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31/08/2013

BACHA POSH

garçon-fille,Afghanistan,discrimination,genreRoman Ados
de Charlotte ERLIH
Éd. Actes Sud junior, coll. romans ados
Mars 2013, 181 pages – 13,50 €

Farruk est un Bacha Posh : une fille qui vit comme un garçon. Seule sa famille connaît son sexe réel. Pour les autres, et parce que sa  famille l’a voulu ainsi, elle est un garçon. Contrairement à ses sœurs, elle peut circuler dans l’espace social. C’est même elle qui – comme un garçon le ferait – chaperonne ses sœurs plus âgées, lors de leurs rares sorties dans Kaboul. C’est elle qui fait les courses pour la famille et qui rapporte un peu d’argent en travaillant chez un fabricant de tapis. Elle-il peut même faire du sport : Farruk est capitaine d’une équipe d’aviron qu’elle compte bien conduire aux Jeux olympiques !

Mais cet arrangement avec la réalité n’est toléré que jusqu’à la puberté. Au-delà, si la supercherie devait être découverte, Farruk risquerait sa vie mais également celle de ses proches.


Le roman de Charlotte Erlih commence quand Farruk a quinze ans et découvre avec effroi ses premiers sangs. Son monde s’effondre. Elle ne peut plus courir dans les rues, partager l’amitié virile de ses coéquipiers, rêver des Jeux olympiques… Même son père, qui jusque là lui consacrait du temps et de l’attention, se détourne d’elle. Pire, elle doit affronter la jalousie revancharde de ses sœurs qui n’ont jamais connu cette liberté même temporaire et voir sa petite sœur Amina devenir Sifat, un petit garçon de 5 ans à qui on a retiré sa poupée mais qui peut désormais goûter à la liberté.

Le sujet de ce roman est passionnant. L’évocation de cette pratique qui perdure en Afghanistan et au Pakistan est véritablement un choc. En creux, c’est de l’invisibilité des femmes qu’il s’agit. (Re)devenir une femme c’est pour Farrukzad, comme pour toutes les femmes de sa famille, disparaître aux yeux du monde. Y-a-t’il pire violence que ne pas pouvoir simplement être ?

Malheureusement, Charlotte Erlih nous laisse sur notre faim. Des éléments de son récit paraissent décalés par rapport à la situation qu’elle décrit. Est-il possible qu’un père amateur et fin connaisseur de la littérature française (ce qui ne doit quand même pas être le cas de toutes les familles afghanes), impose à sa fille cette violence ? Le personnage de la jeune mécène française de l’équipe d’aviron paraît également égaré dans cette histoire et ce pays. Enfin,parce que son héroïne disparaît elle aussi, on ne sait que penser de cette histoire qui, pour ne pas se terminer mal, ne se termine pas…

Ariane Tapinos (été 2013)

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