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16/10/2015

REGARDE EN HAUT

Regarde en haut.jpgalbum
de Jin-Ho JUNG
Adapté du coréen par Alain Serres, éd. Rue du monde, coll. Coup de cœur d’ailleurs, septembre 2015 – 16€

A la suite d’un accident de voiture – résumé en quelques lignes et images sur les deux premières pages de l’album – Suji ne peut plus marcher. Perchée sur le balcon de son appartement, elle regarde le monde qui s’étale au pied de son immeuble. D’en haut, les gens ressemblent à des fourmis dont elle ne verrait que la tête et les épaules. D’en haut, elle voit si les gens sont pressés ou si ils flânent, si les enfants jouent, si les chiens passent. Parfois, la rue se remplit de parapluies, coroles noires qui s’agitent entre les flaques. A force de regarder des gens qui ne la voient pas, Suji ne distingue plus qu’une grande masse qui se meut sous ses fenêtres. 


« Eh ! Je suis là !!! Est-ce que quelqu’un peut… regarder en haut ?! ». Quelqu’un tourne son visage vers Suji et peu à peu, les passants s’arrêtent et se prêtent au jeu : ils s’allongent sur le sol et regardent Suji qui les regarde.

Parce que le handicap frappe d’invisibilité ceux qui en souffrent, qu’ils soient, comme Suji, condamnés à rester cloitré chez eux, ou simplement qu’ils cessent d’exister au yeux de ceux qui sont indemnes, cet album est une lumineuse métaphore. Suji sourit et reprend goût à la vie (des couleurs apparaissent dans l’image) et, quand le monde est capable de la voir, reprend sa place en son sein. Pour voir Suji, il faut prendre le temps de la regarder et  accepter de faire un pas de côté. Peut-être, en effet, nous faudrait-il apprendre à regarder l’autre dans sa singularité, et savoir se déplacer pour rendre cette rencontre possible.

Ariane Tapinos (octobre 2015)

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