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À la sieste, tout le monde! | album de Yuichi KASANO
Traduit du japonais par Madoka, Jean-Christian Bouvier et Florence Seyvos
Éd. L’école des loisirs | mars 2009 | 11,50€
Aujourd’hui il fait beau. Grand-mère, une petite dame toute ronde vêtue d’une robe violette, d’un tablier mauve, d’un gilet vert et coiffée d’un chignon serré, décide de sortir son futon pour l’aérer sur la véranda. Arrive un chat qui avise le matelas et… s’y allonge sans vergogne. Ma foi, se dit Grand-mère, une petite sieste ne me ferait pas de mal, et ce matelas a l’air si moelleux… La voilà qui s’endort, tête bêche avec le chat. Une poule passe par là et, avec ses trois poussins, s’installe aux côtés des dormeurs. Puis c’est au tour d’un chien, d’un petit garçon, d’une chèvre et d’une famille de cochons. Tous dorment paisiblement, qui sur le dos, qui sur le ventre ou sur le flanc, entrelacés pour une sieste d’été. Soudain, Grand-mère se réveille est s’étire, faisant fuir tous les dormeurs clandestins. Le chat s’éveille à son tour. Quelle bonne sieste!
Tout est adorable dans ce petit album carré qui donne envie de s’étendre au soleil et d’imiter les chats qui savent si bien profiter de la chaleur de l’été. Dès la couverture – qu’il faut absolument déplier pour voir Grand-mère portant son futon dehors, suivie par une ribambelle d’animaux assoiffés de sommeil – le ton est donné et il est à la malice. Les images sont toutes simples et épurées et hormis la première et la dernière page, elles sont centrées sur le matelas beige au milieu de la page blanche. Un matelas qui concentre tant de promesses de repos et de bien-être que chacun succombe à son appel. La manière dont les différents dormeurs occupent cet espace restreint est pleine d’humour et donne une folle envie de se joindre à ce joyeux méli-mélo de poils et de plumes.
Une ode à la sieste à partager avec les petits dormeurs. Et si possible, le chat de la maison!
Ariane Tapinos (juin 2009)
13/06/2009 | Lien permanent
MISSION COLLEGE, Une aventure d' Antoine Lebic
roman
de Sophie DIEUAIDE
Éd.Casterman, mai 2015- 9,95 €
Plus que 68 heures, 29 minutes, 19 secondes avant la rentrée des classes. Mais pas n'importe quelle rentrée. LA rentrée, celle où Antoine Lebic et ses camarades vont être-bien malgré eux - transformés en collégiens.
Heureusement, Antoine Lebic a un plan pour éviter aux innocents CM2 qui les suivront les affres de l'incertitude. Pour les aider à surmonter la trouille paralysante qui surprend tout nouvel arrivant dans l'immense bâtiment , il est temps de lancer ...la MISSION COLLÈGE !
Nourris aux films d'espionnage tout l'été, Antoine et ses deux acolytes Magali (alias Miss Moneypenny) et Jonathan (alias l'espion américain qui meurt tout le temps) accompagnés d'un nouvel ami redoublant (et donc très au fait des us et coutumes de la vie de collégien) vont se mettre en quatre pour concocter un guide du collège plein d'informations essentielles et de documents indispensables .
Que signifie C.D.I ? Quel est le rôle du mystérieux et terrifiant CPE ? Comment être dans la même classe que ses amis ? Combien de temps un élève de sixième peut-il utiliser l'excuse « je me suis perdu » pour arriver en retard en cours ? La fine équipe n'a pas froid aux yeux et ne reculera devant aucun sacrifice pour mener à bien sa mission , même si elle doit pour cela affronter le grand Pierre et passer la nuit au collège !
« Fin juin à la récré : t'es un CM2, tu joues et tu rigole. Début septembre : t'es en sixième et tu ne bouges plus d'un cil » Comment la transformation des joyeux CM2 en collégiens terrorisés s'opère t-elle ? Pourquoi ?
Une enquête réjouissante qui sous couvert de la parodie livre tout de même des informations essentielles aux sixièmes stressés par la proche rentrée des classes, aborde les problèmes d'adaptation, de harcèlement, de racket, et décrypte les bizarreries inhérentes au système secondaire. Bref, si vous êtes sur le point de passer en sixième, faites vite connaissance avec Lebic - Antoine Lebic, dont c'est déjà la quatrième aventure !
