Rechercher : Mama Miti, la mère des arbres
LE GRAND VOYAGE
album
de Camille ANDROS & Julie MORSTAD (illustrations)
Traduit de l’américain par Marie Ollier
Éd. Gallimard Jeunesse, mars 2019 – 13,50€
Branches d’olivier, citronniers, maisons blanchies à la chaux, coupoles bleues azur… C’est bien en Grèce que s’ouvre ce joli album qui retrace, à travers les pérégrinations d’une robe cousue par une mère pour son enfant, l’histoire d’une migration. Celles des grecs qui, dans la première moitié du XXe siècle, quittèrent massivement leur pays pour rejoindre l’Amérique de toutes les espérances.
A leur arrivée à Ellis Island, la malle dans laquelle la robe était rangée est égarée. Au fil des années, alors que l’enfant grandit et devient une jeune femme américaine, la malle parcours le monde. Un jour enfin, elle se pose dans la vitrine d’un brocanteur. Et c’est là que sa propriétaire la retrouve. Elle semble alors contenir tous les souvenirs d’enfance de cette femme qui a connu l’exil. L’album se referme sur la jeune femme qui aide sa fille à enfiler sa robe d’enfance.
On l’aura compris, il est question ici de ce qui se transmet par-delà l’exil. De ce qui perdure du pays que l’on quitte et qui forge cette identité multiple de ceux qui ont, par choix ou par obligation, quitté leur pays, leur culture, pour atteindre d’autres rivages.
L’album de Camille Andros et Julie Morstad ne dit rien de ce qui pousse la famille de cette enfant à quitter son pays, son île, dont les images sont celles des cartes postales des Cyclades. Rien ici sur la pauvreté et la désagrégation de l’empire Ottoman, qui ont poussé plus d’un demi-million de grecs à émigrer aux États-Unis entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. Cette histoire, qui est celle racontée par Ellia Kazan dans son magnifique film America, America, est aujourd’hui éclipsée par celle tragique des migrants qui fuyant, depuis des contrées plus au sud, ravagées par les guerres et la misère, trouvent un refuge précaire sur les côtes de l’Europe.
Malgré tout, cet album nous rappelle que l’histoire offre toujours un regard intéressant sur le présent.
Ariane Tapinos (mars 2019)
A voir et revoir America, America, Ellia Kazan, 1963. Mais aussi, le documentaire The Journey : The Greek American Dream, de Maria Iliou.
31/03/2019 | Lien permanent
LA VÉRITÉ SUR LES GRANDS-PARENTS
album
Elina ELLIS
Traduit de l’anglais par Camille Guénot
Éd. Kaléidoscope, février 2019 – 13,50€
Ces grands-parents là sont « vraiment très vieux. Ils ont des rides, pas beaucoup de cheveux et de drôles de dents. » Pour autant… ils déjouent tous les stéréoptypes. Ils font du grand-huit, du skate, de la danse… Ils jouent sur des consoles, utilisent des ordinateurs, aiment la musique (et la pratique), les voyages (interstellaires)… Surtout, ils rient beaucoup et s’aiment énormément.
Alors oui, ils « sont vraiment très vieux », pas tellement comme les grands-parents d’aujourd’hui qui à soixante-dix ans ressemblent aux personnes de cinquante ans d’il y trente ans mais pas non plus comme les grands-parents d’hier*. Alors que Gallimard jeunesse réédite, quarante ans après sa parution, le premier album de Pef : Moi, ma grand-mère… (Gallimard Jeunesse, 2018, première édition, La Farandole 1978) on mesure le chemin parcouru. Dans cet album, on trouve d’un côté, des grands-mères extraordinaires : écrivaine, exploratrice, capitaine de bateaux… de l’autre, celle du petit narrateur qui « sait faire de bonnes tartines de beurre avec des petits morceaux de chocolat dessus » et ça, c’est quand même le mieux.
Aujourd’hui, pour montrer des grands-parents, il faut encore en faire des vieillards (un peu comme les bibliothécaires à lunettes et chignon) mais ce qui est vraiment mis en avant c’est leur manière d’être présents au monde, de ne renoncer à aucun des plaisirs de la vie. Et si la 4e de couverture les monte un peu fatigués, c’est un juste contraste avec la couverture sur laquelle ils apparaissent sautant sur un trampoline avec leur petit-fils. On le serait à moins…
Ariane Tapinos (avril 2019)
*C’est peut-être aussi un effet de la traduction. En effet, le titre anglais est : The Truth about Old People. Littéralement : la vérité sur les personnes âgées…
29/04/2019 | Lien permanent
LA CITÉ DE L'OUBLI
roman
de Sharon CAMERON
Traduit de l’américain par Alexandra Maillard
Éd. Nathan, octobre 2017, 460 pages - 17,95€
« Je suis fait de mes souvenirs »
Que se passerait-il si, à intervalles réguliers, nous oublions tout, sur nous mêmes, nos proches, le monde qui nous entoure… ?
