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Rechercher : prises de vue

LA MÉMOIRE DE L'ÉLÉPHANT. Une encyclopédie bric-a-brac

elephant,Album inventaire de Sophie STRADY (texte) & Jean-François MARTIN (illustrations)
Éd. Hélium, avril 2012
16,90 €

Marcel est un vieil éléphant qui a roulé sa bosse. Il a été musicien, matelot, chargé de l’entretien des arbres au jardin du Luxembourg… Aujourd’hui c’est son anniversaire et ses amis lui ont préparé une petite fête surprise.

De ce bref scénario, Sophie Strady et Jean-François Martin, font un album splendide et rempli de mille merveilles.

Chacune des étapes de la journée ou de la vie de Marcel est prétexte à cette encyclopédie bric-à-brac annoncée dans le titre. Si Marcel choisit ses vêtements, on apprend tout sur les chapeaux, les queues de pies… Si Marcel admire la vue depuis son bureau, où il rédige une grande encyclopédie illustrée, la page de gauche nous présente de célèbres buildings : le Chrysler, l’Empire State, la Tour Eiffel… Si Marcel fait de la musique, Sophie Strady et Jean-François Martin convoquent tout un orchestre de définitions et d’images… Et chaque page regorge de détails instructifs : des meubles signés, les langues les plus parlées dans le monde, les planètes du système solaire… sans parler des nombreuses informations sur… les éléphants !

Cet album hybride entre fiction et documentaire, à la manière des encyclopédies, est une réussite totale. On suit Marcel avec plaisir dans ses pérégrinations tout en apprenant plein de choses utiles et inutiles. C’est beau et ludique à la fois. C’est un livre pour apprendre, rire, s’émerveiller… À recommander d’urgence à tout âge !

Ariane Tapinos (juin 2012)

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17/06/2012 | Lien permanent

Naufrage à Vanikoro | roman jeune lecteur de Pascale PERRIER et Jeanne ZAKA

9782350003948.jpgÉd. Oskar jeunesse, coll. Histoire et Société | février 2009 | 98 pp. dont un dossier documentaire sur l’expédition de Lapérouse - 8,95 €

1787 sur Vanikoro, une île perdue du Pacifique Sud, un jeune garçon nommé Livomo voit s’échouer un navire étrange d’où sortent des hommes blancs. Ce bateau c’est l’Astrolabe, l’une des deux frégates de Lapérouse, parti de Brest en 1785 pour découvrir des terres inconnues et donner aux expéditions françaises une renommée comparable à celle de James Cook, le navigateur anglais. Des quelques rescapés du naufrage, un seul va se mêler aux Mélanésiens qui peuplent l’île et se lier d’amitié avec Livomo.

Par delà les différences de culture et de langue, Étienne, unique marin naufragé à ne pas tenter de regagner sa terre natale, ou plus probablement une colonie occidentale, sur un radeau de fortune, va apprendre de Livomo, l’adolescent de Vanikoro, comment survivre sur cette île à la moiteur étouffante, et lui transmettre des bribes de ses propres savoirs. Attaché à Livomo, et sans doute conscient qu’il ne reverra jamais les siens, Étienne mourra en libérant la jeune fille que Livomo aime et qui a été capturée par les Polynésiens voisins lors d’un rapt de femmes. Il laissera au peuple de Vanikoro, en plus de son souvenir, une poignée de mots français et quelques ustensiles récupérés sur l’Astrolabe.

Raconté du point de vue d’un enfant mélanésien, ce court roman comble un vide entre l’histoire connue de l’expédition perdue de Lapérouse et les traces qui en ont été découvertes des années plus tard, en 1827, puis confirmées au début du XXIe siècle. En 2005, en effet, une expédition de la marine française, à laquelle participait une trentaine de scientifiques, a entrepris de résoudre l’énigme de la disparition de l’expédition Lapérouse. Elle a apporté la preuve que c’est bien sur les rivages de Vanikoro que les deux vaisseaux français se sont échoués en 1787, mais on ignore encore, et sans doute pour toujours, ce qu’il est advenu des membres de l’équipage et des quelques rescapés du naufrage.

