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23/06/2009

Ni vu ni connu | roman d'Olivier ADAM

ni vu ni connu.gifÉd. L'École des loisirs, coll. Neuf | mars 2009 | 96 pages - 8,50€

Antoine se demande parfois s'il n'est pas invisible. Personne ne semble jamais remarquer sa présence, ni son absence d'ailleurs. Tenez, pendant l'anniversaire de Thomas (la star du CM2) Antoine prolonge la partie de cache-cache pendant des heures… Personne ne le cherche. Et si ce jeu n'en était plus un? Si Antoine pouvait utiliser sa «transparence» pour échapper aux contraintes et observer à loisir ceux qui ne le voient pas? Quels secrets découvrirait-il? Et manquerait-il à quelqu'un?


Ce court roman, écrit à la première personne, nous immerge dans la peau d'Antoine, un gamin apparemment sans histoire* qui «disparaît» à défaut de pouvoir se faire remarquer. Entre mal-être et fantasme (qui n'a jamais rêvé d'être invisible?), Olivier Adam brosse un portrait sensible, où flotte un sentiment d'irréalité, léger mais tenace. Ce climat s'installe dès le premier chapitre où Antoine observe ses camarades jouant au jardin, à travers une fenêtre, à l'étage de la maison: il voit, en plongée, le monde se dérouler «sans lui».

Mais de l'observation à l'indiscrétion ou l'espionnage pur et simple, la frontière est parfois ténue et Antoine joue avec le feu. Chacun a droit à ses secrets, ses mensonges et ses petits arrangements avec la réalité (même la starlette de l'école, qui s'invente un père valide, et même l'amoureuse secrète d'Antoine, qui protège ses sentiments)… Antoine a tort de se croire insignifiant, les actes d'une personne même discrète ont toujours des conséquences, et il ne peut longtemps se cacher sans provoquer de catastrophe. Quand l'affolement survient (école, parents, gendarmes… on recherche Antoine), le jeu est fini et le rappel à la réalité brutal. Salutaire, on ne sait: le sermon de sa mère, qui qualifie d'orgueil l'apitoiement du garçon sur son sort, est assez terrible. La fin du livre est douce-amère, Antoine a appris qu'il n'est pas invisible, que sans aucun doute il y a des êtres pour qui sa présence compte, mais il faudra du temps pour rassembler les éclats de leurs relations bouleversées. On dirait qu'il est prêt pour l'adolescence...

Corinne Chiaradia (juin 2009)

* … enfin, Antoine a déjà une histoire à L'École des loisirs : Ni vu ni connu est la suite du Jour où j’ai cassé le château de Chambord (coll. Mouche, 2005), mais aucun problème à lire l'un sans connaître l'autre.

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