Rechercher : La grande épopée des petits pois
Abd el-Kader sage et résistant | roman et documentaire de Guy JIMENES
Illustré par Erwan FAGES
Éd. Oskar jeunesse, coll. Personnages de l'Histoire | sept. 2009 | 46 pp. - 7,95€
À l’occasion d’une visite du château d’Amboise, Lucie, qui est tombée en arrêt devant un portrait d’Abd el-Kader, découvre la vie de ce grand chef de guerre qui s’opposa à la colonisation française de l’Algérie. Lucie et son père font la connaissance d’un historien, descendant d’Abd el-Kader, qui les captive avec son récit de la vie d’engagements et de luttes de son ancêtre.
Ce texte court et d’une grande clarté, livre aux enfants une autre histoire des relations entre la France et l’Algérie. Une histoire qui restitue aux Algériens leur place de sujets actifs contre l’entreprise de colonisation de leur pays et pas seulement celle d’un territoire à prendre. Comme un contrepoint aux tentatives d’instituer un enseignement des «aspects positifs de la colonisation», ce petit livre, très joliment illustré, devrait devenir un indispensable des bibliothèques d’écoles et des CDI des collèges.
Ariane Tapinos (novembre 2009)
17/11/2009 | Lien permanent
Le Taureau bleu | album conte de Coline PROMEYRAT, illustré par Martine BOURRE
Éd. Didier jeunesse, coll. Escampette | mai 2009 | 12,50€
Dans cet album dédié à Jean Markale, Coline Promeyrat perpétue la tradition en nous transmettant un récit du patrimoine du Morbihan avec ses propres mots de conteuse.
La petite Yzole, maltraitée par sa marâtre, est sous la protection de son animal nourricier, le taureau bleu. Celui-ci doit être conduit à la boucherie. Yzole s'enfuit avec lui. Au cours de leur périple, véritable parcours initiatique, ils franchiront ensemble différentes épreuves…
Le récit, jalonné d’éléments appartenant à l’universalité des contes, se termine par une magnifique page de clôture, d’une grande sobriété, qui invite à la méditation. Les illustrations déroulent l’histoire et lui donnent sa pleine dimension. Le cadre quotidien, calme et champêtre des premières pages laisse place à une profusion de couleurs, de mouvements, de richesses graphiques qui, harmonieusement combinées, explosent de vitalité.
Un grand bonheur de lecture: plaisir des mots, des images.
Un bel album à partager par tous.
Josuan (juillet 2009)
10/07/2009 | Lien permanent
Maman(s) d’amour | album de Josée MASSE (ill.)
Texte de l’association The Mother’s Bridge of love | adaptation française de Françoise ROSE
Éd. Gautier-Languereau | janv. 2009 | 13 €
Un très grand coup de cœur pour cet album dont le thème extrêmement délicat est abordé avec beaucoup de pudeur. C’est l’histoire de l’adoption qui commence comme un conte par « il était une fois » mais bascule tout de suite dans la réalité : « Tu ne la connais pas ».
La construction de l’identité d’une petite fille adoptée est harmonieusement relayée par le texte et par l’image qui, dans un balancement subtil de double page en double page, relie l’univers d’origine et l’univers d’accueil.
Un message puissant dès le titre « maman(s) d’amour » qui se poursuit à travers la poésie du texte, soutenu par la délicatesse des images et leur fort pouvoir symbolique.
Cet ouvrage remarquable par sa grande simplicité pourrait permettre d’établir un dialogue juste entre parents et enfants.
Josuan (mars 2009)
22/03/2009 | Lien permanent | Commentaires (1)
Une soupe de diamants | roman jeunes lecteurs de Norma HUIDOBRO
Traduit de l’argentin par Sophie Aslanides et Myriam Amfreville | Éd. L'École des loisirs, coll. Neuf | mars 2009, 182 pp. - 9,50 €
Quand sa mère a annoncé à Maléna qu’elle devait s’absenter pour son travail, celle-ci a tout de suite refusé d’aller chez son père. Et même si ce dernier promettait de les emmener, elle et son frère Nacho, au Brésil pour les vacances. Plages de sable fin ou pas, pas question pour Maléna de passer une minute en compagnie de sa belle mère, Valéria. Alors, laissant son frère à son père et à sa jeune épouse, Maléna prend le bus pour Capilla del Monte, un petit village de montagne où vit son grand-père qu’elle adore. Pendant que son frère se dorera sous le soleil de Rio de Janeiro, elle aidera son grand-père. Celui-ci tient, le week-end, un restaurant chez lui, dans son village d’Argentine où il fait froid mais où l’amitié et les bons petits plats tiennent chaud au cœur.
