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15/02/2010

La Colère de Banshee | album de Jean-François CHABAS (texte) & David SALA (ill.)

colère banshee.jpgÉd. Casterman, coll. Les albums Casterman | janv. 2010 - 14,95€

Qui est Banshee? Une toute petite fille, fine, frêle, blonde et toute d'or vêtue, dont les pieds «laissent de menues traces sur le sol de la lande, des empreintes qui pourraient être celles d'un lièvre ou d'un lutin». Pourquoi Banshee se précipite-t-elle hors de chez elle, pieds nus dans la forêt, courant jusqu'à la plage? Pour crier sa colère, une grosse, énorme, gigantesque colère, qui fait s'enflammer l'herbe sèche, soulève les rochers et déclenche la tempête. Le pouvoir de la colère de cette petite fille chamboule l'air, l'eau et les animaux à des kilomètres à la ronde. Jusqu'à ce qu'une magnifique jeune femme à la chevelure rousse rejoigne sa petite fille et lui tende calmement sa poupée perdue, apaisant du même coup les éléments…


Une courte note de l'auteur en fin d'ouvrage nous apprend que dans la mythologie irlandaise Banshee est le nom de la plus puissante des fées, une reine des magies aux pouvoirs incomparables. Ainsi tout l'album joue sur une double lecture, magique et très prosaïque, il montre un petit être tout à fait exceptionnel qui se débat dans un monde féerique et… pourrait être n'importe quel enfant révolté par la perte de son doudou. Dès lors la lecture prend des airs de catharsis et la phrase finale de la mère fera sourire tous les lecteurs («je trouve que tu exagères un peu. Tu n'as pas très bon caractère») L'habileté des auteurs est d'avoir habillé cette histoire de cri très primal d'une enveloppe sophistiquée aux illustrations précieuses: une dominante de bleus et d'ors, délicatesse et foisonnement des détails, des décors tout droit issus de l'Art Nouveau et des peintures de Gustave Klimt (enfin, tout droit… courbes, volutes et cercles sont omniprésents, les seules verticales étant celles de la forêt de bouleaux que Banshee s'empresse de traverser dès la deuxième page). Le texte de Jean-François Chabas égrène les références au conte (le palais de cristal, la robe d'or, les yeux étincelants, les pouvoirs surnaturels) mais petit à petit ces références magiques apparaissent comme autant de cailloux blancs nous guidant vers la conclusion; ce sont des images qui, alliées aux illustrations de David Sala, nous donnent au final l'impression d'avoir plongé le temps de l'album dans l'imaginaire et la conscience en ébullition d'un enfant… qui pourrait être le vôtre. Un beau voyage*

Corinne Chiaradia (février 2010)

* … dont on regrette juste qu'il soit imprimé en Chine, la condition peut-être pour qu'un si somptueux livre coûte moins de quinze euros?

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