes ont les mêmes droits que les hommes – dominé par les hommes. Un monde dans lequel on nous fait croire depuis des siècles que les rôles sociaux seraient déterminés par le sexe. Cette mise en lumière bouleverse les assises des tenants d’un ordre social dans lequel à chaque sexe correspondrait, immuablement, une manière d’être au monde. Or si ce n’est pas le cas, si nous sommes capables de voir la distance entre le sexe et le genre, entre le sexe anatomique et le sexe social, alors nous faisons un grand pas vers l’égalité. Une égalité qui n’a rien à voir avec l’indifférenciation mais s’appuie sur la possibilité de faire des choix. Et c’est contre cette égalité que se dressent les contempteurs du genre. Il y a ceux qui assument souhaiter une société inégalitaire et ceux qui trouvent là l’occasion de défendre leur place forte sans afficher la couleur qui ferait… mauvais genre.
Il suffit de regarder autour de soi pour voir combien les familles et les individus d’aujourd’hui démentent l’existence d’un modèle unique : familles monoparentales, recomposées, de parents de même sexe, femmes qui travaillent, hommes au chômage…
Alors que l’école se préoccupe d’égalité des sexes et que la littérature jeunesse se fasse le reflet de la société qui la produit, voilà qui est heureux.
Et que Monsieur Copé se rassure, la littérature jeunesse est dans sa grande majorité (surtout si on tient compte des chiffres de ventes) largement conservatrice en matière de mœurs comme en tout autre. Dans les livres d’images, nombreuses sont encore les mamans qui cuisinent, avec leur petit tablier à volant, pendant que les papas lisent le journal. Plus nombreux encore sont les petits garçons autorisés à conduire toutes sortes de véhicules, à faire des cabanes, à se prendre pour des pirates et à patauger dans la boue pendant que les petites filles sont incitées à se préoccuper de leur apparence, de leurs copines, des travaux d’intérieur (cuisine et autre do-it-yourself).
Heureusement qu’il existe cependant des livres à l’image de la diversité du monde. Ces livres nous, libraires indépendants spécialisées jeunesse, les lisons, nous les choisissons, nous les défendons, tout comme les auteurs, les illustrateurs, les éditeurs, qui au fil de leurs créations, construisent une véritable littérature. Une littérature qui mériterait d’être considérée pour ses qualités comme mérite d’être respectée l’intelligence des enfants à qui elle est destinée.
Ariane Tapinos
Bob Roberts est un film de Tim Robbins (1992) qui met en scène un candidat au Sénat américain ultra réactionnaire mais qui utilise les moyens de la chanson protestataire (donc de gauche) pour faire campagne.
12/02/2014 | Lien permanent | Commentaires (10)
MON CAHIER DE NOËL | livre de coloriages, gribouillages, découpages, collages… Bref, livre d'activités de Christine ROUS
Conception graphique Sterenn Bourgeois
Éd. Milan
3e trimestre 2011 - 10 €
Comment patienter jusqu’au jour de Noël ? Comment s’occuper quand il fait froid (si, si ça vient) et que les vacances ont commencé (ça c’est sûr, c’est pour le 16 décembre au soir) ? Il y a les livres, bien sûr, et tous ceux qui racontent Noël à leur façon et puis tous les préparatifs… Et il y a le cahier de Noël et ses «140 découpages, gribouillages et autres massacrages» ! Muni d’un bâton de colle, d’une paire de ciseaux (à bouts ronds) d’un peu de scotch et de quelques crayons de couleur, le jeune lecteur facétieux pourra piquer les fesses des rennes pour les faire avancer (bande de tire-au-flanc!), relier des cadeaux à leur chausson, enfermer le chien des voisins dans une cage, rhabiller le Père Noël, aider les lutins à retrouver leur chemin, dessiner une grosse bêtise ou une «paire de pères Noël»…
Voilà qui devrait occuper les plus jeunes et laisser aux adultes le loisir de refaire le monde ou de rejouer la grande dispute des repas de famille, autour de la dinde.