Ce que Maléna n’a pas prévu c’est qu’elle va se retrouver sur la piste d’un meurtrier… comme dans les enquêtes du commissaire Maigret, sa référence en matière policière.
Une infirmière a été assassinée, et un homme un peu simplet, frère d’une amie de son grand-père, est accusé du crime. Incapable de se défendre, il est arrêté et semble devoir être condamné. Ce serait sans compter sur Miléna qui, à la manière de Maigret, arpente les ruelles du village, pose des questions et fait de brillantes déductions. Mais tout ça n’est pas sans danger…
Une histoire policière aussi tarabiscotée qu’improbable, mais pleine du charme de la fougueuse Miléna et des tendres relations qu’elle entretient avec son aïeul. Ce roman, où il est beaucoup question de cuisine, a une saveur un peu désuète mais gorgée de fraîcheur en même temps. Et s’il y a bien un crime de sang au départ de l’intrigue, les aventures de Miléna, de son grand-père et de ses deux inséparables chiennes, Tita et Filomèna, sont à des kilomètres des romans policiers sanglants et oppressants, quelque part dans un rude mais chaleureux village d’Argentine.
Ariane Tapinos (mars 2009)
27/03/2009 | Lien permanent
DODO, L’ENFANT DO
album
de Timothy KNAPMAN & Helen OXENBURY (illustrations)
Traduit de l’anglais par Élisabeth Duval
Éd. Kaléidoscope, octobre 2016 - 13€
Un bruit venu de la forêt intrigue Alice et son frère Jack et les voilà partis à la poursuite de ces sons étranges et effrayants. Jack s’inquiète : « Mais si c’est le Grand Méchant Loup ? ». Ils s’enfoncent dans la forêt alors que les bruits continuent de retentir et que Jack imagine déjà un Grand Méchant Loup aux « grosses griffes pointues » et aux « mâchoires comme des hachoirs ». Alice, plus grande mais aussi plus téméraire tente de le rassurer jusqu’à ce que …
Le loup est finalement une louve qui berce ses petits et c’est son chant :
« Dodo, l’enfant do. L’enfant dormira bientôt. Je veille sur ton sommeil. Chante l’étoile dans le ciel. Dodo, l’enfant do. L’enfant dormira bientôt. Et l’enfant doucement s’endort. Fais de beaux rêves mon trésor. »
Alice et Jack peuvent rentrer chez eux et retrouver leurs lits douillets où ils s’endorment au son de la berceuse bien connue.
Construit sur un modèle très proche de celui du célèbre album d’Helen Oxenbury et Michael Rosen La chasse à l’ours, Dodo, l’enfant do nous entraine dans une promenade en forêt où à force de chercher le loup… nous allons bien le rencontrer ! Ce loup là n’est pas effrayant - contrairement à l’ours rugissant de La chasse à l’ours - mais dans les deux cas, c’est sous la couette que se terminent la ballade et l’album.
Un album, où l’on retrouve les belles images images tendres de la grande Helen Oxenbury, qui séduira les petits qui aiment jouer à se faire peur et chantonner pour éloigner les dangers.
Ariane Tapinos (décembre 2016)
31/12/2016 | Lien permanent
Le Dernier Danseur de Mao | témoignage de Li CUNXIN
Traduit de l’américain par Isabelle Saint-Marti
Éd. L’École des loisirs, coll. Médium documents, mars 2010, 389 pp. - 14,80€
Plus qu’un documentaire, voici un étonnant témoignage. Celui d’un Chinois, Li Cunxin, né en1961 dans un village pauvre de la province de Shandong, qui deviendra danseur étoile aux États-Unis avant de faire sa vie en Australie où il écrira ce livre, publié une première fois en France en 2003 (éditions First).
Li est l’avant-dernier d’une famille de sept garçons. Ses parents travaillent la terre et luttent pour nourrir leurs enfants et les élever dignement. Lorsque qu’il a neuf ans, et alors que la Révolution culturelle bat son plein, Li est choisi pour intégrer l’École de danse de Madame Mao. Il y passera sept années à trimer pour forger son corps et son caractère. Devenu l’un des meilleurs élèves de son école, tant par ses talents artistiques que par son engagement politique au sein des jeunes Gardes rouges, et alors que le régime communiste, après la mort de Mao, relâche son étreinte sous l’effet de la politique de la porte ouverte de Deng Xiaoping, il est désigné pour aller promouvoir la danse chinoise aux États-Unis dans le cadre d’un échange culturel avec une école de danse de Houston. Ébranlé par les richesses et les libertés de l’Occident, et amoureux d’une jeune américaine, il passe à l’Ouest dans des conditions rocambolesques. Désormais, sa vie est du côté du «capitalisme pourri», loin des siens, de son village, de sa famille…
Disons-le d’emblée: ce ne sont pas les qualités littéraires qui font l’intérêt de ce récit… C’est plat et parfois poussif. Li Cunxin est sans doute un merveilleux danseur mais un piètre écrivain. De plus, son absence presque totale de recul par rapport à la Chine de la Révolution culturelle et aux exigences absurdes et iniques du couple Mao est parfois un rien agaçante. Tout comme le ton souvent larmoyant du narrateur: Li, sa famille, ses camarades ont souvent «le visage baigné de larmes».
