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NO PASARAN, LE JEU. L’intégrale en BD
Bande dessinée
de Christian LEHMANN (scénario) & Antoine CARRION (images)
Éd.Rue de Sèvres, février 2014, 124 pages - 16€
Lors d’un voyage scolaire à Londres, trois amis Eric, Thierry et Andreas, trouvent par hasard une boutique de jeux vidéo vintages. Alors qu’ils sont sur le point de partir, le vieux commerçant aperçoit une croix nazie sur le blouson d’Andréas, il leur offre alors un jeu ancien mais des plus fantastique. Tour à tour, dans les tranchées en 1917, à Guernica en 1937 ou encore en Yougoslavie dans les années 1990, les joueurs sont transportés physiquement dans le jeu pour incarner des hommes qui ont pris part aux plus grands conflits de l’humanité. Pour mettre fin à la partie, il s’agit d’une question de vie ou de mort.
18 ans après la parution de son livre, Christian Lehmann revient ici en tant que scénariste. Grâce à un dessin réaliste, quasi photographique, Antoine Carrion ajoute une autre dimension à une histoire que nous connaissons déjà tous.
Le graphisme est d’autant plus réussi que chaque univers, chaque ère de l’histoire a sa propre palette de couleurs qui met en exergue l’ambiance de chaque époque.
Cette adaptation du classique du même nom est parfaitement réussie, ni trop violente, ni trop superficielle, elle évite les clichés et est tout autant instructive que divertissante.
Marlène Demen (mai 2014)
A lire également :
No pasaran, le jeu, suivi de Andreas, le retour
de Christian Lehamann
Éd. L'école des loisirs, coll. Médium, 450 pages - 19,50€
11/05/2014 | Lien permanent
SUR LA PISTE DU SOLDAT INCONNU
Documentaire
de Sophie LAMOUREUX
Éd. Actes Sud Junior, janvier 2014
122 pages – 14,90 €
Alors que nous nous apprêtons à commémorer le 100e anniversaire du conflit le plus meurtrier de l’Histoire moderne, les éditeurs rivalisent d’inventivité pour proposer leur documentaire sur la Première Guerre mondiale. La plupart sont intéressants, certains sont même réussis mais c’est bien celui de Sophie Lamoureux qui remporte la palme de l’originalité et atteint le mieux son objectif : rendre vivants les acteurs de cette immense déchirure. C’est, paradoxalement, en prenant comme point de départ de son propos le soldat inconnu qu’elle réussit le mieux à faire comprendre la violence, l’injustice, la souffrance d’une guerre mais aussi l’amertume qui lui succède et qui sera le terreau de tant de nouvelles souffrances.
Partant d’une question simple : qui était le soldat inconnu, elle dresse le portrait d’une nation en guerre, avec ses divisions, ses inégalités sociales, régionales, ses va-t-en guerre et ses pacifistes, ses soldats du rang brisés par la vie dans les tranchées, marqués dans leur chair par la violence de la première guerre moderne, ses milliers d’orphelins, ses femmes qui ont trouvé le chemin des usines…
À partir de questions très concrètes : quel âge avait le soldat inconnu, de quelle région de France venait-il, quel était son métier, quelle était sa famille… elle rend palpable la réalité d’un conflit qui, pour les enfants d’aujourd’hui, a quitté l’histoire familiale pour rejoindre l’histoire ancienne et désincarnée.
Avec ce remarquable documentaire, Sophie Lamoureux prouve qu’à l’heure du tout internet, il y a encore une place pour des livres qui racontent le monde.
