Rechercher : Le tour du monde des petits déjeuners
LE PETIT CRIMINEL
Roman
de Christophe LÉON
Éd. Seuil (pas de mention « jeunesse »)
Mai 2013, 235 pages – 12 €
Après une énième dispute avec sa mère, Marc s’empare de l’arme de son beau-père et braque une parfumerie. Dans sa fuite, il rencontre un « flic » et, le menaçant de son arme, exige qu’il le conduise chez sa sœur. Une sœur qu’il ne connaît pas et dont il pensait, jusqu’à ce qu’elle appelle quelques heures plus tôt, qu’elle était morte. Encore un mensonge de sa mère. Une mère paumée, dépressive et dépassée par ses enfants comme par les hommes qui traversent sa vie.
S’ensuit un voyage Sète-Montpellier et retour avec sa sœur, Nathalie et le policier. Trois solitudes qui se rencontrent. Trois vies qui auraient du être autres.
Ce roman, à la fois inspiré et hommage au film éponyme de Jacques Doillon (dont Christophe Léon emprunte même les dialogues entre les trois personnages), est touchant dans le sens propre du terme.
Sa lecture laisse une emprunte. Comme dans tous les textes de Christophe Léon, elle transmet une conviction. Celle que tous ne sont pas gâtés par la vie de la même manière ; que l’égalité, l’avenir, les possibles, c’est pour ceux qui ont déjà. En même temps, le livre se referme sur un espoir, celui que cette rencontre ait créé quelque chose qui fait dire à l’auteur, paraphrasant Rimbaud : « Le poète écrivait qu’il fallait réinventer l’amour. Le flic pense plutôt qu’il faut réinventer les hommes ».
Peut-être que ce voyage, ces échanges, cette rencontre, contribueront à réinventer la vie des trois protagonistes.
Ariane Tapinos (été 2013)
16/09/2013 | Lien permanent
PETITE PÉPITE
album
de Nada MATTA
Éd. MeMo, mars 2016 - 13€
Une mère cherche une robe, des chaussures, un jeu, un livre pour sa fille. Pour trouver ce qui lui conviendra, elle fait comme tous les parents dans la même situation, comme les clients de la librairie qui nous parlent de leurs enfants pour trouver le livre qui leur ira comme un gant : elle tente de dire qui est sa fille. Au delà de sa description physique, sa taille, son pied « petit et large », de son âge… elle veut dire qui est vraiment sa fille, quel être unique et exceptionnel. Et peu à peu se dessine le portrait d’une enfant différente, « un peu magique », une « Petite Pépite ».
Avec une grande délicatesse, et de magnifiques images où dominent le gris, le noir et le bleu et qui font parfois penser à celles d’Anne Bozellec au point qu’on croirait reconnaître Julie avec ses cheveux en bataille*, Nada Matta fait le portrait de sa fille trisomique. Il n’y a aucune mièvrerie dans ces mots qui sont autant de mots d’amour, d’émerveillement et de reconnaissance.
Il faut lire le texte, adressé aux lecteurs adultes, qui se trouve à la fin de l’album pour comprendre le long cheminement et le la révolution (au sens propre du mouvement autour d’un axe central) du regard et de la pensée qu’entraine l’arrivée d’un enfant « différent ». Nada Matta écrit : « Quand je suis avec elle, elle m’emmène là où elle est toujours, dans l’instant présent, et alors plus rien d’autre n’existe, et ça fait du bien ! ».
L’art aussi nous emmène dans l’instant présent et cet album nous fait du bien.
Ariane Tapinos (avril 2016)
* Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon, Christian Bruel & Anne Bozellec, éditions du Sourire qui mord, 1976. Réédité aux éditions être en 2009, puis aux éditions Thierry Magnier en 2014.
