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23/06/2012

MON FRÈRE, MA PRINCESSE

sexisme,genre,violencePièce de théâtre de Catherine ZAMBON
Éd. L’école des loisirs, coll. Théâtre
Mai 2012, 61 pp. – 6,60 €

Alyan est un petit garçon de cinq ans qui clame haut et fort qu’il refuse d’être… un garçon.  Il veut être une fille parce que « la nature elle s’est trompée ». De lubie amusante, l’entêtement d’Alyan devient agaçant et… menaçant pour son entourage. Alyan est comme il est, pas moyen que ce soit autrement. Mais pour Nina sa grande sœur, c’est un calvaire que de défendre son petit frère en butte aux railleries des autres enfants. Violentée par eux, elle décide de disparaître et force alors ses parents, son père surtout, aveugle à la détresse de son fils, à prendre la mesure de la souffrance dans laquelle, elle et son frère sont plongés. 


Dans ce texte court et d’une incroyable audace, Catherine Zambon convoque toutes les questions qui naissent entre le sexe et le genre. Elle donne des mots à cet enfant si touchant dans sa détermination à être ce que son corps n’est pas, elle raconte la violence sexiste qui peut s’exprimer même parmi des enfants, elle n’omet pas la violence des rôles que les adultes assignent aux enfants selon leur sexe.

Sa pièce sonne comme un cri de révolte contre les normes qui enferment et elle nous donne à lire et à entendre une évidence : pour Alyan, être une fille n’est pas un choix, c’est une nécessité. Parce que oui, parfois, la nature se trompe et seule la liberté des hommes et des femmes peut remettre de l’équilibre à cet endroit-là.

C’est un très beau texte incroyablement émouvant qu’on lit le cœur serré et auquel son auteure offre des respirations quand la fantaisie vient au secours de la réalité, chaque fois qu’Alyan décide de transformer les gens en choses et que, miracle du théâtre et de la littérature, sa grand-mère devient fraise tagada…  Pas sûr que dans « la vraie vie » comme disent les enfants, l’histoire se termine aussi bien, mais le final n’est ici qu’une étape et il est magnifique.

Ariane Tapinos (juin 2012)

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