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Olivia prépare Noël
Ian FALCONER
Traduit de l’américain par Marjorie Bourhis
Éd. Seuil jeunesse, novembre 2008 – 16 €
Olivia est cette petite cochonne délurée et amateure d’art, imaginée par Ian Falconer. Elle est intelligente et drôle et ne ressemble à aucune autre héroïne avec son museau en triangle, ses oreilles pointues et ses jarrets potelés. On l’adore et c’est avec plaisir qu’on la retrouve à la veille de Noël. Mais l’attente est longue et Olivia n’est pas douée pour l’inaction: elle préfère aider ses parents, quitte à décapiter le sapin pour faire un joli petit centre de table. Enfin, au matin, la neige est là et les cadeaux aussi… Olivia et ses frères ont vite fait de les déballer et William, le petit dernier très motivé, se met même à marcher pour ne pas être en reste. La journée qui suit est stimulante et fatigante: il faut essayer tous les nouveau cadeaux, ski, luge, bonhomme de neige, ou plutôt cochon de neige… Éreintée Olivia s’endort et rêve que, vêtue d’un ravissant tutu blanc, elle danse dans Casse-Noisette!
On retrouve ici tout ce qui fait le charme des albums de Ian Falconer: son espiègle héroïne et son attachante famille, mais aussi et surtout, ses illustrations en noir, gris et blanc, relevées de rouge et d’une autre couleur – qui change selon les histoires – ici le vert sapin, évidemment. Des images où il glisse quelques photos de paysages, d’affiches ou d’œuvres d’art. Le résultat est à la fois drôle, incongru et superbe.
Un incontournable album de Noël.
(première publication de l'article: 20 décembre 2008)
03/12/2009 | Lien permanent
Le Gourmet solitaire | manga de Masayuki Kususmi (texte) & Jirô Taniguchi (ill.)
Traduit du japonais par Patrick Honnoré et Sahé Cibot
Adpatation graphique de Caroline Delavault
Éd. Casterman, coll. Sakka
octobre 2005, 198 pages - 9,95 €
À la manière de certains des autres ouvrages du grand magaka Jirô Taniguchi, ce Gourmet solitaire est une déambulation dans les quartiers de Tokyo. Mais, ici, chacun des dix-huit chapitres se conclut par une dégustation, une rencontre gourmande avec l’un des nombreux plats de la cuisine japonaise. Le plat et le lieu composent le titre de chaque chapitre. Un homme, importateur d’articles de mode de son état, entre au hasard de ses déplacements professionnels, dans des restaurants inconnus. Il y rencontre des mets et des gens, qu’il observe ou avec qui il se mêle. Chaque fois, son repas est offert au lecteur dans une image conçue un peu comme la photo d’un paysage sur laquelle serait mentionnés les différents sites représentés. C’est d’une beauté simple et un peu mélancolique. C’est terriblement appétissant et en même temps, pour le lecteur occidental peu au fait de la culture culinaire japonaise, délicieusement exotique.
Un régal pour les amateurs de manga et un livre à offrir de toute urgence à ceux, ils ne sont plus très nombreux heureusement, qui douteraient encore de la richesse et de l’intelligence d’une certaine bande dessinée japonaise.
Ariane Tapinos
(première publication: février 2006)
16/03/2011 | Lien permanent
Les contes du chemin avec Chantal Constant
L'heure des contes (du chemin) à la librairie…
Pendant la première semaine des vacances d'hiver - mardi 23, mercredi 24 et jeudi 25 février, de 17h à 18h - Les contes du chemin, avec Chantal CONSTANT, conteuse et La compagnie créative, maison d’édition bordelaise.
Dans le cadre du projet européen «Les contes du chemin», mené par La compagnie créative, éditeur bordelais et les éditions OQO, éditeur espagnol.
Chantal Constant est tisserande d’histoires.
