28/11/2017
LA CITÉ DE L'OUBLI
roman
de Sharon CAMERON
Traduit de l’américain par Alexandra Maillard
Éd. Nathan, octobre 2017, 460 pages - 17,95€
« Je suis fait de mes souvenirs »
Que se passerait-il si, à intervalles réguliers, nous oublions tout, sur nous mêmes, nos proches, le monde qui nous entoure… ?
C’est ainsi que vivent les habitants de la petite citée de Canaan. Tous les douze ans, ils subissent l’Oubli. A l’issue d’un déferlement sauvage de tous les instincts les plus bas, ils oublient tout ce qui a précédé ce moment. Leur seul lien avec leur passé, leur identité, est maintenu grâce au livre que chacun écrit depuis son plus jeune âge et conserve toujours sur lui. Ceux qui ont le malheur de l’avoir égaré au moment de l’Oubli perdent tous leurs repères et sont condamnés à être des Perdus, des êtres sans passé, sans famille, qui vivent dans un enclos de la cité et lui fournisse une main d’oeuvre gratuite.
Pourtant, Nadia Fille de la Teinturière, elle, se souvient. Elle sait que son père n’est pas mort. Pire, elle a encore en mémoire ce moment atroce où son père lui arrache son livre des mains et lui en impose un autre, différent, qui raconte une autre histoire que la sienne. Depuis, elle le croise souvent, avec sa nouvelle femme et leurs deux enfants. Depuis, la raison de sa mère est toujours vacillante. Bientôt douze ans se seront écoulés depuis le dernier Oubli. Nadia sait qu’il lui reste peu de temps si elle veut à la fois protéger sa famille d’une nouvelle implosion et découvrir ce qui se cache au-delà des murs de Canaan. Aidée de Gray Fils du Souffleur de verre, elle va percer les secrets de Canaan.
Avec son intrigue très bien menée ce roman est sans doute le prochain succès dans son genre. La cité de l’oubli rappelle d’autres romans où une adolescente différente est promise à un destin d’exception. On pense par exemple à L’élue de Loïs Lowry pour son personnage principal et aussi pour son monde archaïque.
Si ses qualités d’écriture ne sont pas flagrantes, ce roman, dont on imagine sans mal l’adaptation cinématographique, est tout de même très réussi et très prenant. L’idée de départ, celle d’un monde dans lequel les humains perdent toutes connexions avec leur passé, est fascinante. Et la pensée qu’une personne, une seule personne se rappelle au milieu de cet océan d’oubli est vertigineuse.
Ariane Tapinos (novembre 2017)
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