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13/02/2010

Pourquoi tu ne m'aimes pas ? | album de Françoise ARMENGAUD & Martine BOURRE

pourquoi tu m'aimes pas.jpgÉd. MeMo | nov. 2009 | 17€

«Pourquoi tu ne m'aimes pas?»: avec cette simple question posée par un petit renard de papier et l'aide de quinze (+ un) animaux, Françoise Armengaud et Martine Bourre dessinent un éloge de la tolérance tout en sensibilité, à destination des tout-petits.
L'astuce de l'album est que chaque face-à-face du renardeau avec un autre animal ne contient pas une réponse mais une nouvelle question que lui suggère la vision de l'autre: «Parce que je suis plus grand que toi?» dit renard face à une souris, ou «Parce que je suis libre et que tu ne l'est pas?» en regard d'un chien en laisse. Les questions renvoient aussi bien au physique du renard qu'à ses origines familiales («Parce que ma famille a squatté votre vieux terrier?» dit-il à un blaireau), son passé («Parce que j'ai dansé avec le Petit Chaperon rouge?» face au loup), à ce qu'il possède ou ce qui lui manque («Parce que tu as quelque chose que je n'ai pas?» lorsqu'il rencontre un cerf à la belle ramure… renardeau serait-il une… renarde?) Et s'il en vient à s'interroger sur sa ressemblance avec l'écureuil, il est tout prêt de rejeter son propre reflet dans une mare («Parce que tu n'es pas content d'être moi?»).


Enfin, à la dernière page, un hibou malicieux (et compatissant!) prend la parole pour apostropher renard et lui retourner sa question: «Imagine un instant, un tout petit instant, que nous t'aimons quand même… Et que toi aussi Renard, sûrement, tu nous aimes?»

Les personnages de cette fable sont des figurines d'animaux découpées et peintes, de petits bouts de papier stylisés et minimalistes mais très évocateurs. Avec talent et une grande et belle économie de moyens, les deux auteures convient les jeunes lecteurs-trices à éprouver le sens de l'identité et de l'altérité, le besoin de se reconnaître dans le regard d'autrui pour s'accepter soi-même – et son pendant: l'estime de soi qu'implique l'amour du prochain, si différent soit-il. Cela, tout en douceur, avec un livre que l'on peut lire à haute voix à la manière d'un jeu de questions-réponses et qui l'air de rien, avec des mots simples pose de «grandes questions». On pense bien sûr à une variante de l'album de Wolf Erlbruch, qui ouvrit la porte de la philosophie au livre d'image (1). Et l'on applaudit des deux mains, la droite et la gauche de concert!

Corinne Chiaradia (février 2010)

(1) La Grande Question, éd. Être, Prix Sorcières album 2005
(réed. en coll. Petit format, 2008 - 9,90€)
Pour lire la critique: [c'est ici]

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