Bien documenté, le roman de Pascale Perrier et Jeanne Zaka propose une histoire là où il y a toujours un mystère. Il donne à lire la rencontre de ces deux cultures mais aussi la touffeur, la rudesse et la grisaille permanente de ces îles qu’on imagine paradisiaques… Il est complété par un dossier documentaire très clair et complet.
Et si l'on veut aller plus loin, on peut lire ou parcourir pour les plus jeunes, le double récit de l’expédition de Lapérouse et de celle de «Vanikoro 2005», raconté par l’un des participants à cette dernière, François Bellec, dans un bel ouvrage paru chez Gallimard : Les Esprits de Vanikoro, le mystère Lapérouse.

Ariane Tapinos (mars 2009)

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27/03/2009 | Lien permanent

La femme noire qui refusa de se soumettre. Rosa Parks | roman d'Eric SIMARD

femmenoire.gifIllustrations de Carole GOURRAT | Éd. Oskar jeunesse, coll. Cadet, mars 2006 | 46 pp. - 5,95 €

Si la littérature de jeunesse ne manque ni de traductions de l’anglais, ni de romans mettant en scène la vie quotidienne aux États-Unis, on trouve peu d’ouvrages consacrés à la ségrégation ou au mouvement des droits civiques. Si on trouve quelques titres consacrés à Martin Luther King, on n’a pas la chance de voir traduit Crossing Jordan d’Adrian Fogelin ou l’autobiographie destinée aux enfants de Rosa Parks. La figure de Rosa Parks, injustement oubliée, mérite donc bien l’unique livre existant à son sujet en France, paru chez Oskar jeunesse en mars 2006. (*)

Destiné aux enfants à partir de huit ans, il se divise en courts chapitres présentant par ordre chronologique la vie de Rosa Parks. À mi-chemin entre le documentaire et la biographie romancée, pourvu d’une partie documentaire et d’un lexique à la fin, il permet de découvrir, avec un vocabulaire simple et de nombreuses illustrations, le parcours d’une femme qui n’a fait que se battre pour ce en quoi elle croyait. Le point de vue, original, est celui du sourire de l’héroïne, plus ou moins présent selon les épisode relatés. La narration, qui n’hésite pas à faire des mises au point sur le contexte historique, développe ainsi l’enfance dans un milieu du Sud plutôt privilégié, la découverte précoce du Ku Klux Klan et des injustices perpétrées envers les Noirs ; le refus de Rosa, modeste couturière n’ayant pu terminer ses études, de céder sa place à un Blanc dans le bus ; le boycott général des bus par la communauté noire de Montgomery, orchestré par le jeune pasteur Martin Luther King…

L’effort louable d’accessibilité aux plus jeunes peut rendre la lecture un peu pénible pour un adulte, mais le but est atteint : rendre accessible à de jeunes Français un pan de l’histoire qui leur est souvent inconnu et susciter l’admiration pour une grande dame chez qui la désobéissance civique n’a jamais été une question.

Anaïs Goacolou (sept. 2006 - Citrouille n° 45)
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(*) Depuis la rédaction de cet article, d'autres titres sont sortis en édition jeunesse, notamment : Rosa Parks : Non à la discrimination de NIMROD (éd. Actes Sud Junior, coll. Ceux qui ont dit non, mars 2008) et, dans une moindre mesure, Le Rêve de Sam de Florence Cadier (éd. Gallimard jeunesse, coll. Scripto, avril 2008) dont Rosa Parks est l'une des protagonistes.

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PAS DE PANIQUE !

