Rechercher : Mama Miti, la mère des arbres
Une faim de crocodile | album de PITTAU & GERVAIS
Éd. Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, fév. 2007 – 14 €
Le premier jour, à peine sorti de l'œuf, le crocodile a faim; une ÉNORME faim qui fait faire de drôles de bruits à son estomac. Tout petit, il s'attaque d'abord à un moustique et à tous les insectes qui croisent son chemin, mais bientôt, devenu grand, il engloutit tout ce qui vole et marche à quatre pattes ou nage dans les océans. Jamais rassasié, il mange les arbres et même l'herbe. Le sixième jour, il ne reste plus rien sur la terre: «rien que de la terre et descailloux». Alors il se met à grignoter la terre jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un tout petit bout «qui l'empêche de tomber au fond de l'espace». C'est alors que, le septième jour, prenant sa queue pour un serpent, il se met à se manger lui-même, et n'en laisse pas une miette!
Les adultes reconnaîtront sans mal l'espèce humaine dans ce crocodile affamé qui, dans le temps prêté à Dieu par les croyants pour créer le monde, réussit à détruire la terre qui le fait vivre, au point d'entraîner sa propre disparition. Pour autant, la fable n'a rien d'une démonstration et conserve toute sa saveur... Avec un texte court et simple et de magnifiques illustrations, ce crocodile gourmand fera la joie des petits tout en incitant les grands à la réflexion sur le devenir de notre belle et fragile planète.
Ariane Tapinos
(première publication de l'article: mars 2007)
15/01/2010 | Lien permanent
Petits poèmes pour passer le temps | poèmes de Carl NORAC, illustré par Kitty CROWTHER
Éd. Didier jeunesse | janvier 2009 | 15,90 €
Quarante poèmes courts ou très courts sur le temps qui passe ou pas. Le temps qui dure et celui qui file. Le temps d’été, du miel et des cigales et celui de Noël où il fait froid. Le temps d’aimer ou de rêver. Quelques-uns de ces poèmes sont introduits par une consigne, elle-même poétique et souvent drôle, et tous sont illustrés par Kitty Crowther.
Quand je cours le monde est «à lire sur les chemins» : «Quand le temps en courant, / ne s’arrête pas, / je le sème souvent. / Alors, il me suffit / de prendre à l’avenir / une poignée de jours / et de les jeter devant moi / pour me frayer un passage.» Et voilà un homme qui marche à grands pas, dans le sens du vent qui fait courber les cyprès.
Ailleurs, dans Dialogues, c’est un homme penché vers de petits insectes aux mandibules tendues, qui dialogue avec la nature :
«Je parle miel avec les abeilles. / Je parle sève avec les arbres. / Je parle pollen avec les fleurs…»
Et sur la page de droite, un homme qui parle à l’oreille d’une femme dont les grands yeux bleus sont écarquillés. C’est Miel de toi, un poème «à chuchoter quand le vent se tait».
C’est plein d’humour et de gaieté et d’une petite musique qui chante la nature et les bonheurs tout simples. C’est une rencontre incroyablement réussie entre les univers de deux grands artistes. Les mots de Carl Norac et les dessins de Kitty Crowther se parlent et se mélangent, se complètent et se répondent. Dès la couverture – un lapin et une jeune femme qui prennent le thé et qui ne sont pas sans faire penser à Alice et au délirant goûter du chapelier fou où le temps tourne en boucle – on est invité à partager leur complicité, à prendre un peu de temps, pour lire quelques poèmes en dégustant ce petit livre savoureux et beau.
Ariane Tapinos (mars 2009)
17/03/2009 | Lien permanent
Les poissons savent-ils nager ? | album d'Alex COUSSEAU (texte) & Nathalie CHOUX (ill.)
Éd. Sarbacane | octobre 2009 | 34 pages – 14,90€
«Un jour les poissons auront le mal de mer. Ils se laisseront pousser des bras et des jambes et ils sortiront tous de l’océan, petits et grands.» Et quand cela arrivera, eh bien, la fin du monde ne sera pas très loin! Parce que les poissons voudront les mêmes choses que les êtres humains, et naturellement ils en feront trop et la chaîne alimentaire sera bouleversée, les arbres abattus, hommes et poissons quitteront la Terre à la recherche de nouvelles ressources et les poissons finiront… à l’eau! Alors le poisson vivra-t-il un jour en harmonie avec l’être humain? Possèdera-t-il portefeuille en cuir de vachette et fusil? Pas de panique!