15/04/2016 | Lien permanent
BUT ! ENFANTS DU MONDE, ENFANTS DU FOOT
Documentaire
de Sean TAYLOR
& Caio VIVELA (photographies)
Adapté de l’anglais par Laurana Serres-Giardi
Éd. Rue du monde, juin 2014 – 16 €
À partir de très belles photos d’enfants qui jouent au football, à travers le monde, ce documentaire très différent des autres propose un voyage à la fois dans l’histoire, les pays et les principes du jeu. À chaque photo un pays et une anecdote sur la pratique ou l’histoire du foot dans ce pays, mais aussi le rappel des principes et des règles qui fondent ce sport collectif immensément populaire. Pas question ici de règles tactiques mais de celles qui forment l’esprit du jeu collectif. Pas question non plus d’équipements sophistiqués et coûteux : le foot se joue partout et il y a mille façons de fabriquer un ballon quand on n’a pas les moyens d’en avoir un vrai.
Ce très beau documentaire nous rappelle que le foot est avant tout un sport populaire dans le monde entier, pratiqué par les enfants sur un coin de pelouse, un terrain vague ou une plage, partout sur la planète. Des enfants qui sont tous différents – des filles comme des garçons – mais unis dans leur amour du ballon rond.
Ariane Tapinos (juin 2014)
14/06/2014 | Lien permanent
LE MONDE DES TIMBRES POUR LES PHILATELISTES EN HERBE
documentaire
de Jean-Michel BILLIOUD
Éd. Gallimard Jeunesse, mai 2014- 14,90€
De l'invention du timbre en 1840 par le britannique Rowland Hill, aux collection thématiques disponibles aujourd'hui, Jean-Michel Billioud parcourt la diversité incroyable de la philatélie. Une exploration à la fois thématique et historique, mais aussi des conseils pratiques pour les philatélistes en herbe qui découvriront l'histoire du timbre, et à travers celui-ci, l'histoire de la distribution du courrier.
Bien illustré, regorgeant d'anecdotes insolites, et de précieuses pistes pour commencer sa propre collection, un ouvrage complet et accessible dès le primaire pour comprendre les enjeux liés à cet objet de collection devenu indispensable au quotidien.
Nathalie Ventax (juin 2015)
29/06/2015 | Lien permanent
C’est l’heure du bain, petit lion | album de Taro GOMI
Traduit du japonais par Paul Paludis
Éd. Autrement jeunesse | mai 2009 | 12,50€
Alors que petit lion est occupé à courir après le chat, une voix, sur la page de droite, retentit et claironne «C’est l’heure du bain, petit lion! Enlève tes habits maintenant!» Et une autre voix, sur la même page mais en lettres capitales, s’interroge «C’est étrange, n’est-ce pas, de demander à un lion d’enlever ses habits?» Mais voilà que petit lion se défait de sa crinière et de son pelage. Sous la tenue de lion, un personnage habillé se dévêtit à son tour: chemise, pantalon, chaussettes, culotte… Le voilà tout nu. Pourtant maman n’est pas satisfaite: «Quel vilain petit ours tu fais! Tu veux bien finir de te déshabiller, oui?» Là encore, la voix s’interroge: «C’est étrange, n’est-ce pas, de demander à un ours d’enlever ses habits? Et pourtant…» Pourtant, voilà que sous la tenue d’ours se dévoile un petit garçon, tout nu, «vraiment tout nu cette fois». Un petit garçon qui plonge dans le bain et se fabrique… un costume de savon!
Taro Gomi est un très grand artiste dont le style, reconnaissable entre tous, à la fois graphique et naïf, se prête à la perfection à cette histoire toute simple qui aborde le corps et ses travestissements. À lire aux plus petits.
Ariane Tapinos (juin 2009)
13/06/2009 | Lien permanent
La Grande Épopée des petits pois | documentaire d'Andy CULLEN & Simon RICKERTY
Texte français d'Emmanuelle Pingault
Éd. P'tit Glénat, coll. Vitamine | janvier 2010 - 10€
À vrai dire on hésite un peu avant d'écrire «documentaire» pour parler de cet album qui raconte la vie aventureuse du petit pois et de ses nombreux frères, depuis leur conception (enfin: leur plantation par l'agriculteur) jusqu'à leur arrivée dans l'assiette de nos chères têtes blondes (ou rousses, ou brunes ou…) Des têtes rondes qui toutes s'exclament: «Pouah! Nous on en veut pas de vos petits pois!», avant de se raviser devant la supplique de deux mini boules vertes implorant «Goutez-nous, Majestés!»