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de Quentin BLAKE
Traduit de l'anglais par Catherine GIBERT
Éd. Gallimard Jeunesse, septembre 2015 -13 €

« Il était une fois, pas très loin d'ici, cinq amis. Ils s'appelaient : Zelda, Max, Simona, Mario, et Éric. Ils était tous fantastiques. »
Et en effet, ces cinq amis sortent du commun : Zelda peut voir à des kilomètres, Max peut entendre à des kilomètres, et Simona et Mario sont tellement forts qu'ils peuvent soulever n'importe quoi. Et Éric ? Éric ne parle pas beaucoup, mais lui aussi est absolument stupéfiant, et c 'est au cours d'une excursion particulièrement riche en péripéties que le lecteur découvrira pourquoi...

C' est toujours un plaisir de retrouver l'énergie, la gaieté contagieuse et le talent inimitable de Quentin Blake. Les aventures de cette petite bande d'amis sympathiques, capables de mettre à profit les talents de chacun pour se sortir d'une situation dangereuse, sont un hymne à la différence et à l'entraide à la fois drôle et entraînant qui charmera les lecteurs de tous âges.

Nathalie Ventax (janvier 2016)

 

 

 

 

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26/12/2015 | Lien permanent

ON EST TOUS FAIT DE MOLÉCULES

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de Susin NIELSEN
Traduit du canadien par Valérie LE PLOUHINEC
Éd. Hélium, avril 2015, 211 pages, 14,90€

Stewart a perdu sa mère un an et demi plus tôt. Le père d'Ashley a quitté sa mère car il a découvert son homosexualité. Le père de Stewart et la mère d'Ashley, collègues de travail, vont tomber amoureux et décider d'emménager ensemble dans la grande maison des parents d'Ashley. Cela ne va pas se faire sans heurts.

Stewart, 13 ans et Ashley, 14, ne pourraient être plus différents l'un de l'autre. Stewart est ce que l'on appelle communément un « geek » ou un « nerd », principalement intéressé par les sciences et Doctor Who, tandis que Ashley ne se préoccupe que des apparences, son physique bien sûr mais aussi l'image que renvoie sa famille etc.

Ces deux-là ne sont vraiment pas faits pour s'entendre... 

Et pourtant, comme le dit le titre du livre, on est tous fait de molécules. C'est-à-dire que si différents que nous pouvons être parfois, il ne faut pas oublier que nous sommes tous constitués de la même « matière première ».

Et c'est cela que va s'attacher à démontrer Susin Nielsen. La différence ici n'est pas gommée, l'autrice ne dit pas que tout le monde est semblable. Au contraire, la différence est célébrée !

Ashley, tout comme Stewart, ont tous deux des éléments à apporter à l'autre et c'est la rencontre avec un authentique méchant qui va leur en faire prendre conscience.

Ce roman, le quatrième de Susin Nielsen publié aux éditions Hélium, est l'un de ses plus aboutis. Il regorge d'ailleurs d'allusions à ses autres romans, ce qui est particulièrement réjouissant pour un lecteur de la première heure. Mais les plus nouveaux y trouveront également leur compte, ce livre étant une excellente introduction à l'oeuvre de l'autrice, dans laquelle la différence est toujours un moyen de rapprochement entre les êtres.

Agnès Renié (février 2018)

A lire sur notre blog, la critique de Moi, Ambrose, roi du scrabble, de la même autrice.

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23/02/2018 | Lien permanent

LE SAPIN DE NOËL DE LULU

noël,sapin,écologiealbum-cd 
de Daniel PICOULY & Frédéric PILLOT (illustrations)
Raconté par Daniel Picouly
Éd. Magnard jeunesse, novembre 2014 – 14,90€

Lulu Vroumette est réveillée en sursaut par un vilain bruit, un « Grreum-Zeu ! Grreum-Zeu ! » qui revient tous les ans. Mais cette année Lulu décide de mener l'enquête pour découvrir qui est à l'origine de tout ce grabuge... Et ce qu'elle voit ne lui plaît pas du tout ! Lulu est très en colère. C'est un grand bûcheron qui coupe les sapins avec une terrible scie. Et oui, dans quelques jours c'est Noël et il va rapporter tous ces sapins aux enfants qui n'en ont pas encore. Mais Lulu le supplie de laisser sain et sauf son dernier ami encore sur pied. Le bûcheron accepte. C'est alors qu'elle entend son sapin pleurer à gros sanglots... Il voulait être un sapin de Noël lui, il voulait être décoré, côtoyer des montagnes de cadeaux et voir les enfants s'émerveiller ! Lulu se sent stupide, il lui faut vite une solution.

