Mercredi 17 mars à la librairie - 14h30 / 15h30
Rencontre avec PHILIPPE DORIN, autour de sa pièce L'Hiver Quatre Chiens Mordent mes pieds et mes mains, présentée à Bordeaux au TnBA du 17 au 19 mars 2010.
À la fois homme de théâtre et plasticien (il crée des installations et des spectacles à partir de feuilles et de boulettes de papier), Philippe Dorin écrit, depuis plus de vingt ans, des pièces de théâtre pour les enfants. En 1997, il a créé, avec la metteuse en scène Sylviane Fortuny, la compagnie Pour Ainsi Dire, pour donner une suite théâtrale à des recherches menées en atelier avec des enfants, autour de l’écriture et des arts plastiques. Plusieurs pièces naîtront de ce travail en commun, dont L’hiver quatre chiens mordent mes pieds et mes mains, qui a reçu le Molière 2008 du spectacle jeune public.
Les infos sur les représentations au TnBA [c'est ici]
Paroles de Philippe Dorin
(extraits)
«Je compare souvent l’écriture à une biche qu’on aimerait voir dans la forêt. Il faut se lever tôt. Il faut marcher longtemps. Il faut se mettre dans un coin et ne plus bouger. L’immobilité doit être totale. Il faut se faire oublier du monde entier. Et malgré toutes ces recommandations, on ne voit rien passer. Alors, il faut y revenir le lendemain, le surlendemain et les jours d’après. Et peut-être qu’au bout de quelques mois, on aura la chance d’apercevoir quelque chose. L’écriture, il faut toujours être au rendez-vous. C’est pour cela que ça devient le centre de votre vie.»
«Réflexions à propos d’écriture»
in programme de saison du Théâtre de l’Est parisien 2004-2005.
«Les enfants ont façonné la singularité de mon écriture: j’aime utiliser des mots simples, des situations concrètes, qu’ils peuvent aisément saisir même s’ils ne comprennent pas tout. Cette part d’inconnu est aussi ce qui excite leur curiosité et les fait grandir. Et puis, je viens de la campagne… On a l’habitude d’appeler les choses par leur nom. Je m’inspire aussi de la structure des contes, tramés sur une fable sommaire, mais porteurs d’une multiplicité de sens. […] Face au cinéma et à la télévision, le théâtre ne peut rivaliser dans le réalisme. Il doit utiliser ses propres moyens: le pouvoir du verbe, des corps, de l’illusion sur la scène. Il s’invente comme un jeu d’enfant: “on dirait que…”»
« Un théâtre de l’instant présent », entretien réalisé par Gwénola David
in La Terrasse n°155, février 2008.
Philippe Dorin à l'affiche [c'est ici]
Bibliographie
À L'École des loisirs
collection Théâtre
Sacré silence
1997, 72 pp. - 6,70€
«Nous sommes dans le désert. Lumpe se promène en traînant son bidon. C'est son instrument de travail. Dans son bidon, Lumpe a enfermé tous les bruits du monde: le bruit du vent, le bruit de la guerre, le bruit des hommes et même des bruits inconnus de nous, comme le bruit des couleurs. Elle appelle ses clients et n'entend pas de réponse. Elle appelle encore. Une voix se manifeste. C'est une jeune femme très étrange et qui ne fait rien d'autre, absolument rien d'autre que répéter les paroles de Lumpe. Lumpe s'énerve de plus en plus. Comment se débarrasser de quelqu'un qui n'a d'autre conversation que la vôtre et qui est peut-être une concurrente?»
«Cette pièce de Philippe Dorin part d'un jeu enfantin: celui de l'écho, ce jeu qui nous a tous fascinés et agacés. Elle est une réflexion poétique sur le langage, l'univers des bruits qui nous environnent et, bien sûr, le silence.»
En attendant le Petit Poucet
2001, 80 pp. - 6,70€
«Il s'appelle Le Grand, elle s'appelle La Petite. Ils sont seuls au monde. Il ne leur reste plus qu'à se rencontrer, à s'inventer des fables. Pourquoi, le jour, les étoiles disparaissent? Comment faire réapparaître le fantôme de leur mère? Comment traverser des villes et frapper aux portes des maisons? Ils sèment des cailloux sur les chemins et l'un d'entre eux les accompagne. Lorsqu'ils ont fait le tour du monde, ils s'interrogent. Comment donner un sens à leur histoire?»
Un œil jeté par la fenêtre
2001, 96 pp. - 6,50€
«Il y a longtemps, un garçon a vu une fille par la fenêtre et, depuis ce jour, il a figé son souvenir dans sa mémoire. Devenu grand, il vit avec sa mère, il écrit et sa vie monotone lui fait oublier cet instant miraculeux. Mais les souvenirs sont tenaces; tôt ou tard, ils sont convoqués, réclament leur dû.
Dans ma maison de papier, j’ai des poèmes sur le feu
2002, 64 pp. - 6,50€
«Une petite fille construit sa maison imaginaire. Deux minutes plus tard, elle est devenue une vieille dame. Mais elle porte toujours ses chaussures d'enfant. C'est l'heure de mourir, annonce le promeneur. Déjà? Laisse-moi juste le temps d'une pensée. Je dois retourner rendre ses chaussures à la petite fille. Le promeneur accepte. Mais la petite fille retient la vieille dame, allume sans cesse la lumière, elle ne doit pas, c'est dangereux, car le promeneur revient.
