10/11/2013
DOUBLE JEU
Roman
de Jean-Philippe BLONDEL
Éd. Actes Sud Junior, août 2013
137 pages – 11 €
Quentin a changé de lycée contraint et forcé par l’administration scolaire. C’était ça ou quitter l’école dès ses seize ans révolus. Trop d’absences, trop d’insolence, quelques bagarres… Quentin a été prié de quitter son établissement pour un lycée des beaux quartiers. Il a quitté ses copains, son quartier et doit se fondre dans un univers qui n’est pas le sien. Dans son nouveau lycée, les filles ont des prénoms composés, les garçons s’appellent Heathcliff, Sacha… Tous portent des vêtements de marque. Rien à voir avec lui, sa famille, sa mère caissière au supermarché, son père ouvrier à l’usine.
Quentin aborde son nouvel environnement avec cynisme et regrets. Sa professeure de français ne se laisse pas impressionner par ses mimiques de mauvais garçon. Elle lui colle entre les mains la pièce de Tennessee Williams, La Ménagerie de verre et bientôt, lui demande de tenir le rôle principal, celui de Tom Wingfield. Comme Quentin, dont la vie se partage désormais entre deux mondes qui ne se parlent pas et avec lesquels il lui faut composer, le narrateur de la pièce de Tennessee Williams est tiraillé entre son désir de quitter sa mère et sa sœur handicapée et l’impératif moral qu’il s’impose de ne pas les abandonner comme son père l’a fait.
Avec ce bref roman, à l’écriture limpide, construit en trois actes, Jean-Philippe Blondel nous parle une nouvelle fois de l’adolescence et de l’importance de la culture pour grandir et se découvrir.
Les comédiens de l’Actors Studio, dont La Ménagerie de verre est contemporaine de la fondation, étaient invités à construire leurs personnages en piochant émotions et souvenirs dans leur propre vie. Quentin doit lui aussi trouver en lui les ressources pour devenir l’adulte qu’il choisira d’être. Le théâtre, la littérature lui permettront de prendre ces décisions qui font passer de l’adolescence à l’âge adulte.
La brièveté du texte n’empêche pas sa densité puisqu’il est ici question tout autant de différences sociales que de choix individuels.
Il faut une grande maîtrise pour tisser un récit qui mêle tant ce qui fait la vie d’un adolescent : le lycée, les amitiés, l’amour, les rencontres, la découverte de soi et des autres.
Et, comble de la réussite, Jean-Philippe blondel réussit cette alchimie sans jamais tomber dans le récit nombriliste.La médiation de la culture fait de la vie de Quentin une histoire qui touche chaque lecteur.
Ariane Tapinos (octobre 2013)
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