Rechercher : La grande épopée des petits pois
DANS LA NEIGE AVEC GRAND-PÈRE
Album de Stefan BOONEN (texte) & Marja MEIJER (illustrations)
Traduit du néerlandais par …? (nous regrettons que l'éditeur ne nous donne pas cette information)
Éd. Clavis
Nov. 2011 – 12,95 €
Derrière la fenêtre, un couple de personnes âgées et leur sept petits enfants regardent la neige tomber à gros flocons. C’est trop tentant ! Emmitouflés dans leurs manteaux d’hiver, équipés de bonnets de laine, de gants et d’écharpes, ils entraînent leur grand-père dehors, bien décidés à profiter de cette belle et froide journée. Batailles de boules de neige, fabrication d’un gros bonhomme de neige, luge… et surtout : glissade dans la poudreuse. Grand-père, un peu étourdi et regardant avec amour ses poussins, se rend compte trop tard que la luge a basculé et le voilà qui dévale la pente à toute allure et fini étalé dans la neige pour ne pas avoir pu éviter une grosse branche… Plus de peur que de mal et c’est un grand-père frigorifié, épuisé mais ravi qui s’endort sur le canapé, en rentrant, pendant que les enfants se réchauffent avec un bon chocolat.
Un album à déguster au chaud, les pieds dans des charentaises, en regardant la neige tomber…
Ariane Tapinos (janvier 2012)
20/01/2012 | Lien permanent
PETIT ARBRE NE VEUT PAS GRANDIR
album
de Loren LONG
Traduit de l’anglais par Alice Seelow
Éd. Circonflexe, coll. Albums, août 2016 - 13€
« Il était une fois un petit arbre… ». Ce petit arbre vit dans la forêt, entouré de ses congénères. Comme eux, à l’arrivée de l’automne, ses feuilles passent du vert tendre au rouge flamboyant mais à la différence des autres arbres de la forêt, petit arbre ne veut pas laisser ses feuilles tomber quand l’hiver pointe. Au contraire, il les serre bien fort contre lui. Et quand le printemps revient, il est le seul à arborer des feuilles rousses. Une autre année passe et petit arbre est désormais le seul à être aussi petit parmi ses compagnons de la forêt. Un jour, il se rappelle où tous faisaient la même taille que lui et enfin, il laisse ses feuilles tomber.
Délicate métaphore arboricole des difficultés que certains enfants ont parfois à grandir. Petit arbre a bien du mal à se séparer de ses feuilles et a besoin de voir les autres autour lui devenir grands pour se lancer à son tour dans l’aventure. Bientôt, plus rien ne distinguera Petit arbre des autres parce que bien qu’ayant adopté un rythme différent, il est lui aussi devenu un grand et bel arbre.
Une histoire à offrir à tous les parents qui s’inquiètent quand leur petit prend un peu son temps pour devenir grand. Qu’ils se rassurent, les arbres qui ont besoin de temps pour pousser deviennent aussi beaux et grands que les autres !
Ariane Tapinos (octobre 2016)
17/10/2016 | Lien permanent
QUE FONT LES PETITES FILLES AUJOURD'HUI ?
album
de Nikolaus HEIDELBACH
Traduit de l’allemand par Marc Porée
Éd. Les grandes personnes, septembre 2014
Beau et impertinent, cet abécédaire nous plonge, plus de vingt ans après Au Théâtre des Filles (éditions du Sourire qui mord, octobre 1993 - Grand Prix de Bologne en 1996) dans l’univers décapant des petites filles de Nikolaus Heidelbach.
Cet album audacieux tord le coup aux stéréotypes, à travers 26 portraits de fillettes
intrépides et malicieuses, sans pour autant se résumer à une dénonciation – à la mode – des stéréotypes. Chaque image, en résonance avec la phrase qui l’accompagne, ouvre à de nombreuses lectures différentes qui – à la manière du surréalisme - évoquent tout autant une palette de manière de grandir en tant fille que le corps, la sexualité, le désir…
Il est bien entendu à mettre en relation avec son pendant masculin, paru en même temps : Que font les petits garçons aujourd’hui ? (éditions Les grandes personnes 2014), qui lui aussi fait écho à un ouvrage plus ancien : Que font les petits garçons ? (Seuil Jeunesse, 2000).