Tous les animaux de la forêt s'y mettent et ils décident de décorer le dernier des sapins coûte que coûte et d'écrire au Père Noël pour qu'il vienne déposer quelques cadeaux sous ses branches. Mais il bien trop tard pour prévenir le Père Noël... Alors c'est Lulu qui va le remplacer, pour cette année ! Car « Qu'on se le dise, l'année prochaine, le Père noël viendra lui-même, pourvu qu'à temps on le prévienne, pourvu, pourvu (...) Foi de Lulu

On retrouve ici notre célèbre Lulu Vroumette dans un de ses nombreux combats pour défendre la nature. Ce récit soulève une question « épineuse » : nous détruisons une part importante des forêts chaque année pour Noël en coupant de nombreux sapins mais la majorité d'entre eux sont cultivés pour ceci précisément... Que faire ?

Une jolie histoire de noël qui se termine dans la joie. Même si l'homme au manteau rouge ne pointe pas le bout de son nez, la fête est réussie pour tous nos petits amis. La prose en rime de Daniel Picouly, toujours amusante et riche, accompagnée des belles illustrations de Fédéric Pillot, sont un plaisir pour les yeux et pour les oreilles. Ce livre est vendu avec un cd sur lequel Daniel Picouly nous lit l'histoire sur fond musical et entrecoupée d'un petit bruit de baguette magique pour savoir quand tourner la page.

Entre les « Grreum-Zeu ! » et les noms des animaux tous aussi farfelus les uns que les autres, un bon moment de lecture ou d'écoute, « Foi de Lulu ! ».

Chloé Boulanger (novembre 2015)

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29/11/2015 | Lien permanent

Le Grand Livre pour sauver la planète | documentaire de Brigitte BEGUE et Anne-Marie THOMAZEAU

Grand livre sauver planète.gifIllustrations de PEF
Direction éditoriale Alain Serres
Avec la participation de Yann Arthus-Bertrand, Allain Bougrain-Dubourg, Jean-Louis Étienne, Jean-Marie Pelt et Aminata Traoré
éd. Rue du Monde | juin 2009 | 128 pp. - 22,50€

Tout savoir sur l'écologie, le retour du retour. Le Grand Livre pour sauver la planète n'est le premier ni de sa collection (chaque question de société a son Grand Livre chez Rue du Monde), ni du concept «bouquin encyclopédique et de sensibilisation des 8-13 ans aux questions d'écologie». Le résultat est encore une fois impressionnant, riche non seulement en illustrations (les gags de Pef et des photos en noir et blanc dont on sent que certaines acceptent mal de quitter leurs couleurs originelles), mais aussi en informations, dans le texte principal et dans ses à-côté (les «bonnes nouvelles», «alertes», autres notes marginales et grands témoins dont l'entretien clôt chaque séquence de deux chapitres). Le livre, pour foisonnant qu'il soit, respire agréablement, sa langue et sa mise en page sont claires.

La progression est assez classique, qui met d'abord en avant de grands dossier environnementaux (eau, forêt, air et pollutions, climat, déchets). Chacun est abordé depuis son versant scientifique, avec force chiffres, avant de devenir un thème de société. Toujours la même hésitation au sujet de l'écologie, discipline scientifique devenue pensée politique. Une approche sociale (l'indispensable solidarité avec nos 6 milliards de colocataires de la planète Terre) vient compléter l'ouvrage, qui s'achève sur des réponses (les éco-gestes, l'engagement associatif) à la malheureuse question: «mais qu'est-ce qu'on peut faire? ». Air connu donc, et ici Rue du Monde ne rompt pas avec les bonnes habitudes.