Ariane Tapinos (déc. 2011)
05/12/2011 | Lien permanent
Comptines de miel et de pistache | livre-CD collectage de Nathalie SOUSSANA, réalisation musicale Jean-Christophe HOARAU
29 comptines arméniennes, grecques, kurdes et turques
Éd. Didier Jeunesse, coll. Comptines du monde | sept. 2009 - 23,50€
Dixième volume de cette extraordinaire collection qui donne à entendre – et à comprendre – des musiques, berceuses, comptines et chants populaires du monde, ces Comptines de miel et de pistache sont une savoureuse réussite. Nathalie Soussana a recueilli (on dit «collecté») 29 chansons des traditions d’Asie Mineure et de Grèce. Selon le principes maintenant connu de la collection, chacune des berceuses ou comptines est chantée dans sa langue d’origine – arménien, grec, kurde ou turc – par des adultes ou des enfants. Leur texte est proposé dans sa langue (et son alphabet) mais aussi dans une traduction française et une transposition phonétique. Enfin, chaque chanson fait l’objet d’un passionnant commentaire à la fin de l’ouvrage. Commentaire qui, comme l’introduction de Nathalie Soussana, replace ces musiques dans leurs contextes historique et culturel et fait, parfois, le lien avec nos comptines et chansons pour enfants.
Si ces Comptines de miel et de pistache sont si belles c’est, bien sur, parce que cette musique orientale aux accents balkaniques est un délicieux plaisir pour l’auditeur, enfant ou adulte, mais aussi parce que le fait même d’avoir rassemblé ici ces quatre langues et cultures est une audacieuse réussite. Ceux qui connaissent cette région du monde savent que l’histoire des Arméniens, Kurdes, Grecs et Turcs a longtemps été liée, pour le meilleur et pour le pire, au sein de l’immense Empire Ottoman. De cette proximité sont nées des pratiques culturelles proches: musique, cuisine… et ce n’est pas un hasard si le titre même de ce livre met l’eau à la bouche.
Et puis, il faut dire un mot des illustrations de Delphine Jacquot. On avait déjà remarqué son travail dans ses précédents albums (Le Cavalier bleu, éd. Thierry Magnier 2007, La Ceinture de feu, éd. Gautier-Languereau 2007, Pompom ou celui qui voulait sécher la mer avec une éponge, éd. Mango 2008, Les Tortues de Bolilanga, éd. Thierry Magnier 2009…) et son goût pour les imprimés, les rouges profonds, les camaïeux de bleus… Son talent trouve ici matière à s’exprimer mieux encore et ses illustrations donnent corps à ce mélange de cultures. Delphine Jacquot saisit ce qui rassemble les peuples d’Asie Mineure, au travers des costumes, des visages de femmes au regard profond, des paysages où se distinguent minarets et coupoles d’églises. Son dessin est d’un raffinement extrême. Il s’en dégage ce goût qui mêle la douceur du miel au piquant de la cannelle et qui fait la saveur des cuisines du Levant.
Ariane Tapinos (décembre 2009)
10/12/2009 | Lien permanent
LE TAXI-BROUSSE DE PAPA DIOP
album
de Christian EPANYA
Éd. Syros, mai 2005 - 14€
C’est Sène, son neveu, qui nous raconte le quotidien de Papa Diop, propriétaire et chauffeur d’un taxi-brousse qui assure la liaison entre Dakar et Saint-Louis du Sénégal. Et c’est toute l’Afrique de l’Ouest qui défile sous nos yeux : le marchand libanais, les commerçants asiatiques, le marabout, les belles de Saint-Louis... Toutes les couleurs de l’Afrique sont réunies dans ces grandes images qui se développent sur deux pages, telles les célèbres peintures sur verre du Sénégal. C’est la vie, enfin, qui défile dans le taxi-brousse de Papa Diop : mariage, fêtes, naissances, mort...L’Afrique a souvent inspiré les auteurs de livres, et notamment d’albums, pour enfant, mais c’est souvent (à l’exception notable des œuvres de Dialiba Konaté, publiées au Seuil jeunesse) au travers d’une forme très occidentale que ces ouvrages nous racontent le continent noir.
Et l’immense mérite du très bel album de Christian Epanya est de retrouver le chemin de l’art africain contemporain pour nous faire vivre une petite part du quotidien de la société sénégalaise. Une fois encore, et comme avec Le Marchand et le Perroquet , qui paraît en même temps, les éditions Syros nous invitent avec bonheur et intelligence à découvrir d’autres cultures et d’autres formes d’esthétique.