Sans doute plus provocateurs que leur version de 1993 et 2000, il faudrait cependant être bien naïf pour penser que ce que font les petites filles et les petits garçons « aujourd’hui » est différent de ce qu’ils faisaient il y a vingt ou quinze ans. Grandir c’est se poser des questions, se découvrir autant que découvrir le monde. Se confronter à ses désirs et ses pulsions. Et si les images de Nikolaus Heidelbach sont parfois dérangeantes, ce sont les interrogations mêmes qu’elles soulèvent qui doivent nous intéresser.
Ariane Tapinos (mars 2015)
28/02/2015 | Lien permanent
À LA PLAGE AVEC GRAND-PÈRE
Album de Stefan BOONEN (texte) & Marja MEIJER (illustrations)
Traduit du néerlandais
Éd. Clavis, juin 2012 – 12,99 €
Grand-père part à la plage avec ses sept petits enfants. Après un peu de barbotage et quelques pâtés de sable (avec grand-père sous le sable), c’est l’heure du goûter. Grand-père part chercher sept glaces et recommande aux enfants de ne pas s’éloigner en son absence. Mais le retour, sous le soleil, avec sept cornets de glace dégoulinants, n’est pas aisé et grand-père, parti dans le mauvais sens, a bien du mal à retrouver ses petits. Heureusement, les enfants suivent les traces de glaces dans le sable…
Au terme de cette journée à la plage, l'homme est tout a fait cuit et s’endort sur un fauteuil, à peine rentré à la maison, où grand-mère régale tout son petit monde de délicieuses crêpes.
À la tête de sa grande tribu, ce grand-père est décidément bien sympathique ! Il s’occupe de ses petits enfants en toutes saisons. Cette fois-ci, il brave le soleil, les parasols, le sable et se plie avec bienveillance aux lubies des enfants, pour leur plus grand plaisir et le nôtre.
Ariane Tapinos (Juin 2012)
À lire, des mêmes auteurs, Dans la neige avec grand-père (pour voir notre critique cliquer ici)
06/07/2012 | Lien permanent
LA PETITE CASSEROLE D'ANATOLE
album
d'Isabelle CARRIER
Éd. Bilboquet, mars 2009
13,50 €
« Anatole traîne toujours derrière lui sa petite casserole. Elle lui est tombée dessus un jour… On ne sait pas très bien pourquoi. […] À cause de cette petite casserole, Anatole n’est plus tout à fait comme les autres. » Anatole est un enfant différent, très sensible et plein de talents et de qualités. Seulement, à trainer sa petite casserole partout, il s’attire des regards pas toujours bienveillants et souvent sa petite casserole lui complique la vie : « peu de gens réalisent qu’Anatole doit faire deux fois plus d’efforts que les autres pour y arriver ». Anatole décide un jour de se cacher, de se faire oublier mais, heureusement, « il existe des personnes extraordinaires. Il suffit d’en croiser une… » et Anatole va apprendre à faire avec ce qu’il est. Il va découvrir qu’il est doué pour beaucoup de choses et qu’il existe des moyens de trimballer sa petite casserole sans qu’elle prenne trop de place, sans surtout, qu’elle l’empêche d’être avec les autres et d’avancer dans la vie.
Cet album a connu dès sa parution un très grand succès et il n’y a rien d’étonnant à cela ! Isabelle Carrier parle – texte tendre et images épurées – avec une grande finesse de la différence, qu’elle soit handicap, maladie ou simple écart par rapport « à la norme ». Tant d’enfants et d’adultes traînent leur petite casserole et si peu d’albums en parlent avec une telle délicatesse et sans aucune mièvrerie. Anatole est touchant et même bouleversant parfois quand Isabelle Carrier nous rappelle cette évidence que pour lui, comme pour de nombreux enfants « handicapés », des choses simples nécessitent de gros efforts, ou qu’elle dit qu’il existe ces « personnes extraordinaires » qui savent écouter ces enfants et les aider.