C’est ainsi que vivent les habitants de la petite citée de Canaan. Tous les douze ans, ils subissent l’Oubli. A l’issue d’un déferlement sauvage de tous les instincts les plus bas, ils oublient tout ce qui a précédé ce moment. Leur seul lien avec leur passé, leur identité, est maintenu grâce au livre que chacun écrit depuis son plus jeune âge et conserve toujours sur lui. Ceux qui ont le malheur de l’avoir égaré au moment de l’Oubli perdent tous leurs repères et sont condamnés à être des Perdus, des êtres sans passé, sans famille, qui vivent dans un enclos de la cité et lui fournisse une main d’oeuvre gratuite.
Pourtant, Nadia Fille de la Teinturière, elle, se souvient. Elle sait que son père n’est pas mort. Pire, elle a encore en mémoire ce moment atroce où son père lui arrache son livre des mains et lui en impose un autre, différent, qui raconte une autre histoire que la sienne. Depuis, elle le croise souvent, avec sa nouvelle femme et leurs deux enfants. Depuis, la raison de sa mère est toujours vacillante. Bientôt douze ans se seront écoulés depuis le dernier Oubli. Nadia sait qu’il lui reste peu de temps si elle veut à la fois protéger sa famille d’une nouvelle implosion et découvrir ce qui se cache au-delà des murs de Canaan. Aidée de Gray Fils du Souffleur de verre, elle va percer les secrets de Canaan.
Avec son intrigue très bien menée ce roman est sans doute le prochain succès dans son genre. La cité de l’oubli rappelle d’autres romans où une adolescente différente est promise à un destin d’exception. On pense par exemple à L’élue de Loïs Lowry pour son personnage principal et aussi pour son monde archaïque.
Si ses qualités d’écriture ne sont pas flagrantes, ce roman, dont on imagine sans mal l’adaptation cinématographique, est tout de même très réussi et très prenant. L’idée de départ, celle d’un monde dans lequel les humains perdent toutes connexions avec leur passé, est fascinante. Et la pensée qu’une personne, une seule personne se rappelle au milieu de cet océan d’oubli est vertigineuse.
Ariane Tapinos (novembre 2017)
28/11/2017 | Lien permanent
LE CHÂTEAU DES PAPAYES
roman
Sara PENNYPACKER, traduit de l'anglais (États-unis) par Faustina FIORE
Éd. Gallimard jeunesse, mars 2021 , 348 pages – 16,00 €
Pour Ware, onze ans, l'été ne s'annonce pas joyeux. Suite à la chute de sa grand-mère et à son hospitalisation, le voilà obligé de quitter la résidence pour seniors où il passait un été idéal entre la piscine et la construction d'une maquette géante de château-fort.
Condamné à « nouer des relations sociales enrichissantes avec d'autres enfants »dans un centre de loisirs déprimant, pour que ses parents puissent travailler plus (et gagner plus afin de devenir propriétaires de leur maison) il désespère de trouver un peu de solitude pour pouvoir s'adonner tranquillement à son passe-temps préféré : la rêverie.
C'est grâce à un trou dans la clôture que Ware va trouver son échappatoire : le terrain de l'église qui jouxte le centre de loisirs a été abandonné et est sur le point d'être vendu... Formidable opportunité de jeu pour un enfant à l'imagination débordante ! Ware entreprend donc de transformer les ruines de la vieille église en un véritable château-fort. Il sera aidée par la débrouillarde et mystérieuse Jolène, qui semble elle bien décidée à installer une plantation de papayes sur le terrain – et surtout à faire fortune… Finalement, cet été pourrait bien être inoubliable !
Ware, jeune garçon rêveur qui pose sur le monde un vrai regard d'artiste, verra ses rêves passer l'épreuve du monde réel. Jolène, quant à elle, devra apprendre à faire confiance pour atteindre ses objectifs, et réussir à faire pousser ses papayes. Entre jardinage, aménagement des douves et confidences, c'est une véritable amitié qui va réunir ces deux enfants solitaires.
Avec cette galerie de personnages sensibles et attachants, l'auteure de Pax et le petit soldat signe un roman touchant, inspirant et plein d'optimisme ; un véritable hymne à la créativité et à la nature qui donne envie de créer des châteaux et de faire pousser des forets de papayes !