Ariane Tapinos (mars 2014)
14/03/2014 | Lien permanent
LA BANDE À GRIMME
Roman d'Aurélien Loncke
Éd. L’École des loisirs, coll. Neuf
Septembre 2012
139 pages – 9,20 €
Fanette, Mako, Moka, Muffline Sucette, Sibotie, Griotte et Grimme, le chef :à eux huit, ils forment la « bande à Grimme » appelée Mille Poux par les gens de la ville. Une bande d’enfants des rues qui survivent de petites rapines. Un jour, peu avant Noël et alors que la bande crève la faim, Grimme rapporte de son chapardage un petit soldat de plomb que les enfants baptisent Joli sourire banane. Tous les jours, à la même heure, la bande va assister au spectacle – gratuit – du magicien Nicholas Gazame, dans le parc. Au cours d’un tour de passe-passe, le magicien remplace le soldat de plomb par une pièce de dix sous : de quoi s’offrir un festin pendant plusieurs jours !
Mais le lendemain, le magicien n’est pas à son emplacement habituel et les enfants découvrent dans un journal récupéré dans une poubelle, qu’une collection de douze soldats de plomb de grande valeur a été dérobée à un riche homme d’affaire…
Dans cette histoire à la Dickens, c’est surtout la qualité d’écriture d’Aurélien Loncke qui retient l’attention. Il fait le portrait subtil d’une bande d’enfants miséreux et nous offre un conte de Noël plein d’élégance.
Ariane Tapinos (novembre 2012)
29/11/2012 | Lien permanent
LE CHEVAL MAGIQUE
Album de Russell HOBAN
& Quentin BLAKE (illustrations)
Traduit de l’anglais Anne Krief
Éd. Gallimard Jeunesse
Septembre 2012 – 12,50 €
Les parents de Lucie sont inquiets : les factures s’accumulent et l’argent ne rentre pas. Lucie voudrait pouvoir les aider. Elle aimerait que la boîte à cigares où elle rassemble sa collection de bâtonnets d’esquimaux se transforme en coffre rempli de pièces d’or. Un soir, parce que les bâtonnets l’avaient rêvé (eh oui, les bâtonnets de crème glacée conversent et rêvent), elle fabrique un cheval avec ses petits bâtons. Et la nuit, c’est un vrai cheval, Batonero, qui la transporte sur son dos à la recherche du trésor qui sortira ses parents de leurs difficultés financières…
Il n’y a que dans les livres pour enfants que des bâtonnets de glace se transforment en cheval, qu’un cheval parcourt déserts, océans et forêts en une nuit, combat des pirates et revient en possession d’un trésor à déposer sur la table du petit déjeuner !
Mais il n’y a que peu de livres pour enfants qui abordent la question de l’argent et de la pauvreté et c’est le grand mérite de cet album. Même si la fin tient du conte à dormir debout !
Ariane Tapinos (novembre 2012)
02/01/2013 | Lien permanent
LA GRAINE DES COULEURS
Album tout carton de Claire ASTOLFI
& Laurent CORVAISIER (illustrations)
Éd. Actes Sud Junior
Août 2012 – 11,50 €
De la terre noire, une graine verte, un pot jaune, du soleil et de l’eau. Des jours qui passent… de toutes ces couleurs naît une fleur toute blanche.
C’est un petit livre tout carton mais il faut prendre le temps de le regarder. S’y croisent l’histoire toute simple d’une graine semée par une petite fille et qui, à force de soins et de patience, donnera une belle fleur, et le regard d’un artiste sur les couleurs. C’est un tout petit livre mais c’est un premier livre d’art.
Laurent Corvaisier fait de chaque page un tableau et offre ainsi à l’enfant le regard de l’artiste sur la nature, le temps qui passe. Par l’utilisation des couleurs mais aussi du fond blanc, comme la fleur du livre, et de la lumière qui s’en dégage, les peintures de Laurent Corvaisier évoquent celles de Matisse. C’est un petit livre pour les plus petits mais c’est un livre précieux.