Ariane Tapinos (mars 2014)
18/03/2014 | Lien permanent
LE MANTEAU DE MON GRAND-PÈRE
album
de Jim AYLESWORTH & Barbara McCLINTOCK (illustrations)
Traduit de l’américain par Catherine Bonhomme
Éd. Circonflexe, coll. Albums, août 2016 - 13,50€
Inspiré d’une chanson du folklore yiddish « J’avais un petit manteau », ce bel album, pourtant paru en 2014 aux Etats-Unis, se présente sous une forme un peu désuète mais pleine de charme qui n’est pas sans faire penser aux albums d’Uri Shulevitz. Il retrace l’histoire d’un homme ou plutôt du bout de tissus qui lui appartient et à partir duquel il confectionnera le manteau de son mariage, puis une veste, un gilet, une cravate et jusqu’au jouet de tissus de son petit fils qui finira en nid pour une famille de souris. Ce faisant, le temps aura passé, les générations se seront succédées et cet homme, arrivé en Amérique tout jeune et « avec trois fois rien dans ses bagages » d’immigrant sera devenu américain.
C’est là que réside l’originalité de cette nouvelle interprétation de cette chanson : alors que les versions précédentes (Le Schmat doudou, de Joëlle Jolivet, éditions Syros, 2009 et Joseph avait un petit manteau de Simms Taback, éditions Le Genévrier, 2011) insistaient sur le fait de grandir et les séparations qui en découlent, l’album de Jim Ayleswoth et Barbara McClintock met en avant le destin d’un immigré qui construit sa vie dans un nouveau pays à force de labeur. Un pays qui deviendra le sien et celui de sa famille. Dans chacune des versions cependant, il est question de transmission, puisque à la fin, du morceau de tissu, il ne reste rien « sauf cette histoire » !
Et ici… la recette des « Cookies de mon grand-père ».
Ariane Tapinos (octobre 2016)
17/11/2016 | Lien permanent
Grand-père menteur | roman jeune lecteur d'Alki ZÈI
Traduit du grec par Anne-Fleur Clément | Éd. Syros | janvier 2009 | 150 pp. - 11 €
Marios est le grand-père adoré d’Antonis, un petit Athénien. Du haut de ses dix ans, Antonis est sous le charme du vieil homme et de ses mille histoires, puisées dans une longue vie d’aventures, d’engagements et de luttes, en un mot une vie incroyable, émaillée d’événements parfois si bizarres, rocambolesques ou romanesques qu’Antonis a pris l’habitude d’appeler son théâtral aïeul «grand-père menteur». Il faut dire que Marios fut et reste un comédien, un amoureux du théâtre et de la poésie, lesquels donnent de la profondeur à ses récits et imprègnent chacun de ses gestes (son goût pour les foulards à pois, pour le café filtre ou les citations de Shakespeare). Alors, Antonis n’a qu’un tout petit pas à franchir pour voir en son grand-père un affabulateur hors pair. Et il en veut pour preuve que sa grand-mère, morte depuis longtemps, n’est jamais présente dans ses récits. Pourtant, s’il y a bien là quelque mystère (qui sera éclairci avant la fin du roman) la vie de Marios est vraiment telle qu’il la raconte. Elle est aussi très proche de celle d’Alki Zèi.
Homme de théâtre, comme le mari de l’auteure, Marios a, comme elle, lutté contre les occupants durant la Seconde Guerre mondiale. Comme elle, il a fui la Grèce lorsque les colonels ont pris le pouvoir en 1967 et il est resté en exil à Paris durant ces années de dictature dans son pays. Comme elle surtout, il défend ses idées dans sa vie et dans ses mots. Il porte sur ses compatriotes un regard à la fois admiratif, quand ils résistent à l’oppresseur et luttent pour leur liberté, et critique, quand ils expriment racisme et xénophobie.
Mais ce Grand-père menteur, dernier livre d'Alki Zèi (avant le prochain, parce que c’est pas à 80 ans passés qu’elle va s’arrêter d’écrire !), n’est pas un écrit autobiographique. C’est un roman qui, comme ses autres livres, puise dans la vie mouvementée et engagée de son auteure, mais la dépasse. Alki Zèi n’écrit pas pour raconter sa vie, qui pourtant est un vrai roman, elle écrit pour ses lecteurs, ses jeunes lecteurs, tout comme Marios raconte pour Antonis. Elle écrit avec malice et tendresse ; avec affection pour ses personnages auxquels elle donne une vie presque palpable, et un immense respect pour ses lecteurs. Elle écrit pour transmettre. Et qu’est-ce d’autre qu’écrire pour la jeunesse ? Dans une langue simple et raffinée à la fois, qui laisse entendre la voix de ses personnages, leur âge et leur histoire hors champs, sans lyrisme ni fioritures stylistiques, elle insuffle de l’émotion et fait de cette relation entre un grand-père et son petit-fils, un idéal universel. Ce qu’elle transmet ne descend pas d’en haut, d’une prétendue sagesse acquise avec l’âge mais, comme dans les confidences de Marios à Antonis, se mêle à ce que vit son lecteur d’aujourd’hui, avec le respect dû à sa jeune, mais réelle expérience du monde.
