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LE MÉLI MÉLO DES CADEAUX Une histoire de Noël par Taro Gomi
album
de Taro GOMI
Traduit du japonais, éd. autrement, novembre 2014 – 12,50€
Ce Père Noël très moderne (même si l’album a été publié pour la première fois au Japon en 1983), arrive en hélicoptère pour procéder à la distribution des cadeaux. Par la fenêtre des maisons – un vide au format rectangulaire dans la page – il aperçoit ses habitants et cherche dans sa hotte le cadeau le plus indiqué. Seulement… ce qu’il voit peut être trompeur et peut-être est-il aussi un peu distrait. Les rayures ne sont pas celles du Zèbre mais les longs cous de trois autruches, les deux triangles bruns ne sont pas les oreilles de Monsieur Renard mais deux des écailles du crocodile…
Pas sûr que les autruches fassent bon usage de l’écharpe destinée au zèbre ou que le crocodile apprécie la casquette du renard ! Sans parler de l’ours qui n’aura rien (seul son ventre se voit depuis la fenêtre, c’est à dire un grand rectangle gris… autant dire personne) ou du petit garçon qui aura deux jouets parce qu’un second visage apparaît depuis sa fenêtre. Ce visage n’est pas celui de son jumeau mais d’un ballon accroché à côté de son lit !
Pourtant, chacun s’y retrouve à la fin : le garçon, généreux, donne son second jouet à l’ours malchanceux, les autruches arborent fièrement leur belle écharpe à rayures qui les (re)lie toutes les trois, la lapins transforment en couverture le grand pull que le Père Noël croyait déposer chez le crocodile…
Immensément connu au Japon où il signe toute sortes d’objets et même… de délicieuses pâtisseries colorées, Taro Gomi est surtout connu en France pour ses cahiers de gribouillages parus aux Seuil Jeunesse, dans ses grandes années. Et si plusieurs de ses albums sont traduits, cette initiative, d’éditer un livre de plus de trente ans, des éditions autrement jeunesse est excellente (de quoi regretter plus encore la disparition annoncée de cet éditeur…). On retrouve dans ce petit album tout ce qui fait le charme des œuvres de Taro Gomi : un dessin épuré aux couleurs très contrastées, un brin de malice et une lecture qui mêle histoire et jeux.
Ariane Tapinos (décembre 2014)
01/12/2014 | Lien permanent
UN GARÇON NOMMÉ NOËL
roman
de Matt HAIG, illustré par Chris MOULD
Traduit de l’anglais par Valérie LE PLOUHINEC
Éd. hélium, octobre 2016, 252 pages - 13,90€
Nicolas vit avec son père dans une région reculée de Finlande, près de la petite ville de Kristiinankaupunki (« prononcez « Christine-âne-ko-punky » »). Tous deux vivent dans un grand dénuement. Les seules possessions de Nicolas sont un traineau en bois et une poupée faite en navet. Alors quand un chasseur vient proposer au père de Nicolas de participer, en échange de 3000 roubles, à une expédition à la recherche de Lutinbourg, le village des lutins, pour le compte du roi Frédéric, celui-ci n’a pas d’autre solution que d’accepter. Même si il va devoir laisser Nicolas pour plusieurs mois et le confier à son horrible sœur, la tante Carolotta.
Les semaines et les mois passent, la tante Carlotta est toujours aussi méchante et maltraitante et le père de Nicolas ne revient pas… Nicolas décide de partir pour le Grand Nord à la recherche de son père, accompagné de Mika, une petite souris qui parle. Commence alors un long et périlleux voyage au cœur de l’immensité blanche et froide. Il faudra à Nicolas beaucoup de courage et de persévérance pour aller au bout de cet incroyable voyage.
Il lui faudra aussi une bonne dose de foi pour se laisser gagner par la magie de Noël.