Nathalie Ventax
24/04/2021 | Lien permanent
LES MAUX BLEUS
roman
de Christine FÉRET-FLEURY
Éd. Gulf Stream, coll. Échos, mai 2018, 191 pages - 15€
Armelle aime les filles. Elle en la certitude depuis que son regard a croisé celui d’une jeune femme sur une aire d’autoroute. Depuis elle confie ses désirs et ses maux à son petit carnet bleu acheté le jour même pour déverser ce trop plein d’émotions. Elle sait que ce ne sera pas facile et ses condisciples au lycée prennent soin de le lui rappeler méchamment mais elle a pris le temps d’y réfléchir et elle a décidé d’en parler à ses parents.
Elle est prête mais rien ne se passe comme elle l’avait prévu. Alors qu’elle s’apprête à leur révéler son homosexualité, ses parents lui annoncent fièrement qu’elle va participer à sa première manifestation. Et dès le lendemain, ils la trainent à une démonstration de force de la « Manif pour tous ». N’en pouvant plus, elle rentre chez elle. A leur retour le clash est inévitable et très brutal. Ses parents la mettent à la porte sans autre forme de procès -et encore moins de discussion - lorsqu’ils comprennent qu’elle est lesbienne.
Sans révéler toutes les péripéties de ce récit, on peut quand même dire que si Armelle ne dormira dehors que quelques jours ce ne sera pas grâce à ses parents mais qu’elle trouvera d’autres adultes pour l’écouter et la guider.
Ce roman est d’une grande violence : comment des parents peuvent-ils mettre à la rue leur fille de 16 ans ? Au nom de quels principes absurdes, de quelle intolérance criminelle, des parents peuvent-ils s’exempter de leur obligation de protection de leur enfant ?
Cette violence fait pourtant écho à celle des slogans de la « Manif pour tous », qui a ouvert les vannes de la haine. Et c’est là où le roman de Christine Féret-Fleury est le plus réussi : dans ce portrait, à charge, d’une famille presque banale dans laquelle une mère préfère préserver la conformité à ce qu’elle estime être la norme sociale au risque de perdre sa fille, tandis qu’un père, tête basse, renonce à son enfant plutôt que de bousculer les certitudes de son épouse.
Et pourtant, Les maux bleus n’est pas un livre triste, c’est un beau roman de combat !
Ariane Tapinos (juin 2018)
A lire également sur le même sujet : Mauvais fils, de Raphaëlle Frier, aux éditions Talents Hauts, dans l'excellente collection Ego.
25/06/2018 | Lien permanent
68 ANNÉE ZÉRO
roman
de Paule DU BOUCHET
Éd Gallimard, coll. Scripto, avril 2018, 208 pages – 9,90€
En mai 68, Paule du Bouchet avait 17 ans, un an de plus que l’héroïne de son roman, Maud, inspirée par ce qu’elle-même a vécu durant cette année si particulière.
Maud se sent différente des autres filles de sa classe, au collège Sévigné à Paris. Un collège privé où elle est la seule à avoir des parents divorcés, la seule à ne pas avoir la télé à la maison, la seule à avoir une grand-mère américaine qui manifeste contre la guerre au Vietnam… Non qu’elle ait honte de cette « Granny », bien au contraire. Mais ce que Maud aimerait par-dessus tout c’est être dans la norme, « faire partie ». Et ce sont les évènements de mai 68 qui vont le lui permettre.
« Le jour où ça a commencé, je ne savais pas. Je veux dire, je ne savais pas que c’était le premier jour de ma nouvelle vie. J’avais 16 ans. Nous étions le 1er janvier 68. »
Le 1er janvier 68, Maud fête la nouvelle année avec sa bande d’amis et surtout Jibé, son premier copain. Elle ignore encore que cette année va tout changer pour elle…
Quand des étudiants commencent à mettre « un foin d’enfer » (comme dit sa Granny) à l’université de Nanterre en mars 68, elle ne prend cette nouvelle que comme un fait divers de plus. Mais bientôt, les évènements s’enchaînent et c’est en bas de chez elle que se montent les barricades, que les CRS affrontent les étudiants et… qu’elle tombe amoureuse.
Un roman lumineux et juste où se mêlent l’Histoire et la vie quotidienne, 68 année zéro est de ces livres qui nous font vibrer et revivre ce qu’il s’est passé comme si on y était.
Agnès Renié (avril 2018)
24/04/2018 | Lien permanent
LETTRE D'INFORMATION # 43
On fête les 20 ans des éditions MeMo et les 10 ans de l'association Lettres du Monde !