La devise de la Grèce moderne, héritée d’années de lutte contre l’occupant Turc, est «La liberté ou la mort» (Elefthería í thánatos / Ελευθερία ή θάνατος). Marios ne cédera sa liberté de penser et d’agir, que devant la mort. Et toutes les histoires qu’il aura racontées à Antonis n'auront servi qu'à lui apprendre la valeur d'une vie de liberté… et d'amour des mots.
Ariane Tapinos & Corinne Chiaradia (mars 2009)
27/03/2009 | Lien permanent
Petit Mops | album d'ELZBIETA
Éd. du Rouergue | mai 2009 | 19,50€
À mi-chemin entre l'ours et la taupe, Petit Mops est un personnage attachant que le lecteur pourra suivre au travers des aventures rassemblées dans ce volume. Quatre histoire toutes simples, en noir et blanc et sans paroles, qui évoquent avec poésie et humour la nature, le passage du temps et des saisons qui déconcertent parfois notre petit Mops! Baluchon à l'épaule, on le retrouve successivement sur une plage, près d'un arbre ou d'une rivière, car Petit Mops est un grand voyageur qui va de rencontre en rencontre, vers la ligne d'horizon toujours représentée dans le dessin très épuré d'Elzbieta, dont ce furent, en 1972, les premières histoires publiées et jusqu'à présent inédites en France.
Nathalie Ventax (juin 2009)
16/06/2009 | Lien permanent
Le Petit Chaperon rouge | album de Christian ROUX
D’après l’œuvre de Charles PERRAULT
Illustrations Christian ROUX
Éd. Seuil jeunesse, sept. 2007 - 15 €
Nul besoin de raconter ce conte mondialement connu et mille fois interprété par différents auteurs et illustrateurs, mais la version qu’en donne Christian Roux est magnifique. À la fois pleine d’humour (ce petit chaperon rouge avec son nez pointu pareil à son bonnet est à croquer!) et terrifiante. Le loup, à peine esquissé, a d’effrayants yeux rouges sang nichés au cœur de son pelage noir. Et quand il se précipite sur la grand-mère, il remplit toute la double page de sa silhouette sauvage.
Savoureux et accessible aux plus petits, le texte est mis en valeur par une typographie toute ronde et claire et des accroches rouge vif. Quand une histoire est aussi formidable, elles reste une inépuisable source d’inspiration pour les artistes de talents!
(première publication de l'article: 11 octobre 2007)
27/01/2011 | Lien permanent
La Grande Question | album de Wolf ERLBRUCH
Éditions Être, Grande collection, 2003 – 14,50€
[aussi disponible en coll. Petit format, 2008 – 9,90€]
S'il y a bien une question qui mérite ce titre de «grande question», c'est celle-ci: pourquoi sommes-nous sur terre? Seuls les enfants et les philosophes osent encore cette question, mais chacun voit midi à sa porte et propose sa réponse au fil des pages de ce très joli livre. Pour le pilote d'avion, on est sur terre pour aller dans le ciel et «embrasser les nuages», tandis que pour le soldat, on est là pour obéir. L'aveugle est là pour faire confiance, le jardinier pour apprendre la patience. La mort enjoint l'enfant à aimer la vie. Le chien croit qu' «on est sur terre pour aboyer», même si «parfois, on hurle à la lune».
Bref, qu'on réponde par le pratique ou le poétique, chaque réponse est une incitation à tourner la page de cet album où se croisent espoir et mélancolie, humour et tendresse.
Ariane Tapinos
Première publication de l'article: décembre 2003.
13/02/2010 | Lien permanent