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ELLES AUSSI ONT FAIT LA GRANDE GUERRE - ELLES ONT RÉALISÉ LEUR RÊVE

Voilà deux excellents documentaires après la lecture desquels personne ne pourra dire que si les femmes sont absentes des livres d’histoire c’est parce qu’elles n’y ont pas participé. Deux documentaires dans lesquels ceux qui disent « il n’y a pas de femmes », seront bien inspiré d’aller piocher !

Elles aussi ont fait la grande guerrejpg.jpgElles aussi ont fait la Grande guerre
documentaire
de Pauline RAQUILLET & Valentine DEL MORAL
Éd. Oskar, septembre 2014, 95 pages – 17,95€

Dans le flot des parutions liées aux commémorations de la Première guerre mondiale, ce documentaire tranche par l’angle par lequel il aborde ces événements. A travers une quarantaine de portraits de femmes qui « elles aussi ont la fait Grande guerre », il donne un éclairage passionnant à la fois sur l’histoire du conflit mais aussi sur ce qu’il est convenu d’appeler l’histoire des femmes : une partie souvent ignorée de notre histoire. Ici elles sont artistes, scientifiques, espionnes, engagées dans l’armée ou simples ouvrières. Célèbres ou inconnues : toutes ont participé à la Première guerre mondiale sur le front ou à l’arrière.

Et quand l’histoire des individu-e-s rencontre l’histoire d’une nation, d’un continent, ces trajectoires personnelles faites d’engagements et de hasards se lisent comme un roman ! 

Elles ont réalisé leur rêve.jpgElles ont réalisé leur rêve
documentaire
de Philipp GODARD & Jo WITEK
Éd. De La Martinière jeunesse, septembre 2014, 221 pages – 21,50€

Sous la forme d’une grosse revue illustrée par de très nombreuses photos, ce documentaire dresse le portrait de 50 femmes célèbres qui ont « réalisé leur rêve » en accomplissant quelque chose d’important dans leur vie. Artistes, militantes politiques, scientifiques,  sportives, philosophe ou historienne, ces 50 femmes ont tracé leur chemin dans un monde dominé par les hommes. C’est leur réussite qui est célébrée ici, comme autant de modèles possibles pour les jeunes filles d’aujourd’hui. Bien écrits et très fouillés, les portraits renvoient à des livres, des films, des sites internet et mettent en perspective ces destins individuels en donnant des éléments de contexte dans des encadrés « le monde à cette époque » qui donnent encore plus de relief à ces parcours personnels.

Avec sa forme très contemporaine et très attractive, ce beau documentaire plaira aux adolescent-e-s qui pourront y trouver matière à inspiration !

Fabrique des filles.jpgA lire également, pour les plus grands (ce titre ne s’inscrit pas dans un catalogue jeunesse) La fabrique des filles. L’éducation des filles de Jules Ferry à la pilule de Rebecca Rogers et Françoise Thébaud, réédité cet automne aux éditions Textuel. Un livre très intéressant et très beau qui mêle travail d'histoire et d'archives entre documentaire et beau livre. 

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06/03/2015 | Lien permanent

La Grande Vague | album de Véronique MASSENOT & Bruno PILORGET

9782844551566FS.gifHokusai
Éd. L'élan vert, Scéren CNDP CRDP | Collection Pont des Arts | mars 2010 - 14€

Cet ouvrage fait partie de la collection Pont des Arts, collection qui offre des livres pour entrer dans les œuvres d'art. Ce volume met en scène un tableau d'Hokusai: «Sous la grande vague au large de Konagawa»

Il s'agit d'un parti-pris tout à fait engagé de la part des auteurs qui ont choisi d'imaginer la vie des pêcheurs de l'estampe, pris sous la grande vague. Le pari est d'intéresser les enfants à cette œuvre par le biais d'un récit. Au-delà de cette première approche les auteurs offrent aux lecteurs une ouverture au monde de l'art et à l'art du monde: ici le Japon du XIXe siècle. Les pages en fin d'album ont un grand intérêt documentaire et une véritable dimension culturelle.

Par le choix réussi des couleurs, du graphisme, du mouvement, des références à la culture japonaise et des citations plastiques de l'œuvre d'Hokusaï, l'illustrateur nous fait partager cette extraordinaire aventure humaine. Le texte est porteur de valeurs fondamentales sur les origines, la vie, l'adoption...
Un vrai coup de cœur pour ce très bel ouvrage d'initiation à l'art.