Du mercredi 16 octobre au samedi 2 novembre - MeMo s'expose pour ses 20 ans.
Exposition d'une sélection d'images extraites du catalogue des éditions MeMo.
Lettres du Monde et Comptines vous convient à un tour du monde en lectures, pour découvrir des écrivains et des textes venus d'ailleurs, des livres qui font partie du patrimoine vivant d'un pays et qui font tous partis du catalogue des éditions MeMo.
A la fin de chaque lecture et de chaque atelier, un goûter à partager, chacun peut apporter quelque chose pour le plaisir de tous.
Mardi 22 octobre
Lecture à 16h
Histoires de chiens et de chat, de Josef Čapek (République tchèque)
Par les libraires de Comptines.
Mercredi 23 octobre
Atelier à 16h
Raymond, d’après les livres de Anne Crausaz.
A partir de 4 ans.
Sur inscription à la librairie (places limitées).
Jeudi 24 octobre
Lecture à 16h
Tchon Tchon Bleu, de Pinin Carpi (Italie) par la comédienne et metteuse en scène, Betty Heurtebise, compagnie La Petite Fabrique.
Mardi 29 octobre
Lecture à 16h
Misako, de Lisa Bresner & Dix petits contes à lire en compagnie, de Iwaya Sazanami (Japon)
Par les libraires de Comptines.
Mercredi 30 octobre
Atelier à 16h
Le Jouet, proposé par Marlaine Bournel, plasticienne.
A partir de 6 ans. Sur inscription à la librairie. (Places limitées).
Jeudi 31 octobre
Lecture à 16h
Le Petit Brown, d’Isobel Harris & Heureusement de Remi Charlip (Etats-Unis)
Par les libraires de Comptines.
Vacances de la Toussaint
la librairie sera ouverte les lundis 21 et 28 octobre
de 14h à 19h.
Elle sera fermée le vendredi 1er novembre.
… EN NOVEMBRE …
Mercredi 6 novembre - 16h30 à 18h
Nouveau rendez-vous du CLUB JEUNES LECTEURS DE COMPTINES
Pour les enfants de 8 ans à 12 ans -
Sur inscription à la librairie
N'hésitez pas à nous contacter pour connaître les modalités de notre club jeunes lecteurs !
Jeudi 7 Les bébés lecteurs avec Les marMots à la page de Julie Balland
Séances d’une demi-heure : 10h30-11h & 11h15 – 11h45 - Sur inscription à la librairie
Pour les enfants de 0 à 3 ans - 4€ par enfant.
Présence obligatoire d'un adulte.
Vendredi 8 au samedi 30 novembre
Exposition autour de Mon arbre à secrets, magnifique album animé d'Olivier Ka (textes) & Martine Perrin (images et animations), à paraitre aux éditions Les Grandes personnes (octobre 2013).
Samedi 16 novembre - 15h30
Atelier & rencontre avec Martine Perrin
Pour les enfants à partir de 7 ans.
Sur inscription à la librairie.
Suivi d'un goûter.
Samedi 23 novembre – 16h
Régis Lejonc dédicace son album La mer et lui qui parait aux éditions Notari (texte Henri Meunier).
Il y a dix ans, nous recevions Régis Lejonc et Henri Meunier pour la parution de La mer et lui aux éditions du Rouergue. C'était l'une des toutes premières rencontres que nous organisions à Comptines après le changement d'équipe.
Quelle meilleure manière de fêter ces 10 années de lectures, de rencontres, d'échanges, de passion… que de retrouver Régis Lejonc à l'occasion de la nouvelle - et splendide - édition de La mer et lui !
Ouvertures exceptionnelles
la librairie sera ouverte tous les lundis
de novembre de 14h à 19h.
A l'exception du lundi 11 novembre.
… EN DÉCEMBRE …
4 décembre au 4 janvier
Exposition d'images extraites de
Drôle d’encyclopédie, album d'Adrienne Barman, éditions La joie de Lire, septembre 2013.
Jeudi 5 décembre Les bébés lecteurs avec Les marMots à la page de Julie Balland
Séances d’une demi-heure : 10h30-11h & 11h15 – 11h45 - Sur inscription à la librairie
Pour les enfants de 0 à 3 ans - 4€ par enfant.
Présence obligatoire d'un adulte.
Samedi 7 décembre 10h30 petit déjeuner coups de cœur des libraires pour cette fin d’année. Venez retrouver les librairies de Comptines pour une présentation de nouveautés – albums, romans, documentaires, beaux livres – à offrir aux petits et aux grands.