Donc l'idée serait de raconter la vie des petits pois pour nous les faire aimer… On a envie de dire: est-ce bien sérieux? Quand on voit le fermier à quatre pattes dans son champ pour planter une à une ses pépites vertes on se demande vraiment si l'on n'a pas affaire à un vrai-faux documentaire dont l'humour british (c'est une adaptation de l'anglais) nous échappe un peu. Et puis l'on poursuit la lecture par une leçon d'industrie agro-alimentaire carrément anti-écolo: les petits pois font le tour de la Terre dans leurs avions pour atterrir en boîtes ou surgelés au supermarché. Le lecteur alors compatit aux mines déconfites des bambins devant leurs assiettes de pois «tout beaux, tout chauds». Et il - le lecteur - est maintenant persuadé d'être face à un album didactique dont l'objectif caché serait de nous encourager à manger des légumes frais! Un peu tortueux quand même…
Corinne Chiaradia (février 2010)
13/03/2010 | Lien permanent
Je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément… | Petite conférence sur l'amour par Jean-Luc NANCY
Éd. Bayard, coll. Petites conférence | sept. 2008 | 82 pp. - 12 €
Qu’est-ce que l’amour ? Voilà bien une question essentielle, présente dans le quotidien de tout un chacun et dans le questionnement du philosophe. Jean-Luc Nancy nous convie à effeuiller avec lui la marguerite, pour tenter d’y répondre. Aimer «un peu, beaucoup» est-ce de l’amour ? Non, l’amour est absolu et n’admet aucune quantification. Et «passionnément» ou «à la folie», est-ce encore de l’amour ? Peut-on aimer et détruire ?
Et qu'en est-il de l’amour de soi, de l’amour des parents pour leurs enfants ? De quoi parle t-on alors ? Les livres pour les enfants (on parle là de ceux à qui cette collection s’adresse et qui sont en classes primaires) sont pleins de bons sentiments et on s’y aime à tour de pages, mais y parle t-on réellement d’amour…
On ne dira jamais assez combien ces Petites conférences sont de grands livres qui, s’adressant aux enfants, respectent leur intelligence et contribuent à combler leur insatiable curiosité. On donnerait cher pour assister, telle une petite souris, à ces échanges entre le philosophe et son jeune auditoire. On devine, ici et là, quelques sourires, on lit quelques rires. On entend à la pertinence des questions des enfants, l’importance qu’ils attachent au sujet et la valeur qu’ils accordent à ceux qui prennent le temps de leur transmettre un savoir. Et puis, quelle merveille de parler d’amour aux enfants en ces termes : «l’amour ouvre à un très grand risque, mais ce risque est à la mesure du prix incroyable que nous donnons à quelqu’un d’autre. Nous donnons ce prix incroyable parce que nous en avons besoin, parce que nous recevons quelque chose. L’amour nous dit que nous ne sommes jamais vraiment bien quand nous sommes seuls, nous ne sommes pas faits pour être seuls, comme nous ne sommes pas faits pour être en grand groupe». Comme une manière de leur montrer le chemin...
Ariane Tapinos (février 2009)
10/02/2009 | Lien permanent
Petits poèmes pour passer le temps | poèmes de Carl NORAC, illustré par Kitty CROWTHER
Éd. Didier jeunesse | janvier 2009 | 15,90 €
Quarante poèmes courts ou très courts sur le temps qui passe ou pas. Le temps qui dure et celui qui file. Le temps d’été, du miel et des cigales et celui de Noël où il fait froid. Le temps d’aimer ou de rêver. Quelques-uns de ces poèmes sont introduits par une consigne, elle-même poétique et souvent drôle, et tous sont illustrés par Kitty Crowther.