Elle déroule le fil d’histoires pelotonnées au fond de son imaginaire. Contes, récits, poèmes, tous parlent de nous, humains, terriens. Passeuse d’histoires venues du fond des temps, histoires qui l’émeuvent, la surprennent, la font rire, l’enchantent. Elle les relie et les tisse pour, le temps d’une soirée, en dérouler l’étoffe.
En partage de l’ici et l’ailleurs, elle vous les dit.
Ses spectacles:
«Comment ça va?» des histoires au féminin.
«Les contes de l’île rouge» contes malgaches.
«Les contes de la tisserande» contes du fil, des cordes et du tissage.
«Les animaux nous parlent» les animaux seraient-ils plus sages que les humains?
En savoir plus sur «Les contes du chemin» sur le site de la Compagnie créative.
16/02/2010 | Lien permanent
Le Voyage de grand-père | album d'Allen SAY
Éd. L'École des loisirs | septembre 1995 | 11,90 €
Dans ce très bel album, Allen Say nous conte l'histoire de sa famille entre Japon et États-Unis. Son grand-père parti du Japon pour découvrir le monde, installé en Californie, marié au Japon. Sa mère partie, à l'âge adulte, vivre avec ses parents au pays natal. La guerre qui empêcha son grand-père de retourner aux États-Unis. Lui, enfin, qui s'en alla voir la Californie de ses propres yeux. Ce Voyage de grand-père est celui de l'amour pour deux pays différents et parfois même ennemis. C'est un voyage fait d'allers et retours et d'hésitations, d'émerveillements et de regrets. Illustré par de pleines pages qui sont, chacune, comme un tableau - portrait ou paysage - cet album est un peu comme un album photo qu'Allen Say nous invite à feuilleter avec lui. C'est l'album de sa famille, de son histoire tissée entre deux pays, deux univers, deux cultures. Hommage à ce grand-père mort sans avoir pu retrouver sa Californie, Le Voyage de grand-père est aussi une déclaration d'amour à deux pays si chers au cœur de l'auteur qui avoue: «le plus drôle c'est que dès que je suis dans un pays, je m'ennuie de l'autre».
Ariane Tapinos
(première publication de l'article : 5 juillet 2005)
PS : Ce livre a reçu la Caldecott Medal aux États-Unis en 1994, et le Prix Chronos décerné par la Fondation Nationale de Gérontologie en 1996. Mais ce magnifique album est aujourd'hui (mai 2009) épuisé en France. On peut toujours espérer une réédition…
31/05/2009 | Lien permanent
L'Été de Garmann | album de Stian HOLE
Traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud
Éd. Albin Michel, mars 2008 - 12,50 €
Bienvenue chez Garmann: un petit garçon de six ans aux cheveux blancs tellement ils sont blonds, des tâches de rousseurs sur le nez et le bronzage de quelqu'un qui vient de passer son été au grand air… Malheureusement pour Garmann, l'été s'achève et c'est bientôt le moment de la terrifiante rentrée en CP. C'est aussi le moment qu'ont choisi les trois vieilles tantes pour rendre visite à la famille: elles sont vieilles, ridées, ratatinées, elles ont des dentiers, de l'arthrose, elles perdent un peu la boule, mais on peut dire qu'elles ont la pêche! C'est grâce à elles que Garmann va réussir à parler de sa peur au reste de la famille: il n'a perdu aucune dent de lait et se sent bien moins prêt pour le CP que les intrépides jumelles Hanne et Johanne.
On parle de tout dans cet album intimiste empreint de nostalgie: de la peur, de la mort, de la séparation, le tout avec pudeur, tendresse et humour. L'illustration qui mêle photos, dessins, collages est baignée d'une lumière absolument magnifique et concourt à rendre à l'évocation de cette fin d'été très particulière. On n'oublie pas Garmann et ses vieilles tantes, bien après avoir refermé le livre.
