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BONNE NUIT PETIT CHAT !
album cartonné
de Caroline PELISSIER (texte), Virginie ALADJI & Amy BLAY (illustrations)
Éd. Deux coqs d’or, coll. Une histoire animée, septembre 2015 – 12,50€
Un enfant se couche, sa mère tout en lui souhaitant bonne nuit l’invite à imaginer ce qui se passe de l’autre côté de la fenêtre. A cette heure du soir, Monsieur chat se promène sur les toits sous un ciel étoilé… Et les petits doigts peuvent passer de page en page à l’aide des découpes dans la page cartonnée.
Rien de très original jusque là mais une explosion de couleurs franches sur des pages noir brillant éclairées par une profusion d’éléments dorés : les étoiles, la lune, les yeux du chat et jusqu’aux tours de Notre Dame ! Un régal pour les yeux des petits et des grands.
Ariane Tapinos (octobre 2015)
16/10/2015 | Lien permanent
LE PETIT PHOTOGRAPHE DE BAMBA
album
de Christian EPANYA
Éd. du Sorbier, mai 2007 - 13,20€
Amadou est né et vit dans le petit village de Bamba. Bien que fils de pêcheur, il déteste l’eau. Sa passion, c’est de collecter toutes sortes d’objets hétéroclites avec lesquels il joue et fabrique d’autres objets. C’est ainsi qu’un jour, il trouve une vieille boîte de conserve rouillée et, avec les instructions dénichées dans un vieux journal, il fabrique un appareil photo. Ses débuts de photographe sont pour le moins difficiles,mais à force de persévérance et de passion surtout, il devient un vrai photographe.
Entré comme apprenti dans son studio, il apprend le métier auprès de Papa Diallo, le seul photographe de toute la région. Plus tard, il remplace le maître et transforme le studio à son idée. Photographe de toutes les grandes occasions (mariages,fêtes, célébrations...), il propose également à ses clients de les photographier devant de faux décors, de grands trompe-l’oeil très réalistes. Ainsi, « ceux dont l’aventure vers l’Europe s’était arrêtée à Bamako et qui voulaient faire croire au village qu’ils étaient bien partis posaient devant un décor représentant un gros avion » ou frimaient devant la tour Eiffel...
On retrouve dans ce bel album tout le talent Christian Epanya, celui du très beau Taxi-brousse de Papa Diop (éd Syros, 2005). Ses images, de véritables tableaux,racontent comme aucunes autres, l’Afrique des petits villages, de ladébrouillardise et de la solidarité. Il aborde avecfinesse, et humour, les questions de l’exil et de la relation sidécalée de l’Afrique avec l’Europe.
Ariane Tapinos (première publication : juillet 2007)
27/04/2014 | Lien permanent
RENAUD, LE PETIT RENARD
Album de Véronique BOISJOLY,
illustré par Katty MAUREY
Éd. La Pastèque, coll. Pamplemousse
Septembre 2012 – 17,50 €
Renaud est un petit renard, toujours très chic, même pour les samedis buanderie qu’il passe avec son papa, loin de Lola, sa trop jeune et trop bruyante petite sœur. À la buanderie, Renaud dessine ou lit tranquillement en regardant tourner les brassées, déguste des yogourts glacés aux fruits des champs trouvés au glacier d’à côté, lance des chaussettes orphelines sur le panache de caribou installé au dessus de la vitrine… Quand le gérant, Monsieur Li, ne regarde pas bien sûr ! Le seul bémol dans le déroulement de ces samedis à la routine impeccable et confortable vient de Lily Bottes de Pluie, la petite-fille de Monsieur Li : farceuse endurcie, Lily aime jouer des tours aux clients de son grand-père et semer le chaos partout où elle passe… Et cette fois, ce sera Souris, le chat de la buanderie qui en fera les frais !
Un très album qui nous vient (vous l’avez peut-être déjà compris !) du Québec. On apprécie autant que Renaud ces petits plaisirs urbains qui rendent la corvée buanderie plus amusante. La complicité et l'espièglerie des personnages, humains et animaux mêlés, les rendent tous très attachants et les illustrations sont très lumineuses et très simples. Quant au texte, avec sa typographie ronde, imitant la calligraphie enfantine, il rend cette lecture pleine de péripéties accessible aux débutants – qui s'en délecteront tous seuls en s’amusant des petits clins d’œil cachés dans l’image – aussi bien qu’aux plus petits qui la partageront avec un lecteur plus expérimenté.