Nathalie Ventax (juin 2015)
10/06/2015 | Lien permanent
LE NEZ
Pépite !
album
de Olivier DOUZOU
Éd. MeMo, octobre 2006 - 15,20€
Tout commence par « buisqu’on est mouchés, il y’a gu’une jose à vaire : aller drouver le grand bouchoir. »
C'est l'histoire d'un nez qui, ce matin-là se réveille complètement bouché ou plutôt... c'est l'histoire d'un dez qui, ce batin-nà se rébeille, gomplètement mouché...
Une drôle d'histoire à l'humour décapant, librement inspirée d'une nouvelle de Nicolas Gogol
Prix Baobab 2006 du Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis.
Graphiste, auteur-illustrateur et scénographe, Olivier Douzou publie en 1993, son premier ouvrage jeunesse, Jojo la Mache. Il est le fondateur de la collection jeunesse des éditions du Rouergue. Nombreux sont ses albums qui ont été primés (Totem, Baobab, Pépite au salon de Montreuil, Bologna Ragazzi Award, Pitchou d’or etc).
Envie d'en lire plus ?
Venez découvrir d'autres albums d'Olivier Douzou à la librairie !
Lola
Éd. du Rouergue, octobre 2013 - 14€
Lola la vache avait une dent de lait qui s’est mise à bouger et qui a fini par tomber. Ses cornes aussi étaient de lait, elles ont fini par tomber. Son nez même était de lait, comme ses pattes ; seul son bidon n’était pas de lait. Un album graphique, farfelu et coloré, drôlement bien « brique au lait »
Loup
Éd. du Rouergue, novembre 2015 – 11,70€
A la manière de la comptine « Promenons-nous dans les bois... », un loup met son nez, son œil, puis son autre œil, ses oreilles, ses dents. GRRRRrrrrRR ! Un album à la chute délicieuse et rigolotte.
Et plein d'autres encore…
Claire Lebreuvaud (mai 2016)
21/05/2016 | Lien permanent
LE NUCLÉAIRE, ON EN PARLE ?
Il y a tout juste 30 ans, le 26 avril 1986, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosait au cours d'un test de sécurité, provocant l'immense catastrophe que l'on sait : une zone de plusieurs dizaines de kilomètres rendues inhabitable pour l’homme, un écosystème durablement bouleversé, quelques dizaines de morts dans les jours qui ont suivi, probablement des milliers depuis.
Plus grave accident nucléaire jamais répertorié, Tchernobyl est dans nos mémoires lié à l’incurie du système soviétique : une centrale mal conçue, mal gérée, un accident mal maitrisé et caché pendant plusieurs jours aux populations locales et au reste de l’Europe.
Pourtant, il y a 5 ans, le tsunami qui dévastait la région du Tōhoku au nord du Japon, provoquait un accident de même niveau à la centrale de Fukushima (7, le plus élevé de l’échelle internationale des événements nucléaires), dans un pays ultra moderne et démocratique.
Avec ses 19 centrales nucléaires (soit 58 réacteurs), réparties sur tout le territoire, la France est la deuxième puissance nucléaire au monde (75% de notre production d’électricité provient du nucléaire). Voilà qui donne matière à quelques inquiétudes et justifie notre intérêt pour le sujet, à fortiori pour nous qui, à Bordeaux, vivons dans l’ombre de la centrale de Blaye (et de ses 4 réacteurs). Et rien de tel pour alimenter le débat que quelques lectures à partager avec les enfants, sur ce sujet plus encore que sur d’autres puisque ce sont eux qui devront assumer les choix que nous faisons (ou ne faisons pas) aujourd’hui.
C’est une fois de plus l’objet de ce travail bibliographique qui assume d’être partiel et subjectif.
« j'ai bonne mine à vous les dérouler, mes idées paniques.
Je n'aime pas beaucoup le froid,
je ne me chauffe pas au bois,
et je ne boude pas l'essence,
mais j'ai au ventre une grand' peur
qu'on se retrouve un jour sans fleurs,
sans enfants et sans espérance »
Anne Sylvestre,
extrait de la chanson Coïncidence
Pour retrouver nos sélections, suivez les liens ci-dessous :
- de livres sur Tchernobyl
- de livres sur Fukushima
- de documentaires sur le nucléaire
- de livres sur toutes sortes de catastrophes ou polémiques nucléaires
Et aussi :
Notre bibliographie Japon & notre bibliographie fin du monde
26/04/2016 | Lien permanent
PETITE PÉPITE
album
de Nada MATTA
Éd. MeMo, mars 2016 - 13€
Une mère cherche une robe, des chaussures, un jeu, un livre pour sa fille. Pour trouver ce qui lui conviendra, elle fait comme tous les parents dans la même situation, comme les clients de la librairie qui nous parlent de leurs enfants pour trouver le livre qui leur ira comme un gant : elle tente de dire qui est sa fille. Au delà de sa description physique, sa taille, son pied « petit et large », de son âge… elle veut dire qui est vraiment sa fille, quel être unique et exceptionnel. Et peu à peu se dessine le portrait d’une enfant différente, « un peu magique », une « Petite Pépite ».