Au terme de ce voyage, ce n’est pas seulement son père qu’il trouvera mais aussi et surtout, sa propre destinée…
Nicolas est salué par The Guardian, cité en 4e de couverture, comme le « descendant direct de Gerda dans La Reine des Neiges et du Charlie (et la chocolaterie) de Roald Dahl » et ces parentés sont tout à fait justifiées. On trouve dans le roman de Matt Haig, malicieusement (et très) illustré par Chris Mould, la cruauté des grands contes de la culture classique et l’humour qui la rend supportable.
On y trouve aussi tout ce qui fait un conte de Noël : générosité, abnégation et magie…
Ariane Tapinos (novembre 2017)
28/11/2016 | Lien permanent
SÉLECTION DE COMPTINES
Quoi de plus logique que de démarrer notre année anniversaire sous le signe des comptines !
Ces formulettes, et courts poèmes qui trouvent leur origine, selon le Larousse, dans les jeux des enfants qui les «récitent pour déterminer, par le compte des syllabes, celui ou celle à qui un rôle sera dévolu» , sont aussi leurs toutes premières histoires. Elles sont à l'origine du nom de notre librairie.
Nous avons établi une brève sélection - 11 titres - d'albums et livres Cd de comptines. Par définition, une sélection n'est pas une bibliographie et encore moins une bibliographie exhaustive. Le choix a été difficile. Nous avons voulu, via certains titres, citer des collections (voir des éditeurs) qui auraient pu toutes entières figurer dans cette sélection. Nous avons eu à coeur de mentionner quelques nouveautés et quelques titres anciens (et toujours incontournables) dans de nouvelles éditions. Etre du côté du patrimoine mais aussi de la fantaisie.
Bonne lecture !
1 hibou, 2 boutons, 3 camions
Florence KOENIG
Éd. Actes Sud junior, novembre 2017 - 14,90€ - NOUVEAUTÉ
« Des comptines célèbres ou moins connues, voire inédites, pour accompagner des collections... de boutons, de camions, de cailloux, de pommes de terre, de chouettes ou bien encore d'insectes ! Un livre à regarder avec les petits pour le plus grand plaisir des yeux.»
Site éditeur
Parce que, et c'est heureux, les comptines continuent d’inspirer auteurs et éditeurs.
Comptines coquines
Philippe DUMAS
Éd. L’école des Loisirs, 2002 - 14,80€
« "Au clair de la lune, trois petits lapins/ Qui mangeaient des prunes / Comme trois coquins". Celle-là, tout le monde la connaît. Mais l'histoire de Coup-De-Canif ? Et celle de l'escargot de Bourgogne ? Et la phrase imprononçable de l'archi-duchesse ? Et l'imbécile crocodile qui met sa tête dans la bassine ? Elles sont toutes là les comptines les plus connues et les plus drôles : dans ce coffret ! »
Site éditeur
Ce coffret rassemble trois albums : Comptines françaises, Jeux de mots et Comptines coquines.
Rien de plus savoureux que ces comptines un brin transgressives.
Comptines et berceuses d'Amérique latine
Argentine, Colombie, Equateur, Mexique, Pérou, Uruguay, Venezuela
Collectage Chantal GROSLÉZIAT, Direction musicale Jean-Christophe HOARAU et Illustrations Violeta LOPIZ
Éd. Didier Jeunesse, coll. Comptines du monde, octobre 2017 - 23,80€ - NOUVEAUTÉ
« Un livre-disque chaleureux, joyeux et poignant, qui nous emmène en voyage dès les premières notes à travers les pays d’Amérique du Sud et centrale.
Berceuses, chants de fêtes, rondes, jeux de doigts, milonga, merengue vénézuélien… en espagnol et en quechua. Voici une sélection variée de rythmes, de sonorités et de styles musicaux, qui montre la richesse et la diversité culturelles du monde latino-américain. »
Site éditeur
Cette collection est restée inégalée depuis sa création en 2001. Elle continue de nous faire voyager au travers du répertoire des comptines et berceuses du monde et avec de magnifiques albums qui sont aussi des documentaires sur ces cultures musicales.
