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16/01/2012

HARVEY MILK : « Non à l’homophobie »

Harvey Milk.gifRoman historique et documentaire de Safia Amor
Éd. Actes Sud Junior, coll. Ceux qui ont dit non

sept. 2011, 95 pp. - 7,80 €

Rendu célèbre en 2008 auprès des jeunes générations – et hors États-Unis – par le film éponyme de Gus Van Sant et l’incroyable interprétation de Sean Penn (Oscar du meilleur acteur), Harvey Milk est un activiste qui fut le premier élu américain ouvertement homosexuel. 

Le récit de Safia Amor, très bien mené et très accessible, nous plonge au cœur des années 60 où règnent encore l’intolérance et la violence anti-homosexuels. Elle nous raconte l’ascension d’Harvey Milk, des rues de New York où il a passé sa jeunesse et une partie de sa vie d’adulte, à celles de San Francisco où, à 47 ans et après deux tentatives infructueuses, il est élu au conseil municipal, aux côtés du maire George Moscone. Nous sommes en 1977 et si un vent de liberté souffle à travers l’Amérique et plus particulièrement à San Francisco où le quartier de Castro devient un symbole de cette tolérance nouvelle, la question de l’homosexualité continue de provoquer des débats parfois violents. Au cours des onze mois que durera son mandat, Harvey Milk réussira à contrer une proposition de loi, soumise à référendum, qui visait à exclure de l’enseignement tous les homosexuels. Surtout, sa personnalité et son engagement contribueront à faire sortir les homosexuels de la clandestinité. Son «Soyez vous-mêmes» revient à exiger plus de droits et plus de tolérance envers les homosexuels: la liberté d’être, tout simplement. 


Assassiné, avec le maire George Moscone, le 27 novembre 1978, Harvey Milk laisse derrière lui des cassettes dans lesquelles il raconte sa vie, ses combats et prononce cette phrase restée célèbre: «If a bullet should enter may brain, let that bullet destroy every closet door», «Si une balle devait entrer dans mon cerveau, que cette balle détruise toutes les portes des placards» en référence aux homosexuels contraints de garder leur vie sexuelle, et donc leur être «au placard». 

Si le roman de Safia Amor est si réussi, c’est que la vie même d’Harvey Milk est passionnante mais aussi qu’elle sait rendre l’ambiance fébrile et libertaire de ces années 70 californiennes et qu’elle fait de son héros le portrait touchant d’un homme droit, combatif et plein d’humour. 

Enfin, le cahier documentaire qui complète l’ouvrage rappelle quelques faits édifiants: c’est seulement le 17 mai 1990 que le ministère de la Santé (en France) a retiré l’homosexualité de la liste des maladies mentales de l’OMS! Et terrifiants aussi: de nos jours en France, le suicide représente la première cause de mortalité chez les jeunes homosexuels… (et chez combien de jeunes non «déclarés» homosexuels?) Sans parler des dénis de droits et des sévices subis, en toute légalité, par les homosexuels, dans de nombreux pays à travers le monde… 

Comme l’a démontré un rapport remis au ministre de l’Éducation en 2010, resté confidentiel mais largement relayé par la presse, il est urgent de se préoccuper des discriminations et des vexations que subissent les jeunes qui se déclarent (ou même sont supposés être) homosexuels. Plutôt que de se battre pour supprimer des manuels scolaires la mention de la part culturelle de la sexualité humaine, certains feraient mieux de prendre conscience de l’urgence qu’il y a à mettre ces questions d’identité – qui sont au cœur des préoccupations des adolescents – au centre de nos pratiques éducatives… 

Ariane Tapinos (septembre 2011) 

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