«La baleine, en tant qu’entité individuelle, possède peut-être une capacité de penser à des niveaux de complexité qui dépassent notre compréhension, et il n’est pas impossible que parmi ses inventions mentales se situe la spécification complète d’une bicyclette; mais ne disposant pas des outils de l’art et de la réserve permanente du “savoir-faire”, la baleine ne serait pas libre de transformer de telles pensées en objets concrets.»(1) Si la baleine (qui n’est pas un poisson) est encore loin de sortir des flots, ce n’est pas demain que le poisson envahira nos villes. Quant aux crevettes… là est la question!
Il n’en demeure pas moins que cet album, s’il joue volontiers la carte de l’absurde, reste une petite leçon d’écologie truculente qui enchantera les lecteurs… petits et grands.
Nathalie Ventax (janvier 2010)
(1) James Lovelock, La Terre est un être vivant, l’hypothèse Gaïa, éd. Flammarion, coll. Champs, 1993.
30/01/2010 | Lien permanent
DIS, MAMAN…
Album d'Eve BUNTING (texte)
& Sergio Ruzzier (illustrations)
Traduit de l'anglais par Christine Mignot
Éd. Circonflexe
Octobre 2012 – 13 €
« Dis maman, qu’est-ce que c’est ? » Petit éléphant découvre le monde avec sa maman. Il la tient par la queue et arpente les chemins. À chaque nouvelle rencontre, il l’interroge : « Dis maman, qu’est-ce que c’est ? » Un crocodile, un singe, un oiseau… Petit éléphant aimerait lui aussi nager dans la rivière, s’accrocher aux branches et savoir chanter. Mais voilà, il est un petit éléphant, il peut s’arroser avec sa trompe, se frotter contre les arbres et barrir comme tous ceux de son espèce. Petit éléphant pourra aussi grandir pour « devenir un gros éléphant, beau, fort et intelligent », comme sa maman. Déjà, Petit éléphant est capable de guider sa maman sur le chemin du retour.
Il faut dépasser les images un peu vieillottes et surtout l’inutile couverture molletonnée, pour plonger dans cet adorable album qui parle avec délicatesse de grandir en découvrant le monde. Les nombreuses onomatopées, les animaux, la répétition des questions du petit éléphant qui rythment cette tendre ballade en font une lecture idéale pour les plus petits éléphants et les autres.
Ariane Tapinos (février 2013)
17/03/2013 | Lien permanent
L'ÎLE DU LOUP Fable écologique
album
de Celia GODKIN
Traduit du canadien par Pierre Bertrand, éd. L’école des loisirs, septembre 2012 – 12,70€
Une famille de loups vit sur une petite île qui forme un véritable écosystème avec ses arbres, ses plantes et toutes sortes d’animaux. Un jour, les louveteaux s’aventurent sur un radeau échoué sur la plage. Le courant les entraine bientôt au large et leurs parents se précipitent à leur tour sur le radeau qui maintenant dérive sur le lac. Désormais il n’y a plus de loup sur l’île… Sans prédateurs, les cerfs se multiplient et mangent les herbes et les feuilles qui couvrent l’île. Bientôt, les lapins n’ont plus rien à se mettre sous la dent et les renards, friands de lapins, se retrouvent également sans pitance…
De leur côté, les loups ont accosté aux abords d’une forêt déjà occupée par une meute de leurs congénères pas franchement enclins à leur céder une partie de leur territoire.
L’intérêt de cet album c’est de présenter sous la forme d’une fable, superbement illustrée – d’une manière très classique qui n’est pas sans rappeler les images de Gerda Muller - par l’auteure elle même, une lumineuse démonstration du fragile équilibre qui lie entre eux les éléments d’un écosystème. Et au delà de la démonstration, de raconter une belle histoire qui se lit et se raconte comme n’importe quel album. Ou plutôt comme un album réussit !