Comptines pour faire la fête
Cécile HUDRISIER
Éd. Didier Jeunesse, coll. Eveil musical Mes premiers livres disques, mars 2016 - 12,90€
Rondes, rock, zouk… 10 chansons et comptines venues d’ici et d’ailleurs, pour faire danser les petits et amuser les plus grands. Avec la même qualité d’enregistrement que dans les grands et beaux albums de la collection Comptines du monde, « Mes premiers livres disques », s’adresse aux 2- 4 ans, avec un format tout carton et des images colorées.
Enfantines : jouer, parler avec le bébé
Marie-Claire BRULEY & Lya TOURN
Illustrations Philippe DUMAS
Éd. L’école des Loisirs, 1988 - 30,50€
« Un recueil de 150 formulettes accompagnées des gestes que la tradition nous a léguées, mais aussi un regard littéraire et psychanalytique sur ce répertoire. » @Electre
Un album incontournable et indémodable.
Il a reçu le « Prix Sorcières » en 1989, décerné par L'Association des Libraires Jeunesse (ALSJ). Association dont Comptines est membre fondatrice.
Les Fabulettes
Anne SYLVESTRE
Éd. Eponymes.
Bien sûr ce sont des cd et non des livres mais Anne Sylvestre a toute sa place dans cette sélection. Ses comptines sont modernes, drôles, tendres et merveilleusement chantées. Pour ouvrir les petites oreilles et leur donner envie, en grandissant, de découvrir de répertoire pour adulte de cette immense chanteuse et poétesse.
Je fais du yoga : avec des comptines et des mouvements pour se relaxer
Gilles DIEDERICHS & Marion BILLET (illustrations)
Éd. Nathan Jeunesse, coll. Le bien-être des petits, février 2017 - 13,90€
« Des comptines pour se concentrer, des mouvements pas à pas pour se relaxer.
A travers un conte construit autour de dix comptines, un petit héros va rencontrer différents animaux qui lui apprendront, en musique, différentes postures de yoga. »
Site éditeur
Le yoga et toutes les formes de relaxation sont, depuis quelques années, très prisées des parents. Nathan y a consacré une collection qui mêle comptines et exercices pour se détendre. Ce sont les images de l’un des albums de cette série, Je découvre la méditation, que nous exposons pour notre mois des comptines.
Mon imagier des amusettes
Anne H. BUSTARRET & Oliver TALLEC (illustrations)
Éd. Gallimard-Jeunesse, coll. Eveil musical. Les imagiers, mai 2010 - 16€
«Ainsi font, font, font», «Tapent, tapent petites mains», «Bateau sur l'eau», «Trois p'tits minous»... Les premiers gestes de l'éveil musical, seize amusettes pour faire sauter les petits sur les genoux, pour les faire jouer avec leurs mains et leurs pieds. Pour accompagner les fabulettes, Bernard Davois a composé une musique fraîche et tendre. »
Site éditeur
Les numéros des pages renvoient aux plages du CD. A la fin du CD, les versions instrumentales invitent les plus grands à chanter tout seuls. Les plus petits peuvent retrouver la chanson et son image.
Pirouette, cacahouète
Isabelle CARRIER
Éd. Casterman, coll. Mes comptines en or, novembre 2017 - 6,95€ - NOUVELLE ÉDITION
« Tout est là : la maison en carton, les escaliers en papier, le facteur, son nez cassé et le joli fil doré… Pirouette cacahouète ! Un orage éclate,... »
Site éditeur
Selon le principe de cette collection (qui succède à l’ancienne collection Queue Leu Leu),
la célèbre comptine est revisitée et mise en image avec humour.
Pomme de reinette et pomme d'api
Antonin LOUCHARD
Éd. Bayard Jeunesse, coll. Poésie et comptines, septembre 2017, 11,90€ - NOUVELLE ÉDITION
« 23 comptines intemporelles sont réinterprétées avec créativité, fantaisie et humour par l’artiste Antonin Louchard.
Photo, dessin, gravure, peinture, collage : toutes les techniques sont convoquées et redonnent toute leur modernité à ces ritournelles qu’on croit si bien connaître.