Nathalie Ventax
(Date de première publication de l'article : 17 avril 2008)
14/09/2009 | Lien permanent
LE PROCÈS
Album de Stéphane HENRICH
Éd. Kaléidoscope
Janvier 2013 – 13,20 €
L’audience est ouverte. Aujourd’hui, le tribunal juge le loup pour avoir mangé un agneau. Les témoins se succèdent à la barre. Les plaidoiries s’enchaînent. Pour l’avocat général, le canidé mérite la peine capitale pour son crime qui « traduit la noirceur de son âme ». Pour l’avocat de la défense, c’est la faim qui a poussé le loup à commettre un tel acte et c’est pourquoi il convient d’acquitter l’accusé. Le tribunal tranche : reconnu coupable, le loup se voit accorder des circonstances atténuantes et paiera sa liberté d’un régime alimentaire désormais composé uniquement de saumon !
Décidément, Stéphane Henrich a plein d’histoires à nous raconter avec ses images qui flirtent avec le dessin de presse et qui trouvent ici une saveur toute particulière à la manière des dessins d’audience (puisque caméras et appareils photos sont interdits de prétoire).
Un album très réussi qui donne matière à de nombreuses discussions avec les enfants sur la justice. Un seul regret cependant, ces bêtes de prétoires sont toutes mâles (à l’exception de la mère de l’accusé) et c’est bien loin de la réalité qui affichait 82% de femmes dans la dernière promotion de l’École nationale de la magistrature…
Ariane Tapinos (janvier 2013)
22/03/2013 | Lien permanent
LA REINE DU NIAGARA
Album
de Chris VAN ALLSBURG
Traduit de l’américain par Isabelle Reinharez
Éd. L’École des loisirs, septembre 2012
13,70 €
Annie Edson Taylor, « veuve de soixante-deux ans, petite, grassouillette et tatillonne » n’a plus grand'chose pour vivre depuis qu’elle a pris sa retraite de professeure de maintien et de danse (sans doute de salon). Alors qu’elle cherche le moyen de faire fortune, l’idée (saugrenue) lui vient de descendre les chutes du Niagara dans un tonneau… À n’en pas douter le moyen le plus sur de connaître la gloire tout autant que la fortune ! Faisant fi de la perplexité de tous, elle se fait fabriquer le tonneau nécessaire à son exploit, embauche un manager et se lance du haut des chutes, à « une hauteur semblable à celle d’un immeuble de dix-sept étages »…
À l’arrivée, ni gloire ni fortune. Son exploit est réel – tout comme celui de la vraie Annie Edson Taylor dont la photo figure à la fin de l’album – mais elle découvre que l’image que s’en font les gens compte plus que la réalité.
Avec son air de grand-mère rondelette, elle n’a pas le physique de l’emploi et en matière de spectacle, ce qu’on donne à voir compte plus que ce qui est. La reine du Niagara ne peut être qu’une reine de beauté. Son esprit de liberté et son courage ne suffisent pas à briser les conventions. Chris Van Allsburg lui rend hommage avec une tendresse amusée et l’élève au rang de personnage inoubliable. Annie Edson Taylor entre enfin dans l’Histoire et si c’est grâce à la littérature jeunesse, c’est par la grande porte, celle que lui ouvre un immense artiste.
Ariane Tapinos (2013)
25/10/2013 | Lien permanent
CLIC, CLIC, DANGER !
album
de Jeanne WILLIS & Tony ROSS (illustrations)
Traduit de l’anglais par Jean-François Ménard, éd. Gallimard Jeunesse, août 2014 – 13,50€
A peine sortie de l’œuf, Poussinette a découvert la magie d’internet. De ses petites pattes, elle clic à tout va et du fond de sa ferme, elle dépense sans compter tout l’argent du fermier. Sacs, motos, montre en diamant, trottinettes (pour les moutons), bateau (pour les poules)… rien ne l’arrête dans sa frénésie dépensière. Pourtant, derrière son écran et malgré son accumulation de biens, elle se sent seule. Qu’à cela ne tienne, internet lui fournira également un ami ! Elle poste une jolie photo d’elle, avec son âge et son prénom et correspond avec un petit poussin tout mignon. Seulement voilà, elle ignore que le poussin virtuel est un renard bien réel et c’est ignorante de cette sombre vérité qu’elle coure rejoindre celui qu’elle croit être son ami…
Ce n’est pas le plus réussit des albums de Tony Ross mais c’est sans aucun doute, un album utile et malin. Un livre qui permettra d’expliquer aux plus petits – ceux qui à peine sorti de l’œuf sont branchés sur des écrans – que surfer sur la toile n’est pas sans danger.