Josuan, avril 2010.

 

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19/05/2010 | Lien permanent

L’Elfe du Grand Nord | roman de Lucy Daniel RABY

Elfe Grand Nord.gifroman ado / fantastique / Noël
Traduit de l’anglais par Luc Rigoureau
Éd. Albin Michel | coll. Wiz | nov. 2006
323 pages - 13,50 €

Il est de tradition au pays des elfes, lorsque revient le solstice d’hiver, d’organiser une course en traîneau. Cette année, pour la premiere fois, c’est une femme qui remporte la coupe du solstice: il s’agit d’Ella Grishkine, heureuse mère du petit Nikolaï qui, du haut de ses quelques mois, a lui aussi participé à la course. Malheureusement, c’est aussi cette nuit que la sorcière Magda a choisi pour son grand retour…

Seul survivant de l’attaque que Magda lance contre les Elfes, Nikolaï est confié à un couple d’humains qui vit dans le village voisin. Ignorant tout de ses semblables, le jeune garçon a du mal à se faire accepter des autres garçons du village (principalement en raison de ses longues oreilles mobiles…) et il lui faudra utiliser son don pour la fabrication de jouets en bois et toute sa ruse pour s’intégrer à la communauté. Aussi, le jour où il rencontre dans la forêt un troupeau de rennes volants, Nikolaï commence à s’interroger sur ses origines, d’autant plus que la sorcière est à sa recherche. C’est en tâchant de préserver l’âme de l’enfance que Nikolaï accomplira son destin et deviendra l’un des personnages les plus célèbres au monde…

Un récit fantastique plein d’humour mais aussi un conte de Noël qui répondra à la plupart des questions sur les mystères liés à un certain gros bonhomme en rouge…

Nathalie Ventax

(première publication de l'article: 13 décembre 2006)

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02/12/2009 | Lien permanent

Le Grand Tremblement de terre du Kantô
 | roman d'Akira Yoshimura

grand tremblement.gifTraduit du japonais par Sophie Refle

Éd. Actes Sud, avril 2010
283 pp. - 22 €

Le 1er septembre 1923 un tremblement de terre de magnitude 6,7 se produisit dans la plaine du Kantô, la région de Tokyo et Yokohama et fit plus de 100 000 morts, notamment du fait de nombreux incendies qui suivirent le séisme.

Akira Yoshimura fait le récit, heure par heure, de la catastrophe et de ses conséquences politiques et sociales (mauvaise gestion des autorités, rumeurs accusant les travailleurs coréens d’être responsables des incendies…) avec un regard d’une incroyable acuité qui situe son texte, par ailleurs superbement écrit, à la frontière du documentaire.

Un livre extraordinaire, au sens propre du terme et qui met en lumière les effets humains d’une catastrophe naturelle.

Ariane Tapinos
(mars 2011)

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24/03/2011 | Lien permanent

COMMENT FABRIQUER SON GRAND FRERE/ un livre d'anatomie et de bricolage

corps,fratriealbum documentaire
de Anaïs VAUGELADE
Éd. L'École des Loisirs, novembre 2016 -19,80 €.

Zuza est de retour, et elle veut un grand frère. Pas un petit frère : ça c'est facile, tout le monde sait comment on fait. Non, Zuza veut un GRAND frère, et les grands frères, et bien, il faut les fabriquer... Heureusement, Zuza sait exactement comment faire, elle a tout ce qu'il lui faut pour bricoler le grand frère idéal et, en cas de doute, le crocodile se tient prêt, son encyclopédie crocodilis à la patte. La construction peut commencer : des os jusqu'au bout des ongles, Zuza, le crocodile et leurs jouets-assistants nous entraînent dans une découverte à la fois fantaisiste et rigoureusement exacte du corps humain .

 

Le dernier album d'Anaïs Vaugelade flirte avec le documentaire et fait découvrir aux jeunes lecteurs comment se compose le corps humain : Zuza, apprentie docteur Frankenstein fabrique son grand frère avec minutie et sérieux et chaque étape de la construction est l'occasion d'une nouvelle leçon.
Un album qui fourmille d'informations et d'humour pour enfin comprendre comment fonctionnent les grands frères... et tous les autres !