Pourtant… Ce témoignage d’un destin extraordinaire est captivant. Il plonge son lecteur dans une épopée moderne qui balaye l’histoire politique de la seconde moitié du vingtième siècle. Il y a une certaine honnêteté de la part de Li à afficher pareille naïveté quant au monde qui l’entoure. À raconter son adhésion au régime maoïste et ses quelques doutes. C’est que Li est enfant quand il quitte ses parents et tout jeune adulte quand il arrive aux États-Unis. Un adulte qui ne connaît du monde que ce que ses professeurs affidiés au régime (et régulièrement sanctionnés pour avoir fait un pas de côté par rapport à l’idéal communiste) en ont laissé filtrer. En même temps, il fait preuve d’un redoutable instinct de survie en ne laissant rien paraître de ses doutes et en ne délaissant jamais la partie politique des enseignements qu’il reçoit. Peut-être aussi que l’inépuisable dévouement à sa famille et l’immense respect qu’il voue à ses parents et aux adultes qui le forment, sont un peu suspects pour le lecteur occidental mais correspondent bien aux règles qui régissent la société chinoise, communiste ou pas.
Ce témoignage est un peu un ovni, venu de Chine via l’Australie, dans la production littéraire jeunesse. Tout comme cette nouvelle collection, Médium documents, de L’École des loisirs, décidément pleine de (bonnes) surprises!
Ariane Tapinos (mai 2010)
30/06/2010 | Lien permanent
MAUDITE SOIT LA GUERRE
album
de Didier DAENINCKX & PEF (illustrations)
Mise en couleurs de Geneviève FERRIER
Éd. Rue du monde, juin 2014 – 16,50€
Nous sommes en 1917, Fulbert, un jeune garçon de onze ans, subit comme ses camarades de classe les leçons de patriotisme de son maître d’école. Chaque matin, Monsieur Bonnaud écrit sur le tableau noir, la phrase patriotique du jour et pour le moral des troupes, aujourd’hui, il demande aux fils d’écrire aux pères partis sur le front. Devoir cruel pour ceux dont le père, mort au combat, n’a plus que faire d’une lettre d’encouragement. Fulbert lui décide que si il doit écrire une lettre alors c’est lui qui la portera à son père. Profitant de la nuit, il sort de chez lui et prend la direction de la gare… Au terme d’un long et périlleux voyage, il atteint le front, dans les environs du Chemin des Dames. Là, il retrouve son père qu’il reconnaît à peine dans la dure vie dans les tranchées l’a transformé.
Après la guerre, Fulbert servira de modèle à la statut du monument aux morts de son village, seul de son espèce à faire figurer un enfant vivant face à l’épitaphe « Maudite soit la guerre ».
Il faut tout le talent de Didier Daeninckx pour faire de cette histoire inspirée du monument aux morts du village de Gentioux, dans la Creuse, un album qui touche au cœur les enfants d’aujourd’hui. Alors que les derniers poilus sont morts, que les années ont passée et les générations avec elles, transmettre l’histoire de la guerre de 14-18, celle qui ne fut pas la « der des der » mais plutôt la première en bien des choses : première guerre mondiale avec 72 pays impliqués, première guerre aérienne, première guerre dans laquelle sont utilisés des gaz toxiques, est un véritable défi. Un défi brillamment relevé par l’écrivain qui, au fil de l’incroyable épopée de Fulbert dans un pays en guerre, évoque la fureur nationaliste, les ravages de la guerre, les troupes coloniales, l’usage des gaz, la place des animaux, l’aspiration pacifiste face aux absurdités de la guerre…
Le texte est magnifique et bouleversant. Accompagné des images soignées de Pef superbement mises en couleurs par Geneviève Ferrier, cet album réussit à rendre à cette guerre dont le souvenir s’efface, une brulante proximité.
Ariane Tapinos (novembre 2014)
Toutes nos critiques sur le même sujet : Première guerre mondiale
Et de Didier Daeninckx : La prisonnière du Djebel
11/11/2014 | Lien permanent
PAPY
Album tout carton
de Jean LEROY (texte)
et Matthieu MAUDET (ill.)
