MONELLE ET LES FOOTBALLEURS

Roman jeune lecteur
de Geneviève BRISAC
Ill. couv. Gilles Rapaport
Éd. L’École des loisirs, coll. Neuf
Nov. 2002 [2000], 96 pp. - 7,10 €

Pour son entrée en Sixième, Monelle a pris une décision irrévocable : elle s’inscrit au club de foot du collège et deviendra « championne du mmmmmoooonde ! ». Le roman décrit la suite de déconvenues et de multiples oppositions et préjugés que Monelle devra vaincre pour « mériter » sa place dans l’équipe. Car en effet, elle est une « pionnière » dans son collège, où aucune fille n’a jamais joué au foot, comme le lui apprend la conseillère d’éducation.

Monelle est une petite fille très tenace et le meilleur du livre tient dans la description de ses moments de lutte contre le doute qui, vu la quantité d’obstacles rencontrés, ne peuvent manquer de survenir. Ainsi, juste avant le premier entraînement quand, dans le vestiaire des garçons « elle ressent exactement ce qu’elle avait décidé de ne pas éprouver : le sentiment de ne pas être à sa place [...] la sensation d’être exposée ». Pourtant ce livre, écrit d’un point de vue féministe assumé, pèche peut-être par excès de bonne volonté, et la caricature n’est pas très loin parfois – voir l’exposé des préjugés : un ballon dans la poitrine donne le cancer, pratiquer un sport masculin développe la testostérone ; ou le prof-entraîneur qui s’obstine à apostropher les élèves d’un « Messieurs ! » tonitruant ou néglige l’échauffement avant le match.

Et surtout, surtout, Monelle ne s’en sort que parce qu’elle est surdouée et marque des buts... Lutter contre le machisme par le vedettariat ? Geneviève Brisac semble dire que l’excellence est indispensable pour pratiquer un sport quand il y a opposition : au fond, ce n’est pas si réjouissant... et pas sûr que cela rassure les petites filles qui voudraient s’amuser avec un ballon, sans être des zidanettes en herbe...

Corinne Chiaradia (première publication mars 2007)