Jeudi 26 décembre 16h
Lectures contées par Mylène BDJ
Mylène BDJ lira son court roman Le semeur d'espoir (éditions Arphilvolis, 2007).
Pour les enfants à partir de 6 ans.
Ouvertures exceptionnelles
la librairie sera ouverte les lundis
2, 9, 16 et 23 décembre de 10h30 à 19h.
Et les dimanches 15 et 22 décembre
de 11h à 13h et de 14h à 18.
Nous travaillons (les travaux on sait quand ça commence mais jamais quand ça finit !) à l'amélioration de notre blog : toutes nos excuses pour les désagréments éventuels.
Retrouvez nos critiques & bibliographies en ligne à l'adresse habituelle: http://librairiecomptines.hautetfort.com/
infos professionnelles
Régulièrement Comptines organise des présentations de l’actualité éditoriale à destination des bibliothécaires. Ces «offices» sont réservés aux bibliothécaires partenaires de la librairie ou adhérentes des réseaux BDP Gironde ou Charente-Maritime.
Prochains offices de la librairie à destination des bibliothécaires (inscription indispensable : 05 56 44 55 56)
À la librairie
• Jeudi 10 octobre : petite enfance,
30/09/2013 | Lien permanent
Carnets d’Orient, vol. 6 : LA GUERRE FANTÔME
BD de Jacques FERRANDEZ
Éd. Casterman, coll. Univers d'auteur
oct. 2002 - 15 €
Ferrandez, peintre romancier
par Patrick Geffard
En 1987, Casterman publiait le premier tome des Carnets d’Orient de Jacques Ferrandez. Personne ne se doutait alors, pas même l’auteur, qu’une aventure littéraire et humaine de plus de quinze ans était sur le point de naître… Sept ans après Le Cimetière des princesses, voici le tome 6.
Cette série en bandes dessinées comporte actuellement six volumes que l’on peut partager en deux parties. La première commence avec l’album Djemilah et se poursuit jusqu’à celui qui a pour titre Le Centenaire. On y lit une histoire de l’Algérie coloniale, depuis les derniers temps de la conquête, en 1836, jusqu’à la célébration du centenaire de l’Algérie française en 1930. La seconde débute en mai 1954 et ne comporte pour l’instant que deux tomes, Le Cimetière des princesses et La Guerre fantôme mais elle devrait se poursuivre jusqu’à la proclamation de l’indépendance en 1962. Si, dès l’ouverture des albums, croquis et aquarelles montrent un artiste au plein sens du terme, à leur lecture Jacques Ferrandez apparaît rapidement aussi comme un conteur exceptionnel. Un conteur au sens étymologique du terme. «Conter», qui a pris le sens de «raconter» à partir de celui «d’énumérer», vient d’un verbe latin signifiant au départ «émonder les arbres» et «apurer un compte» puis «juger» et «penser»… C’est donc bien le vocable qui convient pour évoquer les Carnets d’Orient, en précisant qu’il n’y est surtout pas question de «régler des comptes» et que le travail de pensée l’emporte toujours sur le désir de jugement.
Le talent de J. Ferrandez se révèle dans la peinture d’un tableau complexe, chatoyant, tour à tour généreux et cruel, qui joue constamment sur plusieurs registres. On peut d’abord relever l’œuvre de transmission. Avec ungrand souci de précision et la solidité évidente d’une documentation qui, pourtant, n’apparaît jamais en premier plan, l’Histoire du pays et de ceux à qui il est donné en partage est pas à pas retracée. Dès les premières pages, il est question de conquêtes militaires. Terme utilisé au pluriel parce que tout au long de la série, il n’est jamais oublié que les conflits mentionnés font généralement écho à d’autres antagonismes, historiquement ou géographiquement distants. Ces références éclairent les enchaînements historiques mais aussi la relation que les hommes entretiennent avec leur action au présent. On y voit par exempleles vaincus de certaines guerres, 1870, la Commune, l’Indochine, vivre leurs combats d’Algérie sous l’emprise de ce qu’ils viennent de traverser. Ailleurs, on assiste à l’autojustification coloniale par la référence à l’ancienne conquête par l’Empire romain, comme si la terre algérienne n’avait d’autre destin que de se voir soumise par le glaive. En restant toujours dans le cadrage du plan large, on voit clairement apparaître, à côté des deux groupes principaux, tous ceux qui participent au devenir du pays: populations kabyles et juives, immigrants des autres pays européens, peuples de la Méditerranée.