Ariane Tapinos (première publication : juillet 2005)
27/04/2014 | Lien permanent
CE QUE J'AI OUBLIÉ DE TE DIRE
Roman
de Joyce Carol OATES
Traduit de l’américain par Cécile Dutheil de la la Rochère
Éd. Albin Michel jeunesse, Coll. Wiz, janvier 2014
342 pages – 15 €
C’est la dernière année de lycée pour Merissa, Nadia et les autres filles de terminale de Quaker Heights. Une année qu’elles doivent affronter sans le soutien – sarcastique – de Tink. Parce que six mois plus tôt, Tink s’est suicidée et que son absence est dans tous les esprits. Katrina Traumer était arrivée deux ans auparavant, d’une école chic de New York, précédée d’une réputation sulfureuse d’enfant star et affublée d’une mère actrice sur le retour. Avec ses tenues excentriques, pour un lycée privé BCBG comme Quaker Heights, et son ironie mordante – dont élèves et professeurs allaient faire les frais – elle s’était fait une place à part dans ce petit monde en ébullition adolescente. Depuis sa mort, son absence est partout. Merissa, lycéenne parfaite en apparence, s’automutile pour se sentir exister encore. Nadia s’éprend de son professeur et vole un tableau de maître pour rappeler à son père – occupé avec sa dernière et (très) jeune épouse – qu’elle existe.
Dans ce monde où les adultes confondent leurs ambitions avec les désirs de leurs enfants, dans cet âge auquel les adultes ne comprennent (plus) rien, la lucidité rageuse de Tink, elle qui disait : « Je veux bien être ton amie - mais seulement si tu me promets de ne jamais, jamais compter sur moi », manque cruellement à chacune de ses amies.
Joyce Caroll Oates est une immense écrivaine qui, à bientôt 76 ans, n’a rien oublié des tourments de l’adolescence. Livre après livre, elle ausculte la société américaine avec l’acuité d’une entomologiste et met autant de discernement dans son observation des mœurs adolescentes que de talent dans son écriture, qu’elle s’adresse à des lecteurs adultes ou plus jeunes. Ici, comme dans ses romans pour adultes, elle campe une ambiance, elle impose un rythme, une tension, par son écriture très particulière qui utilise toutes les ressources de la langue et même celles offertes par la typographie. Italique, slash, tirets, capitales…
Cependant, ses textes pour les jeunes sont moins sombres ; si les adultes ne sont pas à la hauteur, ses personnages adolescents sont comme des chenilles encore partiellement engluées dans leurs cocons mais qui vont bientôt apprendre à voler. Et si Tink ne s’envolera jamais, son suicide ne reste pas sans explication et surtout, elle reste bien vivante dans les pensées de ses amies.
Joyce Carol Oates est une voix unique dans la littérature, une voix qu’on aimerait voir enfin récompensée d’un prix Nobel…
Ariane Tapinos (mars 2014)
20/03/2014 | Lien permanent
L'ÉTONNANTE DISPARITION DE MON COUSIN SALIM
roman
de Siobhan DOWD
Traduit de l’anglais par Catherine Gibert
Éd. Gallimard Jeunesse, avril 2009
295 pages – 12,50 €
Tante Gloria, la sœur de madame Spark et son fils adolescent Salim, font escale à Londres avant de partir à New York où une autre vie les attend. Les enfants Spark, Kat et Ted, et Salim, décident d’aller voir la ville d’en haut en embarquant sur la Grande roue de Londres mais Salim se voit proposer un billet gratuit et prend seul la nacelle pendant que ses cousins l’attendent en bas et que madame Spark et sa sœur papotent dans un café tout proche. Seulement voilà… quand la Grande roue a fini son tour : Salim ne descend pas avec les autres passagers. Il a disparu…
Fugue, enlèvement, accident ? La famille Spark et la police londonienne envisagent toutes les possibilités mais Kat et Ted décident de mener l’enquête de leur côté. Ted est un autiste de haut niveau, très conscient de son état qu'il explique ainsi : « disons que le cerveau est un ordinateur […] Et que le mien fonctionne avec un système d’exploitation différent de celui des autres. Et des connexions différentes aussi […] À cause de mon syndrome, je n’ai pas mon pareil pour me rappeler les choses et les faits importants, comme la météo. Mais j’oublie les broutilles, mon sac de gym, par exemple. Maman prétend que mon cerveau est une vraie passoire. Ce qui signifie que les choses tombent par les trous de ma mémoire ».
Avec ses capacités d’observation et de déduction particulières, Ted, aidé de Kat, va découvrir ce qui est arrivé à Salim et par la même occasion, aller au-delà des limites que ses difficultés lui imposent.
