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24/10/2009

Genesis | roman d'anticipation de Bernard BECKETT

Genesis.jpgTraduit du néo-zélandais par Laetitia Devaux
Éd. Gallimard jeunesse, Hors série | oct. 2009 | 196 pp. - 11,50€

Anaximandre (Anax) veut entrer à l’Académie, lieu du pouvoir et de la connaissance. Elle a longuement préparé ce difficile examen, avec son tuteur, Périclès. Elle dispose de cinq heures pour traiter un sujet, celui qu’elle a si ardemment préparé: «la vie et l’œuvre d’Adam Forde, 2058-2077 né sept ans après l’instauration de la République de Platon». Face à elle, un jury, composé de trois membres, ne lui épargnera aucune question difficile. Pour appuyer son propos, elle a mémorisé de longs dialogues trouvés dans les archives et elle dispose de plusieurs hologrammes qui reproduisent des scènes de la vie d’Adam Forde.
Au fil de ces cinq heures, entrecoupées de courtes pauses, le lecteur découvre le monde dans lequel vit Anax et comprend, peu à peu, l’enjeu de cet examen… Jusqu’à la chute finale et terrifiante qui éclaire, rétrospectivement, l’échange d’un sens différent.


La République «idéale» a été instaurée dans la seconde moitié du 21ème siècle, période troublée et violente, par un riche industriel, Platon. Ce dernier, puissant et bien informé, était conscient des dangers qui menaçaient l’espèce humaine. Il s’était replié avec ses compagnons dans un archipel de l’hémisphère sud qu’il avait séparé définitivement du reste de la Terre en érigeant la Grande Barrière Maritime de la République. Dans cet espace clos, Platon avait institué sa République idéale, en faisant systématiquement abattre ceux qui tentaient de franchir la Grande Barrière. Adam Forbe est celui qui va faire vaciller la République. Arrêté pour avoir laissé entrer une jeune femme dans l’archipel, il est condamné à purger sa peine en compagnie d’un androïde à visage de gorille (clin d’œil au roman de Pierre Boule, La Planète des singes, confirmé par la chute de Genesis). Le cœur du récit d’Anax, et des enjeux qui en découlent, se situe dans ces échanges entre l’homme et la machine.

Succession de dialogues, entre Anax et ses examinateurs, ou son tuteur, puis entre Adam et Art (le robot à tête de singe), Genesis est un roman très original à la fois par sa forme dialoguée (où les conversations s’emboitent comme des poupées russes) et par les sujets qu’il aborde, mêlant philosophie et science. Les échanges entre Art (le premier androïde pensant) et Adam (le premier humain post-république idéale, mais aussi… le dernier homme) plongent le lecteur dans des interrogations passionnantes et vertigineuses: Qu’est-ce qu’une société idéale? Jusqu’où l’homme peut-il aller pour protéger la collectivité? Qu’est-ce qui différencie l’homme de la machine? Qu’est-ce que la conscience? Truffé de références à l’histoire de la pensée, à l’Antiquité grecque mais aussi au mythe chrétien des origines et à la modernité mécanisée (notamment avec les noms des personnages qui fournissent des indices pour des clefs de lecture), Genesis est un roman cérébral qui débouche sur l’angoissante question du devenir de l’espèce humaine…

Ariane Tapinos (octobre 2009)

Tags : whaou !

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