Quand je cours le monde est «à lire sur les chemins» : «Quand le temps en courant, / ne s’arrête pas, / je le sème souvent. / Alors, il me suffit / de prendre à l’avenir / une poignée de jours / et de les jeter devant moi / pour me frayer un passage.» Et voilà un homme qui marche à grands pas, dans le sens du vent qui fait courber les cyprès.
Ailleurs, dans Dialogues, c’est un homme penché vers de petits insectes aux mandibules tendues, qui dialogue avec la nature :
«Je parle miel avec les abeilles. / Je parle sève avec les arbres. / Je parle pollen avec les fleurs…»
Et sur la page de droite, un homme qui parle à l’oreille d’une femme dont les grands yeux bleus sont écarquillés. C’est Miel de toi, un poème «à chuchoter quand le vent se tait».
C’est plein d’humour et de gaieté et d’une petite musique qui chante la nature et les bonheurs tout simples. C’est une rencontre incroyablement réussie entre les univers de deux grands artistes. Les mots de Carl Norac et les dessins de Kitty Crowther se parlent et se mélangent, se complètent et se répondent. Dès la couverture – un lapin et une jeune femme qui prennent le thé et qui ne sont pas sans faire penser à Alice et au délirant goûter du chapelier fou où le temps tourne en boucle – on est invité à partager leur complicité, à prendre un peu de temps, pour lire quelques poèmes en dégustant ce petit livre savoureux et beau.
Ariane Tapinos (mars 2009)
17/03/2009 | Lien permanent
LE VAILLANT PETIT GORILLE
album
de Nadine ROBERT & Gwendal LE BEC (illustrations)
Éd. Seuil Jeunesse, avril 2014 – 13,50€
Grand père demande à Petit Gorille d’aller lui chercher des œufs. Le petit singe, plus alerte que son vieux grand-père se met en route, de branche en branche jusqu’à la rivière où la grue a déposé ses œufs. Caché derrière une vieille souche, Vervet l’observe convaincu que Petit Gorille vient de voler les œufs et décide de le suivre. Sur le chemin du retour, Chimpanzé, Bonobo et Mandrill se joignent à Vervet. Tous les quatre interprètent les actes de Petit Gorille à l’aune du forfait auquel Vervet pense avoir assisté et se mettent en tête de punir le petit singe pour avoir arraché des plumes à l’autruche, mordu la queue du singe bleu, en plus d’avoir volé les œufs de la grue…
Heureusement, un petit oiseau (celui qui niche dans la gueule de l'hippopotame) a suivi Petit Gorille dans ses aventures dans la jungle et peut témoigner de sa vaillance et de son honnêteté.
Les quatre singes mal intentionnés en sont pour leur frais et n’ont plus qu’à méditer ce sage conseil : « Avant de traiter quelqu’un de vilain ou de voleur, assurez-vous d’avoir tout vu et tout entendu.»
Gwendal Le Bec a un talent fou pour créer des images originales et colorées. En quelques traits, ses singes prennent vie et expriment des émotions diverses. Les couleurs explosent sur la page blanche. Des traits verts pour évoquer la végétation, du jaune, du rose, du marron et du bleu, pour les singes et les autres animaux qui peuplent le livre et la jungle.
Un album malicieux et plein de charme.
Ariane Tapinos (avril 2014)
28/04/2014 | Lien permanent
ATTENDS, PETIT ÉLÉPHANT !
Album
de Jeanne ASHBÉ
Éd. Pastel
Mars 2013 – 11,50 €
« Voilà, c'est une histoire de petit éléphant… » Petit Éléphant veut aller faire du vélo… mais Grand Éléphant est très occupé. Quand c'est l'heure de passer à table, voilà que c'est Petit Éléphant qui a d'autres choses à faire (jouer, lire...) mais il y d'autres petits éléphants qui eux n'attendront pas…
Des illustrations très simples, des couleurs qui rendent bien les émotions ressenties par les personnages, Jeanne Ashbé montre encore une fois son savoir parler aux tout-petits...
Un album sur la patience, le partage, plein de malice avec ce petit personnage qui n'attend personne. En prime : recette du gâteau des éléphants à la fin du livre !
Nathalie Ventax (été 2013)
07/09/2013 | Lien permanent