Nathalie Ventax (septembre 2012)
24/09/2012 | Lien permanent
LA VISITE DE LA PETITE MORT
album
de Kitty CROWTHER
Éd. Pastel, mars 2004 - 11,20€
Drôle d’idée pour un album pour les plus petits que cet extraordinaire petit livre, condensé de générosité et d’intelligence. « La Mort est une petite personne délicieuse ». Ce n’est pas moi qui le dit et pour être honnête la lecture de cette première phrase m’a laissée perplexe, parce que comme l’écrit Kitty Crowther : « personne ne le sait ».
Un jour cependant, ou peut-être bien une nuit, la Petite Mort va chercher Elsewise une petite fille malade. Celle-ci, contrairement à tous ceux à qui la Petite Mort rend visite, l’accueille avec le sourire. C’est qu’Elsewise a tant souffert d’être malade qu’elle est prête pour une autre vie : elle sera un ange qui accompagnera la Petite Mort et, ensemble, elles iront chercher les mourants. Ainsi, « Lorsqu’ils voient le doux visage de l’ange, les gens n’ont plus peur de mourir. C’est bien mieux ainsi ».
Comme dans son très bel album Moi et Rien paru, lui aussi, chez Pastel, Kitty Crowther réussit le tour de force d’écrire et d’illustrer les sentiments les plus intimes.Ces sentiments que trop souvent on cache aux enfants en se faisant croire qu’on les protège quand on se protège en réalité nous-mêmes des trop grandes injustices de la vie.
20/07/2015 | Lien permanent
TROIS PETITS ANIMAUX
album
de Magaret WISE BROWN & Garth WILLIAMS (illustrations)
Traduit de l’américain par Olga Kent
Éd. MeMo, mars 2019 – 18€
Ces trois petits animaux là sont d’adorables oursons qui vivent « très heureux dans leur petit monde d’animaux », niché au cœur de la forêt.
Heureux oui mais curieux aussi. Curieux du monde coloré du bas de la colline où s’entassent gens, véhicules, immeubles… Si bien qu’un jour, l’un des trois compères, très vite rejoint par un autre, met des vêtements et s’en va voir de quoi il retourne. Le plus petit ne disposant pas de vêtements reste dans la forêt et attend patiemment le retour de ses compagnons. Le temps passant, il décide de les rejoindre après s’être affublé de feuilles, bûches et pot de fleur, en guise de manteau, chaussures et chapeau.
Mais retrouver ses comparses dans la grande ville s’avère plus difficile que prévu. Le petit ours fait l’expérience de la solitude et tente douloureusement de se reconnecter avec la nature. Heureusement, un grand coup de vent va remettre tout cela en ordre et débarrasser les oursons de leur frusques d’humains. Il faut alors les voir courir dans les bois, libres et heureux, pour retourner dans « leur petite maison bien chaude. Car c’étaient de petits animaux ».
Publié aux États-Unis en 1956, cet album délicat et drôle, qui emprunte au conte des trois ours, débarrassé de la sans-gêne Boucle d’or, est une petite merveille de tendresse où l’on retrouve tout le talent de la grande Margaret Wise Brown pour s’adresser aux petits. A la douceur et la malice des images de Garth Williams, éclairées de touches de jaune, s’ajoute aujourd’hui le charme des représentations venues des années cinquante.
Pour autant, nulle nostalgie dans les rééditions contemporaines que nous proposent les éditions MeMo. Tout au contraire, chacun de ces albums fait la preuve que certains livres d’hier, sont des oeuvres pour les enfants d’aujourd’hui.
Ariane Tapinos (avril 2019)
30/04/2019 | Lien permanent
LA PETITE FILLE EN ROUGE
Album
de Roberto INNOCENTI (histoire et illustrations)
et Aaron FRISCH (texte)
Traduit de l’anglais par Catherine Gibert
Éd. Gallimard jeunesse, février 2013
13,90 €
L’album s’ouvre sur une originalité : une page précède la page de titre. Là, au recto, une mise en scène vise à plonger le lecteur dans l’univers des contes. Au verso, les auteurs nous interpellent directement par une mise en garde sur une pleine page rouge.