Nathalie Ventax (décembre 2016)

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31/12/2016 | Lien permanent

LE GRAND LIVRE DE L’HORREUR : DANS LA DEMEURE DU DOCTEUR JEKYLL

Dans la demeure du dr Jekyll.jpgroman fantastique
de N. M. ZIMMERMANN
Éd. Albin Michel Jeunesse, mars 2018, 124 pages - 6,90€

Après des aventures aussi inquiétantes que trépidantes dans Le château de Dracula, Le laboratoire de Frankenstein et un détour par Jurassik Park, voici de nouveau, Virgile plongé au cœur d’un d’un classique de la littérature fantastique, tendance horreur. Cette fois-ci, il est entrainé, avec sa copine Lili, à la poursuite du Malisieur, dans le roman de Robert Louis Stevenson : L’étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde. Après un démarrage balbutiant dû au fait que pour une fois Virgile n’a pas lu le livre et a bien du mal à situer l’histoire dans laquelle ils se trouvent, et avec l’aide de Lili qui elle connaît bien le roman, ils vont venir à bout des tentatives nombreuses du Maliseur pour transformer définitivement l’œuvre de R.L. Stevenson

Ce 4e volume de la série est toujours aussi amusant et instructif. Comme les précédents, il mêle avec succès fantastique et préoccupation de pré-ados. Deux registres dans lesquels Naïma Zimmermann excelle. Et comme les précédents, il donne furieusement envie d’aller découvrir le roman original, l’un des plus beaux et des plus marquants de la littérature fantastique.

Ariane Tapinos (mars 2018)

A lire sur notre blog, les critiques d'autres romans de N.M. Zimmermann : Le Grand livre de l'horreur (Dans le château de Dracula & Dans le laboratoire de Frankenstein), Dream Box, L'amour, le Japon, les sushis et moi

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19/03/2018 | Lien permanent

Le Grand Livre pour sauver la planète | documentaire de Brigitte BEGUE et Anne-Marie THOMAZEAU

Grand livre sauver planète.gifIllustrations de PEF
Direction éditoriale Alain Serres
Avec la participation de Yann Arthus-Bertrand, Allain Bougrain-Dubourg, Jean-Louis Étienne, Jean-Marie Pelt et Aminata Traoré
éd. Rue du Monde | juin 2009 | 128 pp. - 22,50€

Tout savoir sur l'écologie, le retour du retour. Le Grand Livre pour sauver la planète n'est le premier ni de sa collection (chaque question de société a son Grand Livre chez Rue du Monde), ni du concept «bouquin encyclopédique et de sensibilisation des 8-13 ans aux questions d'écologie». Le résultat est encore une fois impressionnant, riche non seulement en illustrations (les gags de Pef et des photos en noir et blanc dont on sent que certaines acceptent mal de quitter leurs couleurs originelles), mais aussi en informations, dans le texte principal et dans ses à-côté (les «bonnes nouvelles», «alertes», autres notes marginales et grands témoins dont l'entretien clôt chaque séquence de deux chapitres). Le livre, pour foisonnant qu'il soit, respire agréablement, sa langue et sa mise en page sont claires.

La progression est assez classique, qui met d'abord en avant de grands dossier environnementaux (eau, forêt, air et pollutions, climat, déchets). Chacun est abordé depuis son versant scientifique, avec force chiffres, avant de devenir un thème de société. Toujours la même hésitation au sujet de l'écologie, discipline scientifique devenue pensée politique. Une approche sociale (l'indispensable solidarité avec nos 6 milliards de colocataires de la planète Terre) vient compléter l'ouvrage, qui s'achève sur des réponses (les éco-gestes, l'engagement associatif) à la malheureuse question: «mais qu'est-ce qu'on peut faire? ». Air connu donc, et ici Rue du Monde ne rompt pas avec les bonnes habitudes.

L'une d'elles consiste à dépolitiser les questions écologiques, pour permettre aux plus jeunes (dont le devoir sera de «faire passer le message» aux générations perdues, comme le souhaite Allain Bougrain-Dubourg) d'intégrer la vulgate écologique du moment. D'emblée l'écologie politique est désavouée, avec la mention de «slogans inscrits sur des tracts ou des banderoles, comme c'est le cas depuis plus de trente ans». Les théoriciens de l'écologie, de Serge Moscovici à René Dumont, en passant par Jacques Ellul et André Gorz, apprécieraient de voir leur œuvre réduite à des «slogans». Plus loin, crédit est fait aux associations et partis qui se sont emparés de la question écologique d'avoir sensibilisé les auteurs des politiques publiques en la matière. Ouf.