En 144 pages, l’ouvrage propose un univers unique et proche des enfants, et donne furieusement envie de chanter ! »
Site éditeur
Une souris verte
Thierry DEDIEU
Éd. Seuil Jeunesse, coll. Bon pour les bébés, août 2015 - 14,50€
« "Une souris verte, qui courait dans l'herbe, je l'attrape par la queue, je la montre à ces messieurs…" Avec des illustrations simples et expressives, ce livre donne aux petits le goût de la comptine.
Pour créer la bibliothèque idéale des bébés, Thierry Dedieu s’est emparé des constatations faites par les spécialistes de la petite enfance :
"Bon pour les bébés", une collection unique et ambitieuse, conçue sur les principes du contraste visuel et de la musicalité des mots. »
Site éditeur
29/12/2017 | Lien permanent
LES POUPÉES C'EST POUR LES FILLES
Album
de Ludovic FLAMANT (textes)
& Jean- ENGLEBERT (illustrations)
Éd. Pastel, coll. Off-Pastel, octobre 2013
10 €
Un petit garçon reçoit une poupée à son anniversaire et en fait immédiatement son jouet préféré. Maman tolère (le cadeau vient de sa sœur), papa se met en colère et décide illico d’aller acheter « un vrai jouet de garçon ». Le petit garçon veut une poussette pour sa poupée. Il repart, en pleurs, avec une boîte à outils. Qu’à cela ne tienne : aidé de sa grande sœur, il va fabriquer… une poussette !
Voici un petit album absolument réjouissant qui aborde avec finesse tous les clichés des jouets genrés et, un brin malicieux, la résistance d’un père (de beaucoup de pères ?) à ce qu’il vit manifestement comme une atteinte à sa propre virilité au travers de ce qu’il projette sur son fils. Heureusement que sa femme lui rappelle « pourquoi ton fils ne pourrait pas s’occuper d’un bébé, tu l’as bien fait toi ! » parce que si de nombreux pères trouvent désormais naturel de s’occuper de leur bébé, peu voient d’un bon œil leur rejeton en faire autant. Comme si cela n’avait rien à voir…
Un autre album (Nils, Barbie et le problème du pistolet) traduit du norvégien et paru cette année aux éditions Albin Michel Jeunesse abordait le même sujet, mais celui de Ludovic Flamant et Jean-Luc Englebert, par sa forme graphique et son humour, devrait toucher un plus large public et conduire, on peut l’espérer, quelques pères à s’interroger sur leurs pratiques éducatives.
L'album donne une irrésistible envie de fredonner les paroles de Xavier, la très belle chanson d’Anne Sylvestre dans laquelle un petit garçon, sommé de jouer avec une auto plutôt que de pouponner un ourson, la berce tendrement. Anne Sylvestre de conclure : « Je dois pourtant vous rassurer sur Xavier. Il a passé sans avanies son permis. Ses sentiments pour son auto sont normaux. Tous ne peuvent pas en dire autant bien souvent. Vous voyez, vous voyez, tout finit par s’arranger »…
Ariane Tapinos (octobre 2013)
18/10/2013 | Lien permanent
L’Autre Fois | album d’Henri MEUNIER
Éd. Le Rouergue, novembre 2005
15 €
Il était une fois, enfin «l’autre fois» une famille new-yorkaise: la famille Poucet, dont les parents n’hésitaient pas quand le besoin s’en faisait sentir (une sortie au cinéma, ou à la pizzeria) à abandonner leurs enfants… Ils avaient d’autant moins de scrupules que le dernier de leurs sept enfants, le Petit Poucet, était très doué pour retrouver son chemin dans les rues de New York qui «manquent d’imagination». Seulement voilà, ce jour-là, les frères Poucet vont faire de drôles de rencontres.
Tout commence au coin de la trentième rue avec le Marquis de Carabas et son valet, le maître chat; puis, de Petit Chaperon rouge en Barbe Bleue, ils vont croiser des personnages du génial Charles Perrault. À chaque rencontre, l’un des frères Poucet est happé dans une autre histoire, jusqu’à ce qu’au coin de la quarantième rue, le Petit Poucet croise l’ombre de Charles Perrault lui-même qui, grand seigneur, lui donne quelques petits cailloux blancs et… deux tickets de métro!