Mais les Carnets d’Orient ne sont pas de simples croquis de groupe, bien au contraire. Ils sont aussi l’expression d’un romancier. En effet, l’Histoire avec majuscule nous la lisons à travers les itinéraires entrecroisés de plusieurs personnages clés, sur trois à quatre générations. Dans une intéressante mise en abîme, le premier héros de la série, Joseph Constant, est un peintre dont les croquis et les tableaux ne cesseront de hanter le récit. À sa suite, c’est une longue saga familiale qui se déroule au fil des albums, traçant des destins qui se croisent, s’opposent ou se retrouvent. L’enchevêtrement des péripéties individuelles est l’occasion de varier les points de vue et parfois d’approcher en tête-à-tête quelques grandes figures historiques ou culturelles, d’Abd El Kader à Albert Camus, en passant par Isabelle Eberhardt. Certes, on suit avant tout les parcours de personnages européens mais il faut voir là un effet de l’honnêteté de l’œuvre. Certaines sources viennent directement des origines de l’auteur, né en Algérie même s’il a été élevé dans le sud de la France, d’autres des récits qui nous ont été transmis. Certaines voix n’ont pu percer les tumultes de l’Histoire ou se sont heurtées à la surdité des dominants…
C’est dans le second cycle de la série, celui qui va de 1954 à l’indépendance, que la diversité des histoires personnelles est la plus élaborée. Si les faits relatés laissent toute sa place à la très grande dureté de ces temps de guerre, on est sans cesse saisi par l’imbrication complexe entre violence subie et violence assumée. Loin des affirmations péremptoires ou du vernis idéologique, le récit conduit à une lecture forcément réfléchie, à cent lieues de tout manichéisme. Mais, en même temps, deux questions reviennent sans cesse: qui peut se dire «chez lui» sur cette terre et à quel titre? Quels sont les droits des peuples qui l’habitent? La série ne se limite pas à une sortede roman historique en BD. Il est encore un autre registre à l’oeuvre et c’est sûrement celui qui lui donne tout son charme, au sens presque magique du mot. Car l’Algérie de Ferrandez est un pays vivant, sensuel et qui ne laisse pas en paix l’imaginaire du lecteur. «Rencontrer dans la réalité ce qui jusqu’alors n’a été pour moi que costumes d’opéra et dessins d’albums est une des plus vives impressions qu’on puisse éprouver en voyage…» écrit Joseph Constant sitôt débarqué à Alger dans le premier album.
«La brise est fraîche et le ciel est bleu. J’aime cette vie avec abandon et veux en parler avec liberté» déclare Ali, citant Camus sur la plage de Tipasa dans le dernier album. Et il y a là bien sûr tout le talent du peintre qui nous plonge tour à tour dans l’ombre ou la lumière, l’inconfort ou la plénitude. Il y maintenant plus de quarante ans que s’est achevée la guerre d’Algérie. Pourrons-nous bientôt poser un regard apaisé sur cette période essentielle? Nul doute que les Carnets d’Orient viennent prendre leur place dans l’indispensable intelligence de l’Histoire.
par Patrick Geffard
(première publication de l'article : 1er mars 2003)
Depuis la première parution de cet article, Casterman a édité la totalité des Carnets d'Orient rassemblés en 2 volumes sous le titre Carnets d'Orient, l'intégrale :
> 1er cycle (regroupe les cinq premiers volumes de la série, de Djemilah au Cimetière des princesses)
éd. Casterman, octobre 2008, 368 pp. - 45€
> 2nd cycle (regroupe les cinq titres suivants : La Guerre fantôme, Rue de la bombe, La Fille du Djebel Amour, Dernière demeure et La Valise ou le cercueil)
éd. Casterman, octobre 2011, 368 pp. - 45€
25/01/2012 | Lien permanent
LETTRE D'INFORMATION # 35
Toute l'équipe de Comptines vous souhaite une merveilleuse année 2013, riche des lectures et des rencontres qui rendent la vie plus belle !
À la librairie Comptines
Goûter - lectures pour enfants frileux
Lectures pour les enfants à partir de 4 ans, autour des thèmes de l'hiver, de Noël…
Mardi 8 - 17h Goûter des Grenouilles, avec la Cie l'Arbre à Bulles & La Boite à Jouer. Rencontre théâtralisée & goûter pour les petits à partir de 3 ans.
(Photo Julien Raynaud)
Deux comédiens proposent un extrait de leur spectacle : Le bal des grenouilles, librement adapté de l'album Sur la bouche d'Antonin Louchard (éd. Thierry Magnier).
Spectacle - pour les 3 - 6 ans - à voir à La Boite à Jouer du 15 au 19 janvier à 10h et 15h
Renseignements : Théâtre La Boîte à Jouer, 50 rue Lombard, 33300 Bordeaux betaji@wanadoo.fr – www.laboiteajouer.com 05 56 50 08 24
Séances d’une demi-heure : 10h30-11h & 11h15 – 11h45 - Sur inscription à la librairie
Pour les enfants de 0 à 3 ans - 3€ par enfant.