Mais cette incohérence n'est ni la première ni la dernière, et le livre fourmille de propos modalisés («les consommateurs que nous sommes sont toujours un peu responsables»), de réserves («la France se contente de conseiller aux agriculteurs et aux jardiniers d'être prudents en manipulant [les pesticides]») immédiatement suivies de cris de victoires («les coccinelles et les fleurs sauvages vont se réjouir!») ou surmontées par un optimisme de bon aloi («c'est déjà ça!» pour le Grenelle, «c'est mieux que rien» pour l'évaluation a minima des substances chimiques présentes sur les marchés européens – ou projet REACH). C'est le royaume des mais, néanmoins et malgré tout, avec une hésitation constante à propos de la tête sur laquelle faire porter le chapeau.

Manque de «discipline», de «responsabilité», «d'efforts» de la part des individu-e-s? Ou emprise des entreprises sur la vie publique? Si certaines responsabilités sont nommément citées (l'exploitant de forêts boréales et fabricant de Kleenex Kimberly-Clark), d'autres restent tues (ah! ce drame de l'exploitation des bois tropicaux africains dont il serait indélicat d'accuser le papetier français Bolloré, patron de presse et ami du président de la République). Et toujours l'on tourne autour du pot: les hommes d'affaires, les industriels, l'organisation du commerce, les grands groupes… ne seraient-ils pas des substituts au gros mot capitalisme? Aminata Traoré crache le morceau et avoue la faute au «système économique libéral». Enfin! On avait fini par imaginer que les problèmes de sous-alimentation au Sud n'étaient qu'un problème de production agricole…
On apprécie quelques partis pas si facile à prendre, comme les arguments en faveur du nucléaire qui n'arrivent pas à balancer ceux qui s'y opposent, ou la relativisation de l'impact climatique de la Chine, quand un-e Chinois-e émet encore deux fois moins de gaz à effet de serre qu'un-e Français-e. Il aurait été plus facile de se contenter de la condamnation des 4x4, des OGM et de l'inaction de gouvernements abstraits.

Mais d'autres prises de position auront de quoi faire hurler les écolos: «la bio ne peut répondre aux besoins alimentaires de toute la planète», le TGV est plus écologique que le train, la décroissance est un mouvement réactionnaire qui ne propose que du moins. Car si ce Grand Livre semble dépolitisé, il est néanmoins porteur des valeurs productivistes qui irriguent toujours notre pensée. Progressiste: «depuis six millions d'années les hommes ne cessent ainsi d'améliorer les conditions de vie»… On demande à voir, entre détérioration de l'environnement et régression sociale, si le mouvement de l'Humanité a toujours été celui d'un progrès égal. Et si, fruit de ce progrès, le grille-pain est vraiment aussi indispensable à une vie confortable que le lave-linge! Techniciste: tour à tour le dessalement de l'eau de mer, les avions solaires et les vaccins pour neutraliser la flore intestinale des vaches et les empêcher d'émettre du méthane sont présentés comme des solutions qui permettront (dans un futur imprécis) de résoudre nos petits soucis écologiques tout en ne changeant rien (à notre sur-consommation de viande, par exemple). Pourtant l'aventure racontée ici du pot catalytique, dont les bienfaits se sont trouvés noyés dans l'usage accru de la bagnole, aurait pu aider à remettre en question le recours si pratique à la solution technique.

L'ouvrage ne se déprend pas non plus d'une confusion entre l'être humain et son milieu, dans une anthropomorphisation de la nature, qui dit merci à la dame (les rivières sont contentes, les coccinelles ravies) tandis que la planète qu'il s'agit de sauver signifie aussi bien, dans une métonymie qui commence à devenir fatigante, «milieu de vie de l'être humain», «conditions de la vie humaine dans ce milieu», parfois même «Humanité». D'où le rappel de Jean-Louis Étienne: «c'est l'homme qu'il faut sauver, pas la planète!».
Les auteures de Rue du Monde, sous la direction d'Alain Serres, ne sortent pas des sentiers battus de l'écologie à l'usage des jeunes générations et nous livrent un nouveau bouquin ambitieux, bien fichu et, malgré ses grandes qualités, limité. Leurs hésitations et leurs incohérences ne leur sont toutefois pas propres, et viennent plutôt d'une pensée qui domine toujours en matière d'écologie et qu'il faudra un jour cesser de transmettre aux plus jeunes…