Ariane Tapinos (septembre 2014)
12/10/2014 | Lien permanent
DEUX AMIS
album
de Claire FREEDMAN & Kate HINDLEY (illustrations)
Traduit de l’anglais par Virginie Cantin.
Éd. Milan, janvier 2015 – 11,90€
Tom se sent un peu seul depuis qu’il a déménagé dans une grande ville. La nature et ses amis lui manquent. Bien décidé à découvrir son nouvel environnement, il brave la pluie pour arpenter les rues de son nouveau quartier et rencontre… un petit chien perdu. Les voilà devenus les meilleurs amis du monde. Entre câlins, chatouilles et parties de cache-cache, les journées passent vite mais quand vient le soir, le petit chien a toujours l’air un peu triste. Tom se décide à chercher les propriétaires de son nouvel ami et dépose chez les commerçants des environs, une petite affichette avec une photo de son nouveau compagnon et son numéro de téléphone. Mais les jours passent et personne n’appelle.
Tom commence à penser qu’ils ne se quitteront plus jamais. Jusqu’au jour où… le chien reconnaît sa maitresse, une petite fille, qui se désespère de l’absence de son compagnon à quatre pattes. La séparation est difficile mais Tom n’a pas perdu un ami… il en a gagné deux et il n’est plus seul dans la grande ville.
De facture très classique, cet album a l’intérêt de parler du temps qu’il faut parfois pour se faire à un nouvel environnement après un déménagement. Il parle également d’amitié, de rencontres et de séparation et propose quelques belles images de la ville (on en voit peu dans les livres pour enfants où les personnages, en dépit de toute réalité, habitent le plus souvent à la campagne).
Ariane Tapinos (juin 2015)
08/06/2015 | Lien permanent
Waldo et la mystérieuse cousine | roman de Catharina VALCKX
Éd. L'École des Loisirs, coll. Mouche | mars 2011
78 pp. - 8 €
C'est l'histoire d'un ours nommé Waldo qui n'a pas envie d'hiberner. Il a pour ami un lapin qui s'appelle Dédé. Dédé vient de recevoir une lettre de sa cousine Jenny la moule, qui l'invite à venir le voir. Ni Dédé ni Waldo ne savent à quoi ressemble une moule, aussi, quand Jenny envoie sa photo, les deux amis sont quelque peu perplexes. Jenny ressemble à un caillou noir, pas du tout à une lapine. Dédé trouve l'affaire franchement louche, aussi décide-t-il de ne pas donner suite à l'invitation de cette mystérieuse cousine. Waldo, lui, est plus intrigué: après tout, un voyage au bord de la mer serait un excellent prétexte pour ne pas hiberner.
Notre héros se rend donc au village de Embadechémoi, prêt à rencontrer Jenny qui vit au bord de la mer (et à moitié dedans). Mais voilà, on se doute bien qu'une moule et un lapin ne peuvent en aucun cas être parents (c'est évident). Rassurez-vous, il y a une explication parfaitement logique à tout ça: Jenny a été transformée en moule par une méchante table (si,si) et elle ne pourra retrouver son apparence que si un prince danse pour elle. Ça tombe bien, il y a un prince à Embadechémoi, et même s'il est plus repoussant que charmant, Waldo est sûr qu'il fera l'affaire.
Que d'humour et d'inattendu dans ce dernier roman de Catharina Valckx! Les plus jeunes lecteurs se régaleront de ce conte de fée absurde et fantaisiste qui sent bon les embruns et les carottes.
Nathalie Ventax
18/05/2011 | Lien permanent