Présence obligatoire d'un adulte
Au TnBA du 12 au 15 février - En partenariat avec le TnBA.
FERMETURE EXCEPTIONNELLE LE JEUDI 28 FÉVRIER POUR INVENTAIRE
L'occasion de partager nos lectures et d'échanger sur la place des filles et des femmes dans la littérature jeunesse.
Rejoignez nous pour participer à ces échanges et pourquoi pas… lire l'album que vous aimez !
À partir de 14h30 et toute la journée : nous vous proposons des lectures d'albums qui ont tous en commun des héroïnes délurées…
Goûter offert à 16h30, autour d'un temps de lecture.
Mardi 12 - 16h30 -17h30 Atelier découverte autour des chiffres
Animé par Marie Mérouze créatrice du jeu éducatif "10 chiffres" Ce jeu innovant combine matériel en bois et tablettes numériques, pour apprendre à compter de 0 à 10.
Suivi d'un goûter.
Pour les enfants à partir de 3 ans. Sur inscription à la librairie.
Séances d’une demi-heure : 10h30-11h & 11h15 – 11h45 - Sur inscription à la librairie
Pour les enfants de 0 à 3 ans - 3€ par enfant.
Présence obligatoire d'un adulte
Vendredi 29 mars - 18h - L'Endive au vestiaire
Lecture par la Compganie Les Volets Rouges de Qui suis-je ? de Thomas Gornet (éd. L'école des loisirs, Médium, 2006).
Suivi d'une rencontre avec Thomas Gornet, Sébastien Sampietro, comédien et Michel Damade, psychiatre, spécialiste de l'adolescence.
Nous travaillons (les travaux on sait quand ça commence mais jamais quand ça finit !) à l'amélioration de notre blog : toutes nos excuses pour les désagréments éventuels.
Retrouvez nos critiques & bibliographies en ligne à l'adresse habituelle: http://librairiecomptines.hautetfort.com/
infos professionnelles
Régulièrement Comptines organise des présentations de l’actualité éditoriale à destination des bibliothécaires. Ces «offices» sont réservés aux bibliothécaires partenaires de la librairie ou adhérentes des réseaux BDP Gironde ou Charente-Maritime.
Prochains offices de la librairie à destination des bibliothécaires (inscription indispensable : 05 56 44 55 56)
À Saintes
• Lundi 4 février
À la librairie
• Jeudi 7 février : albums, documentaires, 1ères lectures…
• Jeudi 21 février : nouveautés romans
24/12/2012 | Lien permanent
LETTRE D'INFORMATION #97
En 2018, la librairie
COMPTINES
EN AVRIL
Comptines est au jardin
et pour fêter l'arrivée du printemps,
nous vous avons préparé deux
sélections de saison :
Du mercredi 4 au samedi 28 mars
Exposition Monsieur Lapin, autour des albums éponymes de Loïc Dauvillier & Baptise Amsallem (éd. Des ronds dans l’eau)
Monsieur Lapin, c'est une série de 4 albums de bande-dessinée muette, pour les plus petits lecteurs de cette forme littéraire. C'est aussi une série d'animation développée par Marmitafilms.
Que Monsieur Lapin rencontre une carotte, un papillon, qu’il tente de gonfler des ballons multicolores ou de se mettre à la peinture, c’est chaque fois une aventure. Parfois même une aventure compliquée par un petit cochon bien contrariant !
Venez également découvrir la série d'animation Monsieur Lapin, produite par Lamarmite à films.
VACANCES DE PRINTEMPS
Mercredi 11 avril
Venez nous retrouver pour une journée dédiée tout entière aux plus doux des rongeurs (grandes oreilles exigées, queue en pompon facultative).
16 h – Lectures lapinesques & goûter lapin : quelques lectures choisies pour faire découvrir aux plus petits (dès 4 ans) les lapins les plus coquins, les plus vilains, les plus méchants cachés dans les albums de jeunesse . A partir de 4 ans - sur inscription
18 h – Lectures lapinesques & apéro lapin : pour l’apéro, les adultes (et leurs ados s’ils le souhaitent!) auront la primeur de quelques pages spéciales lagomorphes chinées dans les romans et nouvelles venues des quatre coins du potager. Quelques rafraîchissements lapinesques seront servis à cette occasion , en espérant que vous appréciiez les carottes...