Nous retrouvons l’histoire du Petit Chaperon rouge mais projetée dans un paysage urbain contemporain qui, au fil des pages, devient de plus en plus inquiétant, voire menaçant.
Sophia, toute vêtue de rouge, est envoyée par sa mère chez sa grand-mère. Elle va traverser une forêt symbolique toute de béton, où foisonnent personnages étranges et sollicitations en tous genres… Le texte déroule sobrement l’histoire, fait référence au conte traditionnel, mais il met en garde contre les dangers encourus et leurs conséquences dramatiques possibles.
La fidélité au patrimoine littéraire va jusqu’à proposer deux fins possibles, que l’on peut apparenter à celles de Grimm et de Perrault.
Les images réussissent le pari de traduire l’universalité des dangers du monde des grandes cités.
Quelle qualité d’illustrations ! Foisonnantes, réalistes, truffées de références actuelles filmiques, littéraires, commerciales…
Regard critique, parfois même caustique, sur une société pleine de risques à laquelle sont confrontés les jeunes adolescents. Une idée originale, une production remarquable qui a le mérite d’actualiser un conte traditionnel en renforçant son message d’avertissement pour les lecteurs d’aujourd’hui.
Josuan (avril 2013)
28/05/2013 | Lien permanent
Le Plus Gentil Loup du monde | album
Agnès de LESTRADE (texte) & Constanza BRAVO (ill.)
Éd. La Joie de Lire, novembre 2005
30 pages - 13,50 €
C’est un loup qui en a marre de manger des lapins et des taupes. Aujourd’hui, c’est décidé, il veut manger un enfant. Il se rend donc en ville et se jette sur une charmante petite fille bien dodue. Mais cette petite fille-là avait sans doute les oreilles bien grandes ouvertes le jour de l’exposé sur «la santé dans l’assiette»: voilà qu’elle se met à parler de protéines animales, de taux de cholestérol… Notre loup n’y comprend plus rien. Et c’est vrai qu’il se sent un peu patraque depuis quelques temps… Cette petite fille aurait-elle raison quand elle lui conseille de manger des légumes? Attiré par la perspective de manger la grand-mère en plus de l’enfant, notre loup se rend chez la fillette et découvre les artichauts à la crème et les champignons farcis au fromage. Un loup végétarien: c’est impossible! mais attention, ce loup-là n’est pas n’importe quel loup, c’est le plus gentil loup du monde!
Agnès de Lestrade signe ici un conte vitaminé et plein d’humour, une intrigue mitonnée aux petits oignons, pleine de bonne humeur et de légumes qui mettent l’eau à la bouche. Les illustrations de Constanza Bravo ajoutent ce qu’il faut de noirceur au texte. Sans vraiment faire peur, elle instillent de l’ambiguïté au récit: avant même que l’histoire ne commence, on se méfie un peu de ce loup qui enfile un masque souriant et des lunettes noires… Voilà une histoire agréable à lire, à regarder, bref, à savourer sans conditions!
Marie Buraud
(première publication de l'article: 13 février 2006)
28/01/2011 | Lien permanent
LE PETIT RORO (mon tout premier dico)
Album tout-carton de Corinne DREYFUSS
& Benjamin CHAUD (illustrations)
Éd. Actes Sud Junior
Septembre 2012 – 13,80€
« Les tout-petits ne bafouillent pas, ne baragouinent pas, n’ânonnent pas (…) ils créent le monde, se jouent de lui et nous emportent dans ce jeu de bouche ». C’est par cette phrase que le pédopsychiatre Patrick Ben Soussan conclut sa belle préface à ce « tout premier dico ».
Dès la couverture, le ton est donné : c’est un enfant qui « lit » un livre sous le regard énamouré de ses parents. C’est lui qui lit, c’est lui qui dit, c’est de ses mots dont il s’agit. Et son langage, comme le rappelle Patrick Ben Soussan, n’est pas une bouillie pré-langagière, il est ce qui fonde son monde et ses relations aux autres, à mesure qu’il se risque à explorer l’au-delà de lui. Ses premiers mots, formés de deux syllabes associées « bord à bord », « chair à chair », sont autant de fils tissés entre lui et le monde, entre absence et présence.