L'une d'elles consiste à dépolitiser les questions écologiques, pour permettre aux plus jeunes (dont le devoir sera de «faire passer le message» aux générations perdues, comme le souhaite Allain Bougrain-Dubourg) d'intégrer la vulgate écologique du moment. D'emblée l'écologie politique est désavouée, avec la mention de «slogans inscrits sur des tracts ou des banderoles, comme c'est le cas depuis plus de trente ans». Les théoriciens de l'écologie, de Serge Moscovici à René Dumont, en passant par Jacques Ellul et André Gorz, apprécieraient de voir leur œuvre réduite à des «slogans». Plus loin, crédit est fait aux associations et partis qui se sont emparés de la question écologique d'avoir sensibilisé les auteurs des politiques publiques en la matière. Ouf.

Mais cette incohérence n'est ni la première ni la dernière, et le livre fourmille de propos modalisés («les consommateurs que nous sommes sont toujours un peu responsables»), de réserves («la France se contente de conseiller aux agriculteurs et aux jardiniers d'être prudents en manipulant [les pesticides]») immédiatement suivies de cris de victoires («les coccinelles et les fleurs sauvages vont se réjouir!») ou surmontées par un optimisme de bon aloi («c'est déjà ça!» pour le Grenelle, «c'est mieux que rien» pour l'évaluation a minima des substances chimiques présentes sur les marchés européens – ou projet REACH). C'est le royaume des mais, néanmoins et malgré tout, avec une hésitation constante à propos de la tête sur laquelle faire porter le chapeau.

Manque de «discipline», de «responsabilité», «d'efforts» de la part des individu-e-s? Ou emprise des entreprises sur la vie publique? Si certaines responsabilités sont nommément citées (l'exploitant de forêts boréales et fabricant de Kleenex Kimberly-Clark), d'autres restent tues (ah! ce drame de l'exploitation des bois tropicaux africains dont il serait indélicat d'accuser le papetier français Bolloré, patron de presse et ami du président de la République). Et toujours l'on tourne autour du pot: les hommes d'affaires, les industriels, l'organisation du commerce, les grands groupes… ne seraient-ils pas des substituts au gros mot capitalisme? Aminata Traoré crache le morceau et avoue la faute au «système économique libéral». Enfin! On avait fini par imaginer que les problèmes de sous-alimentation au Sud n'étaient qu'un problème de production agricole…
On apprécie quelques partis pas si facile à prendre, comme les arguments en faveur du nucléaire qui n'arrivent pas à balancer ceux qui s'y opposent, ou la relativisation de l'impact climatique de la Chine, quand un-e Chinois-e émet encore deux fois moins de gaz à effet de serre qu'un-e Français-e. Il aurait été plus facile de se contenter de la condamnation des 4x4, des OGM et de l'inaction de gouvernements abstraits.

Mais d'autres prises de position auront de quoi faire hurler les écolos: «la bio ne peut répondre aux besoins alimentaires de toute la planète», le TGV est plus écologique que le train, la décroissance est un mouvement réactionnaire qui ne propose que du moins. Car si ce Grand Livre semble dépolitisé, il est néanmoins porteur des valeurs productivistes qui irriguent toujours notre pensée. Progressiste: «depuis six millions d'années les hommes ne cessent ainsi d'améliorer les conditions de vie»… On demande à voir, entre détérioration de l'environnement et régression sociale, si le mouvement de l'Humanité a toujours été celui d'un progrès égal. Et si, fruit de ce progrès, le grille-pain est vraiment aussi indispensable à une vie confortable que le lave-linge! Techniciste: tour à tour le dessalement de l'eau de mer, les avions solaires et les vaccins pour neutraliser la flore intestinale des vaches et les empêcher d'émettre du méthane sont présentés comme des solutions qui permettront (dans un futur imprécis) de résoudre nos petits soucis écologiques tout en ne changeant rien (à notre sur-consommation de viande, par exemple). Pourtant l'aventure racontée ici du pot catalytique, dont les bienfaits se sont trouvés noyés dans l'usage accru de la bagnole, aurait pu aider à remettre en question le recours si pratique à la solution technique.