Bienvenue dans l’univers délirant et génial d’Henri Meunier! Avec cet incroyable conte moderne, l’auteur nous plonge avec malice dans l’univers de Perrault et nous convie à une ballade délirante dans les rues de New York, la ville de tous les possibles, où croiser le chemin de Cendrillon et de Barbe Bleue n’a rien d’improbable. Les images sont splendides, très composées, très graphiques. «Il s’agit de transferts au trychlo sur du papier de soie, avec aussi de la peinture: beaucoup de mélanges, un jeu sur les transparences et les superpositions. Un palimpseste donc, qui correspond à ce que je ressens des contes: trois cents ans de couches culturelles qui se sont apposées les unes sur les autres.» Le texte, riche en vocabulaire volontairement compliqué, est plein de fantaisie, d’humour et de passion manifeste pour ces contes centenaires. Quant à la mise en forme graphique, réalisée par Célestin, elle met judicieusement en valeur ses qualités sonores et participe pleinement de la réussite de ce formidable album.
Ariane Tapinos
(première publication de l'article: 12 décembre 2005
28/01/2011 | Lien permanent
Le Noël de Rita et Machin
Rita et Machin, qui ne sont pourtant jamais en retard d’une bêtise, ne sont pas du tout prêts pour le grand jour: ce soir c’est Noël et ils en sont encore à écrire leur lettre au Père Noël. Et là, ni la petite fille rusée, ni son drôle de compagnon à quatre pattes, ne manquent d’idées: panoplie de chien policier, sac de croquettes aux anchois… Pour la décoration, la restauration et l’animation, ils ne sont pas non plus à court d’idées originales. Guirlande de saucisses, bûche au chocolat en poudre et son coulis de potiron, concert de rock’n roll. Surtout, ne pas oublier le casse croûte du Père Noël. Et de préférence ne pas le manger. Après la fête: tout le monde au lit et il ne reste plus qu’à attendre, mais là, Rita, comme Machin, sont beaucoup moins doués…
Rita est une adorable petite fille espiègle, dans la lignée des Olivia et autres Louise Titi. À la première, Olivier Tallec emprunte les taches de couleur (rouge) dans un univers en noir et blanc. Comme pour la seconde, Jean-Philippe Arrou-Vignod prête à Rita son talent pour les mots qui mêlent humour et tendresse. En lisant son texte, on entend la voix claire, vive et décidée de sa petite héroïne rigolote. Les traits d’Olivier Tallec ont l’air d’avoir été dessinés à main levée, ils ont quelque chose d’aérien et donnent à ses personnages un mouvement permanent qui traduit à merveille la vivacité de Rita et de son ami canin, un peu comme dans les aventures de Calvin et Hobbes.
On a adoré les quatre précédentes aventures de la petite fille brune à la tête toute ronde et de son gros chien pataud, on adore ce dernier opus qui brille des feux de la fête de Noël.
(première publication de l'article : 14 décembre 2006)
02/12/2009 | Lien permanent
Mon premier livre de contes et de comptines | album de Franciszka THEMERSON
Traduit de l’anglais par Françoise Morvan
Éd. MéMo, coll. Les Trois Ourses | janvier 2009 – 28 €
Ce très bel album regroupe quatre contes (Qui a tué Robin Rouge-Gorge ?, Le Bonhomme de pain d’épice, Les Trois Petits Cochons et Les Trois Ours) illustrés par Franciszka Themerson, une dessinatrice d’origine polonaise émigrée en Angleterre dans les années 40. À la fois audacieuses et délicieusement rétro, ses illustrations sont pleines de vie, tendres et impertinentes, jouant sur les contrastes de couleurs (un orange très vif, très lumineux voisine avec un bleu gris profond) et de formes (de grands aplats unis complétés par des détails au pinceau fin, légers, rapides). Le loup des Trois Petits cochons, en gilet rose à fleurs blanches, chapeau melon et col cassé amidonné, harcelant un petit cochon dodu à souhait dont le linge sèche nonchalamment sur un bord de page, est tout à fait savoureux. Les textes – dans l’excellente traduction de Françoise Morvan – sont à l’avenant : ce sont des versions non édulcorées (Boucle d’or y est certes jolie mais surtout très mal élevée !), jouant sur l’accumulation (la course effrénée du Bonhomme de pain d’épice), la poésie énigmatique (Qui a tué rouge-gorge), les répétitions et allitérations (le loup, encore : « Il souffla à bouffées, il souffla à bouffées, il souffla et souffla à bouffées et bouffées : jamais il ne put souffler la maison »).