Ariane Tapinos (septembre 2012)
18/09/2012 | Lien permanent
TICO ET LES AILES D’OR
Album de Leo LIONNI
Traduit par Agathe Peltereau-Villeneuve
Éd. L'École des loisirs
Septembre 2012 – 13,20 €
Nous avons remarqué la sortie de ce très bel album de Leo Lionni paru intialement en 1964, et édité ici pour la première fois en France. Il plaira à coup sûr aux enfants d’aujourd’hui car il véhicule des valeurs intemporelles d’amitié, d’altruisme, de générosité.
Les illustrations très expressives, sobres et riches de détails, gardent tout leur pouvoir d’enchantement.
Voilà une belle occasion de retrouver ou de faire découvrir un grand auteur de la littérature de jeunesse.
Josuan (novembre 2012)
Mot de l'éditeur : « Être différent, c’est parfois une souffrance. Tico le petit oiseau était né sans ailes. Il pouvait sautiller et chanter, mais pas voler comme ses amis. Il rêvait d’avoir une paire d’ailes dorées… Et voilà qu’un beau jour, l’oiseau génie exauce son voeu ! Mais être différent peut s’avérer une chance, à condition d’être généreux. Dans un premier temps, tous les anciens amis de Tico l’ont fui car ils le prenaient pour un crâneur. C’était mal le connaître : avec chacune de ses plumes, il va faire des heureux ! »
20/11/2012 | Lien permanent
EN AVANT LES FILLES ! Débats et portraits
Documentaire INDISPENSABLE de
Sandrine MIRZA (texte) & Isabelle Maroger (illustrations)
Éd. Nathan, juin 2012 – 16,90 €
Voilà un livre qui (nous) fait du bien ! Ce documentaire très clair aborde neuf thèmes très divers : éducation, travail, corps, apparence, vieillesse… et les interroge du point de vue des femmes, de leurs droits, leur place dans l’Histoire, dans l’art… Chacune des neuf parties comprend un ou plusieurs chapitres qui tous s’ouvrent sur une citation masculine et misosgyne en diable. Citation immédiatement contredite (voire, ridiculisée) par un texte à la fois très concis et parfaitement précis. Enfin, et c’est là toute l’originalité de ce documentaire, plusieurs portraits de femmes (complétés par une liste de noms) viennent parachever la démonstration.
Toutes remarquables, ces femmes qu’elles soient célèbres ou non, réelles ou héroïnes de fiction, offrent au lecteur un kaléidoscope de la place des femmes dans le monde d’hier et d’aujourd’hui.
Après une telle lecture, il ne sera plus possible de dire ce qu’on entend si souvent : si on ne convie pas de femmes, dans les documentaires comme dans les lieux de pouvoir, c’est qu’il n’y en a pas (sous-entendu « compétentes » dans le domaine de référence) ! Ici elles sont nombreuses, diverses et talentueuses. Et si Marie Curie est parmi elle, elle n’est pas l’alibi habituel, elle est à sa juste place, entre Ada Lovelace et Jane Goodal !
Ariane Tapinos (juin 2012)
29/06/2012 | Lien permanent
UNE SI BELLE ENTENTE
Album de Noëlla KIM
et Virginie ALADJIDI
Illustrations d'Aurélia FRONTY
Éd. Chan-Ok
Avril 2012 – 13,25 €
« Il était une fois, dans un village au Pays du Matin Calme, deux frères qui s’entendaient à merveille… » Ensemble, ils cultivaient le riz au fil des saisons. Puis, chacun se maria et continua la culture du riz pour nourrir sa famille. À la fin de la récolte, leurs réserves étaient remplies à l’identique. Pourtant, une nuit, l’ainé, ne parvenant pas à trouver le sommeil, alla déposer quelques gerbes de riz prélevées chez lui dans la réserve de son frère. Cette même nuit, le plus jeune, pensant à l’enfant qui venait de naître chez son frère, fit de même… Et cet échange nocturne et secret se poursuivit plusieurs nuits de suite. Jusqu‘à ce que, bien sûr, ils finissent par se croiser, en pleine nuit, allant chacun abonder le grenier de l’autre…
Ce beau conte coréen qui glorifie l’amour fraternel et le partage, donne à Aurélia Fronty matière à ses merveilleuses images, ses peintures aux splendides camaïeux de couleurs. Comme souvent dans ses illustrations, elle choisit la poésie et fait fi de l’échelle et de la perspective, donnant par là l’image la plus juste de cet amour fraternel qui survit aux années qui passent et à la vie qui avance.