Ariane Tapinos (novembre 2015)
22/10/2015 | Lien permanent
LA TOURNÉE DU FACTEUR SOURIS
album
de Marianne DUBUC
Éd. Casterman, mars 2015 – 13,95€
Être facteur, voilà qui n’est pas de tout repos ! Pour venir à bout de sa tournée, Facteur Souris doit grimper aux arbres, plonger dans la mer, s’envoler dans les cieux… Il doit affronter toutes sortes de dangers pour apporter leur courrier à un serpent, un dragon, un loup et même une famille de putois ! Il lui faut aussi supporter tous les climats des frimas des pingouins au soleil de la marre en passant par les terres humides des crocodiles. Après cette longue tournée pleine de rencontres et d’aventures, il pourra rentrer chez lui, livrer son dernier paquet, à son petit Tommy qui fête aujourd’hui son anniversaire.
Plus que l’histoire, somme toute assez succincte, se sont les images de Marianne Dubuc qui séduisent le lecteur. Elles sont rafraichissantes et fourmillent de menus détails qui rendent la lecture amusante. Parfois même dans une double page se cachent d’autres histoires comme celle de la pie recherchée pour ses larcins ou celle de Monsieur Loup dont le repas de moutons prend la poudre d’escampette avec l’aide d’une bande de trois cochons masqué pendant que veille une petite fille vêtue d’un chaperon rouge…
Un livre à regarder longtemps.
Ariane Tapinos (juin 2015)
29/06/2015 | Lien permanent
LES TROP SUPER La trouilleuse fantôme & Jurassic poule
album - bande dessinées
de Henri MEUNIER & Nathalie CHOUX (illustrations)
Éd. Actes Sud Junior, février 2015 – 10,90€ chaque volume
Les Trop Super ce sont Balbir un petit tigre et son copain la tortue Bruno qui, vêtus de leurs masques et de leurs capes (enfin Bruno se contente d’une super ceinture, la cape étant peu compatible avec la carapace même quand elle est bien rangée), se transforment en super héros au service de leur environnement.
Dans le premier opus, nos deux héros mettent en fuite la « trouilleuse fantôme » responsable des trous dans les feuilles des arbres. Grâce à leurs pièges ingénieux ou parce que les chenilles qui peuplaient la forêt se sont transformées en ravissants papillons… Dans Jurassic Poule, ils déjouent les terribles plans d’une petite poule qui rêve que plus personne ne lui enlève le grain du bec.
Heureusement Bruno est là pour lui rappeler que « la différence entre le paradis et l’enfer peut se jouer à un petit détail. Comme qui dévore qui par exemple. » Et que « tous les rêves ne sont pas faits pour devenir vrais ». Information que Balbir pense qu’il faut délivrer à ceux qui sont tout en haut de la hiérarchie sociale de nos deux bambins : « les dames de la cantines », « le vigile du Maximarket… »
Entre album et bande dessinée pour les petits, Les Trop Super forment une fine équipe amusante et tendre. On reconnaît sans mal le dessin coloré et rond de Nathalie Choux. Henri Meunier de son côté donne à nos deux supers petits héros des mots d’enfants naïfs et malicieux à la fois.
Ces deux premiers albums annoncent une série bien réussie !
Ariane Tapinos (mars 2015)
23/03/2015 | Lien permanent
LE NOËL DU CHAT ASSASSIN
roman
de Anne FINE
illustré par Véronique DEISS
Traduit de l'anglais par Véronique Haïtse
Éd. L'École des Loisirs, coll. Mouche, nov. 2011
87 pages - 9,20€
Comme à chaque Noël, « la tante d'Ellie, Anne, son mari, Brian et les jumeaux mollasses » viennent pour les fêtes de fin d'année. Et ce n'est pas un moment de plaisir pour notre chat assassin, il « déteste avoir des invités »… On va vite comprendre pourquoi !
Accidents et idées farfelues vont faire monter la tension entre ce dernier et le père d'Ellie, qui aimerait voir ce satané chat en pension… voire même chez le vétérinaire ! Mais les enfants aiment bien trop l'animal, il ne laisseront pas faire ça. Ils lui donnent même un rôle de choix dans leur petit spectacle de Noël… Mais de bêtises en faux-pas, le chat assassin finira enfermé dans le garage, avec pour seule compagnie une grosse mite… qu'il finira par tuer bien sûr !