Avec une grande délicatesse, et de magnifiques images où dominent le gris, le noir et le bleu et qui font parfois penser à celles d’Anne Bozellec au point qu’on croirait reconnaître Julie avec ses cheveux en bataille*, Nada Matta fait le portrait de sa fille trisomique. Il n’y a aucune mièvrerie dans ces mots qui sont autant de mots d’amour, d’émerveillement et de reconnaissance.
Il faut lire le texte, adressé aux lecteurs adultes, qui se trouve à la fin de l’album pour comprendre le long cheminement et le la révolution (au sens propre du mouvement autour d’un axe central) du regard et de la pensée qu’entraine l’arrivée d’un enfant « différent ». Nada Matta écrit : « Quand je suis avec elle, elle m’emmène là où elle est toujours, dans l’instant présent, et alors plus rien d’autre n’existe, et ça fait du bien ! ».
L’art aussi nous emmène dans l’instant présent et cet album nous fait du bien.
Ariane Tapinos (avril 2016)
* Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon, Christian Bruel & Anne Bozellec, éditions du Sourire qui mord, 1976. Réédité aux éditions être en 2009, puis aux éditions Thierry Magnier en 2014.
15/04/2016 | Lien permanent
DE SI BEAUX CHEVEUX
roman
de Gwladys CONSTANT
Éd. Oskar, coll. Court métrage, janvier 2016, 39 pages - 6€
« Pourquoi les cheveux ?… Je ne sais pas… Enfin, si, je sais… La mythologie le raconte très bien. La chevelure est un atout majeur de la séduction féminine. (…) Plus sensuel, tu meurs ! Je pense que c’est la raison pour laquelle j’ai fait ça. Je n’allais pas me trancher un sein, et jouer les Amazones. La chevelure, c’est symbolique, c’est signifiant, elle parle aux instincts, les instincts les plus vils. Car je considère que les mecs qui m’abordent dans la rue ne sont pas des hommes, justement. Ils sont en dessous ».
Une jeune fille de 17 ans, une « adolescente comme les autres » comme elle se définie elle-même, qui se fait appeler Jeanne, en référence à Jeanne d’Arc, accepte de répondre à un journaliste de la presse locale pour expliquer le geste radical (mais pas définitif) qui a fait parler d’elle. Dans une longue confession elle dit sa lassitude et sa colère même, face aux interpellations incessantes des hommes dans la rue. Des mots, des gestes, des attitudes qui sont autant de petites agressions et qui peu à peu deviennent insupportables alors même que la première d’entre elles n’est pas tolérable.
« Finalement, un temps ça m’a reposé d’être regardée comme une excentrique ou une malade en phase terminale plutôt que comme une marchandise consommable. Notre société dit aux femmes qu’elles doivent être belles mais elle leur donne envie d’être laides ». Son geste, qui nous est livré dès la couverture où s’expose un crâne entièrement rasé, lui donne droit à la parole. Sa chevelure contre une voix. Jeanne dénonce ce que tant et tant de femmes font mine d’accepter et sa colère n’empêche pas la réflexion et la lucidité. Elle parle pour toutes celles qui ne peuvent le faire, pour toutes celles qui se dépouillent de bien plus que leurs cheveux pour trouver une place dans un monde où le désir des hommes gouverne la vie de femmes.
Ce texte de Gwladys Constant est beau et utile : de nombreuses adolescentes se reconnaitront dans le témoignage de Jeanne et sauront qu’il existe des mots pour dire non aux violences qu’elles subissent, que la honte est du côté des harceleurs et que la rue leur appartient.
Ariane Tapinos (avril 2016)
22/04/2016 | Lien permanent
Comptines se dé-confine !
Bonjour tout le monde !
À l’heure où le dé-confinement s’organise, Comptines ré-ouvre tout doucement ses portes :
Vous pouvez dès maintenant nous faire parvenir vos commandes ,
ATTENTION : nous ne pouvons pas encore recevoir de colis, donc nous ne pourrons servir (au moins jusque à la reprise des expéditions) que les titres que nous avons déjà en magasin. Pour savoir si nous avons un titre, c'est ICI , puis envoyez nous votre commande par mail à l’adresse suivante comptines@comptines.fr .