L'ouvrage ne se déprend pas non plus d'une confusion entre l'être humain et son milieu, dans une anthropomorphisation de la nature, qui dit merci à la dame (les rivières sont contentes, les coccinelles ravies) tandis que la planète qu'il s'agit de sauver signifie aussi bien, dans une métonymie qui commence à devenir fatigante, «milieu de vie de l'être humain», «conditions de la vie humaine dans ce milieu», parfois même «Humanité». D'où le rappel de Jean-Louis Étienne: «c'est l'homme qu'il faut sauver, pas la planète!».
Les auteures de Rue du Monde, sous la direction d'Alain Serres, ne sortent pas des sentiers battus de l'écologie à l'usage des jeunes générations et nous livrent un nouveau bouquin ambitieux, bien fichu et, malgré ses grandes qualités, limité. Leurs hésitations et leurs incohérences ne leur sont toutefois pas propres, et viennent plutôt d'une pensée qui domine toujours en matière d'écologie et qu'il faudra un jour cesser de transmettre aux plus jeunes…

Aude Vidal (juillet 2009)

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30/08/2009 | Lien permanent

Mon premier livre de contes et de comptines | album de Franciszka THEMERSON

9782352890423.jpgTraduit de l’anglais par Françoise Morvan
Éd. MéMo, coll. Les Trois Ourses | janvier 2009 – 28 €

Ce très bel album regroupe quatre contes (Qui a tué Robin Rouge-Gorge ?, Le Bonhomme de pain d’épice, Les Trois Petits Cochons et Les Trois Ours) illustrés par Franciszka Themerson, une dessinatrice d’origine polonaise émigrée en Angleterre dans les années 40. À la fois audacieuses et délicieusement rétro, ses illustrations sont pleines de vie, tendres et impertinentes, jouant sur les contrastes de couleurs (un orange très vif, très lumineux voisine avec un bleu gris profond) et de formes (de grands aplats unis complétés par des détails au pinceau fin, légers, rapides). Le loup des Trois Petits cochons, en gilet rose à fleurs blanches, chapeau melon et col cassé amidonné, harcelant un petit cochon dodu à souhait dont le linge sèche nonchalamment sur un bord de page, est tout à fait savoureux. Les textes – dans l’excellente traduction de Françoise Morvan – sont à l’avenant : ce sont des versions non édulcorées (Boucle d’or y est certes jolie mais surtout très mal élevée !), jouant sur l’accumulation (la course effrénée du Bonhomme de pain d’épice), la poésie énigmatique (Qui a tué rouge-gorge), les répétitions et allitérations (le loup, encore : « Il souffla à bouffées, il souffla à bouffées, il souffla et souffla à bouffées et bouffées : jamais il ne put souffler la maison »).

Également éditrice, avec son mari écrivain Stefan, Franciszka Themerson avait fondé à Londres Gaberbocchus Press, une maison indépendante qui avait pour idéal de publier des best-lookers, des livres d’artistes plutôt que des best-sellers. Rien d’étonnant à ce que MéMo, qui excelle à faire revivre les plus belles créations en ce domaine, nous donne aujourd’hui à apprécier une part de son travail à destination des enfants. Ce Premier livre de contes et de comptines offre un plaisir à ne pas bouder, mélange de classissisme, de fantaisie et d’avant garde… indémodable, qui devrait ravir les petits et leurs parents pour sa première publication en français, soixante ans après sa création en Angleterre.