Également éditrice, avec son mari écrivain Stefan, Franciszka Themerson avait fondé à Londres Gaberbocchus Press, une maison indépendante qui avait pour idéal de publier des best-lookers, des livres d’artistes plutôt que des best-sellers. Rien d’étonnant à ce que MéMo, qui excelle à faire revivre les plus belles créations en ce domaine, nous donne aujourd’hui à apprécier une part de son travail à destination des enfants. Ce Premier livre de contes et de comptines offre un plaisir à ne pas bouder, mélange de classissisme, de fantaisie et d’avant garde… indémodable, qui devrait ravir les petits et leurs parents pour sa première publication en français, soixante ans après sa création en Angleterre.
Corinne Chiaradia (mars 2009)
10/04/2009 | Lien permanent
LA FAMILLE CERISE : Gare au canard !
Roman
de Pascal RUTER, illustré par Maurèen POIGNONEC
Éd. Didier Jeunesse, coll. Mon Marque-Page , avril 2016, 141 pages – 10,30 €
Dans la famille Cerise, il y a d’abord Zouille et Yoyo, les jumelles qui n’ont pas froid aux yeux, leur père qui veut élever des poules, et leur mère qui revisite la rhubarbe sous toutes ses formes. Mais il y a aussi les meilleurs amis des jumelles : Max Belpom qui est secrètement (mais pas tant que ça) amoureux de Zouille, et son petit frère Papillon qui a lui une passion bien de son âge pour le caca.
Tout ce petit monde vit à Savigny-les-Mimosas, charmant village qui s’apprête à célébrer le début du printemps en organisant une kermesse pleine de poneys, chamboule-tout, châteaux gonflables et autres merveilles propres à réjouir petits et grands. Alors qu’ils dégustent tranquillement leur barbe à papa, Zouille, Yoyo, Max et Papillon découvrent que Fred, leur instituteur adoré, ne semble pas dans son état normal : lui qui est d’habitude si adroit parait incapable d’attraper le moindre canard au stand de pêche à la ligne, et pire encore, il ne reconnait même pas les sœurs Cerise et les frères Belpom. À leur retour à l’école, les quatre enfants voient leurs craintes se confirmer : Fred est devenu vraiment étrange depuis ses tentatives de pêche au canard et a même développé une obsession inquiétante pour tout ce qui touche au palmipède … Zouille, Yoyo, Max et Papillon décident de prendre les choses en main…
Premier printemps à Savigny-les Mimosas pour les sœurs Cerise et leurs parents qui viennent de s’installer dans le petit village : si le comportement bizarre de leurs instituteur va occuper longuement les jumelles et leurs amis, la découverte d’une île déserte, la création d’un cercle secret d’explorateurs, et la rencontre avec la propriétaire de deux dalmatiens sont aussi au programme du premier tome des aventures loufoques de cette famille attachante. La nouvelle collection Mon marque-page des éditions Didier jeunesse, destinée aux jeunes lecteurs à partir de sept ans, démarre de bien belle manière avec ce sympathique roman dans lequel on retrouve l’humour et le talent de Pascal Ruter.
Nathalie Ventax (mai 2016)
A lire également sur notre blog, la critique du premier roman de Pascal Ruter : Le coeur en braille.