Un doute sur la disponibilité d’un article ? N’hésitez pas à nous poser vos questions par mail, ou par téléphone au 05.56.44.55.56 à partir du mardi 05 mai à 10h00.
Le magasin sera ouvert pour le retrait des commandes uniquement du mardi 05 mai au jeudi 07 mai inclus de 10h00 à 13h00
Vous voulez soutenir la librairie , mais vous ne savez pas quoi commander ? Aucun problème, ! Rendez-vous ICI pour commander des bons d’achats que vous pourrez utiliser dès la ré-ouverture du magasin.
Et après ? La librairie ré-ouvrira ses portes au public le mardi 12 mai à 10h30, sans doute avec des horaires aménagés, et en accord avec les règles de sécurité sanitaires… Nous y reviendrons !
En vous souhaitant à tous-tes bon courage pour cette dernière ligne droite, nous espérons vous revoir bientôt … Avec des masques et du gel hydro-alcoolique !
PS : Mais qu’ont fait vos libraires pendant le confinement ? La réponse dans notre petite liste ci-dessous !
- J’exploite mon chat
- Je teste les tatouages (c'est plus sûr)
- Je tente de faire diminuer LA PILE et je lis ENFIN les suites
- Je teste de nouvelles recettes
- Je ressors mon ukulélé
- Je me lance dans une culture intensive de noyaux d'avocat
-Je teste une soupe zéro-déchet avec des fanes de radis
- Je regarde pousser les graines de la mangeoire aux oiseaux
- Je donne un coup de main à Jefferson*-
- Et bien sûr, nous préparons la suite !
* Pourquoi Jefferson ? la réponse ici !
30/04/2020 | Lien permanent
MUSÉE DES MUSEAUX AMUSANTS
documentaire
de Fanny PAGEAUD
Éd, L'Atelier du poisson soluble, septembre 2018 - 20€
«Ah! Non! C'est un peu court, jeune homme! On pouvait dire... Oh! Dieu! … bien des choses en somme... En variant le ton -par exemple, tenez(…) : Descriptif: «C'est un roc! C'est un pic! C'est un cap! Que dis-je, c'est un cap? C'est une péninsule!»
Cette célèbre réplique, vous l'aurez reconnue, ne saurait mieux illustrer ce documentaire étonnant au parti pris original, puisque Fanny Pageaud nous y présente 18 animaux avec pour seul descriptif leurs museaux !
Aux lecteurs de devi-nez qui se cache derrière ces drôles de naseaux. Et la tâche n'est pas si facile, lorsque vous avez pour seul indice des narines dessinées en gros plan et un qualificatif pour le moins énigmatique.
Quel animal se cache derrière le pif L'imposant ? Un indice : « Mon nom signifie cheval de rivière. Je n'ai pourtant pas le joli minois ni la coquette allure d'un canasson. Même si je suis un grand brouteur comme lui, ma silhouette est bien moins svelte. Je suis plutôt vache en fait... »
Et ce tarin un peu effrayant qualifié L'épouvantable ? « Mon nom, digne d'un personnage d'épouvante, vient de mon régime particulier : je suis hématophage, c'est-à-dire que je me nourris de sang. N'ayez crainte, bon sang de bonsoir ! C'est le sang de bétail qui m'intéresse, il est très rare que je m'alimente d'hémoglobine humaine, à moins d'avoir une dent contre vous... »
Alors à vous d'avoir du flair et surtout de ne pas vous laissez mener par le bout du nez pour deviner quels animaux se cachent dans ce drôle de musée des museaux amusants. A l'image des encyclopédies classiques (les crayonnés de Fanny Pageaud sont juste superbes), ce documentaire en collaboration avec des scientifiques du Muséum National d'Histoire Naturel est aussi savant que rigolard. Une réussite qui fera de vous un nez-rudit incollable en museaux et autres appendices.
