Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Page d'accueil

20/03/2014

CE QUE J'AI OUBLIÉ DE TE DIRE

adolescence,suicide,auto-mutilation,amitiéRoman
de Joyce Carol OATES
Traduit de l’américain par Cécile Dutheil de la la Rochère
Éd. Albin Michel jeunesse, Coll. Wiz, janvier 2014
342 pages – 15 €


C’est la dernière année de lycée pour Merissa, Nadia et les autres filles de terminale de Quaker Heights. Une année qu’elles doivent affronter sans le soutien – sarcastique – de Tink. Parce que six mois plus tôt, Tink s’est suicidée et que son absence est dans tous les esprits. Katrina Traumer était arrivée deux ans auparavant, d’une école chic de New York, précédée d’une réputation sulfureuse d’enfant star et affublée d’une mère actrice sur le retour. Avec ses tenues excentriques, pour un lycée privé BCBG comme Quaker Heights, et son ironie mordante – dont élèves et professeurs allaient faire les frais – elle s’était fait une place à part dans ce petit monde en ébullition adolescente. Depuis sa mort, son absence est partout. Merissa, lycéenne parfaite en apparence, s’automutile pour se sentir exister encore. Nadia s’éprend de son professeur et vole un tableau de maître pour rappeler à son père – occupé avec sa dernière et (très) jeune épouse – qu’elle existe.

Dans ce monde où les adultes confondent leurs ambitions avec les désirs de leurs enfants, dans cet âge auquel les adultes ne comprennent (plus) rien, la lucidité rageuse de Tink, elle qui disait : « Je veux bien être ton amie - mais seulement si tu me promets de ne jamais, jamais compter sur moi », manque cruellement à chacune de ses amies.


Joyce Caroll Oates est une immense écrivaine qui, à bientôt 76 ans, n’a rien oublié des tourments de l’adolescence. Livre après livre, elle ausculte la société américaine avec l’acuité d’une entomologiste et met autant de discernement dans son observation des mœurs adolescentes que de talent dans son écriture, qu’elle s’adresse à des lecteurs adultes ou plus jeunes. Ici, comme dans ses romans pour adultes, elle campe une ambiance, elle impose un rythme, une tension, par son écriture très particulière qui utilise toutes les ressources de la langue et même celles offertes par la typographie. Italique, slash, tirets, capitales…

Cependant, ses textes pour les jeunes sont moins sombres ; si les adultes ne sont pas à la hauteur, ses personnages adolescents sont comme des chenilles encore partiellement engluées dans leurs cocons mais qui vont bientôt apprendre à voler. Et si Tink ne s’envolera jamais, son suicide ne reste pas sans explication et surtout, elle reste bien vivante dans les pensées de ses amies.

Joyce Carol Oates est une voix unique dans la littérature, une voix qu’on aimerait voir enfin récompensée d’un prix Nobel…

Ariane Tapinos (mars 2014)

 

Les commentaires sont fermés.