Éd. L'École des Loisirs, coll. Loulou et cie
Mars 2013 – 10,70 €
Norbert et Robert, deux personnages à la bouille ronde, se disputent la balançoire. Incapables de se décider, ils en appelent à leur papy pour trancher cet épineux dilemme. Le grand-père arrive et se retrouve vite dépassé par la hargne des deux enfants qui continuent à se chamailler. À bout, papy perd patience et crie… pour les faire taire. Grand-mère, alertée par les cris, arrive dare-dare l'air accusateur : qui a crié comme ça ?! Les deux garnements ne se laissent pas démonter et pointent d'un doigt accusateur le papy essouflé par sa démonstration d'autorité. S'en suit une leçon de morale de mamie qui rappelle qu'il ne sert à rien de crier et qu'il suffit de demander calmement les choses pour les obtenir… Sur quoi l'album se termine sur un papy juché sur la balançoire poussée une mamie complice, au grand dam des deux garnements qui se sont fait avoir par la sagesse de l'âge !
Un album cartonné plein d'humour, dont la fin aux airs de pied-de-nez aux enfants capricieux fera rire les petits… et sans aucun doute les plus grands.
Caroline Silva (mai 2013)
29/05/2013 | Lien permanent
MOI, MAÎTRE EMMANUEL PIERRAT, AVOCAT À LA COUR
documentaire
de Emmanuel PIERRAT, illustré par Hédi BENYOUNES
Éd. Glénat jeunesse, coll. Moi, août 2016, 120 pages - 14,95€
Deuxième titre d’une toute nouvelle collection qui veut faire découvrir aux adolescents des métiers et des parcours singuliers, cet ouvrage se révèle, sous la plume d’Emmanuel Pierrat, un passionnant témoignage sur le métier d’avocat et le fonctionnement de la justice. Adolescent fasciné « par les grands procès, ceux où on jugeait les assassins, mais aussi les écrivains », Emmanuel Pierrat décide d’être avocat alors qu’il n’a encore que 14 ans. Et depuis, la passion ne l’a pas quitté et il met ici tout son talent à la communiquer à ses jeunes lecteurs.
Des grandes affaires - Dreyfus, Oscar Pistorius, paris truqués du handball… - aux grands principes - défendre tous les accusés, se méfier des conflits d’intérêts, appliquer les règles de déontologie… - en passant par les petites questions - d’où vient l’expression « effet de robe », l’appellation « maître » ou « confrère » ? … - ce documentaire est très complet.
Emmanuel Pierrat n’est pas seulement avocat, c’est aussi un homme de lettres qui fait preuve d’une grande pédagogie dans ce texte très clair (les trois pages consacrées à l’Affaire Dreyfus en sont un exemple remarquable) qui se lit avec beaucoup de plaisir. Destiné aux adolescents, il intéressera sans doute tous ceux qui se passionnent pour les fictions policières et judiciaires venues d’outre Atlantique tout en ignorant la réalité, bien différente, de notre système judiciaire.
Ariane Tapinos (septembre 2016)
26/09/2016 | Lien permanent
La famille Souris prépare le nouvel an | album de Kazuo IWAMURA
Adapté du japonais par Irène Schwartz
Éd. L’École des loisirs | sept. 2008
13€
Dans cet album, dernier paru de la géniale série de Kazuo Iwamura, nous retrouvons la famille Souris (un couple de grands-parents, un couple de parents et dix enfants) en plein préparatifs du nouvel an. Alors que sévit le grand froid – et l’album est tout de blanc et de teintes assourdies – toute la famille s’active pour préparer les traditionnels gâteaux de riz du nouvel an*. Dès poltron minet, les hommes de la famille coupent le bois qui entretiendra le feu sous l’eau et installent le mortier qui servira à piler le riz. Très vite, tous mettent la main (ou la patte) à la pâte. Il faut piler le riz, pétrir la pâte, hacher les noix… et former de délicieuses petites boulettes sucrées. Enfin, la famille, rassemblée autour d’une grande table, peut savourer les gâteaux qu’elle a mis tant d’ardeur à préparer. «Quel délice les gâteaux du nouvel an, mais quel travail !»
Cette famille Souris nous rappelle à point nommé que le plus grand plaisir des fêtes de fin d’année réside, avant tout, dans le partage et la fébrilité des préparatifs faits ensemble. Comme pour chaque album de la série, celui-ci nous propose une immersion dans la nature et une saison. Point de sapin multicolore ni de vieil homme en manteau rouge mais c’est beau, pas du tout bavard et plein de détails à observer dans les images.
Ariane Tapinos
(novembre 2010)
*Ces gâteaux de riz gluant, les mochis, sont des douceurs traditionnelles du repas de la nouvelle année au Japon, pays d’origine de nos adorables souris.
05/12/2010 | Lien permanent