Aude Vidal (juillet 2009)

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30/08/2009 | Lien permanent

Grand-père menteur | roman jeune lecteur d'Alki ZÈI

9782748507850.jpg Traduit du grec par Anne-Fleur Clément | Éd. Syros | janvier 2009 | 150 pp. - 11 €

Marios est le grand-père adoré d’Antonis, un petit Athénien. Du haut de ses dix ans, Antonis est sous le charme du vieil homme et de ses mille histoires, puisées dans une longue vie d’aventures, d’engagements et de luttes, en un mot une vie incroyable, émaillée d’événements parfois si bizarres, rocambolesques ou romanesques qu’Antonis a pris l’habitude d’appeler son théâtral aïeul «grand-père menteur». Il faut dire que Marios fut et reste un comédien, un amoureux du théâtre et de la poésie, lesquels donnent de la profondeur à ses récits et imprègnent chacun de ses gestes (son goût pour les foulards à pois, pour le café filtre ou les citations de Shakespeare). Alors, Antonis n’a qu’un tout petit pas à franchir pour voir en son grand-père un affabulateur hors pair. Et il en veut pour preuve que sa grand-mère, morte depuis longtemps, n’est jamais présente dans ses récits. Pourtant, s’il y a bien là quelque mystère (qui sera éclairci avant la fin du roman) la vie de Marios est vraiment telle qu’il la raconte. Elle est aussi très proche de celle d’Alki Zèi.

 

Homme de théâtre, comme le mari de l’auteure, Marios a, comme elle, lutté contre les occupants durant la Seconde Guerre mondiale. Comme elle, il a fui la Grèce lorsque les colonels ont pris le pouvoir en 1967 et il est resté en exil à Paris durant ces années de dictature dans son pays. Comme elle surtout, il défend ses idées dans sa vie et dans ses mots. Il porte sur ses compatriotes un regard à la fois admiratif, quand ils résistent à l’oppresseur et luttent pour leur liberté, et critique, quand ils expriment racisme et xénophobie.

Mais ce Grand-père menteur, dernier livre d'Alki Zèi (avant le prochain, parce que c’est pas à 80 ans passés qu’elle va s’arrêter d’écrire !), n’est pas un écrit autobiographique. C’est un roman qui, comme ses autres livres, puise dans la vie mouvementée et engagée de son auteure, mais la dépasse. Alki Zèi n’écrit pas pour raconter sa vie, qui pourtant est un vrai roman, elle écrit pour ses lecteurs, ses jeunes lecteurs, tout comme Marios raconte pour Antonis. Elle écrit avec malice et tendresse ; avec affection pour ses personnages auxquels elle donne une vie presque palpable, et un immense respect pour ses lecteurs. Elle écrit pour transmettre. Et qu’est-ce d’autre qu’écrire pour la jeunesse ? Dans une langue simple et raffinée à la fois, qui laisse entendre la voix de ses personnages, leur âge et leur histoire hors champs, sans lyrisme ni fioritures stylistiques, elle insuffle de l’émotion et fait de cette relation entre un grand-père et son petit-fils, un idéal universel. Ce qu’elle transmet ne descend pas d’en haut, d’une prétendue sagesse acquise avec l’âge mais, comme dans les confidences de Marios à Antonis, se mêle à ce que vit son lecteur d’aujourd’hui, avec le respect dû à sa jeune, mais réelle expérience du monde.

La devise de la Grèce moderne, héritée d’années de lutte contre l’occupant Turc, est «La liberté ou la mort» (Elefthería í thánatos / Ελευθερία ή θάνατος). Marios ne cédera sa liberté de penser et d’agir, que devant la mort. Et toutes les histoires qu’il aura racontées à Antonis n'auront servi qu'à lui apprendre la valeur d'une vie de liberté… et d'amour des mots.