Ariane Tapinos (juin 2012)
16/08/2012 | Lien permanent
LA SÉLECTION DU PRINCE CHARMANT
Roman d’Agnès de LESTRADE
Éd. Sarbacane, coll. Mini-romans Sarbacane, mai 2012
61 pp. – 6 €
C’est un vendredi 13 que tout a commencé. Ce vendredi matin où Margotte a dévalé l’escalier, la tête la première. Ce jour où Marguerite est tombée deux fois : dans l’escalier trop ciré, dans le coma aussi. C’est ce jour-là que sa petite sœur Gersande a décidé de chercher le prince charmant qui, comme dans les contes, pourra, d’un baiser, réveiller l’adolescente endormie dans son lit d’hôpital.
Chercher un prince charmant est une mission délicate et pleine d’imprévus. Elle nécessite de s’investir dans cette sélection d’un genre particulier et d’user d’artifices incongrus, comme des faux seins en cotons par exemple. C’est aussi une mission à haut risque parce qu’à force de chercher, Gersande pourrait bien le trouver, son prince charmant…
Dans ce court roman, on passe en quelques pages, de la tristesse à l’espoir, du sérieux à l’humour. Un peu comme dans la vie finalement, qu'Agnès de Lestrade sait si bien coucher sur le papier. Ici, une soixantaine de pages lui suffisent pour dresser le portrait de la relation entre deux sœurs, pour évoquer la vie d’une famille bouleversée par un accident stupide. Pour donner au lecteur envie de sourire à la fin, parce que si tout ne se termine pas comme dans un conte de fées, la vie réserve autant de surprises heureuses que de coups du sort.
Ariane Tapinos (mai 2012)
04/06/2012 | Lien permanent
AU COCHON D’ÉMILE
Album de Stéphane HENRICH
Éd. Kaléidoscope, mars 2012
13,50 €
Émile est boucher charcutier. «Il aime son métier» et a une clientèle fidèle qui se presse dans sa boutique pour acheter «viande fondante» et spécialités charcutières. Un jour qu’Émile revient du marché, un cochon de lait, caché entre les carcasses de viande, s’échappe de sa camionnette et lui saute dans les bras. Mais un boucher digne de sa profession ne sympathise pas avec un cochon, il en fait des filets et autres saucissons. Alors, Émile essaie de tuer le cochon. Seulement, préparer la viande et tuer la bête sont deux choses bien différentes et Émile, n’arrivant pas à abattre l’animal, décide de l’abandonner loin du village. C’est sans compter sur le flair et la fidélité du porcelet qui retrouve, tout seul, le chemin de la boucherie et oblige Émile à l’adopter.
Voilà donc le joli petit cochon rose qui trône à côté de la caisse jusqu'à ce qu'un jour, la pauvre bête découvre ses congénères dans la pièce froide, telles les victimes de Barbe Bleue. L'animal s’enfuit à toutes pattes. Émile est très malheureux et les habitants du village se rassemblent pour organiser une battue. Retrouvé (dans un endroit incongru), le petit cochon reprend sa place auprès d’Émile qui abandonne la boucherie et ouvre un restaurant. L’histoire ne dit pas si on y sert de la cochonnaille mais le lecteur (végétarien ou non) qui aura apprécié cet album très rose et un brin rétro, se réjouira de cette issue heureuse!
Ariane Tapinos (mars 2012)
15/04/2012 | Lien permanent