Corinne Chiaradia (mars 2009)

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10/04/2009 | Lien permanent

LE CADEAU DE NOËL DE GASTON GRIPPEMINE

cadeau de Noël de Gaston.gifAlbum
de John BURNINGHAM
Traduit de l’anglais par Rose-Marie Vassalo
Éd. Flammarion, coll. Père Castor
Décembre 1998 – 13,50 €

Après avoir livré leurs cadeaux à tous les enfants du monde, le Père Noël et ses rennes rentrent chez eux fourbus. Le vieil homme borde ses rennes et se glisse, tout heureux, dans son lit quand… il aperçoit, au fond de son sac un cadeau oublié : le cadeau de Gaston Grippemine, le seul que ce petit garçon, dont les parents sont très pauvres,  reçoit de toute l’année. Pas question pour le Père Noël de priver Gaston de son cadeau. Courageux, il enfile son manteau par dessus son pyjama et se met en route – sans ses rennes déjà endormis – vers le Mont Briochon où vit Gaston Grippemine. Heureusement, le Père Noël va pouvoir compter sur l’aide et la générosité de ceux que son chemin va croiser. Avion, voiture, moto, skis à l’aller… cheval, trottinette, vélo, hélicoptère, patins à glace et à roulettes… au retour. Le Père Noël aura vraiment mérité de se coucher enfin et le petit Gaston s’éveillera heureux de trouver son cadeau glissé dans sa chaussette !

Comme toujours avec John Burningham, les images mélangent dessins des personnages au crayon et décors peints saturés de couleurs et de matières. Comme souvent, c’est la nuit qui l’inspire le plus et celle de Noël est magnifique avec son crépuscule orangé et son aube parée d’or avant, qu’au petit matin, le ciel et la page se couvrent d’un bleu glacé troublé de nuages floconneux.

Gaston Grippemine est à la fois une histoire accessible aux plus petits, avec ses répétitions et un conte de Noël dans la plus pure tradition, celle qui veut que la nuit de Noël, chacun donne un peu aux autres. Ce Père Noël là n’est pas un super héros mais un humain généreux et tenace qui fait passer le bonheur d’un petit garçon avant son confort.

Ariane Tapinos (novembre 2013)

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30/11/2013 | Lien permanent

Le Chemin de Sarasvati | roman de Claire UBAC

chemin sarasvati.gifÉd. L’École des loisirs | coll. Médium | mars 2010 | 290 pp. – 11€

Dès sa naissance, Isaï doit affronter la cruauté et l’intolérance. Alors que son père est parti chercher du travail à Bombay, elle vit avec sa mère chez sa famille paternelle. Sa tante, l’épouse du frère de son père, est un monstre de méchanceté et de cruauté. Persuadée qu’une fille ne vaut rien et jalouse du peu de place qu’Isaï et sa mère occupent au sein de la famille, elle n’a de cesse d’enjoindre sa belle sœur à se débarrasser d’Isaï. La mère d’Isaï tient bon jusqu’au moment où, emportée par la maladie, elle laisse sa Isaï aux mains de cette méchante femme. Les humiliations pleuvent sur la petite fille. son horrible tante lui rase même les cheveux…

Isaï décide de s'enfuir et de partir à la recherche de son père dont elle ne peut concevoir qu'il l'ait abandonnée. Déguisée en garçon (sa tête rasée lui sert finalement à quelque chose) et accompagnée de Murugan, un jeune intouchable désireux de fuir sa condition, elle entreprend ce grand voyage...

Road movie dans l'Inde moderne entre misère et splendeur, entre cruauté des uns et compassion de autres, Le Chemin de Sarasvati est un roman émouvant et sensible sur le destin de deux enfants qui se battent pour connaître une vie meilleure. Claire Ubac dresse un portrait tantôt effrayant, tantôt plein d'espoirs, qui résume bien les facettes contrastées de l'Inde des possibles.

Ariane Tapinos (mai 2010)

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30/05/2010 | Lien permanent

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