Avec ce beau livre un peu étroit, aux bords arrondis et aux pages cartonnées, avec ces images colorées et ces mots tout simples mais pas simplistes, Corinne Dreyfuss et Benjamin Chaud font la preuve, comme le dit Patrick Ben Soussan, que le « b-a-ba des bébés est la poésie du monde des adultes ».
Ariane Tapinos (septembre 2012)
27/09/2012 | Lien permanent
PETIT ARBRE NE VEUT PAS GRANDIR
album
de Loren LONG
Traduit de l’anglais par Alice Seelow
Éd. Circonflexe, coll. Albums, août 2016 - 13€
« Il était une fois un petit arbre… ». Ce petit arbre vit dans la forêt, entouré de ses congénères. Comme eux, à l’arrivée de l’automne, ses feuilles passent du vert tendre au rouge flamboyant mais à la différence des autres arbres de la forêt, petit arbre ne veut pas laisser ses feuilles tomber quand l’hiver pointe. Au contraire, il les serre bien fort contre lui. Et quand le printemps revient, il est le seul à arborer des feuilles rousses. Une autre année passe et petit arbre est désormais le seul à être aussi petit parmi ses compagnons de la forêt. Un jour, il se rappelle où tous faisaient la même taille que lui et enfin, il laisse ses feuilles tomber.
Délicate métaphore arboricole des difficultés que certains enfants ont parfois à grandir. Petit arbre a bien du mal à se séparer de ses feuilles et a besoin de voir les autres autour lui devenir grands pour se lancer à son tour dans l’aventure. Bientôt, plus rien ne distinguera Petit arbre des autres parce que bien qu’ayant adopté un rythme différent, il est lui aussi devenu un grand et bel arbre.
Une histoire à offrir à tous les parents qui s’inquiètent quand leur petit prend un peu son temps pour devenir grand. Qu’ils se rassurent, les arbres qui ont besoin de temps pour pousser deviennent aussi beaux et grands que les autres !
Ariane Tapinos (octobre 2016)
17/10/2016 | Lien permanent
QUE FONT LES PETITES FILLES AUJOURD'HUI ?
album
de Nikolaus HEIDELBACH
Traduit de l’allemand par Marc Porée
Éd. Les grandes personnes, septembre 2014
Beau et impertinent, cet abécédaire nous plonge, plus de vingt ans après Au Théâtre des Filles (éditions du Sourire qui mord, octobre 1993 - Grand Prix de Bologne en 1996) dans l’univers décapant des petites filles de Nikolaus Heidelbach.
Cet album audacieux tord le coup aux stéréotypes, à travers 26 portraits de fillettes
intrépides et malicieuses, sans pour autant se résumer à une dénonciation – à la mode – des stéréotypes. Chaque image, en résonance avec la phrase qui l’accompagne, ouvre à de nombreuses lectures différentes qui – à la manière du surréalisme - évoquent tout autant une palette de manière de grandir en tant fille que le corps, la sexualité, le désir…
Il est bien entendu à mettre en relation avec son pendant masculin, paru en même temps : Que font les petits garçons aujourd’hui ? (éditions Les grandes personnes 2014), qui lui aussi fait écho à un ouvrage plus ancien : Que font les petits garçons ? (Seuil Jeunesse, 2000).
Sans doute plus provocateurs que leur version de 1993 et 2000, il faudrait cependant être bien naïf pour penser que ce que font les petites filles et les petits garçons « aujourd’hui » est différent de ce qu’ils faisaient il y a vingt ou quinze ans. Grandir c’est se poser des questions, se découvrir autant que découvrir le monde. Se confronter à ses désirs et ses pulsions. Et si les images de Nikolaus Heidelbach sont parfois dérangeantes, ce sont les interrogations mêmes qu’elles soulèvent qui doivent nous intéresser.
Ariane Tapinos (mars 2015)
28/02/2015 | Lien permanent