Alors que notre chat ne cherche que la tranquillité, le destin en décide toujours autrement… Ce n'est quand même pas de sa faute si les décorations sont si fragiles qu'on ne peut pas jouer avec sans les casser, si sa queue ne peut s'arrêter de se balancer et de tout arracher sur son passage, si les sapins de noël sont des arbres en haut desquels on ne peut pas grimper… Et tant d'autres conséquences que le chat assassin n'est pas en posture de mesurer !
Ceux qui ont des chats (ou qui en fréquentent) se reconnaîtront dans de nombreuses péripéties de notre petite famille. Encore une aventure du chat assassin riche en rebondissements dans laquelle on retrouve le ton sarcastique d'Anne Fine, pour notre plus grand plaisir, et les dessins de Véronique Deiss, qui illustrent à merveille les nombreux comiques de situation. Pour un Noël chat-leureux !
Chloé Boulanger (décembre 2014)
01/12/2014 | Lien permanent
MON MERVEILLEUX SAPIN DE NOËL
album
de Dahlov IPCAR
Adaptation française de Françoise de Guibert
Éd. Albin Michel jeunesse,novembre 2014 - 12,90 €
« À la cime du sapin, dans la nuit de Noël, j'ai vu une étoile qui brillait » Puis, deux ours, trois lynx, quatre porcs-épics ...jusqu'à douze mésanges à tête noire sifflotant « joyeux noël !»à la base de l'arbre . Un inventaire animalier pour compter de un à douze les petits animaux qui peuplent ce très original sapin de noël … Les habituelles boules et guirlandes paraîtront bien sages auprès de ces décorations grignoteuses, ronronnantes et cabriolantes !
On pense bien sûr devant cette énumération aux « douze jours avant noël » un chant de noël bien connu des anglophones qui reprend ce principe d'accumulation.
Paru pour la première fois aux États-Unis en 1986, ce très bel album de noël est signé par l'illustratrice et artiste peintre Dhalov Ipcar dont les éditions Albin Michel Jeunesse ont entrepris de rééditer l’œuvre, méconnue en France. Deux autres albums sont déjà parus cette année : L'oeuf mystérieux et J'aime les Animaux.
Nathalie Ventax (décembre 2014)
01/12/2014 | Lien permanent
Tut Tut, c'est Noël ! | album de Naokata MASE
Traduit du japonais par Mutsumi Funoto
Éd. Le Sorbier | oct. 2010
13,50 €
Aujourd’hui c’est Noël et toute la famille part pour une grande promenade en bus. Tut, tut, le bus quitte les collines, traverse une rivière et se dirige vers la ville. Il passe devant la patinoire et le zoo. Le long du port où stationnent d’immenses paquebots blancs. Il s’arrête devant le parc d’attraction et le centre commercial. Puis, il quitte le cœur de la ville pour s’aventurer dans la montagne. La neige s’est mise à tomber et quand la petite famille arrive à destination, la forêt est recouverte d’un épais manteau blanc. Là, se dresse un magnifique sapin, un grand arbre de Noël qui brille de mille feux. Quel beau voyage et quelle belle soirée de Noël!
Après les très réussis Tchou Tchou ! (éd. Le Sorbier 2009) et Fonce petit train (éd. Le Sorbier 2010), Nakoata Mase nous convie à une autre promenade motorisée dans les paysages suburbains du Japon contemporain. C’est réjouissant parce que, sortis de quelques albums archi-connus qui mettent en scène des engins de chantiers ou des moyens de transports, il est difficile d’assouvir la passion des enfants pour les voitures, trains et autres camions. Ici, ça roule et ça fourmille de bus, de voitures et même de bateaux mais ça nous fait voyager dans un paysage entre ville et campagne, au cœur de l’hiver. Ça klaxonne, ça fait VROUM, VROUM, PFFT, SCHLAK… Les images sont pleines de détails pour prolonger la lecture et les pages, découpées sur la hauteur, donnent du volume et de la perspective à cette promenade presque comme les autres, mais pas tout à fait puisqu’elle se termine par un repas de Noël. Une manière aussi de parler de Noël sans les habituels lutins, feux de cheminée et autre rennes.
Ariane Tapinos
(novembre 2010)
05/12/2010 | Lien permanent