Ariane Tapinos & Corinne Chiaradia (mars 2009)

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27/03/2009 | Lien permanent

La Grande Épopée des petits pois | documentaire d'Andy CULLEN & Simon RICKERTY

grande épopée PPois.gifTexte français d'Emmanuelle Pingault
Éd. P'tit Glénat, coll. Vitamine | janvier 2010 - 10€


À vrai dire on hésite un peu avant d'écrire «documentaire» pour parler de cet album qui raconte la vie aventureuse du petit pois et de ses nombreux frères, depuis leur conception (enfin: leur plantation par l'agriculteur) jusqu'à leur arrivée dans l'assiette de nos chères têtes blondes (ou rousses, ou brunes ou…) Des têtes rondes qui toutes s'exclament: «Pouah! Nous on en veut pas de vos petits pois!», avant de se raviser devant la supplique de deux mini boules vertes implorant «Goutez-nous, Majestés!»

Donc l'idée serait de raconter la vie des petits pois pour nous les faire aimer… On a envie de dire: est-ce bien sérieux? Quand on voit le fermier à quatre pattes dans son champ pour planter une à une ses pépites vertes on se demande vraiment si l'on n'a pas affaire à un vrai-faux documentaire dont l'humour british (c'est une adaptation de l'anglais) nous échappe un peu. Et puis l'on poursuit la lecture par une leçon d'industrie agro-alimentaire carrément anti-écolo: les petits pois font le tour de la Terre dans leurs avions pour atterrir en boîtes ou surgelés au supermarché. Le lecteur alors compatit aux mines déconfites des bambins devant leurs assiettes de pois «tout beaux, tout chauds». Et il - le lecteur - est maintenant persuadé d'être face à un album didactique dont l'objectif caché serait de nous encourager à manger des légumes frais! Un peu tortueux quand même…

Corinne Chiaradia (février 2010)

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13/03/2010 | Lien permanent

Même les mangues ont des papiers | album d'Yves PINGUILLY (texte) & Aurélia FRONTY (ill.)

meme les mangues.gifÉd. Rue du Monde | octobre 2006 | 14 €

Momo et Khady imaginent le monde depuis leur village d'Afrique. En regardant le soleil revenir chaque matin de son voyage de l'autre côté du monde, Momo rêve de découvrir à son tour cette mystérieuse partie du monde. Il imagine que là-bas, il pourra travailler pour «soigner et nourrir» sa mère et ses sœurs. Khady essaie de l'en dissuader avec humour: «Là-bas, de l'autre côté de la terre ronde, le monde est l'envers. Il marche sur la tête!» Plus sérieusement, Momo est prêt à attendre d'avoir grandi pour faire le voyage. Il attendra que sa vie, comme les mangues, soit mûre pour partir. «Plusieurs saisons des pluies… et plusieurs saisons sèches» passent et, comme les mangues, Momo et Kadhy, sont prêts. Ils se cachent dans un grand camion, au milieu des fruits mûrs et se glissent à bord d'un grand navire. Au matin, le bateau a quitté le quai mais l'autre côté du monde est encore très loin quand Momo et Kadhy, à peine sortis de leur cachette, sont repérés par des marins qui leur réclament leurs papiers… Leurs papiers? En fouillant leurs poches, ils trouvent un vieux journal et un poème appris à l'école. Le capitaine leur explique que les mangues, elles, ont des papiers. Elles sont «enregistrées, numérotées… tamponnées». Elles, elles ont le droit de voyager. Rien de tel pour Momo et Kadhy qui doivent débarquer. Momo pleure l'aide qu'il ne pourra apporter à sa famille, mais Kadhy sait trouver les mots qui consolent. Elle lui dit : «Momo, toi et moi ensemble, nous sommes le monde entier. Chacun une moitié; À égalité.»

Un album lumineux qui raconte tout en douceur l'histoire tragique de ces hommes et ces femmes qui quittent leurs pays, attirés par les mirages de l'Occident. Ici, l'histoire se termine au mieux pour Momo et Kadhy, pas de papiers, pas de voyage. Dans la réalité parfois la mort, souvent la misère, sont au bout du voyage. Momo et Kadhy apprennent avec désarroi que de l'autre côté du monde, les humains sont moins bienvenus que des fruits mûrs et que chacun, homme, femme, fruit, marchandise, doit avoir «ses papiers». Une belle manière d'expliquer aux petits une réalité à la fois abstraite et absurde. Une manière presque trop belle… Rien dans la clarté des splendides illustrations d'Aurélia Fronty ne nous fait percevoir la misère qui pousse tant d'hommes et de femmes à quitter leurs rivages ensoleillés.

Ariane Tapinos
(première publication de l'article: 9 février 2007)

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06/12/2008 | Lien permanent

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