Mardi 17 avril - 16h
Atelier Monsieur Lapin, animé par l’auteur et scénariste Loïc Dauvillier.
Un atelier - jeu proposé et mené par l'un des créateurs de ce petit personnage attachant.
Venez jouer avec Monsieur Lapin et découvrir comment il est devenu un personnage animé…
Sur inscription auprès de la libraire - À partir de 5 ans
Mercredi 18 avril – 16 h
Les lectures d’Ariane au Japon
Les Amis de la colline Beausoleil de Kazuo Iwamura (éd. Mijade)
Cette série en 5 volumes met en scène les animaux qui vivent sur la colline, au nord de Tokyo, où Kazuo Iwamua a installé le musée, dédié aux enfants, aux livres et à la nature, qui porte son nom. On savait Kazuo Iwamura, auteur des albums de la famille souris (éd. l’école des loisirs) et de la famille écureuils (éd. Mijade) grand artiste passionné par la nature, on le découvre ici grand écrivain. Ces romans ne se résument pas à une série naturaliste, ils posent, avec des exemples pris dans la nature, de nombreuses questions qui touchent les enfants aussi bien que les grands.
Sur inscription auprès de la libraire - À partir de 6 ans
Deuxième temps d'une lecture en 4 épisodes : séances suivantes samedi 7 juillet et samedi 27 octobre. Chaque lecture peut s'écouter indépendamment.
OUVERTURES EXCEPTIONNELLES
Les lundis 9 & 16 avril de 14h à 19h
Samedi 28 avril – 15 h
Rencontre avec Jean-Marie Lespinasse, à l’occasion de la parution de Le Potager naturel à hauteur d'enfants (éd. Du Rouergue).
Jean-Marie Lespinasse est un spécialiste du jardin, et plus particulièrement des arbres fruitiers, de renommée internationale. Il a longtemps travaillé à l’INRA et c’est désormais depuis son jardin, à proximité de Bordeaux, où il reçoit petits et grands, qu’il partage sa passion. Il est l’auteur de nombreux livres, comme le désormais classique Le jardin au naturel (éditions du Rouergue, 2006) ou le plus récent Cultiver son potager au naturel, co-écrit avec Danielle Depierre (éditions du Rouergue, 2016).
Le potager au naturel à hauteur d’enfants est son premier livre à destination de celles et ceux, professionnels et parents, qui veulent jardiner avec les enfants. Nous sommes très fières qu’il vienne en faire la présentation à Comptines, dans le cadre de nos 40 ans !
« Le jardin c’est aussi une formidable initiation à la patience !… A une époque où nous avons tendance à vouloir « tout… tout de suite », le jardinage peut nous aider à réapprendre l’attente, l’écoute ! ». Inviter « l’enfant à prendre du temps pour observer, sentir, écouter ».
Venez nombreux et en famille !
Tout au long de l'année 2018 nous allons vous proposer,
autour de thématiques, de fêter avec nous, nos 40 ans.
En juin, le vendredi 22 et le samedi 23 juin, nous recevrons 22 artistes (auteurs et autrices, illustrateurs et illustratrices) !
Gilles Abier, Olivier Balt, Marjorie Béal, Nathalie Bernard, Julien Béziat, Loïc Dauvillier, Eglal Errera, Jeanne Faivre d’Arcier, Régis Lejonc, Thierry Lenain, Lorris Murail, Geoffroy de Pennart, Martine Perrin, Pauline Amélie Pops, Lauranne Quentric, Anne Samuel, Thomas Scotto, Séverine Vidal, Yann Walcker, Cathy Ytak, Naïma Zimmermann, Natalie Zimmermann.
A VOS AGENDAS !
Programme complet ici.
EN MAI
Comptines se révolte.
50 ans après les évènements de mai 68
et 40 ans après la création de Comptines,
tentons de porter
« l'imagination au pouvoir ! »
Du samedi 5 mai au samedi 2 juin
Exposition EXCEPTIONNELLE des images originales d’Yvan Pommaux pour l’album Véro en mai (textes de Pascale Bouchié, éd. l’école des loisirs, 2008)
« Tout a été dit sur ce mois-là de cette année-là. Qui n'a pas donné son avis ? Par quels yeux ne l'avons-nous pas vu ? Ceux d'un chat, d'un oiseau ?
Un enfant ! C'est d'un enfant, de son regard que nous avons besoin. Il y avait bien des enfants, dans ce pays en 1968 ? »
Samedi 19 mai – 11 h
Rencontre avec Christopher Bouix autour de son ouvrage Socrate, un homme dangereux (éd. L’école des loisirs, 2017) Rencontre précédée de lectures de textes sur la révolte, proposées par