Claire Lebreuvaud (septembre 2018)
01/10/2018 | Lien permanent
VA FAIRE UN TOUR !
album
Joukje AKVELD & Philip HOPMAN (illustrations)
Traduit du néerlandais par Maurice Lomré
Éd. La Joie de lire, février 2017 - 17,90€
Tout commence dans un atelier où vélos et vieilles bécanes attendent d'être retapés. C'est là entre rustine, écrous et pompes à vélo qu'une grosse dispute éclate entre Bruno le panda et William le chien. « Va faire un tour ! », s'exclame William. Ni une, ni deux, Bruno enfourche son vélo, et d'un coup de pédale rageur, file droit devant, la tête dans le guidon. Aveuglé par sa colère, Bruno fonce à travers les rues sans but précis, râlant après ce maudit, ce satané, ce méchant William ! Le feu pour continuer tout droit passe au vert, Bruno mouline du braquet :« On verra bien où cela va me mener».
Commence alors une course folle, au cours de laquelle Bruno franchit au hasard les rues, traverse les carrefours, avale le macadam. Filant au hasard, sans rien voir de ce qui se passe autour de lui jusqu'à se retrouver au cœur d'un peloton en pleine campagne. A chaque coup de pédale, le ressentiment de Bruno perdra de sa superbe…plus du tout fâché, Bruno finira par rentrer où quelqu’un l’attend devant la porte, William ! Rien de tel qu'un petit tour à vélo pour se vider la tête !
Chaque double-page fait la part belle aux éclatantes et superbes illustrations de Philip Hopman. C'est un défilé foisonnant d'animaux perchés sur des bicyclettes, triporteurs et bécanes en tout genre (précisons que l'album nous vient des Pays-Bas, le pays de la petite reine !).
Des planches entre aquarelles et pastels où se mêle réalisme et fantaisie et où fourmillent une multitude de détails drôles et charmants. Un album qui ravira les mirettes des jeunes lecteurs qui pourront s'amuser à chercher, retrouver et suivre Bruno au cours de son drôle de périple.
Les planches de Philip Hopman seront exposées tout le mois de juillet à la librairie…
Venez faire un tour !
Claire Lebreuvaud (juin 2018)
30/06/2018 | Lien permanent
Le Grand Livre pour sauver la planète | documentaire de Brigitte BEGUE et Anne-Marie THOMAZEAU
Illustrations de PEF
Direction éditoriale Alain Serres
Avec la participation de Yann Arthus-Bertrand, Allain Bougrain-Dubourg, Jean-Louis Étienne, Jean-Marie Pelt et Aminata Traoré
éd. Rue du Monde | juin 2009 | 128 pp. - 22,50€
Tout savoir sur l'écologie, le retour du retour. Le Grand Livre pour sauver la planète n'est le premier ni de sa collection (chaque question de société a son Grand Livre chez Rue du Monde), ni du concept «bouquin encyclopédique et de sensibilisation des 8-13 ans aux questions d'écologie». Le résultat est encore une fois impressionnant, riche non seulement en illustrations (les gags de Pef et des photos en noir et blanc dont on sent que certaines acceptent mal de quitter leurs couleurs originelles), mais aussi en informations, dans le texte principal et dans ses à-côté (les «bonnes nouvelles», «alertes», autres notes marginales et grands témoins dont l'entretien clôt chaque séquence de deux chapitres). Le livre, pour foisonnant qu'il soit, respire agréablement, sa langue et sa mise en page sont claires.
La progression est assez classique, qui met d'abord en avant de grands dossier environnementaux (eau, forêt, air et pollutions, climat, déchets). Chacun est abordé depuis son versant scientifique, avec force chiffres, avant de devenir un thème de société. Toujours la même hésitation au sujet de l'écologie, discipline scientifique devenue pensée politique. Une approche sociale (l'indispensable solidarité avec nos 6 milliards de colocataires de la planète Terre) vient compléter l'ouvrage, qui s'achève sur des réponses (les éco-gestes, l'engagement associatif) à la malheureuse question: «mais qu'est-ce qu'on peut faire? ». Air connu donc, et ici Rue du Monde ne rompt pas avec les bonnes habitudes.
L'une d'elles consiste à dépolitiser les questions écologiques, pour permettre aux plus jeunes (dont le devoir sera de «faire passer le message» aux générations perdues, comme le souhaite Allain Bougrain-Dubourg) d'intégrer la vulgate écologique du moment. D'emblée l'écologie politique est désavouée, avec la mention de «slogans inscrits sur des tracts ou des banderoles, comme c'est le cas depuis plus de trente ans». Les théoriciens de l'écologie, de Serge Moscovici à René Dumont, en passant par Jacques Ellul et André Gorz, apprécieraient de voir leur œuvre réduite à des «slogans». Plus loin, crédit est fait aux associations et partis qui se sont emparés de la question écologique d'avoir sensibilisé les auteurs des politiques publiques en la matière. Ouf.