Ils se marièrent et eurent beaucoup
2005, 80 pp. - 6,50€
«Un garçon amoureux, il s'appelle le Futur, pleure sa fiancée partie à l'autre bout du monde. Une fille le console en lui disant qu'elle est juste derrière lui, puisque la Terre est ronde. Le garçon ne la croit pas, mais il est intrigué, il s'approche et hop! la fille lui vole un baiser. Ça ne se fait pas! Il exige qu'elle aille le porter à sa fiancée. La fille est d'accord à condition qu'il l'élance. Il le fait. Mais ce baiser, qui sait jusqu'où il ira et qui l'aura?
Les Enchaînés
2007, 88 pp. - 6,50€
«C’est le monde, notre jolie terre toute ronde.
Erreur! Le monde est devenu plat et rectangulaire, c’est une télécommande pour voir le monde dans la télévision. Et là, pas le choix: soit vous êtes dans la télévision, soit vous êtes dehors. Si vous êtes dedans, attention à la concurrence, si vous êtes dehors pas de problème: vous serez toujours assis, vous ne direz plus rien, vous regarderez, c’est tout.
Le Monde point à la ligne
2007, 64 pp. - 6, 50€
«Au début, le monde était bien rangé au fond d’une armoire, dans une maison, chez une petite dame, et un chien montait la garde. Un jour, un petit garçon est entré en pleurant. Il s’est précipité vers l’armoire pour y prendre un mouchoir et il a mis un tel désordre que le monde s’est renversé. Du monde d’avant, il ne restait que ce petit mouchoir. Qu’est-ce qu’on peut faire avec un mouchoir? Toute une histoire!»
L’hiver quatre chiens mordent mes pieds et mes mains
2008, XX pp. - 6,50€
À voir au TnBA
«Dans la vie, il y a au moins un homme, une femme, une table, une chaise, un arbre et souvent deux enfants et parfois deux grands-parents, sauf s’il y en a un des deux qui est mort. Il y a aussi et toujours le temps qui passe et quatre saisons. C’est bien aussi quand il y a des cerceaux et une guitare, mais c’est pas sûr. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a des gestes et des mots, et c’est déjà toute une histoire.»
Extrait:
«Viens un peu par ici, toi! Tu sais, il y a un type, là-bas, il est assis en ce moment derrière son bureau pour écrire notre histoire, et là, il a pas beaucoup d'idées. Alors, il va falloir être patients, toi et moi. Faudra pas s'attendre à des miracles, ni à de grands évènements pour tous les deux. Y aura sûrement de longs moments sans rien dire, des compléments d'objet direct qui vont manquer, et même directement les objets. Faudra pas faire la difficile. C'est l'hiver. On ne peut pas faire trop de chichis en hiver.»
Molière jeune public 2008
Abeilles, habillez-moi de vous
2010, 64 pp. - 6,50€ Nouveauté
«Un jeune homme avec une jupe et une épée en bois sous le bras. Il marche de long en large sur la scène. Une jeune fille l'interpelle en coulisse. Elle l'oblige à raconter son histoire, celle d'un gars qui vient de perdre sa sœur. Le jeune homme enfile la jupe et brandit l'épée. Il part à la recherche de la jeune fille. Il tombe dans le château où son père la retient prisonnière. Le roi interdit à toute personne de poser un regard sur elle, et il a fait coudre tous ses habits pour que jamais elle ne puisse s'en vêtir et s'échapper du château. La jeune fille crie du donjon: "Si seulement j'avais un frère!" Ces deux-là se cherchent, se cachent. Pas si simple de se trouver.»
Chez d'autres éditeurs
(liste non exhaustive)
One Two, One Two Three Four
suivi de Deux mots
Éd. Les Solitaires intempestifs, coll. Bleue, nov. 2009 - 87 pp. - 12€
«One two one two three four est le troisième volet d’une trilogie débutée avec Bouge plus! suivi de Christ sans hache. Deux personnages, compagnons d’infortune, tentent de faire revivre un monde disparu en l’évoquant sous forme d’inventaires, de souvenirs, de poèmes. La seule cohérence de leurs récits, l’unique moyen qui leur est donné de mesurer le monde, c’est leur ivresse. Se joignent à eux une fille et un orchestre.
Dans Deux mots, une fille vide son sac. Le sac est marron, la fille en sort un petit carnet, un tube de crème, un légume, un pistolet, etc. Chaque objet est l’occasion de raconter un peu de ce monde réduit aux dimensions d’un sac. »
Bouge plus !
Suivi de Christ sans hache
Éd. Les Solitaires intempestifs, coll. Bleue, 2006, 128 pp. - 12€
Bouge plus !
Le père, la mère, l’enfant. Nous n’en finissons pas de nous nommer. Nous n’en finissons pas de bouger. Les fleurs, la chaise, la table. Les objets, eux, restent immobiles. C’est pour ça qu’ils ne parlent jamais.
Christ sans hache
Un homme jure. Il tombe sur un couteau. Il tue une fille. Il trouve un type. Le type crée le monde. Ils partent tous les trois.
Ils organisent un petit cabaret sur une estrade pour faire venir quelqu’un. Mais personne! Alors, ils s’installent dans un coin, organisent un petit monde à leur manière, avant de trouver refuge chez une dame.
Villa Esseling Monde (théâtre)
suivi de Visites à la Villa Esseling Monde (contes)
Éd. La Fontaine, nouvelle édition janv. 2006, 84 pp. - 9€
«En partant à la recherche de la petite balle jaune que son père lui a prêtée, Ange entre dans la villa Esseling Monde et vole au secours d'une légende. À l'extérieur, ses parents l'attendent longtemps. Ange réapparaît sur l'écran de télévision devant lequel ils ont vieilli.
Cœur de pierre
Éd. Syros, coll. Mini Syros polar, 1992, 48 pp. - 2,95€
Une pierre – qui a servi au crime – raconte ce dont elle a été témoin.