Une vraie enquête policière, bien écrite et pleine d’humour, portée par un petit héros attachant. La passion de Ted pour la météo, marine surtout, ses stéréotypies, notamment sa main qui s’agite dans les situations de stress, sa manière de compter chaque pétale de céréale avant de l’avaler, brossent le portrait touchant d’un enfant autiste de haut niveau mais l’ensemble ne convainc pas totalement. Ted ne rencontre finalement que peu de difficultés à mener ses investigations, et doit surtout faire face à l’absence de considération des adultes. Un peu comme n’importe quel enfant.
Ariane Tapinos (mars 2014)
30/03/2014 | Lien permanent
ANIMALE | La Malédiction de Boucle d’or
Roman fantastique
de Victor DIXEN
Éd. Gallimard jeunesse, août 2013
438 pages - 17,90 €
Blonde, une jeune orpheline, vit dans un couvent abritant une école pour jeunes filles tenue par des religieuses. Placée, « déposée » auprès des sœurs alors qu’elle était encore bébé, elle ne sait rien de ses origines ni des raisons qui la contraignent à porter d’épaisses lunettes colorées et à se tenir en permanence à l’abri de la lumière. Elle ne connait que la vie au couvent, sous la surveillance sévère quoique bienveillante des sœurs. Admise à suivre l’enseignement, elle n’est qu’à peine tolérée par les autres élèves, jeunes filles de bonne famille appelées à d’autres destinées que cette modeste orpheline au prénom païen.
L’arrivée d’un tailleur de pierre et de son jeune assistant va révéler à Blonde des instincts qu’elle ignorait et dont elle trouvera les origines dans le dossier que lui dépose un étrange vieil homme. Par ce manuscrit elle apprend qui elle est vraiment : son extraordinaire filiation fait d’elle une créature unique, à la fois grandiose et dangereuse.
S’en suit une course poursuite – au cours de laquelle Blonde est traquée comme un animal – qui va la mener sur les traces de son histoire en empruntant les motifs du conte de Grimm, Boucle d’or et les trois ours mais pour en révéler une face sombre et inquiétante.
Animale est un vrai roman initiatique, l’histoire d’une quête aux frontières du fantastique qui plonge le lecteur dans un univers à la fois sombre et sensuel. Quel dommage que cette couverture ridicule (et kitch) donne à l’héroïne complexe et sauvage de ce beau roman envoûtant le visage d’une Farrah Fawcett du XXIe siècle. L'aspect le plus réussi du livre est pourtant son caractère trouble, comme l’est la nature-même de Blonde. À ses côtés, le lecteur est entrainé dans un monde battu par les vents et ravagés par les guerres et l’intolérance. Un monde qui nous interroge sur ce qui fonde la nature humaine et où résonne notre part animale.
Ariane Tapinos (octobre 2013)
16/11/2013 | Lien permanent
LES VINGT-CINQ VIES DE SANDRA BULLOT
Roman (très drôle) de Colas GUTMAN
Éd. L’École des loisirs, coll. Médium
Septembre 2012, 160 pp. - 8,50 €
Sandra Bullot a seize ans, un petit frère de cinq ans qui porte le nom étrange de Ao (a pour la première lettre de l’alphabet et o pour son groupe sanguin…), une mère actrice (qui répète son unique réplique de la série z, Le flic est un juge : « C’est la police. Sortez tout maintenant ! ») et un père dépressif. Depuis qu’il a été renvoyé de son travail dans une agence de voyage, il passe ses journées affalé dans sa chambre à manger des chips et communique par monosyllabes quand ce n’est pas par courriel entre sa chambre et le salon.
La recherche d’un mystérieux correspondant qui signe ses mails : « Endive au jambon », va entrainer des évènements en chaine qui vont mettre à mal ses relations amicales. Tout comme les messages échangés par son père avec une certaine « Natacha 883 » que Sandra imagine immédiatement « prostipute » (et le lecteur aussi) jusqu’à ce que Natacha devienne la baby-sitter d’Ao…
Colas Gutman aime les familles un rien déjantées et sait à merveille nous faire rire des petits travers de ses personnages. Aussi drôle que le très réussi Journal d’un garçon (L’École des loisirs, 2008).
Ariane Tapinos (novembre 2012)
29/12/2012 | Lien permanent