28/05/2016 | Lien permanent
COLIN DE L'ESPACE. LA COURSE COSMIQUE PUANTE
roman {Première lecture}
de Tim COLLINS
Traduit de l’anglais par Mickey Gaboriaud et illustré par Joëlle DREIDEMY
Éd. Albin Michel Jeunesse, coll. Mes premiers Witty, premier semestre 2016, 125 pages - 8,50€
Colin s’ennuie au plus haut point dans sa classe où sévit le très barbant le Monsieur Watkins. L’arrivée d’un nouvel élève, Harry, va transformer ses longues journées d’école en une incroyable aventure. Il faut dire que Harry n’est pas n’importe quel nouveau… Il arrive de la galaxie du Centaure et voyage dans le temps dans une… poubelle ! De plus il est équipé d’un extraordinaire téléphone-portable-transpondeur-interstellaire… Avec l ‘un et l’autre, il peut voyager dans l’espace et dans le temps.
Après s’en être donné à cœur joie sur des planètes lointaines et dans un avenir rempli de nouveautés technologiques, Colin et Harry se rendent à l’aube des temps et là… l’aventure se complique… Une rencontre inopinée entre un poil de barbe de Monsieur Watkins et une petite créature verte située au tout début de l’évolution va entrainer un bouleversement inattendu et dramatique qui va modifier l’espèce humaine désormais affublée des traits du visage peu gracieux de Monsieur Watkins (moustaches comprises). Colin et Harry vont devoir se mettre en quatre pour corriger cette abominable erreur…
Ce petit roman très illustré est une hilarante première lecture qui ressemble à un vrai petit roman avec ses 125 pages. Paru en même temps que le très drôle Crumble (texte de Michael Rosen et images de Tony Ross : un chien fait passer un entretien à ses futures maîtresses…), ces deux livres inaugurent une nouvelle collection, mes premiers WItty, qui décline pour les plus jeunes et moins aguerris à la lecture, l’excellente collection Witty des éditions Albin Michel. Dans le même esprit très british que sa grande sœur, ces premiers Witty plus illustrés et d’un format plus petit, peuvent également se prêter à une lecture partagée. Après des années de vaches maigres, nous nous réjouissons que les éditeurs s’intéressent de nouveau à ces lecteurs passagers qui d’écouteurs d’histoires deviendront peut-être des dévoreurs de romans.
Ariane Tapinos (mars 2016)
21/03/2016 | Lien permanent
Le Kimono blanc | album de Dominique KOPP (texte) & Pierre MORNET (ill.)
Éd. Gautier-Languereau
sept. 2004 - 13 €
De printemps en printemps, Keiko guette le moment où sa grand-mère («l’Aïeule») part sur les sentiers du mont Fuji (Fujisan). Elle attend avec impatience d’entendre à nouveau le bruit de ses socques sur le petit pont de bois. Bientôt, ensemble, elles accrocheront autour de la maison, les fleurs, les herbes et les plantes, fruits de la récolte de sa grand-mère. Durant toute une année, «les récoltes de l’Aïeule apaisent les fièvres, embaument les maisons, parfument les coffres, rendent savoureux les poissons que le père de Keiko prend dans ses filets». Pourtant, cette année-là, la grand-mère de Keiko tarde à prendre les chemins du Fujisan et quand enfin le bruit de ses socques se fait entendre, leur musique est mélancolique. C’est que, comme le pressent Keiko, l’Aïeule, vêtue de son kimono blanc, part pour sa dernière récolte.
Dans ce magnifique album, Dominique Kopp et Pierre Mornet nous invitent à partager une réflexion un peu mélancolique sur le temps qui passe et la mort qui inexorablement fait partie de la vie. Le texte de Dominique Kopp est dense de sentiments contenus juste en deçà des mots. Les splendides illustrations de Pierre Mornet donnent de l’épaisseur au temps qui passe de page en page. L’histoire se déroule dans un Japon un peu figé dans sa calme sérénité mais de toute beauté.
(première publication: juillet 2005)
13/03/2011 | Lien permanent