Mais cette incohérence n'est ni la première ni la dernière, et le livre fourmille de propos modalisés («les consommateurs que nous sommes sont toujours un peu responsables»), de réserves («la France se contente de conseiller aux agriculteurs et aux jardiniers d'être prudents en manipulant [les pesticides]») immédiatement suivies de cris de victoires («les coccinelles et les fleurs sauvages vont se réjouir!») ou surmontées par un optimisme de bon aloi («c'est déjà ça!» pour le Grenelle, «c'est mieux que rien» pour l'évaluation a minima des substances chimiques présentes sur les marchés européens – ou projet REACH). C'est le royaume des mais, néanmoins et malgré tout, avec une hésitation constante à propos de la tête sur laquelle faire porter le chapeau.
Manque de «discipline», de «responsabilité», «d'efforts» de la part des individu-e-s? Ou emprise des entreprises sur la vie publique? Si certaines responsabilités sont nommément citées (l'exploitant de forêts boréales et fabricant de Kleenex Kimberly-Clark), d'autres restent tues (ah! ce drame de l'exploitation des bois tropicaux africains dont il serait indélicat d'accuser le papetier français Bolloré, patron de presse et ami du président de la République). Et toujours l'on tourne autour du pot: les hommes d'affaires, les industriels, l'organisation du commerce, les grands groupes… ne seraient-ils pas des substituts au gros mot capitalisme? Aminata Traoré crache le morceau et avoue la faute au «système économique libéral». Enfin! On avait fini par imaginer que les problèmes de sous-alimentation au Sud n'étaient qu'un problème de production agricole…
On apprécie quelques partis pas si facile à prendre, comme les arguments en faveur du nucléaire qui n'arrivent pas à balancer ceux qui s'y opposent, ou la relativisation de l'impact climatique de la Chine, quand un-e Chinois-e émet encore deux fois moins de gaz à effet de serre qu'un-e Français-e. Il aurait été plus facile de se contenter de la condamnation des 4x4, des OGM et de l'inaction de gouvernements abstraits.
Mais d'autres prises de position auront de quoi faire hurler les écolos: «la bio ne peut répondre aux besoins alimentaires de toute la planète», le TGV est plus écologique que le train, la décroissance est un mouvement réactionnaire qui ne propose que du moins. Car si ce Grand Livre semble dépolitisé, il est néanmoins porteur des valeurs productivistes qui irriguent toujours notre pensée. Progressiste: «depuis six millions d'années les hommes ne cessent ainsi d'améliorer les conditions de vie»… On demande à voir, entre détérioration de l'environnement et régression sociale, si le mouvement de l'Humanité a toujours été celui d'un progrès égal. Et si, fruit de ce progrès, le grille-pain est vraiment aussi indispensable à une vie confortable que le lave-linge! Techniciste: tour à tour le dessalement de l'eau de mer, les avions solaires et les vaccins pour neutraliser la flore intestinale des vaches et les empêcher d'émettre du méthane sont présentés comme des solutions qui permettront (dans un futur imprécis) de résoudre nos petits soucis écologiques tout en ne changeant rien (à notre sur-consommation de viande, par exemple). Pourtant l'aventure racontée ici du pot catalytique, dont les bienfaits se sont trouvés noyés dans l'usage accru de la bagnole, aurait pu aider à remettre en question le recours si pratique à la solution technique.
L'ouvrage ne se déprend pas non plus d'une confusion entre l'être humain et son milieu, dans une anthropomorphisation de la nature, qui dit merci à la dame (les rivières sont contentes, les coccinelles ravies) tandis que la planète qu'il s'agit de sauver signifie aussi bien, dans une métonymie qui commence à devenir fatigante, «milieu de vie de l'être humain», «conditions de la vie humaine dans ce milieu», parfois même «Humanité». D'où le rappel de Jean-Louis Étienne: «c'est l'homme qu'il faut sauver, pas la planète!».
Les auteures de Rue du Monde, sous la direction d'Alain Serres, ne sortent pas des sentiers battus de l'écologie à l'usage des jeunes générations et nous livrent un nouveau bouquin ambitieux, bien fichu et, malgré ses grandes qualités, limité. Leurs hésitations et leurs incohérences ne leur sont toutefois pas propres, et viennent plutôt d'une pensée qui domine toujours en matière d'écologie et qu'il faudra un jour cesser de transmettre aux plus jeunes…
Aude Vidal (juillet 2009)
30/08/2009 | Lien permanent